L’âge de l’exploration
Récit de vie de Shosuro Tokujitsu - extrait 2
Alors que je contemple le sabre de ma famille, j’essaye pour la millième fois de comprendre si un événement, une fêlure, une faiblesse, existait avant Yukiyo. Je suis né à Shiro Yogo, lors d’une retraite de ma mère, une des plus célèbres nakodo du Clan. Je n’ai jamais réellement su quel accord avait été conclu avec la famille de mon père, Shosuro Kanemitsu. Il était taisa dans les troupes d’infiltration protégeant notre frontière avec le Clan du Crabe, mais n’appartenait pas une famille noble ni particulièrement importante. Mon frère aîné et ma sœur accueillirent avec joie ma naissance, moins ma famille qui comme bien des nôtres, pense que le chiffre trois porte malheur. De part ma naissance je suis affligé de la malédiction de ma famille maternelle, mais j’ai rapidement appris que les Fortunes m’avaient offert un visage parfait, dont j’ai bien souvent joué dans les Cours où m'emmenaient mes missions au service de mon seigneur.
J’ai vécu dans les bagages de ma mère pendant cinq ans, alternant entre de longs séjours dans le domaine familial et certains de ses voyages, où nous avons vite compris avec mon frère et ma sœur que la présence d’enfants détendent certaines interactions sociales. J’étais trop jeune pour appréhender les événements qui se déroulaient à l’époque, mais l’effondrement de la passe de Beiden changea notre statut à tous. Mon père s’y distingua particulièrement, et il fut remercié par un poste de magistrat à Ryoko Owari Toshi. J’ai le souvenir de dizaines de notables qui fréquentaient mes parents à cette époque, et que le nombre de nos domestiques augmenta graduellement, au point que les visages se mélangent dans mon esprit. A huit ans je rejoins le Dojo des Mensonges, pour la plus grande fierté de ma mère, qui avait obtenu deux ans plus tôt l’entrée de Yogo Morogin, mon frère, aux Tours Yogo, pour débuter sa formation de shugenja. Ma sœur suivit elle les traces de mon père, et Shosuro Tatsumi disparut peu à peu de notre vie, tout à sa nouvelle existence d’ombre parmi les ombres.
Mes années dans une des meilleures écoles de courtisans de l’Empire, du moins une des plus craintes, passèrent rapidement. Je n’étais pas le plus talentueux des élèves, mais j’appris rapidement à me servir des mes atouts, ma beauté bien sûr, mais également une capacité que m'envient bien de mes alliés comme de mes ennemis, quasi surnaturelle, pour convaincre les autres. Il suffisait bien souvent d’un sourire enjôleur et d’un bon mot pour attirer l’attention de mes senseï, là où d’autres devaient se battre pendant des semaines pour le même résultat. Peut-être cette facilité à réaliser mes objectifs m’a conduit à surévaluer mon pouvoir sur mes supérieurs, et quelques années plus tard, à épouser ma femme sans en référer à mon seigneur. Avec des conséquences encore aujourd’hui sur mon existence et celle de ma famille… A suivre…
Quatrième partie - Les traces de Kali-ma
Personnalités de la partie:
Les PJs & leur maisonnée:
- Matsu Musashi, dompteur de lions et maître de guerre, beau-frère de Tokujitsu
- Ses lions : Chikku Takku et Chinmoku (dresse pour les Scorpions)
- Akabashi : Ronin bras gauche de Musashi, ancien Yojimbo de Asahina Ina, A la mort de sa maîtresse il décide de se faire Ronin pour suivre Matsu Musashi et partir dans les colonies
- Ses ashigarus courageux ???
- Yogo Zankoku, shugenja émérite et senseï itinérant, frère aîné de Tokujitsu et compagnon d’armes de Musashi durant la Guerre des Destructeurs
- Ses ashigarus courageux Mata, Kage, Suke et Yaku
Les PNJs importants:
- Daigotsu Hadashi, membre du Clan de l’Araignée et de l’Otokodate des Grillons
Résumé de la partie
Où Matsu Musashi et Yogo Zankoku organisent une expédition militaire afin de débarrasser la région de la tare que constitue la pyramide des suivants de Kali-Ma, pendant que Shosuro Tokujitsu, bien plus malin, évite une expédition dans des marécages boueux infestés de moustiques et même d’Araignée.
