[CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
oui c'est prévu. Ca ne concerne pas tout le CR, mais comme il est inutile de lire le reste si on ne lit pas cette partie-là, je songe à mettre un gros avertissement en gras au début, genre ne lisez pas si vous n'avez pas lu ou vu tel épisode. Je verrai bien...
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
OK, voici le CR de l'escapade de mon perso, Volken Blacksword, aux Jumeaux.
ALORS COMME CA N'A PAS DE SENS DE LIRE LE CR SANS LA PARTIE A SPOILER, JE VAIS TOUT METTRE SOUS SPOILER. NE LISEZ PAS SI VOUS N'AVEZ PAS LU LE TOME 9 LES NOCES POURPRES OU VU LA FIN DE LA SAISON 3.
Juste pour info, le Meujeu a surkiffé sa race d'interpréter Walder Frey. C'était visible, audible, ça faisait plaisir...
Comme toujours, désolé pour le pavé, c'est mon pêché mignon, mais la proportion de dialogues étant plus élevée, le texte est plus aéré je pense...
ALORS COMME CA N'A PAS DE SENS DE LIRE LE CR SANS LA PARTIE A SPOILER, JE VAIS TOUT METTRE SOUS SPOILER. NE LISEZ PAS SI VOUS N'AVEZ PAS LU LE TOME 9 LES NOCES POURPRES OU VU LA FIN DE LA SAISON 3.
Juste pour info, le Meujeu a surkiffé sa race d'interpréter Walder Frey. C'était visible, audible, ça faisait plaisir...
Comme toujours, désolé pour le pavé, c'est mon pêché mignon, mais la proportion de dialogues étant plus élevée, le texte est plus aéré je pense...
Spoiler:
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
- pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
yep merci il m' a donné du fil à retordre celui-là. Et ce qui y est relaté a eu des conséquences sur notre séance d'hier...
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
j'imagine bien,
parjure!
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Pavé inside.
Pavé ketchup d'ailleurs.
Comme d'hab j'ai aimé, mais il faut pas vouloir lire ça en 2 minutes.
Pavé ketchup d'ailleurs.

Comme d'hab j'ai aimé, mais il faut pas vouloir lire ça en 2 minutes.
- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Pavé ketchup... hi hi bien vu c'est exactement ça. Et oui bon conseil... attendez d'avoir le temps pour le lire! (sachant que le suivant arrivera un de ces 4, écrit par le meujeu ou lady Lyanna, pas sûr d'avoir tout compris)
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Par Lady Lyanna, avec ajouts du MJ en extra si besoin !le Zakhan Noir a écrit :(écrit par le meujeu ou lady Lyanna, pas sûr d'avoir tout compris)
- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
j'en salive d'avance, vu ce qui s'est passé... nyark nyark
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Et voici le compte-rendu de la dernière séance. Attention, cependant, à ceux qui n'auraient pas encore vu la fin de la saison 3 (tome 3 anglais ou tome 8 français) : quelques éléments évoqués dans ce CR y font référence, et il y a donc risque élevé de spoilers ! Ce sera d'ailleurs sans doute le cas aussi pour toutes les parties suivantes.
Chapitre 31
Chaque jour qui passe depuis le départ de Volken aux Jumeaux est un supplice de plus. Chaque heure, chaque minute, je dois lutter contre ces angoisses qui me prennent au ventre et occupent tout mon esprit : reviendra-t-il vivant de son entreprise insensée ? Parviendra-t-il à écarter ma sœur et ma mère de sa vengeance funeste ? Un sombre pressentiment m’étreint, et je dois m’absorber corps et âme dans un monceau de tâches futiles pour parvenir à l’oublier.
L’ambiance qui règne au château n’a rien pour égayer mes pensées : Edrick passe ses matinées à broyer du noir dans sa chambre, ses après-midis à s’épuiser aux armes dans la cour et ses soirées à noyer son chagrin dans du mauvais vin. Le mestre s’est fait plus discret encore que d’habitude. Même la Braavienne ne sort plus de sa chambre qu’en de rares occasions et c’est pour nous apparaître la mine défaite, le teint plus pâle que celui d’un cadavre.
Un mois se passe ainsi, entre attente insoutenable, administration du château, gestion des domestiques et entraînement de mes « Oursonnes », la troupe d’élite dont Edrick m’a confié le commandement. Jusqu’au jour où Illirya en personne vient frapper à la porte de mes appartements. Après les politesses d’usage, elle m’expose abruptement le motif de sa visite :
– Lady Lyanna, si vous tenez vraiment à votre sœur, faites en sorte de lui envoyer au plus vite une lettre lui demandant de quitter le front pour venir vous rejoindre. Dites-lui que c’est une question de vie ou de mort.
La surprise m’ôte un instant l’usage de la parole, mais la méfiance refait surface immédiatement :
– Et depuis quand vous préoccupez-vous du bien-être de ma famille ? Pourquoi cet intérêt soudain pour ma sœur ?
– N’allez rien vous imaginer : je ne fais pas ça pour vous, mais pour Volken. Parce qu’il tient à vous, et que je tiens à lui.
Elle me quitte sur ces mots, me laissant plus que perplexe. Dois-je prendre au sérieux la demi-menace qui plane dans son conseil ? Ma sœur est-elle réellement en danger ? Et puis, comment le sait-elle, d’ailleurs ? S’agit-il encore de ces « pouvoirs », ces visions accordées par son Dieu, et dont Volken me rebat les oreilles ? Malheureusement, je n’ai pas vraiment d’autre choix que de la croire, en espérant ne pas tomber dans un piège grossier tendu pour m’évincer ou se venger. Je me précipite donc à la tour du mestre pour envoyer un message à Dacey.
