[CR][AiME] Un Dúnadan en Terres Sauvages

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AsgardOdin
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

:escrime
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dreamofrlyeh
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par dreamofrlyeh »

La figurine est superbe!
Retrouvez-moi aussi sur https://dreamofrlyeh.itch.io/
J'ai aussi un blog par là : https://icisontdesdragons.blogspot.com/
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Carfax
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Tout fut une épreuve. Comme ensorcelée, la forêt entremêla ses branchages aux épineux taillis et entrelaça ses racines aux pierriers acérés. Progresser à travers ce fatras végétal et rocailleux gagea d’un effort couteux pour les pauvres hères accablés que nous étions. Nos mines se crispèrent et une peur latente et insidieuse imprégna peu à peu nos pensées tourmentées. Très vite, les survivants libérés piétinèrent et notre marche s’alanguit. Et lorsque le son d’un cor orque résonna et se propagea lourdement sous les frondaisons, chacun de nous trembla d’un frisson d’effroi. Puis, au loin, les tambours crachèrent leurs sourdes percussions et, soudainement, un froid sournois nous glaça le sang. La battue de l’Ennemi débutait.

Déjà deux jours et deux nuits que le son harassant des tambours bourdonnait à nos oreilles. L’épuisement nous couvrait à présent de son lourd manteau et la peur paralysait nos jambes éreintées. Les nuits étaient les alliées de nos poursuivants et celles-ci précipitaient leur avancée alors qu’elles retardaient la notre. Dans ces bois lugubres, l’Ombre était souveraine et ses créatures avantagées. Nul doute que, très vite, les premiers éclaireurs orques tomberaient sur nos croupes.

Notre fuite empira l’état d’Eberulf et sa souffrance déforma ses traits. Comateux, le vieil homme fut pris d’une forte fièvre et des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Beleg s’appesantit sur lui pour lui prodiguer des soins et des paroles d’encouragement. Près du mourant, Nelladel resta muette face à son impuissance. Mais là ne fut pas notre seul écueil car l’encombrant coffre entrava aussi notre fuite. Bien trop vite, les sons des cors et des tambours s’amplifièrent. A l’évidence, nos poursuivants se rapprochaient inexorablement.

Vannedil s’alarma de notre lenteur. Un froid mordant givrait désormais les sous-bois et celui-ci lui rappelait les effroyables souvenirs de nos précédentes rencontres avec le terrible serviteur décharné du Grand Œil. L’homme d’Esgaroth s’en persuada : cet être maléfique nous chassait pour reprendre le coffre et son contenu et, avec tant de lenteur, comment échapper à ses griffes ? Beleg en convint et mes deux amis me suggérèrent d’abandonner ce lourd fardeau ferré. Alors que, guidée par Radagast, notre troupe poursuivit son chemin cahin-caha, je les laissais s’éloigner de nous trois pour m’approcher du coffre resté à terre. Je ne pouvais acquiescer ce choix. Bousculant quelque peu mes deux amis restés à mes côtés, je m’agenouillais auprès du coffre en bois et l’ouvris. Immédiatement, une aura glaciale me cerna et la froideur de l’Ombre m’envahit. Mais mes yeux restèrent fixés sur le petit coffret noir aux faces métalliques cerclées et peinturées de signes cabalistiques. Un si petit objet. Si insignifiant. Si proche. En son sein, un cœur palpitait d’une lumière bénéfique. Je le ressentis. J’approchais une main hésitante. Il me suffisait de pousser un simple loquet pour enfin voir apparaître le maillon tant recherché de la chaîne d’Angainor. J’en étais intimement persuadé. Le fruit de ma quête, celui de toute ma vie, celui de ma repentance. Là à quelques centimètres. Et même si je devais y perdre mes doigts car ils se gelèrent lorsque j’effleurais presque le petit fermoir. Et même si je devais y égarer ma raison car mes pires cauchemars m’hantèrent immédiatement.