Par Yogo Zankoku.
Après avoir supervisé le déplacement de nos gens jusqu’à la ferme située en plein milieu de la forêt et dont la charge nous a été donnée - et après nous être assuré qu’une poignée d’entre eux restait à Santo No Mura - Musashi et moi partons à l’assaut de la pyramide, accompagnés par Akabashi, son fidèle rônin, ainsi que par une poignée d’ashigarus. A la grande inquiétude de ces derniers, je suis à nouveau accompagné par des créatures invisibles, les mêmes qui ont dévoré des Nagah - et une partie d’un des leurs - sous leurs yeux lors de la précédente expédition. Cela va sans dire, le représentant de la famille la plus crainte de l’Empire ne fait rien pour améliorer l’opinion de ses gens à son égard. J’en ai bien conscience, il me faudrait réparer la confiance de mes heimins mais, ici, isolés de tout renfort, je ne peux nous exposer à un danger en ignorant l’avantage considérable apportés par des esprits liés. Personnellement, je suis également très intrigué par leur comportement dans ces terres inconnues où même les kami manifestent une volonté et une vanité que je ne leur connaissais pas. Peut-être devrais-je jeter mon dévolu sur des êtres moins terrifiants. Des hinotama, pourquoi pas, voire des furiribi - voilà qui ferait l’affaire. Surtout si l’apothicaire de mon frère parvient à faire pousser ses plantes médicinales dans ces terres si humides.
Le choix du trajet s’avérera déterminant : soit passer par le sud, en longeant la forêt par l’eau et en remontant le courant de la rivière jusqu’à notre destination, ce qui permettrait d’approcher des ruines de la cité que nous avons pu apercevoir depuis l’observatoire et dont la taille n’avait rien à envier à Otosan Uchi, soit longer la montagne, ce qui faisait arriver par le nord après un passage par la ville minière des gaijins et, surtout, gagner un temps considérable. C’est cette seconde option qui a été choisie. Pour autant le voyage ne se passe pas sans encombres, les difficultés étant multiples. Tout d’abord, le manque de provisions, qui entame vite le moral des troupes pourtant disciplinées du Lion et du Scorpion. Ensuite, la combinaison du terrain marécageux et du climat, qui pousse un des soldats de Musashi à, dans un moment d’égarement, demander à son supérieur s’il pouvait retirer son armure. A Rokugan, en guise de réponse, je suis certain que Musashi l’aurait abattu sur le champ. Je suis satisfait de constater que mon frère d’armes partage ici mon pragmatisme quant à la nécessité vitale de limiter nos pertes humaines.
Après plusieurs jours d’un voyage difficile, nous arrivons à un point avancé proche de notre objectif, à savoir une ferme abandonnée. Enfin, abandonnée : envahie par la forêt serait plus juste. Je m’étonne en mon for intérieur de la taille et de l’ancienneté des arbres, indiquant le moment où la ferme a été vidée de vie humaine, alors pourtant que le culte de Kali-Ma n’a envahi Rokugan que récemment.
Musashi conseille de laisser le gros des troupes se reposer, ce qui est accueilli avec une satisfaction perceptible par nos troupes. L’un d’entre eux, un des hommes de mon frère, a été piqué sous son armure et une nette inflammation lui impose du repos. Musashi, mon frère d’armes dont l’expertise militaire n’est plus à démontrer, ordonne à Akabashi, son fidèle rônin, de partir en éclaireur aux alentours de la pyramide. Je décide de l’accompagner pour mener moi-même mes investigations pendant que Musashi reste derrière avec ses lions, décidé à remonter le moral affaibli de nos troupes. Si cette pyramide est habitée comme le suggérait le vieux mineur, nous aurons usage de soldats en pleine forme.
Akabashi et moi découvrons une autre ferme abandonnée plus proche de la pyramide et, presque par hasard, je remarque des traces sur le sol. Des traces de geta, à deux ha. Il y a un autre Rokugani dans les environs. Une investigation souterraine de la pyramide révèle un puits à la profondeur remarquable s’ouvrant à sa base. Cet endroit respire la plus noire des magies et les sacrifices humains. Je suis persuadé qu’il est possible d’ouvrir ici un portail vers un royaume maléfique, peut-être leur équivalent du Jigoku.