Les semaines suivantes s’écoulent avec d’autant plus de lenteur que mon angoisse a redoublé. Je monte désormais chaque matin à la tour du mestre, guette l’arrivée de la barge dans le port et ne laisse plus passer une seule rumeur sans tenter de la décortiquer, en quête d’un indice sur ce qui se passe plus au sud de nos terres.
Ma grossesse suit son cours, mais j’utilise tout ce qu’il faut de robes amples et d’épaisses fourrures pour la dissimuler. Je me suis promis d’être forte, et cela commence par ne pas donner à voir ce qui pourrait passer pour un état de faiblesse. Je crois d’ailleurs que j’y réussis assez bien.
Enfin, on nous annonce l’arrivée de visiteurs à Deathwatch. Mon cœur bondit, et je me précipite dans la grande salle pour y accueillir Volken… avant de ravaler mon enthousiasme : ce n’est pas le cousin d’Edrick qui revient, mais une délégation d’une petite vingtaine d’hommes portant haut le cerf et le cœur de feu de Stannis Baratheon. Ils sont menés par Andrew Estermont, ancien écuyer et cousin du « roi de Dragonstone », et dans leurs rangs se trouvent quelques visages aux oreilles caractéristiques de la famille Florent.
Ils se montrent assez vagues sur le motif de leur présence, qu’ils nous présentent comme une visite diplomatique, de courtoisie. Cela ne les empêche pas de nous rappeler discrètement que Stannis nous a envoyé une lettre il y a quelques mois de cela, pour réclamer notre allégeance, et que nous n’avons pas daigné y répondre. Je ne sens cependant pas d’animosité particulière dans leurs paroles, et il me semble qu’ils cherchent à faire de nous leurs alliés davantage par la persuasion que par la force. Les voilà donc installés au château durablement.
Deux jours plus tard, on annonce enfin le retour du seigneur Volken à Deathwatch. Je rassemble tout le calme qu’il m’est possible de trouver au fond de moi, puis ordonne à mes domestiques et à ma fidèle Cerrah de me suivre jusqu’au port de la ville, d’où je peux observer la lente remontée de la barge jusqu’à nous. Les entrailles nouées, je vois Volken descendre de l’embarcation. Je ne me rappelle pas l’avoir déjà vu la mine si sombre, pas même le jour où il a appris la mort de son père. Sans un regard pour moi, il fait un signe aux hommes qui l’accompagnent, et ceux-ci entament le déchargement de la barge. À vrai dire, il n’y a pas grand-chose à débarquer : juste un chariot. Juste un cercueil.
Mon cœur s’arrête. Les yeux fixés sur cette macabre apparition, je ne peux réprimer le tremblement qui me saisit soudain. Je sais… Malgré toutes mes espérances, malgré ce que j’aimerais croire encore, je sais. Volken s’est arrêté un instant, et je trouve la force de croasser :
– Vous n’avez rien à me dire ?
Je le vois qui ouvre la bouche, semblant lutter avec lui-même, le regard ancré dans le sol. Puis il se détourne et dirige ses pas vers le château, sans un mot.
– Volken ! Vous ne pouvez pas me laisser là sans rien me dire. Ce silence, c’est pire que tout ! Qui se trouve dans ce cercueil ?
Il pivote lentement vers moi, les yeux toujours baissés, et un murmure à peine audible s’échappe de ses lèvres :
– C’est votre sœur, Lady Dacey Mormont.
Un voile noir obscurcit ma vision. Sonnée, je fixe sans le voir ce chariot maudit qui ne me ramène pas ma sœur, mais seulement son corps. Je sens comme un grand vide qui aspire tout en moi, et je remarque à peine Volken, immobile à quelques pas, silencieux.
Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, debout sur le port, dans un état d’hébétude effrayante. C’est Cerrah qui finit par me sortir de ma torpeur en insistant doucement pour que nous rentrions. Volken a disparu.
Je n’ai pas l’énergie de rejoindre ce château détestable, aussi mon amie m’accompagne-t-elle jusqu’au bois sacré, où je jette toutes mes forces dans de longues prières à la mémoire de ma sœur. Quelques heures plus tard, je me résous à rentrer et à aller affronter la vérité. Cerrah me conduit d’abord à la tour du mestre, où l’on a fait monter son corps, puis nous descendons à la cuisine. Il faut que je sache, j’ai besoin d’apprendre de sa bouche comment cela a pu arriver.
Lorsque j’entre dans la pièce, Volken a déjà commencé le récit de ces deux longs mois aux Jumeaux, sous le regard attentif d’Edrick et de Drake, mais il ne développe pas plus que cela. En quelques phrases, il a résumé le piège tendu par son grand-père au Jeune Loup et à sa suite, le rôle finalement minime qu’il y a pris, et son incapacité à sauver Dacey malgré tous ses efforts. Alors que je le presse de donner davantage de détails – comment ma sœur est-elle morte ? quelles ont été ses tentatives pour la sauver ? comment a-t-il pu laisser faire cela alors qu’il a eu sur place un mois complet pour prévenir ces horreurs ? –, il finit par prendre congé sèchement et me laisser à mes interrogations.
Nous finissons la soirée, Edrick et moi, noyés dans tout l’alcool que nous avons pu trouver.
Je passe ma journée du lendemain à essayer de m’entretenir avec Volken. Ce n’est pas chose aisée, car il évite à tout prix de croiser mon chemin. Je parviens tout de même à obtenir de lui la seule bonne nouvelle de ces derniers jours : ma mère ne se trouvait pas parmi les convives du mariage sanglant des Jumeaux. Apparemment, elle avait quitté Robb Stark pour aller lui chercher des alliés dans les marais qui entourent Salvemer. Je respire un peu mieux. Alors que je m’apprête à envoyer un corbeau à l’île des Ours pour prévenir ma famille, c’est justement une de mes autres sœurs, Alysane, qui déboule au château, visiblement affolée :
– Lyanna, que se passe-t-il ? J’ai reçu un message de Dacey me demandant de me rendre au plus vite auprès de toi. Qu’il y allait de ta vie !
