[CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
- pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
arggghhhh....
il nous fait le coup de "la suite au prochain épisode"...
vous avez un MJ sadique!!!
il nous fait le coup de "la suite au prochain épisode"...
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- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
c'est clair qu'on voulait le buter à la fin de la séance!!!
Pour info, Stillgar, c'est l'ancien capitaine de la Garde, nouveau commandant en chef des armées de Deathwatch, amant passager de Lady Lyanna il y a un an selon plusieurs rumeurs. Pile poil au moment de la naissance du petit Jeor...
Pour info, Stillgar, c'est l'ancien capitaine de la Garde, nouveau commandant en chef des armées de Deathwatch, amant passager de Lady Lyanna il y a un an selon plusieurs rumeurs. Pile poil au moment de la naissance du petit Jeor...
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
- pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
je m'en rappelais, il avait été envoyé à l'écart par l'immortel
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
C'est de la triche !!! Je veux la suite !!! Et je veux connaitre l’assassin !! J'autorise le MJ a me contacter par MP pour tout me raconter !!!
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
J'accepte les virements Paypal et les cheques. A la rigueur, les tickets restoElyandel a écrit :C'est de la triche !!! Je veux la suite !!! Et je veux connaitre l’assassin !! J'autorise le MJ a me contacter par MP pour tout me raconter !!!

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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
j'ai un ticket resto pour participer au banquet chez les Frey parmi la suite du jeune loup, ça t'intéresse?
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Pas la peine, j'en ai déjà 8 à vendre sur ebay...pelon a écrit :j'ai un ticket resto pour participer au banquet chez les Frey parmi la suite du jeune loup, ça t'intéresse?

Non, franchement, je vais pas vous faire mariner. Si vous voulez le testament de Rodrick, le voilà :
http://www.hostingpics.net/viewer.php?i ... odrick.jpg
Hi hi hi hi hi

- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
J'ACHEEEETE!!!! Mais plutôt une place dans les loges...pelon a écrit :j'ai un ticket resto pour participer au banquet chez les Frey parmi la suite du jeune loup, ça t'intéresse?
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Parait qu'on a une belle vue de là haut !le Zakhan Noir a écrit :J'ACHEEEETE!!!! Mais plutôt une place dans les loges...pelon a écrit :j'ai un ticket resto pour participer au banquet chez les Frey parmi la suite du jeune loup, ça t'intéresse?

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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Testament de Lord Ryswell: "je cède tous mes biens à mon fils illégitime, Volken" 

- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
non, Volken n'est pas le bénéficiaire du testament.
La crise a connu son dénouement hier. A priori pour le meilleur, mais sans doute aussi pour le pire.
Lady Lyanna vous racontera tout ça en temps et en heure...
La crise a connu son dénouement hier. A priori pour le meilleur, mais sans doute aussi pour le pire.
Lady Lyanna vous racontera tout ça en temps et en heure...
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
avec votre MJ,
s'il y a redoux, c'est que l'hiver sera encore plus rude
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Et hop ! Enfin la réponse à toutes vos interrogations... ou pas
(et désolée pour le pavé)
Chapitre 29 – Ryswell contre Blacksword
La foule retient son souffle, tandis que mestre Chester déroule le parchemin qui contient, peut-être, le nom du meurtrier d’Astreïa. De sa voix grave, il lit tout haut :
Rodrick Ryswell, seigneur de Blazetower et des Ruisseaux, sain de corps et d’esprit, reconnaît comme héritière directe de tous ses biens et terres sa fille Astreïa Ryswell, pour qu’ils passent à ses héritiers mâles à leur majorité.
À mon cousin Roger sera versée la somme de mille dragons d’or, à partager avec son frère Rickard s’ils font vœu d’allégeance et de fidélité à mes héritiers. Ces vœux devront être répétés par leurs héritiers, sous peine de voir leurs titres, leurs terres et leurs biens annexés.
À Roose Ryswell, qui s’est montré méritant et loyal malgré l’influence de ses frères, je lègue le fort de Skytower et les terres attenantes, accompagnés d’un titre héréditaire. Il devra cependant jurer fidélité et allégeance à mes héritiers avant de prendre possession de ses nouveaux biens et titres.
Pour la bibliothèque de mestre Chester, je lègue la somme de deux mille dragons d’or, qu’il investira selon ses besoins afin que Blazetower continue à irradier sa connaissance à travers le Nord, comme elle l’a fait toutes ces années sous sa tutelle bienveillante.
À Edrick Blacksword, l’Immortel, seigneur de Deathwatch et des Barrowlands, je cède les armes et armures jusque là en prêt gracieux de notre maison à la sienne ; un geste symbolique en vue de l’union prochaine de nos deux maisons.
Toutefois, s’il devait arriver quelque chose à Astreïa avant la naissance d’héritiers de sang Ryswell, alors la succession passerait immédiatement à mon fils illégitime Andre Snow, qui serait alors immédiatement reconnu. Il recevra le nom d’Andre Ryswell et prendra possession de tous mes titres et mes terres, qui seront ensuite transmis à ses héritiers, puis à leurs héritiers, et ainsi de suite, pour la pérennité de notre maison.
Rédigé de la main de Rodrick Ryswell sous la tutelle de mestre Chester, tous deux sains de corps et d’esprit. Reconnu et scellé de leurs mains.
Étant donné les accusations portées par Roger ces derniers jours, le contenu du testament de Rodrick ne m’étonne pas plus que cela. Je croise d’ailleurs le regard entendu de l’aîné des Ryswell : ses yeux moqueurs semblent me murmurer « Je vous l’avais bien dit… »
Du côté d’Andre, je ne crois pas non plus déceler de surprise, mais une émotion bien palpable. Savait-il que Rodrick l’avait nommé héritier ? Conservait-il des doutes à ce sujet ? Ses traits me sont, comme toujours, impénétrables.
Après un moment de flottement, Snow – ou plutôt, Ryswell, puisqu’il est désormais l’héritier légitime – demande l’autorisation à Edrick d’aller rendre visite à son père, qui s’est retiré dans ses quartiers depuis la soudaine dégradation de sa santé mentale. Mon beau-fils accède volontiers à cette requête, mais le silence tendu qui plane sur l’assemblée reflète l’état d’esprit général : tout, dans le testament, semble accuser l’Aigle ; or personne ne semble croire à sa culpabilité.
C’est sans doute pour cela que Volken finit par prendre la parole pour ordonner à tous nos invités de rester au château le temps que l’enquête se poursuive, puisque la lecture du parchemin ne nous éclaire pas davantage.
Tandis que je me retire dans ma chambre, continuant de jouer, pour le bien de nos investigations, la prisonnière maussade, j’entends Volken qui se prépare à rendre une énième visite au Seigneur brûlé, la gargote où, si j’ai bien compris, il recueille les informations venues de la rue et d’où il dirige son réseau de « petits oiseaux ».
Après m’être rafraîchie un peu, je décide qu’il est grand temps de mettre le nez, à mon tour, dans cette histoire sordide : puisque rien, dans les faits, ne nous a permis de dénicher le coupable, il nous faut désormais obtenir des aveux des principaux concernés. Et là où feu Merrick Hill aurait employé la torture et la violence, j’ai à ma disposition des moyens bien plus charmants d’aller extorquer des confidences à nos chers cousins Ryswell.
J’ai déjà tenté à plusieurs reprises de jouer de mes atouts auprès de Rickard, qui ne semble pas y être franchement sensible. Je décide donc de jouer la carte Roger. Ce gros porc lubrique s’est en effet taillé une belle réputation de coureur de jupons, et je ne doute pas que mes charmes l’amèneront, sinon à commettre un impair, au moins à faire tomber un peu le masque.