Brusquement, la voix de Beleg m’interpella : « Araval, fils d’Araglas, cesse là cette folie ! Il n’est pas temps. Ta lignée n’est pas épuisée et tu as bien d’autres destins à poursuivre. L’ombre est là pour nous tenter, n’y cède pas ! Elle agit aussi par de multiples chemins. Ses pièges sont sournois. ». Ma main se figea et mon corps se couvrit intégralement d’une sueur glacée. Lentement, je dis : « Beleg, le maillon est là. Il s’offre à moi. Je ressens le bien qui en émane… ». L’elfe me répondit calmement : « Araval. Oui. Ce coffre emprisonne un bien inestimable mais tu ne peux l’ouvrir. Tu n’y survivras pas. L’Istar lui-même s’y est refusé. ». Mon visage se détourna de l’elfe et je me pris à regarder ma main transie proche du loquet. Ce stupide loquet. Il retenait l'artefact précieux, fruit de mes longues années de quêtes. Ma décision était prise et ma volonté faite. J’avançais mon index pour ouvrir le fermoir.

La flèche vibra. Avec fulgurances, elle déchira mon avant-bras en le perçant de part en part. J’émis un cri de douleur et saisis brusquement le trait de ma main encore valide pour l’arracher de mon bras meurtri. Un masque rageur déforma mon faciès. Une haine profonde dilata mes pupilles lorsque je dévisageais Beleg. Ce dernier tenait fermement son arc dont la corde vibrait encore de son tir. L’elfe montra une détermination sans faille : « Araval, songe à ta fille, songe à notre combat, songe à ceux qui t’aiment, songe à ceux déjà sacrifiés inutilement. ».  Je ricanais : « Ma fille ? Elle est affaiblie mais elle est vaillante et courageuse. Sa vie est devant elle, elle peut se défendre seule. Elle s’est affranchie de ma tutelle désormais. Crois-tu que je sois égoïste ? Non, j’agis au contraire pour le bien de tous. Cet artefact entravera l’avancée de l’Ombre. Si tu m’empêches d’ouvrir ce coffret, alors tu es mon ennemi ! ». Mes yeux se révulsèrent, un sourire narquois courba mes lèvres et, avec une détermination aboutie, je tirais lentement ma lame de son fourreau. Beleg encocha immédiatement, une nouvelle flèche à son arc et commença à incanter sa magie.

à suivre...
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AsgardOdin
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

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polki
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

enfin !!!
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par 184201739 »

Ah oui, quand même !
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Obnubilé. Comme envoûté. Une flamme noire embrasa mes yeux plissés. Dans ma main crispée, Nimgalgôr luit de sa pâle blancheur irradiante lorsque Beleg tendit la corde de son long arc. D’un murmure à peine audible, l’elfe me souffla : « Alors c’est ainsi ? Oublies-tu notre amitié ? Oublies-tu les Hommes des bois qui t’ont fait maître de guerre ? Oublies-tu jusqu’à ta fille ? Jusqu’à tes ancêtres ? ». Sa flèche crépita d’une aura bleue écarlate quand les plumes de son empennage vinrent caresser la joue laiteuse de l’archer. Non loin, Vannedil resta pétrifié, comme hébété par la soudaineté de nos actes. Mais, haineux et l’esprit furieux, l’esprit furieux, j’avançais pourtant vers ce combat fratricide. Qui était cet arrogant ? Qui était cet elfe opalin pour m’interdire l’aboutissement de ma quête ?

