De façon très brève, et parce que je suis sensible à la courtoisie d'Elijah Shingern, les études de genre ne prétendent pas que le genre est
exclusivement une construction sociale
totalement détachée du sexe biologique (c'est moi qui met en gras, parce que c'est l'erreur courante), mais analysent comment les groupes sociaux assignent, entre autres, des valeurs, des normes, un positionnement dans les hiérarchies sociales aux individus en fonction des représentations qu'ils se font de leur sexe biologique. Et l'air de rien, ces représentations et contraintes sociales comptent au moins autant dans la vie de l'individu que les contraintes strictement biologiques. C'est aussi la raison pour laquelle on a besoin de deux termes distincts pour savoir de quoi parle (pour répondre
@Harfang2, les individus sont et d'un sexe et d'un genre, ce qui est aussi utile pour voir la différence entre un transsexuel et un transgenre, les deux n'étant pas nécessairement confondus).
Accessoirement, quand on dit de quelque chose que c'est une construction sociale, on ne prétend pas que c'est une illusion ou que ça n'existe pas, on dit que c'est la résultante d'un contexte social, d'héritages culturels et de rapports de domination entre groupes sociaux existant à un moment donné. C'est d'ailleurs très difficile à changer, mais pas impossible, et c'est là que l'histoire du genre est très utile pour penser les variations dans le temps et l'espace de la manière dont les différents genres ont été définis et positionnés.
Une fois qu'on arrête d'opposer sexe biologique et genre et qu'on tente de les articuler plutôt que de chercher un facteur unique (le 100% biologique et le 100% construit, spoiler, ça ne marche pas, et la quête du pourcentage a quelque chose d'oiseux), ça va mieux. Et allez au musée de l'Homme, les vitrines sur le sujet sont très bien faites !
PS : si on est dans "le genre est totalement détaché du sexe biologique", c'est qu'on a été invité à un
happening parody par Judith Butler, et c'est pensé pour être provocant, mais fun, pas pour être produit sur l'estrade d'un amphi. On est dans le domaine de la performance - au sens artistique du terme - pas trop dans le domaine de la froide analyse, et si on prend conscience de ça et qu'on respire, ça va mieux, aussi.
PPS : le cas avancé par Elijah me rappelle qu'Andrea Dworkin a été violée, si je ne m'abuse, par deux de ses compagnons, qui appartenaient l'un comme l'autre à la gauche radicale. Le fait que ces hommes aient eu positionnement politique qui aurait dû les placer du côté des alliés l'aurait amenée à la radicalité qu'on lui connaît, qui est surtout une manifestation de désespoir. Sinon, des mecs qui faisaient les féministes et se positionnaient en parangon de vertu mais qui en pratique, dans l'intimité de leur foyer, n'appliquaient pas les principes pour lesquels ils venaient se voir validés, j'en ai croisés quelques-uns dans mes années plus militantes. Cela me semble l'équivalent de gauche des curés pédophiles : une personne d'autorité et de confiance, au dessus de tout soupçon même, qui abuse de cette position pour assouvir.