C’est donc d’un pas décidé que je me rends à sa chambre, après être passée chercher une bonne bouteille de vin de la Treille, qui contribuera à lui délier la langue. Je trouve l’homme dans ses appartements, avec deux de ses laquais. Il m’accueille avec son habituel mélange de bonhomie et de sarcasme, mais accepte volontiers mon invitation à partager autour d’un verre de vin nos malheurs de suspects emprisonnés.
Quelques formalité d’usage, un ou deux petits mensonges pour lui assurer que, non, non, contrairement aux apparences, je ne me suis pas rabibochée avec mon beau-fils, qu’au contraire nous masquons tous deux sous une apparence joviale la haine que nous nous portons… la preuve : il me croit aussi suspecte que son ennemi juré, Rickard Ryswell… La conversation continue ainsi, avec un Roger de plus en plus ivre, qui finit par congédier ses domestiques pour plus d’intimité. Pour ma part, j’ai bien veillé à ne pas boire plus que de raison, car je dois garder l’esprit clair à tout prix.
Il ne me faut que quelques minutes pour le convaincre de quitter la table pour un endroit plus douillet, où je parviens tant bien que mal à surmonter mon aversion pour ce répugnant personnage et à répondre à ses caresses empressées (« A girl gotta do what a girl’s gotta do »). Malheureusement pour moi, je dois attendre que monsieur daigne se réveiller pour enfin aborder subtilement les sujets qui m’intéressent et l’amener à s’ouvrir un peu quant à ses sentiments sur toute cette affaire.
Dans un premier temps, il joue les éplorés et me dit regretter la mort de cette « si gentille Astreïa », mais son petit jeu ne me trompe pas : il n’est en réalité pas plus attristé pas la perte de sa cousine que par celle du dernier de ses palefreniers. En revanche, j’ai l’impression de déceler qu’il n’est pas convaincu non plus de la culpabilité de l’Aigle. De là à penser que c’est lui le coupable, le pas est aisé à franchir, mais je ne suis pas entièrement persuadée du bien-fondé de cette conclusion.
Je ne parviens pas à tirer grand-chose de plus de Roger, et notre conversation est d’ailleurs vite interrompue par l’arrivée de Rickard. Je me dissimule en toute hâte dans un recoin, tandis que Roger congédie son frère, puis je profite de l’interruption pour m’éclipser à mon tour, laissant au gros porc l’espoir que je repasserai le voir sous peu.
À peine de retour dans ma chambre, voici Volken qui se présente à ma porte. Il souhaite m’annoncer, d’abord, qu’Edrick envisage désormais de provoquer un duel judiciaire pour mettre un terme à cette histoire. Tout en craignant l’issue d’un tel affrontement, je ne peux qu’approuver cette décision, qui me semble désormais la seule issue. Volken apaise d’ailleurs mes craintes quant à la vie du champion qu’Edrick enverrait en m’assurant qu’Illirya pourrait lui fournir des « potions » qui le fortifieraient.
Puis, il me renouvelle sa volonté de quitter Deathwatch pour se rendre aux Jumeaux. Moi qui, il y a quelques semaines, aurais tout donné pour qu’il renonce à cette folie, j’ai désormais hâte qu’il se mette en route. En effet, malgré le corbeau envoyé à ma mère il y a près d’un mois pour la mettre en garde contre les Bolton, je crains qu’il n’advienne malheur au Jeune Loup et à sa suite. Volken est mon dernier recours pour tenter de tirer les miens de ce piège mortel que je vois se refermer sur eux.
Mon soupirant semble d’ailleurs avoir compris l’importance que revêt à mes yeux sa mission auprès de ma mère et de ma sœur, et il me demande de lui donner le plus d’informations possible sur ma famille, pour pouvoir les approcher et les mettre en garde plus facilement.
Sur ces entrefaites, un domestique nous apporte l’ordre d’Edrick de le rejoindre au désormais rituel « conseil restreint », qui réunit ses plus fidèles : moi-même, son cousin, la Braavienne (dont je me demande encore ce qu’elle fait là) et, quand ses tâches le lui permettent, notre nouveau mestre.
Ainsi que me l’avait dit Volken, mon beau-fils nous annonce sa volonté de provoquer Roger Ryswell en duel pour prouver sa culpabilité. Il ne fait aucun doute que ce dernier choisira son frère Rickard pour le représenter. Or, ses talents de bretteur ne sont plus à prouver, et il y a fort à parier que le front l’aura endurci et exercé bien plus qu’aucun de nous. Le seul adversaire qui semble à sa hauteur serait Andre « l’Aigle » Ryswell, mais le testament de son père l’ayant fait régent de Blazetower, les convenances empêchent Edrick de faire appel à lui. Aussi notre nouvel Immortel se demande-t-il qui il va bien pouvoir envoyer au casse-pipe.
Volken bondit sur ses pieds, proclamant que la meilleure des stratégies serait de le choisir, lui. Il ne doute vraiment de rien, celui-là ! Devant la réticence unanime qu’il suscite, il abandonne cependant très vite la partie. Et quand Edrick propose de nommer Stillgar, il est le premier à encourager ce choix. Je me doute que le récent rapprochement entre le général et moi n’est pas pour rien dans cette soudaine prise de position. Ah, les hommes !
La discussion commence à s’enliser sévèrement quand je décide de dire tout de go ce que je pense de cela. À savoir : qu’envoyer Stillgar serait certes le plus sûr moyen de se débarrasser des Ryswell, mais que, si Edrick veut une victoire incontestée, une assurance que le peuple et l’Histoire retiendront de ce duel qu’il fut un véritable tribunal divin, il n’a pas d’autre choix que d’être lui-même son propre champion. L’argument semble faire mouche et l’Immortel demande à s’entretenir avec Illirya sur ces fameuses potions qu’elle pourrait lui fournir.
Lorsqu’ils en ont fini de leur discussion, Edrick revient nous annoncer que le duel aura lieu dans une semaine, jour pour jour.
« Une semaine ! Mais c’est beaucoup trop ! se récrie Volken. Vous m’aviez promis de régler cette affaire au plus vite pour que je puisse partir pour les Jumeaux. Cela fait déjà un mois que je ronge mon frein, je ne peux plus attendre.
– Dans ce cas, rien ne vous retient ici, mon cousin. Vous voulez partir, allez-y ! Quittez le château sur-le-champ, je ne vous en empêcherai pas. »
Interloqué par l’emportement d’Edrick, Volken ravale sa rancœur et accepte de rester jusqu’au duel mais, dès le conseil congédié, je le vois aller s’entretenir avec Illirya. Du peu que j’en perçois, leur échange semble pour le moins tendu, tant d’un côté que de l’autre. Lui reproche-t-il d’être la source de ce délai supplémentaire d’une semaine ? Elle, en tout cas, n’a pas l’air de se laisser accuser facilement, et j’ai l’impression que les arguments qu’elle lui oppose ne sont pas du goût de Volken. Fut un temps où je m’en serais réjouie, mais je constate tout cela avec plus de détachement que je ne m’en serais crue capable.
L’annonce officielle du duel ne se fait pas attendre : Edrick convoque tous nos invités dans la grande salle et accuse publiquement Roger du meurtre de sa femme. Lorsqu’il déclare que la chose se réglera par un duel et qu’il sera lui-même le bras armé de la justice divine, les frères Ryswell se contentent d’éclater de rire.
Sont-il à ce point certains de la supériorité technique de Rickard ? Nous préparent-ils encore un coup fourré dont ils ont le secret ? Mon sang se glace à cette pensée… Et si j’ai, je l’avoue, autant à gagner de la mort d’Edrick que de celle de Rickard, je pense que notre famille ne se relèverait pas de cette défaite. Je prie donc les dieux d’accorder à l’Immortel la force nécessaire à faire plier les Ryswell.
