[CR][AiME] Un Dúnadan en Terres Sauvages

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AsgardOdin
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

La mort d'un chef de "guerre", c'est toujours le même souci de l'héritage.. Courage !
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Carfax
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

L’avant-veille du conseil, accompagné de Beleg et Vannedil, je rencontrais Amaléoda. Malheureusement, la situation exigeait de troubler son recueillement. J’échangeais avec elle sur le disparu et appris la solide amitié de ses parents avec ce dernier. Visiblement, la jeune cheffe du Tarn Noir était très affectée par la disparition brutale d’Ingomer. Notre conversation s’entrecoupa de silences compassionnels et émus. Puis, à contre cœur mais contraint par l’importance du sujet, j’abordais la succession du défunt comme chef de guerre des Hommes des bois. Je remémorais à Amaléoda l’ampleur de son courage lors de la bataille du Tarn Noir face aux hordes gobelines, mais aussi sa détermination lors de cet affrontement et son charisme fédérateur auprès des siens. A mes yeux, elle incarnait la fonction et je lui affirmais mon soutien si son souhait était tel. Elle fut honorée par les qualités que je lui prêtais et se questionna à haute voix. Son indécision était forte car sa jeunesse jouait en sa défaveur et ses faits et gestes demeuraient peu connus des autres communautés. Par ailleurs, à ses yeux, son village avait résisté du fait des actions intrépides accomplies avec mes deux compagnons. Je lui confiais alors mes prétentions si elle-même refusait d’en être. Après une réflexion aboutie, elle préféra s’effacer. Certes, mes dires avaient réchauffé son cœur mais elle craignait, néanmoins et à ce jour, de ne point être la bonne personne pour son peuple comme stratège et meneuse. Sa décision étant, elle soutiendrait Ceawyn ou moi-même face au vil Morgdred. J’acquiesçais.

Nous la quittâmes alors pour rendre visite à Ceawyn-le-généreux. Je lui rapportais la teneur de mes échanges avec Amaléoda et sa décision. Il réfléchit et pesa ses mots pour me demander la raison profonde de mon engagement. Je répondis simplement : j’étais désormais un homme des bois, j’avais fondé une famille et travaillais durement mon exploitation. J’aimais et appréciais la culture de mes frères et sœurs. Et, plus que tout, les défendre face à la recrudescence de l’Ombre m’importait. Il hocha la tête et s’interrogea : qui de nous deux serait le plus soutenu ? Oui, le choix était d’importance et je serais m’effacer si besoin. Nous devions nous opposer à Morgdred mais pas seulement. Nous devions aussi être apte à mener les hommes au combat et leur insuffler courage et vaillance. Ceawyn prendrait sa décision après une nuit de sommeil. Ne disait-on pas qu’elle portait conseil ?

Je patientais. Dans l’attente, Beleg et Vannedil parcoururent les ruelles de Fort-Bois et questionnèrent ses habitants. Ils comprirent que Morgdred avait impressionné bon nombre de jeunes guerriers. Il avait la prestance de son père, l’allant d’un cheval fougueux mais aussi la sagesse d’un chef à présent mûr et responsable. Ne contenait-il pas l’avancée de l’Ombre au sud de la Forêt Noire ? N’entreprenait-il pas la reconstruction, si cruciale pour les nôtres, de la vielle route naine ? Ses atouts ne manquaient pas.

Ceawyn-le-généreux se savait apprécié des siens. Son surnom disait pour beaucoup et son empathie, comme son discernement, n’était plus à démontrer. Mais il savait aussi ses talents de guerrier limités. Et puis, son village, la Porte-du-Soleil était excentrée, une situation géographique peu propice pour accueillir un chef de guerre en son sein. Le lendemain, sa pensée avait mûri et sa raison le porta vers ma candidature. J’irais donc.

