Léonard a écrit : ↑dim. avr. 25, 2021 7:18 am
Arno a écrit : ↑sam. avr. 24, 2021 10:40 pm
Je trouve ces discussions très intéressantes, et pour autant je n’ai pas envie de jouer a les résoudre. Elles sont trop sérieuses et profondes pour m’amuser, pour être un jeu pour moi. Je n’en suis pas à ce stade, désolé.
Il ne faut pas voir la représentation de minorités et le détournement de stéréotypes seulement comme une démarche militante : c'est aussi une façon formidable de créer des PJ, des PNJ et des scénarios originaux.
Envoyer les personnages combattre la baronne de la pègre locale ou sauver ce beau jeune homme en détresse, jouer un pirate juif, un investigateur haïtien ou une magicienne autrefois magicien, ça donne plein de possibilités nouvelles de s'amuser à la table de jeu.
Pour ma part, je vois ça simplement comme un moyen supplémentaire de rendre un jeu plus réaliste.
Je lis parfois des réactions du type : "Rholalà, mais s'il faut se contraindre à penser à mettre ce type de personnage, et ce type-là, et ce type-là aussi dans un scénario, le résultat sera complètement forcé et artificiel !" Ben non. Dans la réalité, on vit dans un monde qui dépasse de loin tout ce qu'on pourrait imaginer en termes de variété et de situations qui défient les généralités. On vit dans un monde où l'un des
plus grands écrivains russes était un chrétien anarchiste et végétarien, où une
écrivaine française qui affirme haut et fort son amour des femmes peut être élue à l'Académie Goncourt en 1945, où la
peintre mexicaine la plus connue était une femme bisexuelle à monosourcil atteinte de poliomyélite et qui dut peindre sur le dos pendant toute une partie de sa vie après avoir subi de multiples fractures lors d'un gravissime accident de bus (ce qui ne l'empêcha pas de se marier avec un fameux peintre de fresques obèse, nymphomane et communiste avant de le tromper avec Trotski), où l'un des
plus grands physiciens récents était un type atteint d'une maladie dégénérative si grave que ses médecins ne lui donnaient pas trois mois à vivre, où
un type sans pieds a pu battre des athlètes intacts à une épreuve d'athlétisme olympique avant de finir emprisonné pour avoir tué sa femme, et au moment de la sortie de
Matrix bien malin qui aurait pu imaginer que les frères Wachowski seraient quelques années plus tard les
soeurs Wachowski...
A côté de ça, la plupart de nos tentatives d'histoires "inclusives", même ici, sont en somme assez tièdes.
Les exemples que je donne semblent plus faciles à transposer dans certains genres d'univers que dans d'autres. Tout ça fait très cyberpunk ou plus généralement SF. Mais, finalement, c'est assez simple à réimaginer pour des univers steampunk ou med-fan en remplaçant la technologie futuriste par des machines julesvernesques ou par de la magie (Stephen Hawking ne ferait-il pas une excellente inspi pour un jeune homme privé de ses deux jambes par une maladie et qui jure de surcompenser ça en devenant le plus grand magicien de tous les temps ?).
Parfois, ça coince parce qu'on pense à des jeux "pulp" où on a tendance à se contenter de manier des archétypes et des stéréotypes anciens ("l'archéologue intrépide", "la bibliothécaire sexy", "le second couteau dur à cuire", "le marchand affable mais sans scrupules"...). Mais il y a largement moyen de modifier et de renouveler ces archétypes tout en restant fidèle à l'esprit du jeu.