La réaction de l’Aigle, elle, n’est pas étonnante, mais quelque peu déplacée : il me reproche de m’être mise en travers de leur chemin, de les avoir empêcher d’assassiner Roger et Rickard quand ils en avaient la possibilité. Pour lui, le duel n’est qu’une mascarade qui peut très bien fort mal se terminer. La haine qu’il voue à ses cousins semble s’être décuplée de façon absolument phénoménale depuis sa première visite dans nos lieux. Mais le seigneur de Deathwatch a tranché.
La semaine suivante s’écoule dans une tension palpable et une anxiété croissante. Edrick passe la moitié de son temps cloîtré dans sa chambre avec Illirya, qui lui prodigue ses bons soins (je crois entendre les dents de Volken grincer chaque fois que le sujet est abordé). L’autre moitié, évidemment, il la consacre à s’entraîner d’arrache-pied dans la cour. Sous la supervision de Andre Ryswell, il affine son art du combat en affrontant quasi-exclusivement Stillgar, dont la technique est suffisamment proche de celle de Rickard pour que leur entraînement soit efficace.
Pendant ce temps, je décide de rendre des visites quotidiennes à nos chers frères Ryswell, enfermés tout deux dans un cachot sordide. Edrick a en effet soufflé l’idée au mestre d’empoisonner la nourriture de Rickard, pas pour le tuer, mais suffisamment pour le mettre dans un sale état le jour du combat. Or, je me doute bien qu’il ne se laissera pas embobiner aussi facilement que cela, et qu’il est essentiel de gagner d’abord sa confiance pour lui faire ensuite boire en toute tranquillité une décoction sympathique.
Mes plans sont cependant rapidement mis à mal : lors de ma première visite aux cachots, j’apprends de la bouche même de Rickard que son frère est assez mal en point depuis deux jours, visiblement atteint du même type de symptômes dont mon mari et moi avions été victimes peu avant sa mort. Drake serait donc allé un peu vite en besogne, en choisissant d’introduire le poison plusieurs jours avant le duel, et pas seulement la veille.
Je promets aux deux frères de régler cela au plus vite, d’autant plus que cela ne nous est d’aucune utilité : Rickard ne touchera pas à la nourriture tant qu’elle sera « douteuse », et Roger est devenu son goûteur officiel. Aussitôt dit, aussitôt fait : je remonte ordonner à Edrick et à Drake d’arrêter leurs petites manigances, et de compter plutôt sur moi pour faire boire le poison à Rickard la veille du duel.
Entretemps, j’essaie de renouer les liens avec Roose, dans cet endroit qui lui est aussi cher qu’à moi : le bois sacré. Peine perdue : la haine de notre famille qui consumait ses frères semble l’avoir atteint à son tour. Je crains qu’en nous débarrassant de deux ennemis redoutables (si nous y parvenons !) nous n’en gagnions un autre, pas moins féroce. Il m’envoie au visage que ma famille a déclaré la guerre à la sienne, et qu’il n’y a rien à ajouter.
Lorsque je demande à Cerrah, devenue ma plus proche confidente, son avis sur toute cette histoire, elle me répond avec sa franchise habituelle qu’elle est persuadée que Roger est le coupable et que sa trop grande assurance dans l’issue du duel n’est due qu’à la confiance aveugle qu’il place dans les capacités de combattant de son frère. Cela me conforte un peu dans mes positions, mais ne me rassure pas plus que cela quant à la suite des événements. Je demande d’ailleurs à Cerrah de garder à l’œil Roose pendant le duel judiciaire.
Duel qui arrive d’ailleurs à grands pas ! Comme convenu, je me rends la veille dans les cachots pour tenter de faire ingurgiter le poison à Rickard. Mais, là encore, une désillusion m’attend : je le trouve complètement métamorphosé, le regard fixe, les poings crispés, déjà tout entier concentré dans le combat qui l’attend. Impossible d’obtenir un seul mot de sa part, et Roger m’en décourage d’ailleurs très vite : d’après lui, je mets même ma propre vie en danger si j’essaie d’attirer l’attention de son frère dans un moment pareil !
Je rentre donc à mes appartements bredouille, ne comptant plus que sur la culpabilité de Roger et la justice divine pour apporter une issue heureuse au duel de demain. Alors que je pousse ma porte, je découvre sur le seuil un petit billet plié en quatre. Brûlant de curiosité, je l’ouvre aussitôt et suis surprise d’y découvrir l’écriture de Volken. Ce n’est pas dans ses habitudes…
Mon étonnement grandit au fil de la lecture. Il s’agit ni plus ni moins d’une lettre d’excuses !
Lady Lyanna,
Je me rends compte aujourd’hui que j’ai été aveuglé par une rage inadéquate. Je n’ai pas à vous reprocher les obstacles qui me séparent de ma vengeance. Je comprends l’inquiétude qui vous a étreinte à mon sujet et à celui de votre famille. Je vous promets solennellement de faire l’impossible pour la séparer du Loup infâme.
J’ai été ensorcelé par des pouvoirs qui vous feraient frémir de peur mais j’ai rouvert les yeux et mon cœur vous est acquis, bouillonnant comme jamais. Je sais que je n’en suis pas digne, je m’en veux terriblement, mais sachez que vous brillez plus fort dans mon âme que toutes les neiges de l’hiver.
Durant ces longs jours douloureux où je serai privé de la contemplation de votre éclat, j’étreindrai tout objet personnel que vous voudrez me prêter pour que je garde mon courage tout au long de cette entreprise…
Ces mots me laissent songeuse. Il y a quelques semaines à peine, rongée comme je l’étais par la jalousie et par le feu dévorant de la passion, j’aurais exulté à la lecture de cette confession, à mon triomphe sur la Braavienne. Aujourd’hui… Que dire ? Je ressens bien un petit pincement au cœur à l’idée du départ de Volken, à la pensée de tout ce qui aurait pu être, au souvenir de nos étreintes fiévreuses… Et je songe que c’est peut-être même son enfant qui grandit en moi depuis plusieurs semaines déjà.
Je balaie tout cela de mon esprit. Il m’avait fait une promesse, il ne l’a pas tenue. Il m’a trahie, sans même s’en apercevoir, je crois. Je sais bien que sans les sortilèges de cette femme, j’aurais eu sa passion tout entière, mais il est trop tard. Malgré ce que cela me coûte, je ne dois plus désormais songer à lui comme à un amant, mais comme à un simple ami.
C’est la première et la dernière fois que je me laisse emporter ainsi par mes sentiments. Je ne dois plus penser maintenant qu’à l’avenir de ma famille, de mes enfants, et à ma propre place dans ce monde. La passion est un frein à l’ambition, je l’ai toujours su. Et si j’ai cru un instant que cet amour pourrait peut-être aboutir à quelque chose, je suis désormais certaine que c’est ma perte que cela aurait entraîné. Je ne puis plus compter que sur moi seule, la semi-trahison de Volken me l’a bien prouvé. Je pèse donc calmement les mots de ma réponse :
Mon très cher Volken,
Vous me voyez ravie de voir que vous avez enfin su ouvrir les yeux. Je crains encore pour votre âme et j’espère que votre entreprise ne verra pas votre perte. Je vous fais une entière confiance pour ce qui est de ma famille, et vous savez que, si vous réussissez dans cette mission, mon amitié, qui vous est déjà acquise, n’en sera que plus affermie. Voici mon mouchoir, aux armes des Mormont, qui vous servira de sauf-conduit, à moins que vous ne lui voyiez une autre utilité. J’attendrai votre retour de pied ferme : ne me décevez pas !
