Olivier Fanton a écrit : ↑dim. févr. 02, 2025 11:53 am Tous les films vus en janvier, entre ciné et diverses plateformes.
1. Wings (1927). Deux jeunes hommes quittent leur petite ville et rejoignent l’armée de l’air lors de la première guerre mondiale. Assez classique globalement, mais quelques scènes impressionnantes (le bombardement, toute la fin). On aperçoit un couple de femmes lors d’un beau travelling dans le Moulin Rouge. Fin tragique et émouvante, j’étais pas prêt.
21. Touch of Evil (Orson Wells, 1958, montage de 1998). Deux flics, un américain, un mexicain, enquêtent sur un assassinat, avec des méthodes très différentes. Plan séquence génial en intro (cité par Karim Debbache). Le conflit entre les deux flics prend rapidement le pas sur l’enquête elle-même. Un grand film noir.
"Wings", c'est un très grand film, et qui gagne en le revoyant, pour plein de raisons.
C'est d'ailleurs le premier film à décrocher l'oscar du meilleur film.
Le couple de femmes pendant la perm' à Paris, c'est une chose, mais toute la séquence d'ivresse est excellente.
Avec Clara Bow (l'un des sex-symbols féminins des 20's, la "it girl") qui désape et couche celui qu'elle aime, alors qu'il ne s'en rend pas compte.
Le bombardement est en effet très impressionnant.
Et de manière générale, toutes les séquences aériennes (et je trouve cela fascinant de voir les avions s'envoler, y compris le mega-bombardier allemand), et pour les monoplaces, c'est la longueur nécessaire pour l'envol qui m'a marqué : c'est court (et les travellings latéraux sont vraiment excellents), et Wellmann suspendait parfois le tournage parce qu'il voulait attendre que tel ou tel nuage figure dans le cadre.
Et comme il a été engagé volontaire avant l'entrée en guerre des USA, donc "civil" (brancardier de mémoire) avant de rejoindre le Lafayette Flying corps (il fera un film sur l'autre corps aérien "Lafayette", l'escadrille, avec [url=https://en.wikipedia.org/wiki/Lafayette ... lle_(film)]un jeune Clint Eastwood dans un petit rôle[:url] -US wiki-), il y a quelque chose de réaliste dans les séquences.
Et puis le duo masculin a quelque chose d'homo-érotique très fort, et qui est évident à la fin du film, ou la composition de l'image est une pieta.
Cela commence peu avant avec la position de l'avion qui forme une croix, cela m'a vraiment estomaqué quand je l'ai revu.
Bref, j'adore.
Et puis Wellmann, c'est un put-in de réalisateur, dont les films début 30's sont très modernes, réalistes, avec une dimension sociale non négligeable, qui fait un film en '43 dénonçant la justice sommaire et le lynchage.
Qui tenait tête aux prods exécutifs qui venaient le faire chier sur "son" plateau.
Le personnage Wellmann est source d'inspi pour n'importe quel PJ de Cthulhu 30's !
Je pourrais donner une dizaines de titres de Wellman qui sont de très grands films, voire des chefs d'oeuvre : "Wings", "Frisco Jenny", "Heroes for sale", "Wild boys of the road" (financé par la NRA de la relance rooseveltienne, "new recovery administration"), "the call of the wild", "the oxbow incident", "Buffalo Bill", "yellow sky", "wide across the Missouri", "westward the women"...
Un très grand réalisateur.
Pour le Welles, c'est, à mon sens, un chef d'oeuvre.
Mon Welles préféré (de ceux que j'ai vus).
La musique de Mancini, l'ambiance poisseuse, le racisme ambiant, le caractère désabusé du personnage campé par Welles, l'apparition de Dietrich, le pessimisme.
Et puis cette séquence d'ouverture, ce long plan-séquence virtuose !
J'ai entendu deux anecdotes sur ce tournage.
La première, c'est que Welles revenait à Hollywoood après quelques années d'exil volontaire.
Il prépare le tournage, en costume de flic (pour lequel il s'est grossi et avait du rembourrage pour épaissir davantage). Il rencontre des personnalités du gotha hollywoodien qu'il connaissait et qui lui disent qu'il n'a pas changé depuis son départ. Welles se dit immédiatement que ce sont des hypocrites et qu'il ne regrette pas de s'être exilé, car son costume le grossissait énormément et il avait une physionomie très différente de celle de son départ outre-atlantique...
La seconde, c'est Dietrich.
Welles lui propose un petit rôle (cartomancienne), et elle accepte gratos par amitié (ou au tarif syndical ?).
Les prods regardent les rushs, et s'étranglent en voyant Dietrich : "Mais qui l'a engagée, quel est son cachet, montrez-moi le contrat et le signataire... !?"