Nous faisons nos rapports à Musashi. Akabashi a pu observer des traces faisant penser à un ravitaillement par l’eau et peu d’autres déplacements en-dehors de la pyramide par ses occupants. Il nous informe également que nous ne sommes pas seul, nous présentant une geta cassée dont il n’a pas pu rattraper le propriétaire. Visiblement, il y a un Rokugani à mi-chemin d’être va-nu-pieds dans les environs.
Musashi nous donne l’ordre d’attendre la nuit. Je connais mon vieil ami et perçoit très nettement qu’il ne verrait aucun inconvénient à raser la pyramide et la tour qui la surplombe par les flammes, en commençant par enfumer ses habitants. A la tombée de la nuit, nous avons l’occasion d’observer un petit prodige : des chants sont entonnés par les occupants de la structure, suite à quoi la pyramide disparaît. Désormais nous faisons face à une pyramide inversée à ciel ouvert et à une tour souterraine. Faisant à nouveau appel à l'Étreinte de Kenro-ji-Jin, je parviens à observer l’intérieur de la tour. Je dénombre six niveaux, dix occupants humains vêtus de toges et, bien plus inquiétants, deux Cuirassés, ces armures animées qui sont apparu à Rokugan à compter de la guerre du Feu Noir.
Pendant que nous préparons l’offensive avec Musashi, Akabashi vient nous voir. Il nous dit, avec tout le sérieux dont il est coutumier, qu’il a été attaqué par une panthère. Nos visages doivent alors exprimer une certaine forme d’incompréhension face à son interruption, pour une information d’aussi peu de valeur, car il poursuit bien vite en nous apprenant qu’il n’est pas celui qui a terrassé la panthère. Il nous présente des bâtonnets métalliques, que je reconnais aussitôt comme étant des armes utilisées par certains membres de mon Clan. Le mystérieux Rokugani à une seule geta semble bien disposé envers notre compagnie. Il nous informe qu’il a manifesté sa gratitude envers son mystérieux sauveur en l’invitant, sans le voir, à nous rejoindre et nous précise, s’y sentant obligé, qu’il aurait pu se débarrasser de la panthère tout seul. Ce dont toute personne lisant ces lignes ne pourrait douter.
Je suggère à Musashi d’envoyer mes gaki molosses s’occuper des cultistes, mais bien vite un obstacle se présente à moi : ils refusent. Ils s’arrêtent à l’entrée de la tour, piétinent, deviennent visibles - ce qui cause un vent de panique silencieux dans les troupes, dont le professionnalisme est un reflet du contrôle que Musashi a sur eux - et, peu à peu, leur maîtrise m’échappe, à tel point que je suis contraint de les bannir. Je comprends alors que nous sommes au seuil d’un Royaume Spirituel.
Nous décidons d’un autre plan avec Musashi. Nous allons tous deux, accompagnés de seulement deux ashigarus, affronter nos ennemis niveau par niveau, au-moins jusqu’au cinquième, le sixième étant occupé par les Cuirassés. Je ne vois personnellement pas d’inconvénient à affronter les armures animées par magie noire, mais Musashi, en sa qualité de chef de guerre, à en tête l’impératif du moindre coût en vies humaines. Même si ses raisons sont militaires et dépassionnées, sa position l’honore.
Ce qui suit est une série d’assassinats, niveau par niveau, silencieux et méthodiques, au rythme de la lame de Musashi et des ravages qu’elle occasionne. Un de nos soldats est bien blessé par l’un des cultistes, mais nous le remplaçons bien vite par un soldat frais, resté avec Akabashi et les lions à l’entrée de la tour. Je remarque une pièce servant à leur culte, une quantité de documents et d’objets qu’il me serait intéressant d’étudier par la suite. J’en fais une note mentale pendant que j’écrase la trachée d’un adorateur de Kali-Ma afin de l’empêcher de hurler. Musashi décide de prendre un prisonnier et épargne un des prêtres.