Je sais que ce n’est pas la réponse qu’il attend, mais j’espère qu’il saura me pardonner. Pour ma part, je n’ai plus qu’à utiliser ces quelques semaines où il sera absent pour éteindre les dernières braises de la passion. Malgré les perspectives du lendemain, je me couche l’esprit en paix.
L’aube est à peine levée que tout le château est en ébullition. Revenant du bois sacré, où j’ai accompli mon recueillement matinal, je découvre qu’on a dressé une estrade dans la cour et que la foule s’y presse en masse. Roger Ryswell, installé aux premières loges, les mains enchaînées, ne semble rien avoir perdu de sa superbe : il arbore un sourire ravi et suffisant qui me donne envie de le gifler mais qui ravive mon angoisse.
Tandis que je prends place dans les gradins, Volken se lance dans un discours enflammé. Il harangue si bien le peuple, en lui martelant que les dieux seront du côté d’Edrick dans sa quête de justice et de venger, que les cris fusent vite : « À mort ! À mort l’assassin ! ». Il faut dire que Lady Astreïa était très aimée, ici, à Deathwatch, et que ses cousins n’en sont que plus détestés.
Rickard Ryswell essuie les quolibets sans rien laisser paraître : debout au centre de l’arène, engoncé dans son armure, il a plutôt belle allure. Edrick l’ayant autorisé à s’entraîner sur nos soldats pendant ces derniers jours, il semble au mieux de sa forme. Épée au côté, bouclier bien en main, il ferait frémir le plus aguerri des soldats.
Les gradins sont maintenant pleins à craquer, et Volken est venu me demander la permission de s’asseoir à mes côtés. Je remarque au passage que, comme d’habitude lorsque se déroulent dans nos murs d’importants événements, la Braavienne brille par son absence.
C’est alors que l’Immortel fait son entrée. D’un pas sûr, il gagne le centre du terrain pour venir faire face à Rickard. Je suis frappée par la force et l’assurance qui se dégagent de lui. Cela ne ressemble tellement pas au Edrick que je connais ! Son armure rutilante semble ne rien peser sur ses épaules, il dégaine la Noire Épée d’un geste souple et maîtrisé. Habituellement plus à l’aise avec sa masse d’armes, il semble ici tellement dans son élément que j’ai l’impression de voir son père.
Il esquisse un geste, et le combat s’engage. La main d’Edrick semble guidée par la rage et il porte une première attaque à Rickard, qui la dévie aisément et en profite pour aller lui chatouiller les côtes de sa lame. Mais c’était sans compter les réflexes inouïs acquis par l’Immortel lors de cette dernière semaine : il contre habilement le coup et repousse Rickard, avant de diriger son épée vers sa tête. Ryswell s’écarte au dernier moment, si bien que le fer ne fait qu’érafler son casque, mais je crois que cela a suffi pour le sonner temporairement.
Le cœur battant, j’attends la suite du combat avec une inquiétude grandissante. Edrick est-il vraiment de taille à affronter ce terrible duelliste ? Du coin de l’œil, j’aperçois Illirya, qui a fait son apparition dans les gradins, pâle comme la mort et l’air plutôt mal en point. Je sens alors la main de Volken se serrer sur la mienne. Mouvement involontaire suscité par la pression du combat ? Manœuvre naïve pour regagner mes faveurs ? Avec un peu plus de brusquerie que je ne l’aurais voulu, je dégage mon poignet de son étreinte et me concentre de nouveau sur le duel.
Edrick a profité d’un moment de répit pour lever bien haut sa lame : visiblement, il se prépare à l’abattre sur le mollet de Rickard, visant le peu de lui qui n’est pas protégé par son bouclier. Ryswell en est sans doute parvenu à la même conclusion que moi car, au lieu de se préparer à parer le coup, il se jette sur le côté pour l’esquiver. Mais dans sa précipitation, il glisse et perd l’équilibre, laissant tout le champ à l’Immortel pour lui faucher les jambes.
Sous les clameurs de la foule, Rickard tombe lourdement au sol. En une fraction de seconde, Edrick est sur lui et abat sa lame sur sa main droite. Dans un horrible craquement, le poignet de son adversaire se brise et il lâche son épée. L’Immortel se redresse de toute sa hauteur et s’adresse directement à Roger, qui a soudain pâli :
« Roger Ryswell, avoue ton crime, et tu éviteras la mort à ton frère ! »
Mais l’accusé garde le silence. Alors, la lame d’Edrick fend de nouveau l’air et vient décapiter d’un coup franc son ennemi juré.
La tension s’est relâchée d’un coup. La foule en délire acclame son seigneur. Mais celui-ci ne perd pas une minute et réclame immédiatement un billot pour accomplir la sentence voulue par les dieux.
Tandis que Roger se laisse amener à son destin sans rechigner, Roose se lève brutalement et fait mine de quitter les lieux. C’était sans compter Andre, qui le retient et l’oblige à assister à la décapitation. Alors qu’Edrick lui demande s’il a une dernière parole à prononcer, l’aîné des Ryswell lance une ultime bravade :
« C’est toujours celui à qui profite le crime qui est l’assassin ! »
La lame s’abat.
La suite n’est que la conséquence logique de tout cela : Edrick annonce que le tournoi prévu pour son mariage aura lieu malgré tout, dès le lendemain, en l’honneur de Lady Astreïa. Roose vient réclamer les corps de ses frères, que l’Immortel rechigne d’abord à lui rendre : il préférerait exposer la tête de Roger à la vindicte populaire, mais il finit par céder, devant l’insistance combinée de Volken et de moi-même, persuadés qu’entretenir la rage du dernier cousin Ryswell n’entraînera rien de bon pour nous.
Ce duel aura finalement eu une heureuse issue, mais mon cœur n’est toujours pas en paix. Certes, nous venons de nous débarrasser d’un coup de deux vils personnages, franchement infects, et franchement gênants pour nos affaires, mais trop de questions restent sans réponse. Et surtout, bien que les dieux aient parlé, je ne suis toujours pas certaine que le vrai coupable ait été châtié.
Je repense aux événements de ces derniers mois… La première visite des Ryswell sur nos terres après le départ d’Edrick Sr, avec ce corbeau que Rickard avait envoyé à Blazetower pour faire part de l’état de nos forces armées, tandis que l’Aigle revenait sur ses pas et que son cousin rejoignait Roger au front.
Et puis, plus tard, l’attaque sur Lady Astreïa, qui s’était présentée à l’époque sous le nom d’Astia. Attaque réalisée avec le même type d’arme que celle retrouvée plus tard dans la sacoche de la bande de mercenaires qui avait tenté d’attenter à ma vie. Sans parler de la tentative d’empoisonnement, dans notre propre château, détournée au dernier moment par Andre et Merrick.
Et que penser de cette fausse lettre incriminant Edrick, et qui avait servi de prétexte au lieutenant de Roger pour attaquer l’héritier Blacksword lors de sa visite à Blazetower ? Faut-il vraiment croire les apparences ? Roger était-il vraiment le coupable, comme tout semble porter à croire ? Où n’y aurait-il pas là-dessous quelque sombre affaire de famille, impliquant l’Aigle, ou même Roose, dont la naïveté m’apparaît soudain plus suspecte que jamais ?
Nous ne saurons probablement jamais pourquoi Roger avait insisté pour faire de son jeune frère l’écuyer d’Edrick. Tout comme nous ignorerons jusqu’au bout si justice a bel et bien été faite en ce jour…
Alors que la vie au château reprend tranquillement son cours, c’est l’heure pour Volken de faire ses adieux et de partir enfin dans sa quête de vengeance. Je crois qu’il est passé d’abord par les appartements d’Illirya, et peut-être aussi par ceux de son cousin, avant de venir me voir (le meilleur pour la fin ? j’ose l’espérer…).