Mon cœur se serre encore davantage. Alors, c’est là toute l’utilité qu’aura eue mon message ? Je m’effondre, en pleurs, dans les bras d’Alysane. Elle est forte, et ne laisse rien paraître de son chagrin lorsque je lui relate les terribles événements. Je l’admire pour cela.
Rapidement, j’annonce à Edrick ma volonté de quitter Deathwatch pour l’île des Ours afin de me rendre aux funérailles de ma sœur. Étonnamment, il me propose de m’accompagner. Il souhaite, dit-il, voir de ses propres yeux la contrée d’où son demi-frère est en partie originaire. Je lui en suis reconnaissante car, après les malheurs qui l’ont frappé et le nombre de proches qu’il a dû lui-même enterrer, cela me touche qu’il trouve encore la force de venir accompagner dans cette épreuve ce qu’il lui reste de famille.
Cependant, il revient vers moi quelques heures plus tard pour m’indiquer qu’il ne pourra pas partir tout de suite, que Volken, à qui il veut confier les rênes du pouvoir en notre absence, lui a demandé un délai de deux ou trois jours supplémentaires. Je songe un instant à quitter Deathwatch sans Edrick pour ne pas attendre davantage, mais le pas qu’il a fait vers moi en cette occasion me convainc d’accepter de différer notre départ.
Dans la journée, j’apprends que maître Merren, le gérant de la maison de commerce, a été victime d’un cambriolage qui a visiblement mal tourné, puisque lui et sa femme y ont trouvé la mort. Décidément, quand le sort s’acharne…
Je profite du temps qu’il me reste avant notre départ pour essayer d’obtenir enfin de Volken le récit complet que je lui réclamais hier, mais c’est peine perdue ! Refusant toujours de croiser mon regard, il se dérobe à mes interrogations, ne veut pas en dire davantage. J’ai beau insister, lui faire part de mon désarroi, de la nécessité absolue pour moi de savoir afin de pouvoir faire mon deuil, rien n’y fait. Confronté à mon obstination, il finit par me promettre de m’en dire plus sous peu. Il me fixera un rendez-vous dès qu’il sera prêt.
Je n’ai pas à ronger mon frein trop longtemps : dès le lendemain, Volken vient me trouver dans mes appartements. Pour pouvoir me faire son récit et m’en apprendre plus, il doit m’emmener dans un endroit où nous sommes susceptibles de courir quelques risques. Il m’enjoint donc de prendre les précautions nécessaires, ce que je m’empresse de faire, endossant ma cotte de mailles et glissant mon épée à ma ceinture. Je ne peux cependant m’empêcher de m’interroger : quelles révélations est-il sur le point de me faire, qu’il ne pourrait me dire en face, là, maintenant ?
Nous quittons subrepticement le château et nous retrouvons à l’endroit même où nous avions passé, des mois plus tôt – ne serait-ce pas même des années ? –, notre première nuit ensemble. La silhouette d’un homme se détache dans l’obscurité, et Volken me le présente aussitôt : il s’agit d’un maître-empoisonneur de Blazetower, apparemment l’un des plus doués de sa catégorie. Cet homme, c’est Volken lui-même qui était allé le chercher chez lui après la mort d’Astréïa, au cas où le duel judiciaire avec les Ryswell n’aurait pas eu lieu : il aurait ainsi servi de preuve providentielle dans l’affaire, en venant témoigner que Roger était bien le commanditaire du meurtre et qu’il lui avait demandé le poison retrouvé plus tard sur sa cousine. Une machination bien évidemment montée de toutes pièces par Volken pour se débarrasser de l’encombrant cousin d’Astréïa.
De plus en plus perplexe, je l’écoute m’exposer tout ceci en me demandant bien quel est le rapport avec la mort de ma sœur. Je trépigne intérieurement, mais j’ai bien garde de n’en rien montrer. Il me semble d’ailleurs que l’empoisonneur n’est pas non plus tout à fait à son aise. Après cette longue présentation, Volken finit par sortir de sa poche un petit champignon, qu’il me présente comme extrêmement vénéneux, capable de provoquer la mort en moins d’une heure. L’incompréhension qui m’habite est à son comble.
Enfin, dans un grand geste théâtral, il ouvre les portes d’une armoire qui se trouve là, et j’y découvre avec horreur mon petit Jeor, bâillonné et ligoté, le teint verdâtre.
Alors que j’esquisse un mouvement pour me précipiter vers lui, Volken s’interpose :
– Ma Lady, c’est ce champignon que nous avons fait ingurgiter à votre fils. Sans antidote, il mourra dans… quoi ? Une dizaine de minutes, c’est cela, mon brave ?
L’empoisonneur acquiesce d’un hochement de tête frénétique. Interdite, je dévisage Volken sans comprendre : comment ? pourquoi ? pourquoi vouloir la mort de mon fils ? pourquoi m’infliger ce nouveau supplice qu’est celui de le voir mourir à petit feu ? Je sens les tentacules de cette angoisse que je ne connais que trop bien se glisser dans mon âme.
– Or, reprend Volken, l’antidote, c’est justement moi qui l’ai. Une simple petite fiole, qui vous permettrait de le sauver.