Au cinquième jour de deuil, un soleil radieux inonda de ses premiers rayons l’aube naissante. Sa lueur matinale perça les quelques nuages vaporeux et éparses encombrant le ciel azur. La fraiche rosée alentour s’évapora dans un léger brouillard fugace. Traversant cette brume éthérée, la longue procession descendit l’abrupte pente jusqu’aux portes du village de Fort-Bois puis bifurqua et se dirigea vers le vaste cercle de pierres des anciens. Là, en son sein, les Hommes des bois avait usage de s’y défier, de juger ou de désigner. Chacun se regroupa autour du cercle et les plus sages prirent la parole pour regretter la perte d’Ingomer, leur défunt chef de guerre. Puis la question fut posée : qui ici, en son cœur et en son âme, mènerait désormais les Hommes des bois au combat avec dévouement et clairvoyance ? Ce choix était prépondérant car l’Ombre grondait aux frontières de nos terres et la tâche de l’élu s’avérerait âpre. Les prétendants furent alors invités à s’approcher et entrer dans le cercle. Le temps se suspendit quelques instants dans un silence imposant. Enfin, le son d’un pas lourd, foulant l’herbe rase et encore givrée, s’entendit lorsqu’un premier homme s’avança. Ce brave guerrier de Bourg-les-bois était Munderic-le-pondéré, neveu de Fridwald-le-messager. Reconnu de tous, la quarantaine bien pesée et le crâne dégarni, sa carrure était forte. Je ne le connaissais pas comme un meneur exalté mais il savait être apprécié par autrui tel un compagnon fidèle et honorable. Quelques vivats accompagnèrent son avancée mais cessèrent bien vite lorsque Morgdred, comme attendu, franchit à sa suite l’anneau pierreux. Il était vêtu comme un simple Homme des bois, sans aucun atour fastueux. Sa longue épée battait sa hanche. Sous les rayons matinaux, sa ressemblance filiale sauta aux yeux de tous. Avec allure, le buste fier et la tête droite, il rejoignit le premier candidat qu’il occulta de sa présence altière. Les murmures se firent et emplirent l’assistance. Chacun commenta à voix basse la marche royale de Morgdred dont le visage calme imposait le respect. Puis les chuchotements s’accrurent et devinrent des acclamations.

Je déglutis. Ma gorge s’assécha comme un ru se tarit lors d’un été caniculaire. Je dévisageais Beleg et Vannedil puis Ceawyn et Amaléoda. Tous restèrent cois mais je ne vis nul doute dans leur regard. Ainsi ragaillardi, j’enjambais à mon tour le muret pierreux du cercle. Un silence lourd accompagna mes premiers pas puis quelqu’un tapa de ses mains. Des encouragements affectueux suivirent, enflèrent et réchauffèrent mon cœur. J’étais soutenu.

Le temps des paroles vint. Le guerrier Munderic s’exprima en premier et ses propos furent sérieux mais la tâche de chef de guerre me sembla trop imposante pour ses épaules. Lorsqu’il se tut, Morgdred parla : « Hommes des bois ! Je suis Morgdred, fils d’Ingomer. Je n’ai malheureusement que peu connu mon père car le destin fut ainsi. Un cruel destin. Il m’a arraché aux miens, arraché par l’Ombre qui menace à nouveau nos vies. Si je me dresse ici, en ce jour, c’est pour épargner vos enfants du sort terrible que j’ai vécu. Je ne peux tolérer que l’Ombre s’empare à nouveau de nos enfants, nos femmes et nos hommes, qu’elle les emporte vers le sud pour les emprisonner ou pire. Car, oui, j’ai vu pire, bien pire que cela. Mais la chance m’a souri et je pus vivre. De la chance mais aussi de la force, celle transmise par mon père et prête à vous servir aujourd’hui. Voilà des années, je me suis présenté à vous. J’étais jeune et en colère. Oui, en colère contre cette injustice qui me priva de votre présence et je pensais la regagner par la force. Mais l’honneur de notre peuple ne se gagne pas ainsi, par la brutalité. Non, il se reçoit par l’union et la dévotion. Je ne suis plus cet homme, jeune et arrogant. Désormais, c’est un homme assagi, qui a rassemblé autour de lui des guerriers valeureux, un homme qui lutte depuis des années contre les vagues orques venues du sud. Car, croyez-le, Dol Guldur se reconstruit, se repeuple. Je le sais, mes espions l’ont vu. Mais, je serais être le premier rempart contre cette menace. C’est à vous d’en décider ! En ces temps troublés, j’ai besoin de votre courage dont je ne doute pas. Je serai vous mener à la guerre comme mon père l’aurait fait. C’est en son nom que je me présente devant vous pour être votre protecteur, celui de vos foyers et de vos proches. C’est votre choix, votre décision. ». Et il se tut. Son discours rasséréna l’assemblée et, dans les champs lointains, j’entendis les corneilles croasser. Était-ce un présage de mauvais augure ?