Comme je m’y attendais, il s’attarde peu sur les adieux formels et choisit d’aller directement à la confrontation, me reprochant les termes utilisés dans mon billet. Pour lui, il ne peut y avoir une simple amitié entre nous. Et, bien qu’il ait conscience d’avoir failli sous plusieurs aspects, il continue de justifier son attitude par le peu de cas que je faisais jusqu’alors de son désir de vengeance.
C’en est trop, et je laisse à mon tour éclater mes propres reproches, en lui rappelant la promesse faite il y a longtemps, dans le bois sacré.
« Une promesse ? » Il semble à peine s’en souvenir.
« Oui, une promesse, Volken. Celle de ne jamais la préférer à moi. »
Un nuage de culpabilité assombrit son regard, et je sens bien qu’il s’en veut. Mais rien ne peut désormais me faire fléchir. Je lui donne ma bénédiction pour se rendre aux Jumeaux, pour aller y accomplir sa mission personnelle mais aussi celle qu’il doit réaliser pour moi. Je ne lui promets rien de plus en retour que ce que contenait ma lettre de la veille. Il devra s’en contenter.
Pour ma part, mes choix sont arrêtés, même si la route sera longue, je n’en doute pas.

(et désolée pour le pavé)
Chapitre 29 – Ryswell contre Blacksword
La foule retient son souffle, tandis que mestre Chester déroule le parchemin qui contient, peut-être, le nom du meurtrier d’Astreïa. De sa voix grave, il lit tout haut :
Rodrick Ryswell, seigneur de Blazetower et des Ruisseaux, sain de corps et d’esprit, reconnaît comme héritière directe de tous ses biens et terres sa fille Astreïa Ryswell, pour qu’ils passent à ses héritiers mâles à leur majorité.
À mon cousin Roger sera versée la somme de mille dragons d’or, à partager avec son frère Rickard s’ils font vœu d’allégeance et de fidélité à mes héritiers. Ces vœux devront être répétés par leurs héritiers, sous peine de voir leurs titres, leurs terres et leurs biens annexés.
À Roose Ryswell, qui s’est montré méritant et loyal malgré l’influence de ses frères, je lègue le fort de Skytower et les terres attenantes, accompagnés d’un titre héréditaire. Il devra cependant jurer fidélité et allégeance à mes héritiers avant de prendre possession de ses nouveaux biens et titres.
Pour la bibliothèque de mestre Chester, je lègue la somme de deux mille dragons d’or, qu’il investira selon ses besoins afin que Blazetower continue à irradier sa connaissance à travers le Nord, comme elle l’a fait toutes ces années sous sa tutelle bienveillante.
À Edrick Blacksword, l’Immortel, seigneur de Deathwatch et des Barrowlands, je cède les armes et armures jusque là en prêt gracieux de notre maison à la sienne ; un geste symbolique en vue de l’union prochaine de nos deux maisons.
Toutefois, s’il devait arriver quelque chose à Astreïa avant la naissance d’héritiers de sang Ryswell, alors la succession passerait immédiatement à mon fils illégitime Andre Snow, qui serait alors immédiatement reconnu. Il recevra le nom d’Andre Ryswell et prendra possession de tous mes titres et mes terres, qui seront ensuite transmis à ses héritiers, puis à leurs héritiers, et ainsi de suite, pour la pérennité de notre maison.
Rédigé de la main de Rodrick Ryswell sous la tutelle de mestre Chester, tous deux sains de corps et d’esprit. Reconnu et scellé de leurs mains.
Étant donné les accusations portées par Roger ces derniers jours, le contenu du testament de Rodrick ne m’étonne pas plus que cela. Je croise d’ailleurs le regard entendu de l’aîné des Ryswell : ses yeux moqueurs semblent me murmurer « Je vous l’avais bien dit… »
Du côté d’Andre, je ne crois pas non plus déceler de surprise, mais une émotion bien palpable. Savait-il que Rodrick l’avait nommé héritier ? Conservait-il des doutes à ce sujet ? Ses traits me sont, comme toujours, impénétrables.
Après un moment de flottement, Snow – ou plutôt, Ryswell, puisqu’il est désormais l’héritier légitime – demande l’autorisation à Edrick d’aller rendre visite à son père, qui s’est retiré dans ses quartiers depuis la soudaine dégradation de sa santé mentale. Mon beau-fils accède volontiers à cette requête, mais le silence tendu qui plane sur l’assemblée reflète l’état d’esprit général : tout, dans le testament, semble accuser l’Aigle ; or personne ne semble croire à sa culpabilité.
C’est sans doute pour cela que Volken finit par prendre la parole pour ordonner à tous nos invités de rester au château le temps que l’enquête se poursuive, puisque la lecture du parchemin ne nous éclaire pas davantage.
Tandis que je me retire dans ma chambre, continuant de jouer, pour le bien de nos investigations, la prisonnière maussade, j’entends Volken qui se prépare à rendre une énième visite au Seigneur brûlé, la gargote où, si j’ai bien compris, il recueille les informations venues de la rue et d’où il dirige son réseau de « petits oiseaux ».
Après m’être rafraîchie un peu, je décide qu’il est grand temps de mettre le nez, à mon tour, dans cette histoire sordide : puisque rien, dans les faits, ne nous a permis de dénicher le coupable, il nous faut désormais obtenir des aveux des principaux concernés. Et là où feu Merrick Hill aurait employé la torture et la violence, j’ai à ma disposition des moyens bien plus charmants d’aller extorquer des confidences à nos chers cousins Ryswell.
J’ai déjà tenté à plusieurs reprises de jouer de mes atouts auprès de Rickard, qui ne semble pas y être franchement sensible. Je décide donc de jouer la carte Roger. Ce gros porc lubrique s’est en effet taillé une belle réputation de coureur de jupons, et je ne doute pas que mes charmes l’amèneront, sinon à commettre un impair, au moins à faire tomber un peu le masque.
C’est donc d’un pas décidé que je me rends à sa chambre, après être passée chercher une bonne bouteille de vin de la Treille, qui contribuera à lui délier la langue. Je trouve l’homme dans ses appartements, avec deux de ses laquais. Il m’accueille avec son habituel mélange de bonhomie et de sarcasme, mais accepte volontiers mon invitation à partager autour d’un verre de vin nos malheurs de suspects emprisonnés.
Quelques formalité d’usage, un ou deux petits mensonges pour lui assurer que, non, non, contrairement aux apparences, je ne me suis pas rabibochée avec mon beau-fils, qu’au contraire nous masquons tous deux sous une apparence joviale la haine que nous nous portons… la preuve : il me croit aussi suspecte que son ennemi juré, Rickard Ryswell… La conversation continue ainsi, avec un Roger de plus en plus ivre, qui finit par congédier ses domestiques pour plus d’intimité. Pour ma part, j’ai bien veillé à ne pas boire plus que de raison, car je dois garder l’esprit clair à tout prix.
Il ne me faut que quelques minutes pour le convaincre de quitter la table pour un endroit plus douillet, où je parviens tant bien que mal à surmonter mon aversion pour ce répugnant personnage et à répondre à ses caresses empressées (« A girl gotta do what a girl’s gotta do »). Malheureusement pour moi, je dois attendre que monsieur daigne se réveiller pour enfin aborder subtilement les sujets qui m’intéressent et l’amener à s’ouvrir un peu quant à ses sentiments sur toute cette affaire.