Il tapote d’un geste suffisant sa chemise, là, juste sous son cœur. Et je n’ai désormais d’yeux que pour cela, ce minuscule espoir qui me rendra la vie de mon fils. Mille pensées me traversent l’esprit, mille pensées qui se bousculent sans que je parvienne à les exprimer.
Saisissant soudain sa lance, celui que je ne considère plus désormais que comme mon tortionnaire se place face à moi :
– Ma Lady, pour récupérer cet antidote, il n’y a qu’un seul moyen, c’est de me vaincre en duel. Alors, seulement, vous pourrez sauver votre fils.
– Mais à quoi rime cette mascarade, Volken ? Avez-vous perdu la tête ? Pourquoi moi ? Pourquoi mon fils ?
La panique fait trembler ma voix, et je ne sais plus très bien où je suis, ce que je fais. Le rictus cruel qui déforme les traits de Volken ne lui ressemble tellement pas…
– Allez, ma Lady, l’heure tourne !
Un seul coup d’œil à Jeor me montre qu’il est au plus mal, qu’il n’y a effectivement pas de temps à perdre, mais je ne peux me résoudre à engager le combat. Mon épée n’a pas quitté son fourreau. Les questions tourbillonnent sous mon crâne. Est-ce la folie qui guide ainsi ce comportement insensé ? Je ne décèle pourtant aucune lueur de démence dans les yeux de Volken, juste une résolution sans faille, terrible. Un sortilège, alors ? Les pouvoirs de la Braavienne sont sans pareil, terrifiants, c’est ce qu’il ne cesse justement de me répéter depuis son retour…
Je reste là, les bras ballants, incapable de murmurer autre chose que :
– Pourquoi ?
– Mais parce que vous n’êtes qu’une faible femme, et qu’il est temps de le prouver ! De montrer au monde que, même pour sauver votre fils, vous serez incapable de me vaincre.
Mon sang ne fait qu’un tour. Un dernier regard à Jeor, et mon épée est dans mes mains. Je m’approche lentement de Volken, qui multiplie encore les railleries, mais ne semble pas vouloir porter le premier coup. J’hésite encore un instant, mais la menace qui pèse sur mon fils finit par me décider. Je ne souhaite pas blesser mon adversaire, seulement récupérer l’antidote. Alors, un mouvement souple, et ma lame s’abat sur son poignet. Sa lance lui saute aussitôt des mains, et je la récupère au vol. Je la rejette aussitôt derrière moi, là où il ne pourra pas la récupérer.
Mais je le vois lorgner une épée posée contre un mur non loin. Non ! Il est hors de question qu’il l’atteigne ! Je manœuvre habilement pour m’interposer, et lui porte un nouveau coup, à la poitrine, cette fois. Je l’ai voulu léger, inoffensif, mais ma lame ne rencontre aucune résistance : il ne porte ni plastron de cuir, ni cotte de mailles… Quelle est cette folie ?
Nous sommes là, tous les deux. Lui, désarmé, acculé par mon épée. Moi, incapable de porter le coup fatal qui sauvera Jeor. Je ne peux croire que l’amitié, l’amour, qu’il m’a un jour porté ait disparu à jamais. Alors, j’abats ma dernière carte :
– Cela ne vous suffit pas d’avoir laissé mourir ma sœur ? Vous voulez également m’enlever mon fils, me tuer, moi… et votre enfant par la même occasion ?
L’incompréhension se peint sur son visage… Chacun son tour ! Mais il se reprend aussitôt :
– Quoi, mon fils ? Ferrego n’est pas là, et il n’a rien à voir dans cette histoire !
– Ce n’est pas de lui que je parle…
Je baisse les yeux, de façon suffisamment éloquente. L’incompréhension laisse place à la stupeur, et Volken tombe à genoux, le souffle court.
– Mon enfant, vous êtes sûre ?
– Eh bien… Même si le doute subsiste, mon cœur me dit que c’est le vôtre.
Il a l’air plus sonné encore que je ne pouvais l’espérer. Aussitôt, je m’élance pour aller lui arracher l’antidote. Mais il n’y rien sous sa chemise. Rien qu’un pauvre morceau de parchemin. Pas de fiole. Pas de remède.
Horrifiée, je fixe Volken dans une supplication muette. Il me saisit alors le poignet et me murmure d’une voix tremblante :
– Il n’y a pas d’antidote, car il n’y a pas de poison… Jamais je n’aurais pu faire cela à votre fils.
L’horreur se mue en un soulagement indicible. Mêlé cependant d’affreux doutes.
– Mais… mais alors, à quoi rime cette mise en scène ?
– Je voulais vous pousser à bout, vous obliger à m’affronter… et à me tuer. Une vie pour une vie : la mienne contre celle de votre sœur, que je n’ai pas réussi à sauver.
Alors, enfin, il se lance dans le récit que j’attends depuis trois jours. Sa voix est mal assurée, les larmes et le poids d’émotions trop intenses menacent de le submerger à chaque instant, et il ne me regarde toujours pas, tandis qu’il me relate tout : son arrivée aux Jumeaux, la présence d’Illirya, son confinement forcé, les Noces pourpres, son acharnement contre le Jeune Loup, la mort de ma sœur, ses tentatives pour la sauver envers et contre tout, son désespoir de ne pas y être parvenu… Il ne m’épargne aucun détail, ce dont je lui suis gré.
– Voilà, conclut-il, je suis désormais à votre merci. J’ai échoué. Vous aviez raison depuis le départ : j’ai préféré la mort à la vie, préféré une vengeance morbide à votre sœur, alors que je vous avais promis… Je sais que vous ne pourrez jamais me pardonner, et moi-même je ne pourrai supporter de vivre une minute de plus dans cette honte qui m’accable. Mourir de votre main est le seul sort qui me semble encore envisageable.