Puis je l’entendis. Comme lointaine et diffuse. Une voix connue. Un appel. Strident. Une supplique à présent. Elle gifla mon esprit telle la vague se brisant avec force sur un rivage rocheux. Ma vue s’éclaircit, mon entendement se libéra d’un entêtement amer. Nelladel ! Agenouillée et éplorée, elle me suppliait de cesser cette belliqueuse scène jouée sous ses yeux. Ses larmes perlaient sur ses joues émaciées car même son propre père cédait à l’obscurité malfaisante de cette lugubre forêt. A mes pieds, le coffret pulsait toute sa noirceur mais, soudainement, le froid fielleux qui me glaçait le cœur reflua. J’exultais alors un cri sourd : « Maudit ! Maudit soit cette noirceur ! Maudit soit cette forêt ! ». Je rengainais ma lame et, en deux enjambées précipitées, m’élançais vers ma fille. Je la soulevais de toute ma force pour l’étreindre. Puis, je la reposais délicatement au sol. D’un mouvement empli d’élan, elle m’entraîna loin du coffret rejoindre l’istar brun et le groupe des fugitifs partis plus avant. Sans même un regard en arrière, je suivis ses pas, abandonnant mes sombres illusions, fuyant ma haine honteuse. Dans mon dos, une brume lactescente se rependit subrepticement dans les sous-bois vermoulus. S’opacifiant, elle masqua à la vue de quiconque le misérable coffret laissé au milieu des herbes moribondes sous les noires futaies décaties. Au loin, les rythmes hachés des tambours orques s’intensifièrent.

Les heures de marche s’écoulèrent, silencieuses et oppressantes. Une halte s’imposa à tous car Eberulf se mourait sur sa civière. Je m’étais tenu coi jusqu’alors, l’âme secouée et meurtrie. Assis sur un amoncèlement de hautes racines moussues, mon regard restait morne. Beleg s’approcha lentement, nous n’avions échangé aucune parole depuis notre altercation. Doucement, il tendit sa main laiteuse vers mon avant-bras blessé par son tir. Je le stoppais dans son élan miséricordieux : « Que fais tu l’elfe ? Laisse, laisse donc cette blessure à vif ! Laisse ma souffrance ! J’ai perdu la raison et cette douleur en est la juste souvenance. ». Beleg me répondit d’une voix affectueuse : « Tu n’as point besoin de cela Araval. Ma confiance t’est toujours tienne. Dans cette mortelle forêt, je t’ai confié ma vie, je t’ai laissé me guider. Et je le ferrai encore. ». Mes yeux fixèrent mes chausses. Mon dos se vouta et, absent, je poursuivis : « Si près. Juste là, au bout de mes doigts tendus. Toute une vie à chercher ce précieux artefact. Et lorsqu’il est enfin mien, je dois le fuir. Mon nom, Araval, est bien mal célébré. Tant d’espoir déchu en ce jour funeste. ». La voix de Beleg se fit altruiste : « Nombre d’entre nous succombe à l’Ombre. Y résister est bien plus difficile. Et aujourd’hui, malgré tout, tu as su t’y opposer avec suffisamment de force. De cela, tu peux prendre fierté. ». Puis l’elfe s’en retourna auprès d’Eberulf. Recroquevillé sur moi-même, déboussolé et accablé, je le regardais s’éloigner sans prononcer le moindre mot. Autour de moi, la forêt m’apparut d’une noirceur immense.

Notre errance se poursuivit dans les bois, les futaies et les ronces. Éreintés, éprouvés, transis et affamés, notre désespoir atteignit son comble car, inexorablement, les orques convergeaient vers nous. Mais enfin, la forêt s’ouvra pour offrir une vue sur la large vallée de l’Anduin. Dans le ciel, de lourds nuages gris s’amoncelèrent lorsque nous quittâmes les dernières frondaisons. Telle une sinistre augure, ces cieux crépusculaires nous couvrirent d’une pluie fine et froide. A peine quelques lieux franchis vers le fleuve, nous la vîmes alors s’extirper de l’orée boisée au chant sinistre de ses cors et de ses grognements. La horde chasseresse me parut innombrable. Désespérée, notre petite troupe accéléra son pas pour aborder et atteindre la cime d’une butte herbeuse opposée à l’immense forêt sombre. Ce fut de ce point élevé que je vis notre espoir renaître car, comme convenu lors de notre départ, une cohorte d’Hommes des bois descendit à notre rencontre les rives du large fleuve. Très vite, elle nous encercla pour s’opposer aux nombreux orques dans un face à face immobile. Entre les belligérants, un vent s’engouffra et souffla dans un silence mortuaire. La pluie s’intensifia et ruissela sur les pics et les boucliers des guerriers. Je me dressais et empoignais mon cor de guerre pour y expirer à plein poumon. Son son se répercuta dans la vallée et vint cogner nos ennemis. Ceux-ci tremblèrent lorsque nous les chargeâmes la rage aux lèvres. Le choc fut brutal, violant et sanglant. La marée combattante flua et reflua comme indécise. Pour chaque orque tué, un homme tombait. Et lorsque la victoire se décida pour mon camp, lorsque les derniers orques fuirent dans la forêt, lorsque j’embrassais du regard le champ sanguinolent de l’assaut, je vis l’étendue de nos pertes. Une tristesse infinie m’accabla car je compris toute la vanité de la lutte menée contre l’Ennemi. Je tombais à genoux et pleurais sous l’averse. La pluie noya mes larmes.
 