Dans un premier temps, il joue les éplorés et me dit regretter la mort de cette « si gentille Astreïa », mais son petit jeu ne me trompe pas : il n’est en réalité pas plus attristé pas la perte de sa cousine que par celle du dernier de ses palefreniers. En revanche, j’ai l’impression de déceler qu’il n’est pas convaincu non plus de la culpabilité de l’Aigle. De là à penser que c’est lui le coupable, le pas est aisé à franchir, mais je ne suis pas entièrement persuadée du bien-fondé de cette conclusion.
Je ne parviens pas à tirer grand-chose de plus de Roger, et notre conversation est d’ailleurs vite interrompue par l’arrivée de Rickard. Je me dissimule en toute hâte dans un recoin, tandis que Roger congédie son frère, puis je profite de l’interruption pour m’éclipser à mon tour, laissant au gros porc l’espoir que je repasserai le voir sous peu.
À peine de retour dans ma chambre, voici Volken qui se présente à ma porte. Il souhaite m’annoncer, d’abord, qu’Edrick envisage désormais de provoquer un duel judiciaire pour mettre un terme à cette histoire. Tout en craignant l’issue d’un tel affrontement, je ne peux qu’approuver cette décision, qui me semble désormais la seule issue. Volken apaise d’ailleurs mes craintes quant à la vie du champion qu’Edrick enverrait en m’assurant qu’Illirya pourrait lui fournir des « potions » qui le fortifieraient.
Puis, il me renouvelle sa volonté de quitter Deathwatch pour se rendre aux Jumeaux. Moi qui, il y a quelques semaines, aurais tout donné pour qu’il renonce à cette folie, j’ai désormais hâte qu’il se mette en route. En effet, malgré le corbeau envoyé à ma mère il y a près d’un mois pour la mettre en garde contre les Bolton, je crains qu’il n’advienne malheur au Jeune Loup et à sa suite. Volken est mon dernier recours pour tenter de tirer les miens de ce piège mortel que je vois se refermer sur eux.
Mon soupirant semble d’ailleurs avoir compris l’importance que revêt à mes yeux sa mission auprès de ma mère et de ma sœur, et il me demande de lui donner le plus d’informations possible sur ma famille, pour pouvoir les approcher et les mettre en garde plus facilement.
Sur ces entrefaites, un domestique nous apporte l’ordre d’Edrick de le rejoindre au désormais rituel « conseil restreint », qui réunit ses plus fidèles : moi-même, son cousin, la Braavienne (dont je me demande encore ce qu’elle fait là) et, quand ses tâches le lui permettent, notre nouveau mestre.
Ainsi que me l’avait dit Volken, mon beau-fils nous annonce sa volonté de provoquer Roger Ryswell en duel pour prouver sa culpabilité. Il ne fait aucun doute que ce dernier choisira son frère Rickard pour le représenter. Or, ses talents de bretteur ne sont plus à prouver, et il y a fort à parier que le front l’aura endurci et exercé bien plus qu’aucun de nous. Le seul adversaire qui semble à sa hauteur serait Andre « l’Aigle » Ryswell, mais le testament de son père l’ayant fait régent de Blazetower, les convenances empêchent Edrick de faire appel à lui. Aussi notre nouvel Immortel se demande-t-il qui il va bien pouvoir envoyer au casse-pipe.
Volken bondit sur ses pieds, proclamant que la meilleure des stratégies serait de le choisir, lui. Il ne doute vraiment de rien, celui-là ! Devant la réticence unanime qu’il suscite, il abandonne cependant très vite la partie. Et quand Edrick propose de nommer Stillgar, il est le premier à encourager ce choix. Je me doute que le récent rapprochement entre le général et moi n’est pas pour rien dans cette soudaine prise de position. Ah, les hommes !
La discussion commence à s’enliser sévèrement quand je décide de dire tout de go ce que je pense de cela. À savoir : qu’envoyer Stillgar serait certes le plus sûr moyen de se débarrasser des Ryswell, mais que, si Edrick veut une victoire incontestée, une assurance que le peuple et l’Histoire retiendront de ce duel qu’il fut un véritable tribunal divin, il n’a pas d’autre choix que d’être lui-même son propre champion. L’argument semble faire mouche et l’Immortel demande à s’entretenir avec Illirya sur ces fameuses potions qu’elle pourrait lui fournir.
Lorsqu’ils en ont fini de leur discussion, Edrick revient nous annoncer que le duel aura lieu dans une semaine, jour pour jour.
« Une semaine ! Mais c’est beaucoup trop ! se récrie Volken. Vous m’aviez promis de régler cette affaire au plus vite pour que je puisse partir pour les Jumeaux. Cela fait déjà un mois que je ronge mon frein, je ne peux plus attendre.
– Dans ce cas, rien ne vous retient ici, mon cousin. Vous voulez partir, allez-y ! Quittez le château sur-le-champ, je ne vous en empêcherai pas. »
Interloqué par l’emportement d’Edrick, Volken ravale sa rancœur et accepte de rester jusqu’au duel mais, dès le conseil congédié, je le vois aller s’entretenir avec Illirya. Du peu que j’en perçois, leur échange semble pour le moins tendu, tant d’un côté que de l’autre. Lui reproche-t-il d’être la source de ce délai supplémentaire d’une semaine ? Elle, en tout cas, n’a pas l’air de se laisser accuser facilement, et j’ai l’impression que les arguments qu’elle lui oppose ne sont pas du goût de Volken. Fut un temps où je m’en serais réjouie, mais je constate tout cela avec plus de détachement que je ne m’en serais crue capable.
L’annonce officielle du duel ne se fait pas attendre : Edrick convoque tous nos invités dans la grande salle et accuse publiquement Roger du meurtre de sa femme. Lorsqu’il déclare que la chose se réglera par un duel et qu’il sera lui-même le bras armé de la justice divine, les frères Ryswell se contentent d’éclater de rire.
Sont-il à ce point certains de la supériorité technique de Rickard ? Nous préparent-ils encore un coup fourré dont ils ont le secret ? Mon sang se glace à cette pensée… Et si j’ai, je l’avoue, autant à gagner de la mort d’Edrick que de celle de Rickard, je pense que notre famille ne se relèverait pas de cette défaite. Je prie donc les dieux d’accorder à l’Immortel la force nécessaire à faire plier les Ryswell.
La réaction de l’Aigle, elle, n’est pas étonnante, mais quelque peu déplacée : il me reproche de m’être mise en travers de leur chemin, de les avoir empêcher d’assassiner Roger et Rickard quand ils en avaient la possibilité. Pour lui, le duel n’est qu’une mascarade qui peut très bien fort mal se terminer. La haine qu’il voue à ses cousins semble s’être décuplée de façon absolument phénoménale depuis sa première visite dans nos lieux. Mais le seigneur de Deathwatch a tranché.
La semaine suivante s’écoule dans une tension palpable et une anxiété croissante. Edrick passe la moitié de son temps cloîtré dans sa chambre avec Illirya, qui lui prodigue ses bons soins (je crois entendre les dents de Volken grincer chaque fois que le sujet est abordé). L’autre moitié, évidemment, il la consacre à s’entraîner d’arrache-pied dans la cour. Sous la supervision de Andre Ryswell, il affine son art du combat en affrontant quasi-exclusivement Stillgar, dont la technique est suffisamment proche de celle de Rickard pour que leur entraînement soit efficace.
Pendant ce temps, je décide de rendre des visites quotidiennes à nos chers frères Ryswell, enfermés tout deux dans un cachot sordide. Edrick a en effet soufflé l’idée au mestre d’empoisonner la nourriture de Rickard, pas pour le tuer, mais suffisamment pour le mettre dans un sale état le jour du combat. Or, je me doute bien qu’il ne se laissera pas embobiner aussi facilement que cela, et qu’il est essentiel de gagner d’abord sa confiance pour lui faire ensuite boire en toute tranquillité une décoction sympathique.