Une nouvelle fois, je ressentis mon ventre se nouer. Une nouvelle fois, j’avalais ma salive avec peine. Puis, ma voix résonna, grave et sèche : « Je suis Aigre-Feuille et vous me connaissez comme tel. Chacun ici sait ma détermination à lutter contre l’Ombre et ses menaces. Mes faits et mes actes sont connus, tout comme mon appartenance au conseil des affidés. Un plus indéniable pour converser avec nos alliés des peuples libres. Je suis des vôtres depuis de nombreuses années. J’ai bataillé à vos côtés, que ce soit au nord, au sud, à l’est ou à l’ouest de la Forêt Noire. J’ai même combattu en son cœur, au plus profond de sa noirceur. J’ai œuvré sans relâche pour notre communauté, pour nous, les Hommes des bois. J’ai aussi fondé une famille parmi vous et vous connaissez tous la peine qui m’affecte depuis peu. Je me suis investi en maintenant une exploitation florissante pour partager un savoir-faire. Oui. Oui, je me sens un Homme des bois, je suis un Homme des bois. Je vis et respire à votre image. Votre culture est mienne et je suis fier de l’embrasser chacun de mes jours. Mais je ne suis pas qu’un Homme des bois, je suis aussi un descendant des Numénoréens, ces premiers hommes venus de l’Ouest. Là-bas, au-delà des Monts Brumeux, je suis Araval, fils d’Araglas, héro et roi déchu du Rhudaur. Et ce serait un honneur pour les miens, pour ma lignée trahie par la fourberie de l’Ombre, que l’un de ses fils devienne un guerrier respectable et respecté, qu’il suive la voie glorieuse d’un chef de guerre en toute humilité. Oui, j’aspire à ce rôle. En suis-je légitime ? C’est à vous tous de me répondre. Pour cela réfléchissez. A deux fois même ! Mûrissez votre opinion. D’autres sont candidats mais je m’inquiète de certains. Je m’inquiète comme Homme des bois lorsque je connais les méfaits perpétrés dans le Goulet de la Forêt Noire, ce harcèlement subi pour nombre de nos frères et sœurs par cet homme qui se dit changé. Mais change-ton ? Je m’inquiète aussi comme Numénoréen de le voir porter une lame « noire » à sa ceinture… ». D’un geste ample, je tirais au clair alors mon épée elfique et poursuivis en la dressant droite au-dessus de ma tête : « Seriez-vous à même de suivre cette lame du bien, celle qui guidera nos armées contre l’Ennemi. Ou bien préférez-vous suivre l’éclat sombre de l’épée maudite de Morgdred ? Pouvez-vous confier à cet homme la responsabilité de nous guider avec une telle lame lorsque l’on sait le passé sombre de ses forgerons ? Compagnons, réfléchissez, méditez et choisissez en votre âme et conscience ! ».

A mes dires, Morgdred resta impassible. Il me fixa longuement, les traits tirés. Mais il était bien le seul à rester ainsi immobile et sans réaction car dévoiler ma véritable identité et mes origines avait ébranlé la foule. Les hommes de l’Ouest étaient reconnus pour leur sagesse et leur grandeur d’âme, mais aussi pour leur courage au combat contre l’Ombre. Mais lorsque les brouhahas s’étouffèrent d’eux-mêmes, Athala s’extirpa d’un pas de l’assemblée. Son visage transpirait une colère contenue. Sa voix tonna et exposa en quelques mots, sa vie, ses malheurs, son exode. Elle évoqua la terrible bataille, celle contre les orques descendus des montagnes proches de l’Anduin, du temps béni où son peuple, les Leofring, vivait paisiblement le long de ses rives. Elle conta le massacre des siens par celui qui menait ces créatures, cet humain maléfique et avide de sang, Morgdred. Ses yeux d’enfant n’oubliaient pas le visage, maudit et cruel, du bourreau de son peuple. Cet homme, en Dol Guldur, était devenu le serviteur de l’Ennemi. Puis sa diatribe accusatrice cessa mais, dans une dernière phrase et prenant à témoin chaque homme et femme présents, elle maudit Morgdred. Sa main serra le pommeau de son épée jusqu’à blanchir ses phalanges et son visage ne put retenir des larmes de vérité.

Morgdred blêmit et, avant qu’il ne put réagir, Beleg renchérit auprès de tous : « Ce n’est pas fini même si l’épée noire de Morgdred a déjà été évoquée. Je suis un elfe et vous me connaissez tous. Voici longtemps que je vous rends visite, que je vous aide contre les tourments de la Forêt Noire. J’ai le don de reconnaître les objets sombres et anciens, de ressentir leurs pouvoirs. Que Morgdred me présente sa lame ! ». L’homme de la Colline-Au-Tyran exulta : « Qu’est-ce là ? Une assemblée des Hommes des bois ou le rassemblement des peuples des Terres Sauvages ? Les Hommes des bois se laisseront-ils mener par des elfes ? Ou, pire, par la parole d’une ancienne esclave Leofring ? Les Hommes des bois ne doivent-ils pas décider par eux-mêmes ? ». Beleg fixa Morgdred de ses yeux brillants. Il le toisa et s’exclama : « Où étais-tu pendant toutes ces années ? Aidais-tu les tiens ? Les protégeais-tu ? Ou, au contraire, t’acharnais-tu contre leurs villages ? Ne tuais-tu pas des innocents avec les orques ? Montre ton épée au grand jour ! ». Morgdred s’emporta : « Tu n’es qu’un elfe ! Je ne te dois rien et le mensonge sort aussi de la bouche des elfes ! ». L'elfe posa sa voix : « Les gens ici jugerons ce que j’ai fait pour eux pendant toutes ces années écoulées. Qu’as-tu fait toi pour eux pendant celles-ci ? ». A ces propos, les sages se rassemblèrent au centre du cercle des anciens et, après un court conciliabule, demandèrent à Morgdred de présenter sa lame à l’elfe dont la langue n’avait jamais trahi la vérité. Un profond silence s’installa. Dans les plaines environnantes, les cris aigus des corneilles retentirent à nouveau.

