Le Manoir de la terreur (Andrea Bianchi, 1981) : trois couples viennent passer le week-end dans un manoir isolé. Non loin, un archéologue, en faisant des fouilles, réveille involontairement des zombies affamés.
Le scénario complet ne sera pas plus complexe. On ne sait ni comment, ni pourquoi le scientifique ramène les morts à la vie, ni qui sont ces zombies. On n'en sait pas beaucoup plus non plus sur ces couples, qui ils sont, comment ils se connaissent. Et on s'en fout. Au bout de dix minutes (après une intro composée de scènes érotiques nazes), le carnage commence et ça ne s'arrête plus jusqu'à la dernière image du film. Ces bourgeois lubriques et incapables essaient de survivre à une invasion zombie en faisant à peu près tous les mauvais choix possibles. Ici pas de
final girl ou de héros qui se révèle dans l'adversité, juste des gens médiocres face à l'horreur.
Certains aspects rendent le film éminemment nanardesque et à la fois lui donnent une ambiance décalée et malaisante, comme celui de faire jouer un enfant par un acteur de 25 ans atteint d'une maladie génétique limitant sa croissance :lol: Et comme si ça suffisait pas, cet "enfant" a une relation quasi-incestueuse avec sa mère, ajoutant encore au malaise.
Le film se lâche au niveau du gore et est plutôt inventif sur les mises à mort (celle de la servante, celle de la mère dont je parle plus haut...) et la BO parfois presque expérimentale est chouette. Ça reste du nanar italien de l'époque avec tout ce que ça implique mais la noirceur de l'ensemble et les quelques bonnes idées ont fait que j'ai passé un très bon moment.
Eddington (Ari Aster, 2025) : mai 2020, pendant la pandémie. À Eddington, petite ville isolée du Nouveau Mexique, le shérif et le maire s'opposent depuis longtemps. Leur conflit va prendre de l'ampleur jusqu'à atteindre le point de non-retour.
De Aster j'ai adoré
Midsommar, bien aimé, sans plus,
Hérédité et pas vu
Beau is Afraid.
Eddington est un film étrange. Je sais pas trop quoi en penser. L'atmosphère anxiogène a totalement fonctionné sur moi, bien aidée par les mauvais souvenirs perso de cette sale période, j'ai trouvé malin que le réalisateur fasse de sa petite ville un condensé des États-Unis (au temps du covid et même après) et de tout ce qu'il s'y passe de pire. Le casting est excellent : Joaquin Phoenix, dont je suis habituellement pas vraiment fan, crève l'écran, Pedro Pascal, que je découvre presque (je l'ai vu dans
Les Quatre Fantastiques, c'est tout) est très bon, Emma Stone est comme souvent merveilleuse, et tous les personnages secondaires tiennent bien leur rôle.
Mais je sais pas. Si certains moments sont brillants, d'autres m'ont paru très balourds. La scène finale m'a laissé sur le bas-côté, et plus généralement la dernière partie du film, grand guignolesque, m'interroge. Alors oui, le fait
est une idée géniale, chacun aura sa propre vision des choses suivant sa sensibilité. Mais la suspension d'incrédulité est quand même mise à mal. Idem pour l'intrigue secondaire avec Emma Stone et Austin Butler : soit il y en a trop, soit pas assez, mais en l'état c'est frustrant et pas très rigoureux.
Si le film arrive parfois à mettre le spectateur face à ses propres contradictions, ou au moins montre de manière directe et talentueuse la dérive des États-Unis (et de l'espèce humaine ?), à d'autres moments ça se perd, c'est couillon, trop facile, et trop long. Dommage. Mais quelques semaines après le visionnage j'y repense encore, et je pense que je le reverrai.