Dans le silence qui s’éternise, il sort le parchemin de sa chemise et reprend :
– Tuez-moi, je vous en supplie, c’est ce qui pourra m’arriver de mieux. N’ayez pas peur, car j’ai écrit ici que ce duel était ma volonté et que vous n’êtes coupable en rien. Ce parchemin, mon testament, vous disculpera.
Je reste interdite, silencieuse, immobile. Se rend-il seulement compte de ce qu’il me demande ? Comment pourrais-je un jour porter la main sur lui ? Peut-être m’en voudra-t-il de la décision que je vais prendre, car elle l’obligera à vivre à jamais dans cette honte qui l’étouffe depuis son retour des Jumeaux. Peut-être préfère-t-il effectivement la mort ? Mais je ne puis m’y résoudre.
Le fracas de mon épée qui tombe au sol retentit dans le silence pesant.
– Vous êtes pardonné, Volken. Comment avez-vous pu oser croire que je préférerais vous voir mourir que de vous accorder mon absolution ? Si ce que vous me dites est vrai, vous n’avez pas trahi votre promesse. Vous avez fait tout ce qui était en votre pouvoir pour la sauver, et, pour cela, je vous suis reconnaissante.
Un nouveau silence.
– Mais plus jamais… Vous m’entendez ? Plus jamais, vous ne me referez vivre une scène pareille ! Avez-vous idée de la façon dont vous venez de maltraiter mes émotions ? Et que ce soit bien clair : j’ai besoin de vous à mes côtés. Nous avons tous besoin de vous. Notre famille, Edrick, moi, vos enfants… Illirya. Vous devez être là pour nous tous.
Volken ne semble pas en revenir d’être toujours en vie. Dans quel état de désespoir devait-il bien être pour en arriver à une telle folie ? Le laissant reprendre ses esprits, je vais délivrer Jeor et lui ôter le cataplasme grossier qui avait été appliqué sur son visage pour faire croire à son empoisonnement. Mon tout petit est complètement groggy, et je prie avec ferveur pour qu’aucun souvenir de cette abominable scène ne lui revienne. J’ai encore peine à croire que Volken ait osé en arriver à de telles extrémités avec un enfant, avec mon enfant, pour les bienfaits de son expiation !
L’empoisonneur est, quant à lui, resté silencieux pendant tout cet échange, et ses yeux emplis de terreur me laissent à penser qu’il n’est pour rien dans cela, qu’on lui a forcé la main sous je ne sais quel prétexte. Volken, enfin, semble sortir de sa torpeur, et propose de me faire raccompagner au château sous bonne garde, mais j’insiste pour qu’il se charge lui-même de la tâche : il me doit bien cela. Avant de me quitter, il souhaite toutefois me remettre son testament, en « souvenir de cette soirée », mais je refuse fermement. De toutes les nuits passées avec lui, c’est bien la dernière dont je veuille me rappeler !
Après un repos peuplé de cauchemars, je suis enfin prête à prendre la mer pour rejoindre l’île aux Ours. M’éloigner de Deathwatch, et de Volken, pour quelques jours ne pourra me faire que du bien. Alysane a déjà quitté le port à bord de son navire. Jeor et moi n’attendons plus qu’Edrick pour lever l’ancre. Il paraît enfin sur le pont de L’Immortel, le pas léger et la mine réjouie. Le voir sourire pour la première fois depuis la mort d’Astréïa me met du baume au cœur. Et j’ai comme l’impression que la jeune Selene Florent, avec qui on l’a vu souvent se promener alentour, n’y est pas pour rien.
Nous faisons une courte escale à Blazetower pour proposer à Andre Ryswell de se joindre à nous, nos familles étant malgré tout très liées, et le nouveau seigneur des lieux nous accorde volontiers cette grâce. Malgré le deuil qui marque mon retour dans ma patrie, rien ne peut m’ôter la joie que j’ai à revoir ces paysages et ces visages familiers qui ont peuplé mon enfance, près de trois ans après que je les ai quittés. Les funérailles sont sobres, à l’image de notre famille, mais pas moins émouvantes.
Mes peines sont encore adoucies, le lendemain, par le retour de ma mère sur l’île, Maege Mormont, digne héritière des ours, au caractère aussi trempé que l’acier de son armure. Les bras et les conseils maternels achèvent de me remettre sur pied, et je lui promets d’être forte, de veiller sur mes enfants, comme elle-même a veillé sur nous.
De son côté, elle ne tarde pas à annoncer à ses bannerets et à ses gens que les Mormont n’ont désormais plus de roi, qu’ils décideront seuls de leur avenir, et qu’elle a en conséquence choisi d’abandonner cette guerre futile qui ne mène qu’à davantage de malheurs. Que les soldats retournent à leurs tâches et à leurs familles, ils vivront à présent loin de ces tourments, bien à l’abri sur notre île.
Edrick profite des jours qu’il nous reste pour aller entreprendre quelques marchands et faire je ne sais trop quoi d’autre en ville. Pour ma part, j’essaie surtout de nouer des liens avec Andre, gardant toujours en tête qu’il est, à mes yeux du moins, toujours suspect. Je m’enquiers de ses volontés pour la politique de son domaine : ne songe-t-il pas à se marier pour affermir sa position ? Ne faudrait-il d’ailleurs pas que ce mariage se fasse avec un de ses voisins, surtout maintenant qu’Edrick ne lui est plus « officiellement » lié ?
Mais, tout ce que j’en obtiens, c’est un éclat de rire. L’Aigle me fait très vite comprendre qu’il n’a que faire de la politique, qu’il n’envisage absolument pas de se marier pour l’instant, que nous autres, Blacksword, serons à jamais sa seconde famille, et qu’il considère Edrick comme son frère. Que ce soit vrai ou qu’il cherche seulement à me rassurer, voilà la grande inconnue dans ce discours !