Sans échappatoire ni soutien, Morgdred s’exécuta et tira sa longue épée de son fourreau qu’il planta rageusement aux pieds de Beleg. L’elfe se concentra sur l’arme, ses mains suivirent les lignes de son fil étincelant mais sans jamais le toucher. Puis il empoigna le pommeau et grimaça. D’une voix, pâle et tremblotante, il murmura chancelant : « Cette épée est une lame noire, du plus sombre qu’elle soit. Elle absorbe la vie et son mordant accroit les blessures. Sa noirceur est telle que nul ne peut la manier sans se corrompre. Son porteur ne peut être un homme de bien… ». Nerveux, Morgdred répondit : « Je suis prêt à tous les sacrifices pour défendre les Hommes des bois. Cette arme, je l’ai arrachée des mains du chef que j’ai combattu pour reprendre la Colline-au-Tyran à l’Ennemi ! Cette colline que je défends à présent envers et contre tout ! Cette lame est sombre mais je suis prêt à supporter sa noirceur pour défendre mon peuple. Si tel est mon sacrifice alors je l’accepte ! ». Avec calme et assise, Beleg  répliqua : « J’ai connu la plus grande des noirceurs au cœur de Mirkwood. Aucun d’entre vous ici ne peut même imaginer sa profondeur. Et cette épée ? Je peux vous affirmer que l’homme qui la porte n’est déjà plus un homme. La corruption broie son âme et c’est en serviteur de l’Ombre qu’il agit. D’ailleurs n’est-ce pas ce qui nous a été déjà révélé par Athala ? ». D’une main ferme, Morgdred extirpa son arme plantée au sol pour la rengainer rageusement : « C’est à vous de décider de suivre l’un de vous par le sang, fils d’un grand homme et prêt au sacrifice, ou un usurpateur ! L’Ombre nous menace, soyez assurer que votre prochain chef de guerre sera celui qui assurera votre survie ou bien vous entrainera à votre perte ! ». Il me tourna le dos et rejoignis ses hommes en dehors du cercle. Nous nous dispersâmes aussi dans l’attente du vote des Hommes des bois présents.

Le temps de la réflexion expira. Les gens se séparèrent et vinrent se placer derrière leur élu. Un grand nombre d’entre eux se positionna dans le dos de Morgdred. Un frisson glacé me parcouru l’échine, notre vatout était-il joué ? Mais, derrière moi et par bonheur, une foule dense s’amassa. Jeunes et vieux s’accumulèrent. Ce fut avec soulagement mais gravité que je devins ainsi le nouveau chef de guerre des Hommes des bois. Je reçus des félicitations franches et amicales lorsque l’assemblée se dispersa. Et, soudainement, une voix féroce claqua dans l’air : « Par la voie sacrée du combat, je te défie Morgdred et demande réparation pour la mort de mes parents. Que le cercle des anciens soit le témoin de la vérité ! ». La chevelure blonde d’Athala ondula sous la brise matinale. Son visage exprimait une détermination sans ambages et son arme pointait fièrement Morgdred. Je grimaçais en songeant à ses chances. La jeune guerrière embrassa son destin aux portes de Fort-Bois en s’avançant au centre du cercle. Le chef de la Colline-au-Tyran temporisa et discuta subrepticement avec ses hommes. Puis, d’un pas décidé, il rejoignit son offenseuse pour lui faire face. La foule oscilla puis se regroupa autour de la zone d’affrontement. En première ligne, fort de mon élection, je criais : « Pour un combat juste et digne des nôtres, je demande que les belligérants s’équipent chacun d’une longue hache, l’arme fétiche de notre peuple ! ». Et tel fut fait.

Les deux combattants tournèrent l’un autour de l’autre. Les haches oscillaient dans leurs mains moites. Leurs regards se toisèrent. Avec force et précipitation, Morgdred assaillit la jeune guerrière mais, surpris par la dextérité de son adversaire, il ne put éviter un coup au flanc qui ensanglanta son surcot. La rage d’Athala marqua ses traits et un rictus déforma sa bouche haletante. Troublé par sa blessure, Morgdred fit volteface et trancha de sa dextre dans un mouvement circulaire et violent. La hache manqua d’un rien de décapiter Athala mais sa vivacité la sauva. Sur le recul, telle une anguille contorsionnant son corps, la guerrière porta un nouveau coup au bras de son adversaire. L’entaille fit gicler un nouveau jet de sang sur l’herbe humide recouvrant le sol du cercle de pierres. Morgdred lâcha un cri douloureux. Contre toute attente, la lutte souriait à la guerrière. Véritable déesse belliqueuse, Athala porta une violente attaque à l’abdomen de Morgdred. Affaibli par ces deux premières blessures, ralenti par sa souffrance, l’homme ne peut parer le coup de cette troisième et dernière passe d’arme. Suffoquant, il s’effondra au sol, désormais à genoux et démuni devant son vainqueur.

