"Bonjour madame O'Lean...
- Oh, mais c'est le petit Shane ! Toujours aussi mignon celui-là. Et vous, hem... MONSIEUR, vous êtes ?
- Terry Collins. Son partenaire. Je suis policier, madame.
- Madame O'Lean, est-ce que Alan est là ?
- Oui, je vais le chercher. Alan ? Shane Kelly veut te voir. (en gaélique) : fais attention, il y a un nègre avec lui.
- Ha, Shane... Que me vaut le déplaisir ?
- Fais pas le malin, Alan. Je suis là pour te parler d'Alexandra.
- Eh bin quoi ? La police l'a enfin retrouvée ? Pas trop tôt, bande de branleurs...
- Arrête tes conneries, Alan ! Je sais que c'est toi qui a essayé de la faire tuer. Et je viens te dire que je vais l'épouser, et que t'as intérêt à lui lacher la grappe à partir de maintenant. Sinon...
- Sinon quoi ? Tu vas porter plainte contre moi ? Bouh ouh ouh, j'ai trop peur. Ça a super bien marché la dernière fois.
- Espèce d'enculé. J'en ai pas fini avec toi !"
Terry entraîne Shane hors de la maison, voyant qu'il n'y a rien à tirer des O'Lean. En revenant, maugréant, vers leur voiture de service, ils sont abordés par un vieil irlandais, le teint rougeaud et s'aidant d'une canne pour avancer. Il faut plusieurs secondes à Shane pour reconnaître Taylor Douglas, un ancien du commissariat, qui est parti à la retraite quelques années après ses premières classes.
"Shane ! Bah ça alors ! Je savais bien que c'était toi... On m'avait dit que tu étais de retour dans le quartier. Je vous paye une bière, les jeunes ?"
Shane accepte à contrecoeur - après tout, ça ne fait pas si longtemps qu'il a arrêté de boire à tout va. Mais il ne regrette pas : le père Taylor a une proposition plus qu'intéressante à lui faire.
"Écoute, on sait toi comme moi que les O'Lean pourrissent le quartier depuis trop longtemps ; et que la police ne peut rien contre eux. Dès que t'en mets un en taule, les deux autres prennent le relais. Alors voilà : toi, moi, et quelques gars que je connais, on va les voir et on leur règle leur compte. Qu'est-ce que t'en dis ?
- Mais enfin Shane, s'exclame Terry, tu vas quand même pas accepter !
- Non. Désolé Taylor, mais ce genre de trucs, c'est pas pour moi. Je tiens à garder ma plaque."
Taylor est déçu, mais comprend. Les trois flics finissent leur bière en parlant du bon vieux temps, pendant que la chaine hi-fi du bar
crachote les Pogues.
Le soir venu, Pamela est seule dans son appartement. James est sorti après le dîner, "pour faire un truc urgent", lui a-t-il dit sans plus de précisions. Décidément, elle ne sait plus quoi penser de lui... Elle se met à fouiller frénétiquement ses affaires, pour trouver une preuve, une explication, n'importe quoi.
Chez lui, Shane hésite longuement en face de son téléphone. Finalement, il décroche et compose un numéro.
"Allô, Taylor ? Tu es toujours au bar, tant mieux. Écoute, il fallait que je garde la face en présence de mon collègue, mais... Bon, j'accepte.
- Super, fiston. Je savais que je pouvais compter sur toi. On fait ça quand ?
- Pourquoi pas tout de suite ? J'enfile un manteau et j'arrive."
Shane sort de chez lui en quatrième vitesse et se dirige à grands pas vers le quartier irlandais. Il ne remarque pas la voiture de police garée non loin, ni Terry au volant qui le voit s'éloigner et secoue tristement la tête avant d'embrayer le contact. Pas moyen de laisser cet imbécile se fourrer dans les emmerdes à nouveau...
James avance également d'un air pressé, jusqu'à une cabine téléphonique.
"Allô, le Detroit News ?" Sa voix est paniquée, presque frénétique. "Venez vite ! Il... Il y a eu une explosion ! C'est terrible ! Oui, voici l'adresse..."
Il raccroche, attend quelques minutes, puis compose un second numéro. Dès qu'on décroche, il parle vite, de la même voix apeurée.
"Allô, le commissariat central ? Venez vite ! Il... Il y a eu une explosion ! C'est terrible ! Oui, voici l'adresse..."
Il raccroche à nouveau, puis sort de la cabine. En face de lui, le restaurant de Dino Zitti.
Il sort la grenade de sa poche, l'arme, puis la lance de toutes ses forces à travers la vitrine.
À suivre