Bien vite, il ne nous reste que le sixième sous-sol, occupé par un unique sectateur très occupé à nous insulter et deux armures pour l’instant inanimées. Musashi et moi parvenons alors à une décision conjointe : je vais explorer les niveaux dégagés et récupérer ce qui me semble digne d’intérêt pendant que ses hommes accumulent au bas de la tour de quoi lui faire prendre feu. Le changement de ton du survivant lorsqu’il prend conscience de la nature du sort qui lui est réservé est presque triste.
Une fois ma tâche accomplie, et mes sacs remplis d’objets intrigants, notamment des textes sacrés dédiés à Kali-Ma et rédigés en plusieurs langues différentes, dont la nôtre, je décide d’explorer le Royaume Spirituel que ces fanatiques nourrissaient. Je n’y vois qu’une foule dense de sacrifiés, égorgés, se pressant aux alentours de la pyramide en flux désordonnés, que je parviens à compter en milliers, voire en dizaine de milliers.
Enfin, peu avant le lever du soleil, nous mettons le feu à la pyramide. Lorsque le soleil se lève, la pyramide et la tour émergent à nouveau du sol. De la tour enflammée sort un homme en feu, abattu bien vite par nos hommes. L’un d’entre eux reconnaît un des prêtres qu’il a déjà tué pendant la nuit. Je mets d’abord ça sur le compte du racisme Rokugani mais, à ma grande surprise, ce sont bien les mêmes serviteurs de la Sombre Déesse, que nous avons passé la nuit à tuer, qui tentent de s’échapper de la tour en feu avant qu’elle ne s’effondre sur eux. Ils existaient visiblement sur deux plans à la fois, vraisemblablement une propriété du Royaume Spirituel qu’ils ont alimenté à force de milliers de sacrifiés. Je me demande quel effet cette dissociation a sur le dernier survivant, prisonnier.
Musashi fait cadeau à nos troupes d’un instant de repos. Sa compassion est décidément sans bornes. Je profite de cet instant pour soigner les quelques ashigarus blessés dans la rivière. L’un d’entre eux nécessite des soins plus avancés, il s’agit du serviteur de mon frère que sa blessure fait délirer. Il refuse d’abord d’être amputé de la partie infectée de son torse. Je lui explique alors que son choix est, soit d’être vidé maintenant de l’infection par le fer d’un couteau, puis cautérisé par le feu et enfin réparé par les kami de l’Eau, soit de confier son sort à mon frère. Il accepte donc, à mon grand amusement, les soins proposés.
Se produit alors un évènement que je me dois de développer et, surtout, d’explorer plus tard. Lorsque l’infection de son torse a été vidée, en plus des fluides une nuée de petites araignées s’est échappée de sa plaie. Un esprit, dont la nature m’échappe pour le moment, m’a proposé de lui laisser cet homme et son nom en échange de ses services. J’ai refusé, tous mes réflexes de shugenja et de membre de la famille Yogo s’étant éveillés à la mention d’un échange de nom. Pour autant, cet esprit qui s’est présenté comme étant l’araignée et la jungle, dans un même mot, ne présente pas nécessairement les caractéristiques d’un Oni. Je pense donc avoir trouvé mon prochain sujet de recherches.
C’est à cet instant, une fois mes invocations effectuées, que les éboulis de la tour volent, projetés par une des armures animées. Musashi met aussitôt ses troupes en ordre de bataille, alors que le premier Cuirassé se jette sur Akabashi et le projette dans l’eau. Presque par réflexe, je récite la prière de la Frappe de Jade. Les premiers coups pleuvent, donnés par des ashigarus et Musashi. Je ne suis pas surpris quand la créature de métal ne manifeste aucunement avoir été blessée. Je sais d’expérience qu’il ne faut pas se décourager et qu’il est possible de les terrasser par le fer. Je remarque que la deuxième armure animée, sortie entre-temps de sous les décombres, ne se jette pas sur nous mais s’éloigne vers le nord, de l’autre côté de la pyramide fumante. L’énergie sacrée du Jade que j’invoque vole vers sa cible et atteint le Cuirassé, qui ne manifeste rien. Je confie le soin d’achever la créature à Musashi et ses troupes et court à la poursuite du second Cuirassé. Musashi, occupé à ferrailler avec la monstruosité à quatre bras, prend le temps d’ordonner à ses lions de veiller sur moi. La compassion de mon frère d’armes est sans bornes.