Athala fulminait. Elle expulsait l’air de ses poumons par saccades. Lentement, elle leva sa hache et la brandissa au-dessus de la tête de son pire ennemi, fruit des cauchemars de ses nuits. Mais alors que son arme s’apprêtait à trancher le cou du perdant, Amaléoda s’écria : « Athala, souvient toi d’Immala ! ». Saisie, la jeune guerrière suspendit son geste, stoppant net son élan fatal. Les secondes s’égrainèrent telles des minutes. Amaléoda reprit : « Athala, non ! ». Les bras armés d’Athala s’abaissèrent. D’un coup de pied, elle fit rouler son ennemi au sol et ses deux mains lâchèrent sa hache vengeresse. Tournant le dos au vaincu, elle quitta le cercle sans mot dire. Au loin, les corneilles s’envolèrent.
 
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Fin des sessions 41 à 43
Phase de communauté
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par dreamofrlyeh »

Oof, j'en suis tout frissonnant !
Retrouvez-moi aussi sur https://dreamofrlyeh.itch.io/
J'ai aussi un blog par là : https://icisontdesdragons.blogspot.com/
Et sur Twitter : https://twitter.com/icidesdragons
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par AsgardOdin »

Cette tension.. !
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

14ème phase de Communauté- Recevoir un titre
Fin d'année 2960 du Tiers Âge
 
Finement ouvragé, les magnifiques gravures ornées du cor rutilèrent à la lumière de ce jour printanier. L’objet était de taille et mes mains tremblèrent d’émotion de le tenir. Je le glissais en bandoulière autour de mon cou par-dessus mon barda de voyageur. J’étais son nouveau porteur comme il seyait au chef de guerre des Hommes des bois. Ce grand cor était un trésor de leurs Maisons, un héritage prestigieux. Il avait été façonné dans le passé dans une corne de l’un des grands bovins sauvages d’Araw par un héros et chasseur gondorien nommé Vorondil.

D’un geste ample de la main, je saluais ma fille restée au seuil de ma demeure. Je lus dans ses yeux une fierté secrète de l’honneur qui m’était donné de porter ce cor. Je la quittais et empruntais le chemin serpentant jusqu’au village. Bourg-les-bois était la première étape de mon voyage de villages en villages à travers les landes. Comme nouveau chef de guerre et tel un rituel respectueux, je me devais de visiter les Maisons des Hommes des bois. Rallier celles-ci à ma bannière, me montrer digne de ma nouvelle charge, de leur confiance.

J’accélérais mes pas. J’avais hâte d’embrasser une nouvelle destinée. Sur l'horizon, le ciel matinal se teinta d'un jaune intense. 
 
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

je ne sais pas pkoi mais ca sent les recits de la fille d aigre feuille dans 1-2 ans

le bon kdo empoisonné ce cor

ton perso a essaye de voir s il marchait ?

ca pue une roncevaux :)
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

polki a écrit : ven. mars 19, 2021 3:47 pm le bon kdo empoisonné ce cor

ton perso a essaye de voir s il marchait ?
Souffler dans le grand cor de guerre du chasseur est une action en combat. Tous les alliés du chef de guerre peuvent alors utiliser leur réaction pour récupérer un nombre de points de vie égal à 7 (2d6) plus le bonus de maîtrise du chef de guerre. Une fois que le Grand cor de guerre a été employé, le chef de guerre doit prendre un repos court avant de l'utiliser à nouveau.

Non je ne l'ai pas encore essayé. Mais c'est vrai que je commence à les collectionner avec celui offert par Eau-Sombre :D ! J'ai rien à envier à Roncevaux en effet !
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Ravortel »

Fais gaffe, à Roncevaux il en meurt, hein.
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

c etait mon propos, mais sa sera sa destinée

pis sa fille reprendra le flambeau, enfin le cor
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

polki a écrit : ven. mars 19, 2021 6:35 pm mais sa sera sa destinée
Point trop de hâte les amis ! Par bonheur mon personnage ne se prénomme pas Roland  :P
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

quoi aigre feuille est immortel ?
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

polki a écrit : ven. mars 19, 2021 9:38 pm quoi aigre feuille est immortel ?