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Fin des sessions 54 à 56
Phase de communauté
Dernière modification par Carfax le mer. juil. 28, 2021 11:10 am, modifié 5 fois.
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AsgardOdin
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

:(
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Fin d'année 2966 du Tiers Âge
20ème phase de Communauté- Se soigner de la corruption

Espoir vespéral
 
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Le chant voluptueux et plaintif s’éleva du gosier enfantin dans le silence recueilli baignant le grand hall. Comme de traditions, en cette veillée d’une nuit de pleine lune écarlate, la jeune enfant dans sa petite robe laiteuse récita de son filet cristallin les vers élogieux destinés aux guerrières et guerriers chus au combat. A la lumière vacillante des torchères, parmi les hommes et femmes assis en cercle autour d’elle, les visages des rescapés des fers de Dol Guldur restaient vespéraux et prostrés en ces circonstances endeuillées. Car chacun ici connaissait le prix de leur liberté retrouvée depuis la fin de l’été. A leurs côtés, mes deux amis étaient sis aux places des héros car notre communauté les remerciait pour leur courage et leur engagement face à l’Ombre chasseresse.

En retrait dans la pénombre et adossé debout à un haut pilier du majestueux hall, j’observais le cérémonial avec une prégnante tristesse. Car mes pensées étaient toujours empreintes d’une honte visqueuse. Je ne pouvais m’ôter de l’esprit mon égoîsme forcené survenu au cœur de ces maudits bois et j’avais refusé les éloges. Et lorsque l’enfant se tut, dans le silence fait et la beauté suspendue de l’instant, je ne pus réprimer de murmurer quelques vers réminiscents d’un futile espoir :
 
Quoiqu’ici je m'étende à la fin du trajet
Enseveli dans les plus profondes ténèbres,
Hors d'atteinte des tours haut dressées et célèbres,
Hors d'atteinte des monts raides et escarpés ;
Au dessus de toute ombre un Soleil a paru,
Les Étoiles là-haut continûment demeurent :
Je ne dirai pas qu'à nouveau le Jour se meure
Ni ferai mes adieux aux astres suspendus.
 
Dernière modification par Carfax le ven. juil. 30, 2021 3:25 pm, modifié 3 fois.
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

reculer pour mieux sauter :p
 
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Araval vieillit mais passe niveau 12.
Quelques points de vie en plus et sa caractéristique de Charisme monte à 14.
Hier soir année 2067 a été jouée et est terminée. A mon clavier à présent :geek

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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Année 2967 T.A.
Préquel
Tourment
 