L’heure arrive bientôt où il nous faut repartir, et je quitte à grand peine mon île. À notre arrivée à Deathwatch, nous constatons que les Florent et Estermont ont bien tenu leur parole d’attendre le retour d’Edrick avant de repartir. J’ai même l’impression qu’ils comptent bien rester encore un bout de temps.
Les choses ont repris leur cours, c’est la sempiternelle séance de doléances qui me rassure sur ce point. En effet, notre cher vieux Kevan vient une nouvelle fois nous faire part des interrogations des paysans : la rumeur de la mort de Robb Stark a enfin atteint nos lointaines contrées, et notre bon peuple se demande donc de quel suzerain nous sommes désormais les vassaux.
Nous répliquons fermement que, de toute façon, depuis la mort de Jorren et le retour d’Edrick Sr, nous n’avions plus de maître et étions libres de nos choix. Mais cela ne semble pas tellement plaire à Andrew Estermont, qui en profite pour nous rappeler que nous devrions placer notre confiance en Stannis Baratheon. « Après tout, n’est-il pas le roi des Sept Couronnes et l’élu de R'hllor ? » Encore ce dieu fumeux venu de l’étranger et qu’adore Illirya ! Décidément, cela devient une manie ! Il mentionne encore un nom étrange, aux consonances exotiques… Quelque chose comme « Azoraï » ? C’est ce que je crois comprendre, en tout cas.
Aussitôt, Kevan est sur le qui-vive. Il demande des explications sur tous ces mots bizarres (explications que je serais aussi grandement reconnaissante d’obtenir !), mais Edrick met un terme à la séance, en congédiant le fermier et en expliquant à Estermont qu’il n’aura pas ce genre de discussion en présence de son peuple. Qu’il est d’ailleurs hors de question que nous fassions allégeance à Stannis par les temps qui courent, que nous avons d’abord besoin de temps pour nous remettre des malheurs qui ont frappé notre famille… Bref, qu’il lui faudra attendre encore un peu avant d’obtenir une réponse de sa part.
Estermont assure toutefois Edrick qu’il n’est pas venu ici poser un ultimatum, qu’il nous laisse, bien sûr, tout le temps dont nous avons besoin pour prendre une décision, etc. Mmmmm… Moi, je sens bien que la petite délégation de Stannis ne quittera pas les lieux avant d’avoir gagné à leur cause une nouveau banneret.
Chapitre 31
Chaque jour qui passe depuis le départ de Volken aux Jumeaux est un supplice de plus. Chaque heure, chaque minute, je dois lutter contre ces angoisses qui me prennent au ventre et occupent tout mon esprit : reviendra-t-il vivant de son entreprise insensée ? Parviendra-t-il à écarter ma sœur et ma mère de sa vengeance funeste ? Un sombre pressentiment m’étreint, et je dois m’absorber corps et âme dans un monceau de tâches futiles pour parvenir à l’oublier.
L’ambiance qui règne au château n’a rien pour égayer mes pensées : Edrick passe ses matinées à broyer du noir dans sa chambre, ses après-midis à s’épuiser aux armes dans la cour et ses soirées à noyer son chagrin dans du mauvais vin. Le mestre s’est fait plus discret encore que d’habitude. Même la Braavienne ne sort plus de sa chambre qu’en de rares occasions et c’est pour nous apparaître la mine défaite, le teint plus pâle que celui d’un cadavre.
Un mois se passe ainsi, entre attente insoutenable, administration du château, gestion des domestiques et entraînement de mes « Oursonnes », la troupe d’élite dont Edrick m’a confié le commandement. Jusqu’au jour où Illirya en personne vient frapper à la porte de mes appartements. Après les politesses d’usage, elle m’expose abruptement le motif de sa visite :
– Lady Lyanna, si vous tenez vraiment à votre sœur, faites en sorte de lui envoyer au plus vite une lettre lui demandant de quitter le front pour venir vous rejoindre. Dites-lui que c’est une question de vie ou de mort.
La surprise m’ôte un instant l’usage de la parole, mais la méfiance refait surface immédiatement :
– Et depuis quand vous préoccupez-vous du bien-être de ma famille ? Pourquoi cet intérêt soudain pour ma sœur ?
– N’allez rien vous imaginer : je ne fais pas ça pour vous, mais pour Volken. Parce qu’il tient à vous, et que je tiens à lui.
Elle me quitte sur ces mots, me laissant plus que perplexe. Dois-je prendre au sérieux la demi-menace qui plane dans son conseil ? Ma sœur est-elle réellement en danger ? Et puis, comment le sait-elle, d’ailleurs ? S’agit-il encore de ces « pouvoirs », ces visions accordées par son Dieu, et dont Volken me rebat les oreilles ? Malheureusement, je n’ai pas vraiment d’autre choix que de la croire, en espérant ne pas tomber dans un piège grossier tendu pour m’évincer ou se venger. Je me précipite donc à la tour du mestre pour envoyer un message à Dacey.
Les semaines suivantes s’écoulent avec d’autant plus de lenteur que mon angoisse a redoublé. Je monte désormais chaque matin à la tour du mestre, guette l’arrivée de la barge dans le port et ne laisse plus passer une seule rumeur sans tenter de la décortiquer, en quête d’un indice sur ce qui se passe plus au sud de nos terres.
Ma grossesse suit son cours, mais j’utilise tout ce qu’il faut de robes amples et d’épaisses fourrures pour la dissimuler. Je me suis promis d’être forte, et cela commence par ne pas donner à voir ce qui pourrait passer pour un état de faiblesse. Je crois d’ailleurs que j’y réussis assez bien.