Nullement mais il est encore vaillant et dans la force de l’âge pour un Dunedan 😉
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

je trouve qu il marque un peu le pas, avec toutes ses responsabilités :P
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par Carfax »

Année 2961 T.A.
Des nains et des trolls
Session 44
 
Lors de mes pérégrinations de villages en villages, de places en places, de fermes en fermes, j’appris l’affrontement, lors d’une grande bataille près de la Porte des bois, entre les béornides, appuyés par les elfes du Royaume sylvestre, et les Viglundides. Les forces des peuples libres emportèrent la victoire mais au prix de bien des pertes. Poussant cet avantage durement acquis, les troupes de Béorn poursuivirent leurs ennemis dans les bois mais, là, ils furent violement reflués par une contre-attaque de gobelins et de trolls venus des Montagnes Grises. Cette terrible embuscade était aux yeux de Béorn, comme à ceux de ses alliés elfes, une preuve irréfutable que ces viles créatures soutenaient les assauts de Viglund et de ses barbares. Certains parmi les miens m’interrogèrent sur ma position comme nouveau chef de guerre sur ce conflit. Devais-je engager des forces en soutien de nos alliés ? Dans l’immédiat je réservais ma réponse mais bien vite il me faudrait, à l’évidence, statuer sur mes intentions.

Malheureusement, lors de mon court séjour à Castel-Pic, j’appris aussi la nouvelle témérité du Loup-garou de la Forêt Noire. Je ne sus comment mais ce sinistre monstre traversa la rivière noire et agressa de nombreuses fermes près de Fort-Bois. Les guerriers du village entreprirent sa chasse mais, harcelés, nombre d’entre eux tombèrent sous les griffes et les crocs de la créature. Néanmoins, leur courage et leur détermination mirent en fuite le lycanthrope mais, malgré cela, celui-ci hurla encore durant de longues nuits aux abords du village terrorisant ses habitants.

Dès mon retour à Boug-Les-Bois, je reçus une missive de Vigenère. L’homme disait détenir des informations importantes au sujet de la recrudescence des gobelins et des trolls dans le Nord, ces mêmes créatures engagées contre les béornides. Son mot me conviait de le rejoindre à Dale avec mes deux compagnons affidés. Ces renseignements pouvaient être capitales quant à ma décision d’apporter ou non une aide guerrière à Béorn dans sa lutte contre Viglund. D’autre part, avec ce voyage vers Dale, je trouvais là l’occasion de faire halte au palais de Thranduil et de lui présenter mes hommages comme nouveau chef de guerre des Hommes des Bois. Je partis sur le champ pour retrouver Beleg et Vannedil à l’auberge des fringants hobbits, non loin du Guet de l’Anduin. Comme toujours, l’accueil de nos hôtes fut chaleureux et humer les bonnes odeurs culinaires de ce charmant lieu s’avéra un véritable délice. Je pris plaisir dans la grande salle de l’auberge à fumer une excellente herbe à pipe au coin de l’âtre rougeoyant et, cela me réjouit le cœur, les tenanciers me rapportèrent d’excellentes nouvelles de Myhra. Il me tardait de la retrouver un de ces jours.

Après quelques jours de bien-être, je quittais l’auberge avec mes deux amis. Nous prîmes au Nord pour atteindre la sente elfique et traverser la grande forêt. Je connaissais ce chemin pour l’avoir emprunté de nombreuses fois, mais m’y engager me déplaisait toujours autant. Me replonger dans l’atmosphère sinistre et lugubre des bois noircissait toujours un peu plus mon âme.

Par le plus grand des hasards, marchant d’un pas rapide et alerte, nous rattrapâmes sur cette sente une vielle connaissance. Au-devant, Le nain Frarr cheminait seul vers l’Est. Depuis notre précédente rencontre, sa barbe avait repoussé et son surnom – l’imberbe – me parut dès lors usurpé. J’en souris. Lorsqu’il nous vit, la mine du nain se réjouit de retrouver des visages amicaux. Il engagea alors un long monologue chaleureux dont seuls les nains avaient le secret. Il nous narra le pourquoi de sa présence sur ce sentier. Ses pas le menaient au palais elfique pour y quémander une aide bienfaitrice. Après avoir été chassé avec son peuple des Mines Grises, le nain était à présent délogé de la forêt – où il s’était réfugié avec les siens – par un groupe de Trolls des Collines. Ne trouvant ni patrouilles ni chasseurs elfes près de son refuge, il était parti d’un bon pas vers le palais. Nous lui proposâmes de cheminer ensemble puisque nous avions la même destination. Sur ce, une idée lumineuse germa dans son esprit : sachant nos valeureux exploits passés dans les profondeurs de la forêt et, à sa connaissance, le faible nombre de trolls, ne pourrions-nous pas unir nos forces pour les effrayer ? Notre rencontre fortuite était inespérée et notre aide plus que précieuse. Son refuge était relativement proche. Son cousin l’y attendait et surveillait les faits et gestes des trolls, trois tout au plus. Je réfléchis : devions-nous nous dérouter, nous mettre en danger encore une fois ? Cependant ces trolls étaient une réelle menace et avaient assurément guerroyé contre Béorn. En apprendre plus sur ces créatures pouvait s’avérer décisif et m’aider à décider d’engager ou non mes hommes auprès de Béorn. Nous suivîmes Frarr.