Image
 
En cette fin de journée, le soleil couchant s’éclipsait paresseusement derrière de bas nuages cotonneux. Ses pâles rayons s’effaçaient peu à peu pour céder la bienvenue au doux crépuscule d’un soir printanier. Mon labeur à la ferme se terminait et je m’appliquais au rangement des outils agricoles dans la remise lorsque je la vis monter le sentier rocailleux en contre-bas. Si son pas resta alerte lorsqu’elle s'approcha, je constatais à regret ses mêmes sillons creusant son visage. Sa captivité dans les sombres profondeurs des bois avait anéanti sa jeunesse et son inconscience. Certes, sa fraicheur physique était revenue mais son esprit restait meurtri par un profond abattement. Un sentiment de culpabilité l’oppressait aussi, celui de l’état d’asthénie d’Eberulf. Sans le sage homme à ses côtés lors de sa réclusion, ses pensées auraient sombré pour s’abandonner au désespoir. Or le vieil homme n’était plus qu’une âme errante depuis son évasion. Il avait survécu à ses blessures grâce aux talents curatifs de Beleg mais pour une existence désormais souffreteuse : celle d’un vieillard épuisé et claudiquant dont le corps noueux grelotait dès les premiers froids. Un voile de terreur s’emparait aussi de son regard à l’évocation de la sombre forteresse et tous ses os tremblaient d’effroi. Aux yeux de ma fille, le vieil homme soufra aussi par son fait car sa bête bravade contre les orques lors de leur évasion entraîna d’irrémédiables blessures à Eberulf - qui se sacrifia en sauveur face aux réprimandes belliqueuses des tortionnaires. Non, sa vaine tentative ne fut pas un acte de courage mais une grossière stupidité revancharde, celle du défoulement idiot d’une honte orgueilleuse. Subrepticement, lors d’une veillée passée, elle me confia ce haut-le-cœur, celui d’être indigne de la lignée de ses ancêtres, de sa parenté. Je me souvins me taire lâchement, sans nul mot d’apaisement ni de réconfort. D'ailleurs étais-je moi-même un père louable, digne des siens ? N’avais-je pas cédé aux sollicitations obscures de mon âme, exhorté une arrogance dévorante pour ma quête ? Je chassais ses sombres songes lorsqu’elle me tendit une missive venue nouvellement de Dale et signée du secret affidé Vigenère. Je la remerciais d’un timide sourire avant d’ouvrir le pli. Dale s’agitait au nord, son roi bougeait sur l’échiquier politique. Lecture faite, je roulais la missive de mes mains et la glissais sous mon surcot. Nelladel ne me posa aucune question. Et, lorsque nous retournâmes au village par la sente sinueuse, ce mutisme assourdissant perdura car chacun fut pétri par son tourment.

L'échanson
Dernière modification par Carfax le mar. août 03, 2021 1:19 pm, modifié 2 fois.
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Année 2967 T.A.
L'échanson
Session 57
 
Le message de Vigenère constatait la volonté du roi Barde de renouer ses liens avec son homologue elfe, d’élaguer les sujets conflictuels entre leurs peuples. Je me souvins notamment d’un récent différent sur l’enlèvement d’enfants bardides aux abords des bois elfiques qui avait envenimé les tensions latentes. Vigenère était du voyage et sa délégation bardide ne venait pas seule au palais de Thranduill, elle était aussi accompagnée de représentants des Hommes d’Esgaroth et des Nains d’Erebor. J’entrepris alors de m’y rendre en demandant audience auprès du roi elfe car l’occasion était opportune d’échanger avec tous les peuples du nord sur les menaces croissantes de l’Ennemi.

Mais cette nouvelle ne fut pas la seule à parvenir à mes oreilles. J’appris récemment, avec étonnement et inquiétude, la disparition d’une petite colonie de la Brèche Est l’hiver passé. Les éclaireurs de la Porte-Du-Soleil découvrirent au printemps la désertion de ce village, sans aucune raison connue. Étrangement, les runes du mot énigmatique « Raegenhere » gravaient un des hauts poteaux de soutènement de la Grand-Salle abandonnée. Plus vénale, une autre rumeur m’affirma la découverte d’une veine d’or proche de la vielle route naine aux abords des Collines Noires. Mais cette dernière, en toute probité, me prêta à sourire car le quidam associait trop aisément filons dorés et nains. J’éludais rapidement ce dernier tintamarre pour concentrer mon attention sur mon voyage en terre elfique afin d’apprêter rapidement une délégation pour m’y accompagner car je souhaitais entrer dans le jeu politique. Je conviais Vannedil, désormais héro parmi les miens depuis la libération des prisonniers au Pont de Tourbe, mais aussi le conseiller Gailar dont la sagesse était reconnue de tous.