Mes plans sont cependant rapidement mis à mal : lors de ma première visite aux cachots, j’apprends de la bouche même de Rickard que son frère est assez mal en point depuis deux jours, visiblement atteint du même type de symptômes dont mon mari et moi avions été victimes peu avant sa mort. Drake serait donc allé un peu vite en besogne, en choisissant d’introduire le poison plusieurs jours avant le duel, et pas seulement la veille.
Je promets aux deux frères de régler cela au plus vite, d’autant plus que cela ne nous est d’aucune utilité : Rickard ne touchera pas à la nourriture tant qu’elle sera « douteuse », et Roger est devenu son goûteur officiel. Aussitôt dit, aussitôt fait : je remonte ordonner à Edrick et à Drake d’arrêter leurs petites manigances, et de compter plutôt sur moi pour faire boire le poison à Rickard la veille du duel.
Entretemps, j’essaie de renouer les liens avec Roose, dans cet endroit qui lui est aussi cher qu’à moi : le bois sacré. Peine perdue : la haine de notre famille qui consumait ses frères semble l’avoir atteint à son tour. Je crains qu’en nous débarrassant de deux ennemis redoutables (si nous y parvenons !) nous n’en gagnions un autre, pas moins féroce. Il m’envoie au visage que ma famille a déclaré la guerre à la sienne, et qu’il n’y a rien à ajouter.
Lorsque je demande à Cerrah, devenue ma plus proche confidente, son avis sur toute cette histoire, elle me répond avec sa franchise habituelle qu’elle est persuadée que Roger est le coupable et que sa trop grande assurance dans l’issue du duel n’est due qu’à la confiance aveugle qu’il place dans les capacités de combattant de son frère. Cela me conforte un peu dans mes positions, mais ne me rassure pas plus que cela quant à la suite des événements. Je demande d’ailleurs à Cerrah de garder à l’œil Roose pendant le duel judiciaire.
Duel qui arrive d’ailleurs à grands pas ! Comme convenu, je me rends la veille dans les cachots pour tenter de faire ingurgiter le poison à Rickard. Mais, là encore, une désillusion m’attend : je le trouve complètement métamorphosé, le regard fixe, les poings crispés, déjà tout entier concentré dans le combat qui l’attend. Impossible d’obtenir un seul mot de sa part, et Roger m’en décourage d’ailleurs très vite : d’après lui, je mets même ma propre vie en danger si j’essaie d’attirer l’attention de son frère dans un moment pareil !
Je rentre donc à mes appartements bredouille, ne comptant plus que sur la culpabilité de Roger et la justice divine pour apporter une issue heureuse au duel de demain. Alors que je pousse ma porte, je découvre sur le seuil un petit billet plié en quatre. Brûlant de curiosité, je l’ouvre aussitôt et suis surprise d’y découvrir l’écriture de Volken. Ce n’est pas dans ses habitudes…
Mon étonnement grandit au fil de la lecture. Il s’agit ni plus ni moins d’une lettre d’excuses !
Lady Lyanna,
Je me rends compte aujourd’hui que j’ai été aveuglé par une rage inadéquate. Je n’ai pas à vous reprocher les obstacles qui me séparent de ma vengeance. Je comprends l’inquiétude qui vous a étreinte à mon sujet et à celui de votre famille. Je vous promets solennellement de faire l’impossible pour la séparer du Loup infâme.
J’ai été ensorcelé par des pouvoirs qui vous feraient frémir de peur mais j’ai rouvert les yeux et mon cœur vous est acquis, bouillonnant comme jamais. Je sais que je n’en suis pas digne, je m’en veux terriblement, mais sachez que vous brillez plus fort dans mon âme que toutes les neiges de l’hiver.
Durant ces longs jours douloureux où je serai privé de la contemplation de votre éclat, j’étreindrai tout objet personnel que vous voudrez me prêter pour que je garde mon courage tout au long de cette entreprise…
Ces mots me laissent songeuse. Il y a quelques semaines à peine, rongée comme je l’étais par la jalousie et par le feu dévorant de la passion, j’aurais exulté à la lecture de cette confession, à mon triomphe sur la Braavienne. Aujourd’hui… Que dire ? Je ressens bien un petit pincement au cœur à l’idée du départ de Volken, à la pensée de tout ce qui aurait pu être, au souvenir de nos étreintes fiévreuses… Et je songe que c’est peut-être même son enfant qui grandit en moi depuis plusieurs semaines déjà.
Je balaie tout cela de mon esprit. Il m’avait fait une promesse, il ne l’a pas tenue. Il m’a trahie, sans même s’en apercevoir, je crois. Je sais bien que sans les sortilèges de cette femme, j’aurais eu sa passion tout entière, mais il est trop tard. Malgré ce que cela me coûte, je ne dois plus désormais songer à lui comme à un amant, mais comme à un simple ami.
C’est la première et la dernière fois que je me laisse emporter ainsi par mes sentiments. Je ne dois plus penser maintenant qu’à l’avenir de ma famille, de mes enfants, et à ma propre place dans ce monde. La passion est un frein à l’ambition, je l’ai toujours su. Et si j’ai cru un instant que cet amour pourrait peut-être aboutir à quelque chose, je suis désormais certaine que c’est ma perte que cela aurait entraîné. Je ne puis plus compter que sur moi seule, la semi-trahison de Volken me l’a bien prouvé. Je pèse donc calmement les mots de ma réponse :
Mon très cher Volken,
Vous me voyez ravie de voir que vous avez enfin su ouvrir les yeux. Je crains encore pour votre âme et j’espère que votre entreprise ne verra pas votre perte. Je vous fais une entière confiance pour ce qui est de ma famille, et vous savez que, si vous réussissez dans cette mission, mon amitié, qui vous est déjà acquise, n’en sera que plus affermie. Voici mon mouchoir, aux armes des Mormont, qui vous servira de sauf-conduit, à moins que vous ne lui voyiez une autre utilité. J’attendrai votre retour de pied ferme : ne me décevez pas !
Je sais que ce n’est pas la réponse qu’il attend, mais j’espère qu’il saura me pardonner. Pour ma part, je n’ai plus qu’à utiliser ces quelques semaines où il sera absent pour éteindre les dernières braises de la passion. Malgré les perspectives du lendemain, je me couche l’esprit en paix.
L’aube est à peine levée que tout le château est en ébullition. Revenant du bois sacré, où j’ai accompli mon recueillement matinal, je découvre qu’on a dressé une estrade dans la cour et que la foule s’y presse en masse. Roger Ryswell, installé aux premières loges, les mains enchaînées, ne semble rien avoir perdu de sa superbe : il arbore un sourire ravi et suffisant qui me donne envie de le gifler mais qui ravive mon angoisse.
Tandis que je prends place dans les gradins, Volken se lance dans un discours enflammé. Il harangue si bien le peuple, en lui martelant que les dieux seront du côté d’Edrick dans sa quête de justice et de venger, que les cris fusent vite : « À mort ! À mort l’assassin ! ». Il faut dire que Lady Astreïa était très aimée, ici, à Deathwatch, et que ses cousins n’en sont que plus détestés.
Rickard Ryswell essuie les quolibets sans rien laisser paraître : debout au centre de l’arène, engoncé dans son armure, il a plutôt belle allure. Edrick l’ayant autorisé à s’entraîner sur nos soldats pendant ces derniers jours, il semble au mieux de sa forme. Épée au côté, bouclier bien en main, il ferait frémir le plus aguerri des soldats.