Son refuge était blotti sous un tas de grosses roches enchevêtrées de racines et de ronces ; son entrée était une anfractuosité remarquablement masquée dans cet amas de roches. En suivant notre guide nain, nous nous engageâmes dans une veine caverneuse humide au plafond relativement bas. Je dus me courber pour y progresser. De la paille jonchait le sol sur lequel quelques paillasses reposaient. Des affaires éparses étaient déposées çà et là, laissant l’impression d’un imbroglio bigarré. Au milieu de ce fatras et près d’un poêle, un nain se réchauffait les mains et s’étonna du retour de son cousin Frarr avec une telle compagnie. Ce dernier nous présenta alors comme des héros au dénommé Florr dont les cheveux hirsutes et la barbe broussailleuse mangeaient l’entièreté de son visage. Ce dernier ne masqua pas sa surprise de voir ici trois compagnons hétéroclites alors qu’il s’attendait à une petite troupe elfique. Sur ce, les deux nains discutèrent à faible voix. Les quelques bribes que je perçus de ce long conciliabule dénotaient une crainte de Florr de ne pas être épaulé par de nombreux rôdeurs elfes contre ces maudits trolls. Leur connaissance et leur aisance en sous-bois étaient des atouts qui nous feraient défaut. Frarr le rassura en arguant notre expérience mais aussi la présence d’un elfe parmi nous. Lorsque leurs chuchotements cessèrent, Frarr nous engagea à coucher ici pour la nuit et partir au matin débusquer les trolls. Pour Florr, les monstres ne bougeaient guère et campaient toujours au même endroit ; il en dénombrait trois.

L’aube pointa ses lueurs blafardes sous la canopée lorsque nous partîmes du refuge en compagnie des deux nains. En toute discrétion, nous approchâmes du camp des trolls après une longue marche tortueuse. Derrières de hauts buissons, près d’un feu crépitant de hautes flammes et assis sur des rochers disposés en cercle autour du foyer, trois immenses trolls musculeux à la peau grise boursouflée rôtissaient un sanglier. Une odeur de viande grillée enveloppa immédiatement mes narines. Non loin de ces trois créatures, nous nous blottîmes cachés sous une barre rocheuse naturelle recouverte de buissons épineux. Beleg se pencha sur Frarr et Florr et leur murmura quelques mots dont je ne perçus pas le sens. Sur ce, Flor se redressa et commença à avancer accroupi le long du fronton rocailleux. Frarr suivit son cousin dans son élan. J’avais espéré attendre une dispersion des trolls avant d’agir mais deux nains têtus nous obligeaient à nous mouvoir. Seul Vannedil resta sur nos arrières. Très vite, Florr nous distança puis, soudainement, il se redressa et se dévoila à la vue des créatures. Il se mit à brailler comme une truie. « Ils sont là ! Ils sont là ! » cria-t-il en désignant notre position. « Là ! Ici ! Derrière ces rochers ! » s’époumona-t-il. Les trois trolls firent voltefaces et empoignèrent leur gourdin et filet pour se précipiter sur nous. Pour notre malheur, d’autres de leurs congénères surgirent et déchirèrent la frondaison des arbres environnants. L’un d’eux, encore plus grand que les autres, se rua sur Vannedil qui prit ses jambes à son cou. Je le vis fuir et disparaître dans les hauts buissons. A ses trousses, le titanesque troll hurla sa rage d’en découdre. Mais point le temps de m’atermoyer sur mon ami car l’un de nos robustes ennemis me jeta son filet de chanvre qui me couvrit entièrement. Sous le poids et l’élan de l’assaut, je chutais en arrière tout enchevêtré. Prisonnier des mailles, je pestais contre ma paralysie. Je pus néanmoins dégager ma dague et entrepris de couper les mailles du filet. Par bonheur, Beleg et Frarr m’aidèrent à me dégager de mes entraves et, juste avant de subir la charge des trolls, nous nous dispersâmes dans la précipitation.
 