Après plusieurs jours de voyage par monts et vaux, puis une marche le long de la sente elfique, nous eûmes un bel accueil aux portes du palais sylvestre. Fidèle à ses habitudes, le roi Thranduil se montra un hôte appréciable en sa demeure. Les autres délégations arrivèrent peu de temps après pour participer au premier festin. Mais avant celui-ci, je pus retrouver Beleg lors de mes pérégrinations dans les couloirs du palais souterrain. A ma grande amertume, l’elfe albinos était toujours un hère parmi les siens malgré ses hauts faits héroïques dans les sombres bois. Je m’en offusquais auprès de Ruthiel lorsque je la croisais au détour d’un couloir mais la maîtresse d’armes du royaume me répondit que telle était toujours la volonté respectée de son souverain. Néanmoins nous pûmes nous réunir entre affidés dans une anti-chambre isolée. Nous discutâmes avec Vigenère des derniers événements et dires : l’avancée de l’Ombre et notre fuite face au Nazgûl dans les profondeurs de Mirkwood ; la faible portée de notre cercle auprès des grands de ce monde ; la subite maladie du maître Lomuld de la Ville du Lac ; les dissensions entre bardides et elfes ; les déblaiements de la vielle route naine de la forêt ; l’influence de la Colline-du-Tyran au sud du Tarn Noir. Autant de sujets bigarrés et hétéroclites mais dont le point commun fut, à l’évidence, les manigances de l’Ombre dans les Terres Sauvages. Puis l’heure prochaine du festin mit un terme à nos discussions.
 
Majestueuse et raffinée agape. Les convives s’égaillèrent de l’opulence royale et leurs délicates oreilles furent bercées par de douces mélopées elfiques. Leurs ventres firent bombance et leurs papilles s’émerveillèrent des vins succulents. L’échanson Halbrech avait sélectionné les meilleurs crus. Il déambulait de table en table, s’assurant du contentement de tous. Il officiait avec une raideur certaine et je perçus dans ses traits tirés le poids des années écoulées. Affairé tout à sa tâche et bien que je ne l’eusse plus vu depuis sa lointaine visite à Bourg-les-Bois, il me sembla plus soucieux que de nature. Sa fille Hanna s’empressait aussi à ses côtés. Je l’avais quitté enfant lorsqu’elle s’était liée d’amitié avec Nelladel, elle était désormais une jeune femme resplendissante. Mais ce soir, sa jovialité habituelle s’effaçait derrière un sombre visage. Son attention soucieuse était portée vers son père crispé. J’échangeais un subreptice regard avec Vannedil, lui aussi avait discerné l’inquiétude singulière de l’échanson. Et lorsque ce dernier s’éclipsa dans le dédale des arrières salles, poussés par un mauvais pressentiment, nous nous levâmes tous deux pour le suivre. Pistant l’homme inquiet vers les caves, nous rencontrâmes Beleg par inadvertance qui dînait sur une table d’arrière-cuisine du palais. Ayant perdu la trace d’Halbrech, nous l’interrogeâmes sur son éventuel passage. L’elfe nous précisa les habitudes de l’échanson et nous guida jusqu’à son bureau situé dans les sous-sols.