Enfin, on nous annonce l’arrivée de visiteurs à Deathwatch. Mon cœur bondit, et je me précipite dans la grande salle pour y accueillir Volken… avant de ravaler mon enthousiasme : ce n’est pas le cousin d’Edrick qui revient, mais une délégation d’une petite vingtaine d’hommes portant haut le cerf et le cœur de feu de Stannis Baratheon. Ils sont menés par Andrew Estermont, ancien écuyer et cousin du « roi de Dragonstone », et dans leurs rangs se trouvent quelques visages aux oreilles caractéristiques de la famille Florent.
Ils se montrent assez vagues sur le motif de leur présence, qu’ils nous présentent comme une visite diplomatique, de courtoisie. Cela ne les empêche pas de nous rappeler discrètement que Stannis nous a envoyé une lettre il y a quelques mois de cela, pour réclamer notre allégeance, et que nous n’avons pas daigné y répondre. Je ne sens cependant pas d’animosité particulière dans leurs paroles, et il me semble qu’ils cherchent à faire de nous leurs alliés davantage par la persuasion que par la force. Les voilà donc installés au château durablement.
Deux jours plus tard, on annonce enfin le retour du seigneur Volken à Deathwatch. Je rassemble tout le calme qu’il m’est possible de trouver au fond de moi, puis ordonne à mes domestiques et à ma fidèle Cerrah de me suivre jusqu’au port de la ville, d’où je peux observer la lente remontée de la barge jusqu’à nous. Les entrailles nouées, je vois Volken descendre de l’embarcation. Je ne me rappelle pas l’avoir déjà vu la mine si sombre, pas même le jour où il a appris la mort de son père. Sans un regard pour moi, il fait un signe aux hommes qui l’accompagnent, et ceux-ci entament le déchargement de la barge. À vrai dire, il n’y a pas grand-chose à débarquer : juste un chariot. Juste un cercueil.
Mon cœur s’arrête. Les yeux fixés sur cette macabre apparition, je ne peux réprimer le tremblement qui me saisit soudain. Je sais… Malgré toutes mes espérances, malgré ce que j’aimerais croire encore, je sais. Volken s’est arrêté un instant, et je trouve la force de croasser :
– Vous n’avez rien à me dire ?
Je le vois qui ouvre la bouche, semblant lutter avec lui-même, le regard ancré dans le sol. Puis il se détourne et dirige ses pas vers le château, sans un mot.
– Volken ! Vous ne pouvez pas me laisser là sans rien me dire. Ce silence, c’est pire que tout ! Qui se trouve dans ce cercueil ?
Il pivote lentement vers moi, les yeux toujours baissés, et un murmure à peine audible s’échappe de ses lèvres :
– C’est votre sœur, Lady Dacey Mormont.
Un voile noir obscurcit ma vision. Sonnée, je fixe sans le voir ce chariot maudit qui ne me ramène pas ma sœur, mais seulement son corps. Je sens comme un grand vide qui aspire tout en moi, et je remarque à peine Volken, immobile à quelques pas, silencieux.
Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, debout sur le port, dans un état d’hébétude effrayante. C’est Cerrah qui finit par me sortir de ma torpeur en insistant doucement pour que nous rentrions. Volken a disparu.
Je n’ai pas l’énergie de rejoindre ce château détestable, aussi mon amie m’accompagne-t-elle jusqu’au bois sacré, où je jette toutes mes forces dans de longues prières à la mémoire de ma sœur. Quelques heures plus tard, je me résous à rentrer et à aller affronter la vérité. Cerrah me conduit d’abord à la tour du mestre, où l’on a fait monter son corps, puis nous descendons à la cuisine. Il faut que je sache, j’ai besoin d’apprendre de sa bouche comment cela a pu arriver.
Lorsque j’entre dans la pièce, Volken a déjà commencé le récit de ces deux longs mois aux Jumeaux, sous le regard attentif d’Edrick et de Drake, mais il ne développe pas plus que cela. En quelques phrases, il a résumé le piège tendu par son grand-père au Jeune Loup et à sa suite, le rôle finalement minime qu’il y a pris, et son incapacité à sauver Dacey malgré tous ses efforts. Alors que je le presse de donner davantage de détails – comment ma sœur est-elle morte ? quelles ont été ses tentatives pour la sauver ? comment a-t-il pu laisser faire cela alors qu’il a eu sur place un mois complet pour prévenir ces horreurs ? –, il finit par prendre congé sèchement et me laisser à mes interrogations.
Nous finissons la soirée, Edrick et moi, noyés dans tout l’alcool que nous avons pu trouver.
Je passe ma journée du lendemain à essayer de m’entretenir avec Volken. Ce n’est pas chose aisée, car il évite à tout prix de croiser mon chemin. Je parviens tout de même à obtenir de lui la seule bonne nouvelle de ces derniers jours : ma mère ne se trouvait pas parmi les convives du mariage sanglant des Jumeaux. Apparemment, elle avait quitté Robb Stark pour aller lui chercher des alliés dans les marais qui entourent Salvemer. Je respire un peu mieux. Alors que je m’apprête à envoyer un corbeau à l’île des Ours pour prévenir ma famille, c’est justement une de mes autres sœurs, Alysane, qui déboule au château, visiblement affolée :
– Lyanna, que se passe-t-il ? J’ai reçu un message de Dacey me demandant de me rendre au plus vite auprès de toi. Qu’il y allait de ta vie !