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Je sautais hâtivement par-dessus un épineux et me réceptionnais en trébuchant. Deux des trolls me pourchassaient. Je levais la tête et aperçu ce maudit Florr devant moi. Il courait pour s’éloigner de l’affrontement. D’une rage aveugle, je fonçais sur ce vil traitre et le rattrapais pour lui assener deux coups de lame. Je l’entendis crier mais, aussitôt, ma vue se flouta car, surgissant, un troll me frappa violement dans le dos. Son attaque me projeta au loin et je finis ma chute dans un roulé-boulé au milieu d’un tas de pierres. Confus et tourmenté, j’esquivais l’assaut suivant du monstre. Je me glissais sous sa garde et m’enfuyais. Mon dos me faisait horriblement mal mais je serais les dents. J’haletais, les trolls sur mes talons se ruèrent à ma poursuite. Précipitamment, je traversais un épais bosquet devant moi éraflant mon surcot en cuir. Les basses branches fouettèrent et griffèrent mon visage. Malheureusement, je m’embrochais mon pied d’appui dans ce que je crus être un nœud de racines. Je trébuchais et m’étalais piteusement. Ainsi affalé au sol, deux mains vigoureuses me tirèrent sur le côté pour me cacher dans un taillis. Allongé tout contre moi, Beleg m’intima de me taire. Mes poursuivants ne nous remarquèrent pas et traversèrent le bosquet en furie. Beleg me regarda. J’étais hagard et essoufflé. D’un mot, il me dit : « Frarr. Il nous faut le retrouver. ». « Vannedil  ? » répondis-je interrogateur. Il me fit une moue ignorante et, sur ce, se redressa et s’éloigna à pas de loup. Mais j’étais remonté et n’écoutais pas mon ami. Ce maudit Florr, toute cette débandade était sa faute. Il s’était enfui vers le nord. Les trolls s’éloignant m’offraient un répit, je me mis immédiatement en chasse du traitre, il devait nous rendre compte. Mes enjambées s’accélérèrent, je regardais de droite et de gauche et aperçus du sang sur du feuillage. Mes premiers assauts avaient meurtri Florr. Je suivis cette piste. Elle me mena au nain qui claudiquait. Je le retrouvais affaissé contre un arbre. Affaibli, il transpirait abondamment et une de ses mains enserrait le haut de sa cuisse blessée. Je ralentis ma course et stoppa face à lui. Le dominant de ma taille, je lui exprimais mon dégoût : « Alors, Florr, cousin de Frarr ? ». La peur ridait son visage. Il suffoqua : « Vous êtes là ? Mais comment ? Où est Frarr ? ». « Cesse donc ! », lui intimais-je puis je repris : « Pourquoi as-tu crier ? Quelles sont tes raisons ? Parle ! ». Il hoqueta : « Il voulait des elfes. Oui des elfes et non vous trois. ». J’approchais l’extrémité de ma lame sur sa gorge. « Qui donc ? » articulais-je. Florr se recroquevilla et dit tremblotant : « Le messager, cette ombre. Il voulait capturer des elfes pour les questionner. Si je m’exécutais, il nous rendrait alors les Mines Grises, notre chez-nous. Il en chasserait les créatures qui les envahissent. Il me fallait agir. ». Je grinçais entre mes dents : « Mensonge et folie que cela. Incrédule, idiot ! Debout, nous nous en retournons à votre refuge. Il te faudra t’en expliquer devant ton cousin. Prie ton dieu pour sa survie face aux trolls. ». Par deux fois, le bougre tenta de s’enfuir. Par deux fois, je le retins avec méchanceté. Mon âme s’en noircit mais je ne pouvais contenir ma colère.

Arrivés au repaire des nains, je retrouvais avec mon prisonnier mes deux compagnons et Frarr. Fort heureusement, chacun avait pu fuir le traquenard. Face à son cousin, Florr rabâcha la même litanie : « Lorsque je me suis rendu aux Mines Grises, j'ai vu cette ombre ténébreuse. Elle peut nous aider, nous rendre nos mines. Elle en a la puissance. Elle commande les orques qui ont envahi les veines et salles de nos mines. Ici, les elfes nous rient toujours au nez. Jamais ils ne nous aideront. Alors que vaut la vie de quelques-uns d’entre eux contre la restitution de nos biens ? ». D’abord abasourdi, Frarr exprima alors un profond dégout. Muet, il se reclut dans un coin en dodelinant sa tête. Egalement prostré, Florr se tut. L’ennemi agissait insidieusement. Son ombre s’étendait de plus en plus. J’en avais une nouvelle fois la preuve flagrante.

Dès le lendemain, nous abandonnâmes les deux nains. Nous fîmes nos adieux à Frarr et partîmes vers le palais du roi Thranduil. Nous devions l’informer de l’avancée de l’Ombre. Béorn et ses alliés ne luttaient pas contre de simples barbares revêches mais contre un ennemi bien plus sombre et puissant. Ce triste état se noircit un peu plus lorsque nous atteignîmes Dale après notre halte au Royaume Sylvestre. Vigenère nous confirma la coalition naissante entre gobelins, orques et trolls à Gundabar sous la poigne d’une terrible entité apte à les diriger vers le Sud. Il nous fut aisé de l’identifier : un Nazgûl s’éveillait.          
 
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Fin de la session 44
Phase de communauté
Dernière modification par Carfax le mar. avr. 06, 2021 7:27 pm, modifié 15 fois.
Dieu infatigable des archivistes fictionnels

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polki
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Re: [CR][AiME] Aventures d'un dúnadan en Terres Sauvages

Message par polki »

ah !! des nains :)
" il est beaucoup plus facile à être contre quelque chose que pour" - Cédric Herrou

« Entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous, il faut choisir. » - Thomas Sankara


:bierre:
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