Au-delà d’une porte restée entrouverte, je vis Halbrech assis sur une chaise en bois derrière une petite table encombrée de papiers et de vélins. Une plume trônait dans un encrier à côté duquel une petite fiole en verre, au contenant visqueux et noir, était posée. Le dos courbé et les deux coudes appuyés à même la table, il tenait sa tête entre ses mains et pleurnichait. Ainsi surpris, il redressa son visage larmoyant lorsque nous entrâmes dans la petite pièce. Je le questionnais inquiet : « Et bien mon ami, pourquoi tant de peine ? ». Sans retenue, il s’épancha : « Ma fille. Elle est menacée. Il va la meurtrir. ». Je m’interrogeais : « Mais de qui parles-tu ? Ta fille est au milieu des elfes, en leur royaume, qui peut-elle bien craindre en ce sanctuaire ? ». Hoquetant entre deux sanglots, l’échanson reprit son émouvante plainte : « Tout est ma faute. Je lui ai cédé. Me voilà contraint. Je me dois de le faire sinon il la punira mortellement. Ma fille est mon tout. Je dois m’exécuter. Je dois verser le liquide qu’emprisonne ce flacon et contaminer le vin servi au banquet. Tel est son exigence pour la survie de ma fille ! ». Ses pleurs s’intensifièrent et je me répétais : « Qui ? Qui est donc ce « il » ? ». Halbrech renifla et ses yeux désespérés plongèrent dans les miens : « Le sombre cavalier, le spectre décharné de cette maudite forêt. Il m’a attiré à lui et j’ai cédé à son emprise, à sa noirceur. ». Beleg s’empara prestement de la fiole pour l’examiner méticuleusement alors que je m’émouvais sur le pauvre homme : « Halbrech, le mal est insidieux et l’Ombre se joue de nos faiblesses. Son arme n’est pas toujours une noire lame affûtée. Non, elle est souvent bien plus retors, plus vile. Mais tu n’as pas cédé, tu as su lui résister. S’il le faut, je prendrais ta fille sous ma garde à Bourg-les-Bois, la lampe de Balthi sera la préserver des méfaits du spectre. Celui-ci ne peut s’en approcher sans s’y brûler. Mais repose-toi à présent, reprends confiance. ». Nous le laissâmes à sa peine mais nous savions son abnégation forte. L’homme épongea ses yeux et se redressa quelques peu rasséréné par ses aveux pour nous quitter et rejoindre son roi et ses invités. Je le vis disparaître avec fugacité dans les lacis souterrains.
 
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Le grincement des charnières d’une lourde trappe se fit strident et le son d’un corps qui chut à l’eau comme une évidence. Je me précipitais. Ma course m’entraîna jusqu’au débarcadère du palais. Là, entre plusieurs barques à vins, la trappe d’accès à la rivière souterraine béait sur des flots tumultueux. Sans même réfléchir une seconde, je me jetais à l’eau. Le courant m’emporta avec violence. Je bus une mauvaise tasse lorsque ma tête fut immédiatement submergée. Par bonheur, je réussis néanmoins à sortir ma bouche des eaux furieuses pour aspirer une inespérée goulée d’air. Brinquebalée comme un frêle fétu de bois par le courant et les remous, j’aperçus furtivement un corps inerte flotter à quelques brassées. Je m’efforçais de surnager jusqu’au noyé mais un rocher vicieux me dévia et me fit replonger. L’épuisement et le froid glacial des eaux paralysèrent mes mouvements. Je coulais. Une main salvatrice saisit mon col et m’extirpa du flux aqueux pour me monter à bord d’une barque remuante. Vannedil et Beleg naviguaient au mieux dans les tourbillons et les agitations des rapides. Allongé au fond de l’embarcation, je crachais une eau claire et mes poumons s’emplirent d’air. Une quinte de toux me violenta quand Vannedil arracha à la rivière le corps sans vie de l’échanson.

Le cri déchirant d’Hanna résonna dans les caves. Ses pleurs noyèrent ses joues. Elle était recroquevillée sur le corps de son père. Le noyé inanimé était allongé sur le quai que nous avions rejoint à pied en remontant périlleusement le lit de la rivière. Je me penchais sur Hanna et lui enserrais les épaules d’un geste compatissant. Derrière moi, Vannedil resta coi et Beleg conversa à demi-mots avec Ruthiel. Rapidement avertie par ses bateliers de notre vaine et hasardeuse tentative, elle exposait à présent à Beleg des plis retrouvés dans les affaires du noyé. Ceux-ci délivraient des informations compromettantes sur le royaume sylvestre tels ceux que nous avions dénichés dans les sous-sols ténébreux de Dol Guldur. Une traitrise évidente et dévoilée. Halbrech s’était compromis et sa vertu corrompue l’avait contraint au geste ultime.  

Fin de la session 57
Sabot
Dernière modification par Carfax le mar. août 24, 2021 9:34 am, modifié 7 fois.
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