De l’autre côté de la pyramide, le Cuirassé est aux prises avec un curieux samouraï : alors que je me prépare à invoquer une seconde fois la puissance divine du Jade, je remarque la geta encore en cours de fabrication qu’il porte accrochée à son obi alors qu’il esquive les attaques de la créature.
Une explosion retentit alors derrière moi, manquant de me faire trébucher. Je réalise alors que Musashi n’était pas avec moi dans les terres du Phénix durant la guerre du Feu Noir, j’en viens brièvement à redouter le pire. Puis l’énergie du Jade s’échappe de moi, plus chaotique, plus sauvage que d’ordinaire. La forêt semble-t-il ne veut plus tolérer la magie noire qui anime le Cuirassé, à tel point que le contrôle du Jade m’échappe : l’énergie divine va terrasser le Cuirassé mais également brûler le corps du samouraï inconnu, qui s’effondre au sol, la peau noircie. En un instant je réalise qu’il s’agit d’un membre de l’Araignée, Souillé, qu’il a été gravement blessé par la puissance de ma magie et que seul il ne pourra pas échapper à l’explosion qui suit fatalement la chute d’un Cuirassé. Risquer ma vie pour sauver un membre du clan honni de Daigotsu ou laisser un samouraï mourir ? Le dilemme est de courte durée. Tokujitsu, mon frère, si j’échoue, ne soit pas trop dur lors de mon oraison funèbre.
Alors que l’énergie qui anime le cuirassé s’apprête à s’échapper en un flot de feu qui va dévaster les alentours, je m’élance vers le samouraï au bord de la mort. Je n’ai aucun mal à imaginer à cet instant le son des reproches que mon frère me hurlerait s’il était là. Mes années passées à entraîner mon corps aussi bien que mon esprit paient et je parviens à atteindre l’Araignée, le soulever et nous jeter hors du champ de l’explosion, sains et saufs, au moins pour la moitié d’être nous.
L’épreuve n’est pour autant pas terminée car, à cet instant, si je réussis à soigner la profonde blessure d’ono d’Akabashi, les kami de l’Eau de la forêt sont las des créatures touchées par le mal et me refusent d’accorder le privilège de leur guérison au samouraï de l’Araignée, jusqu’à ce que je les persuade de m’obéir. Décidément, avec les Kami comme avec les hommes, la barrière de la langue nous cause des difficultés. Je parviens donc à soigner le samouraï à une seule geta, qui se présente comme Daigotsu Hadashi, membre isolé d’un otokodate, les Grillons. Il nous remercie, un peu surpris des soins que nous lui avons accordé et de la tolérance dont nous faisons preuve à son égard. Il nous apprend qu’il est seul dans les environs, qu’il sert la volonté d’Iweko I, loué soit son nom pour des siècles et des siècles, et nous comprenons qu’il aimerait apprendre le plus possible de ce que nous savons de la région. Musashi lui propose de nous accompagner jusqu’à la ferme, en guise de remerciement pour avoir aidé son fidèle ronin Akabashi la veille. Nous lui proposons de participer à la protection de la ferme en échange du gîte et du couvert, ce qu’il accepte à titre provisoire.
Lorsque nous entamons notre trajet retour, je me prends à imaginer la réaction de mon frère lorsqu’il apprendra que nous avons secouru et invité un membre du Clan de Daigotsu et, malheureusement, qu’un de ses hommes a péri durant la bataille, happé par le souffle de l’explosion du premier Cuirassé.
Quoiqu’il en soit, le temple de Kali-Ma a été vidé de tout occupant, deux fois. Musashi me rappelle sur le retour qu’Akabashi a remarqué des traces de ravitaillement par l’eau des occupants de la pyramide, et qu’il va nous falloir nous occuper de ce problème dans le futur. Peut-être s’agit-il du Château de l’Eau, des suivants du traître, comme l’appelaient les Ivinda du village minier. En attendant, notre position auprès de ces derniers sort confortée de cette expédition militaire, et j’ai découvert des pistes à explorer concernant les kami de ces terres inconnues et sauvages. Il me tarde de conférer avec Tetsuko de ces découvertes.
En imaginant mon frère objecter à la présence de l’Araignée, je me surprends à avoir des réminiscences de notre enfance, lorsqu’il lui arrivait de briser mes jouets.