Les gradins sont maintenant pleins à craquer, et Volken est venu me demander la permission de s’asseoir à mes côtés. Je remarque au passage que, comme d’habitude lorsque se déroulent dans nos murs d’importants événements, la Braavienne brille par son absence.
C’est alors que l’Immortel fait son entrée. D’un pas sûr, il gagne le centre du terrain pour venir faire face à Rickard. Je suis frappée par la force et l’assurance qui se dégagent de lui. Cela ne ressemble tellement pas au Edrick que je connais ! Son armure rutilante semble ne rien peser sur ses épaules, il dégaine la Noire Épée d’un geste souple et maîtrisé. Habituellement plus à l’aise avec sa masse d’armes, il semble ici tellement dans son élément que j’ai l’impression de voir son père.
Il esquisse un geste, et le combat s’engage. La main d’Edrick semble guidée par la rage et il porte une première attaque à Rickard, qui la dévie aisément et en profite pour aller lui chatouiller les côtes de sa lame. Mais c’était sans compter les réflexes inouïs acquis par l’Immortel lors de cette dernière semaine : il contre habilement le coup et repousse Rickard, avant de diriger son épée vers sa tête. Ryswell s’écarte au dernier moment, si bien que le fer ne fait qu’érafler son casque, mais je crois que cela a suffi pour le sonner temporairement.
Le cœur battant, j’attends la suite du combat avec une inquiétude grandissante. Edrick est-il vraiment de taille à affronter ce terrible duelliste ? Du coin de l’œil, j’aperçois Illirya, qui a fait son apparition dans les gradins, pâle comme la mort et l’air plutôt mal en point. Je sens alors la main de Volken se serrer sur la mienne. Mouvement involontaire suscité par la pression du combat ? Manœuvre naïve pour regagner mes faveurs ? Avec un peu plus de brusquerie que je ne l’aurais voulu, je dégage mon poignet de son étreinte et me concentre de nouveau sur le duel.
Edrick a profité d’un moment de répit pour lever bien haut sa lame : visiblement, il se prépare à l’abattre sur le mollet de Rickard, visant le peu de lui qui n’est pas protégé par son bouclier. Ryswell en est sans doute parvenu à la même conclusion que moi car, au lieu de se préparer à parer le coup, il se jette sur le côté pour l’esquiver. Mais dans sa précipitation, il glisse et perd l’équilibre, laissant tout le champ à l’Immortel pour lui faucher les jambes.
Sous les clameurs de la foule, Rickard tombe lourdement au sol. En une fraction de seconde, Edrick est sur lui et abat sa lame sur sa main droite. Dans un horrible craquement, le poignet de son adversaire se brise et il lâche son épée. L’Immortel se redresse de toute sa hauteur et s’adresse directement à Roger, qui a soudain pâli :
« Roger Ryswell, avoue ton crime, et tu éviteras la mort à ton frère ! »
Mais l’accusé garde le silence. Alors, la lame d’Edrick fend de nouveau l’air et vient décapiter d’un coup franc son ennemi juré.
La tension s’est relâchée d’un coup. La foule en délire acclame son seigneur. Mais celui-ci ne perd pas une minute et réclame immédiatement un billot pour accomplir la sentence voulue par les dieux.
Tandis que Roger se laisse amener à son destin sans rechigner, Roose se lève brutalement et fait mine de quitter les lieux. C’était sans compter Andre, qui le retient et l’oblige à assister à la décapitation. Alors qu’Edrick lui demande s’il a une dernière parole à prononcer, l’aîné des Ryswell lance une ultime bravade :
« C’est toujours celui à qui profite le crime qui est l’assassin ! »
La lame s’abat.
La suite n’est que la conséquence logique de tout cela : Edrick annonce que le tournoi prévu pour son mariage aura lieu malgré tout, dès le lendemain, en l’honneur de Lady Astreïa. Roose vient réclamer les corps de ses frères, que l’Immortel rechigne d’abord à lui rendre : il préférerait exposer la tête de Roger à la vindicte populaire, mais il finit par céder, devant l’insistance combinée de Volken et de moi-même, persuadés qu’entretenir la rage du dernier cousin Ryswell n’entraînera rien de bon pour nous.
Ce duel aura finalement eu une heureuse issue, mais mon cœur n’est toujours pas en paix. Certes, nous venons de nous débarrasser d’un coup de deux vils personnages, franchement infects, et franchement gênants pour nos affaires, mais trop de questions restent sans réponse. Et surtout, bien que les dieux aient parlé, je ne suis toujours pas certaine que le vrai coupable ait été châtié.
Je repense aux événements de ces derniers mois… La première visite des Ryswell sur nos terres après le départ d’Edrick Sr, avec ce corbeau que Rickard avait envoyé à Blazetower pour faire part de l’état de nos forces armées, tandis que l’Aigle revenait sur ses pas et que son cousin rejoignait Roger au front.
Et puis, plus tard, l’attaque sur Lady Astreïa, qui s’était présentée à l’époque sous le nom d’Astia. Attaque réalisée avec le même type d’arme que celle retrouvée plus tard dans la sacoche de la bande de mercenaires qui avait tenté d’attenter à ma vie. Sans parler de la tentative d’empoisonnement, dans notre propre château, détournée au dernier moment par Andre et Merrick.
Et que penser de cette fausse lettre incriminant Edrick, et qui avait servi de prétexte au lieutenant de Roger pour attaquer l’héritier Blacksword lors de sa visite à Blazetower ? Faut-il vraiment croire les apparences ? Roger était-il vraiment le coupable, comme tout semble porter à croire ? Où n’y aurait-il pas là-dessous quelque sombre affaire de famille, impliquant l’Aigle, ou même Roose, dont la naïveté m’apparaît soudain plus suspecte que jamais ?
Nous ne saurons probablement jamais pourquoi Roger avait insisté pour faire de son jeune frère l’écuyer d’Edrick. Tout comme nous ignorerons jusqu’au bout si justice a bel et bien été faite en ce jour…
Alors que la vie au château reprend tranquillement son cours, c’est l’heure pour Volken de faire ses adieux et de partir enfin dans sa quête de vengeance. Je crois qu’il est passé d’abord par les appartements d’Illirya, et peut-être aussi par ceux de son cousin, avant de venir me voir (le meilleur pour la fin ? j’ose l’espérer…).
Comme je m’y attendais, il s’attarde peu sur les adieux formels et choisit d’aller directement à la confrontation, me reprochant les termes utilisés dans mon billet. Pour lui, il ne peut y avoir une simple amitié entre nous. Et, bien qu’il ait conscience d’avoir failli sous plusieurs aspects, il continue de justifier son attitude par le peu de cas que je faisais jusqu’alors de son désir de vengeance.
C’en est trop, et je laisse à mon tour éclater mes propres reproches, en lui rappelant la promesse faite il y a longtemps, dans le bois sacré.
« Une promesse ? » Il semble à peine s’en souvenir.
« Oui, une promesse, Volken. Celle de ne jamais la préférer à moi. »
Un nuage de culpabilité assombrit son regard, et je sens bien qu’il s’en veut. Mais rien ne peut désormais me faire fléchir. Je lui donne ma bénédiction pour se rendre aux Jumeaux, pour aller y accomplir sa mission personnelle mais aussi celle qu’il doit réaliser pour moi. Je ne lui promets rien de plus en retour que ce que contenait ma lettre de la veille. Il devra s’en contenter.
Pour ma part, mes choix sont arrêtés, même si la route sera longue, je n’en doute pas.
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
J'avoue que j'ai décroché. Trop long, trop de persos... j'arrive plus à savoir qui est qui ! 

- pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
j'ai tout lu et j'ai bien aimé,
vivement la suite
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