Mon cœur se serre encore davantage. Alors, c’est là toute l’utilité qu’aura eue mon message ? Je m’effondre, en pleurs, dans les bras d’Alysane. Elle est forte, et ne laisse rien paraître de son chagrin lorsque je lui relate les terribles événements. Je l’admire pour cela.
Rapidement, j’annonce à Edrick ma volonté de quitter Deathwatch pour l’île des Ours afin de me rendre aux funérailles de ma sœur. Étonnamment, il me propose de m’accompagner. Il souhaite, dit-il, voir de ses propres yeux la contrée d’où son demi-frère est en partie originaire. Je lui en suis reconnaissante car, après les malheurs qui l’ont frappé et le nombre de proches qu’il a dû lui-même enterrer, cela me touche qu’il trouve encore la force de venir accompagner dans cette épreuve ce qu’il lui reste de famille.
Cependant, il revient vers moi quelques heures plus tard pour m’indiquer qu’il ne pourra pas partir tout de suite, que Volken, à qui il veut confier les rênes du pouvoir en notre absence, lui a demandé un délai de deux ou trois jours supplémentaires. Je songe un instant à quitter Deathwatch sans Edrick pour ne pas attendre davantage, mais le pas qu’il a fait vers moi en cette occasion me convainc d’accepter de différer notre départ.
Dans la journée, j’apprends que maître Merren, le gérant de la maison de commerce, a été victime d’un cambriolage qui a visiblement mal tourné, puisque lui et sa femme y ont trouvé la mort. Décidément, quand le sort s’acharne…
Je profite du temps qu’il me reste avant notre départ pour essayer d’obtenir enfin de Volken le récit complet que je lui réclamais hier, mais c’est peine perdue ! Refusant toujours de croiser mon regard, il se dérobe à mes interrogations, ne veut pas en dire davantage. J’ai beau insister, lui faire part de mon désarroi, de la nécessité absolue pour moi de savoir afin de pouvoir faire mon deuil, rien n’y fait. Confronté à mon obstination, il finit par me promettre de m’en dire plus sous peu. Il me fixera un rendez-vous dès qu’il sera prêt.
Je n’ai pas à ronger mon frein trop longtemps : dès le lendemain, Volken vient me trouver dans mes appartements. Pour pouvoir me faire son récit et m’en apprendre plus, il doit m’emmener dans un endroit où nous sommes susceptibles de courir quelques risques. Il m’enjoint donc de prendre les précautions nécessaires, ce que je m’empresse de faire, endossant ma cotte de mailles et glissant mon épée à ma ceinture. Je ne peux cependant m’empêcher de m’interroger : quelles révélations est-il sur le point de me faire, qu’il ne pourrait me dire en face, là, maintenant ?
Nous quittons subrepticement le château et nous retrouvons à l’endroit même où nous avions passé, des mois plus tôt – ne serait-ce pas même des années ? –, notre première nuit ensemble. La silhouette d’un homme se détache dans l’obscurité, et Volken me le présente aussitôt : il s’agit d’un maître-empoisonneur de Blazetower, apparemment l’un des plus doués de sa catégorie. Cet homme, c’est Volken lui-même qui était allé le chercher chez lui après la mort d’Astréïa, au cas où le duel judiciaire avec les Ryswell n’aurait pas eu lieu : il aurait ainsi servi de preuve providentielle dans l’affaire, en venant témoigner que Roger était bien le commanditaire du meurtre et qu’il lui avait demandé le poison retrouvé plus tard sur sa cousine. Une machination bien évidemment montée de toutes pièces par Volken pour se débarrasser de l’encombrant cousin d’Astréïa.
De plus en plus perplexe, je l’écoute m’exposer tout ceci en me demandant bien quel est le rapport avec la mort de ma sœur. Je trépigne intérieurement, mais j’ai bien garde de n’en rien montrer. Il me semble d’ailleurs que l’empoisonneur n’est pas non plus tout à fait à son aise. Après cette longue présentation, Volken finit par sortir de sa poche un petit champignon, qu’il me présente comme extrêmement vénéneux, capable de provoquer la mort en moins d’une heure. L’incompréhension qui m’habite est à son comble.
Enfin, dans un grand geste théâtral, il ouvre les portes d’une armoire qui se trouve là, et j’y découvre avec horreur mon petit Jeor, bâillonné et ligoté, le teint verdâtre.
Alors que j’esquisse un mouvement pour me précipiter vers lui, Volken s’interpose :
– Ma Lady, c’est ce champignon que nous avons fait ingurgiter à votre fils. Sans antidote, il mourra dans… quoi ? Une dizaine de minutes, c’est cela, mon brave ?
L’empoisonneur acquiesce d’un hochement de tête frénétique. Interdite, je dévisage Volken sans comprendre : comment ? pourquoi ? pourquoi vouloir la mort de mon fils ? pourquoi m’infliger ce nouveau supplice qu’est celui de le voir mourir à petit feu ? Je sens les tentacules de cette angoisse que je ne connais que trop bien se glisser dans mon âme.
– Or, reprend Volken, l’antidote, c’est justement moi qui l’ai. Une simple petite fiole, qui vous permettrait de le sauver.
Il tapote d’un geste suffisant sa chemise, là, juste sous son cœur. Et je n’ai désormais d’yeux que pour cela, ce minuscule espoir qui me rendra la vie de mon fils. Mille pensées me traversent l’esprit, mille pensées qui se bousculent sans que je parvienne à les exprimer.
Saisissant soudain sa lance, celui que je ne considère plus désormais que comme mon tortionnaire se place face à moi :
– Ma Lady, pour récupérer cet antidote, il n’y a qu’un seul moyen, c’est de me vaincre en duel. Alors, seulement, vous pourrez sauver votre fils.
– Mais à quoi rime cette mascarade, Volken ? Avez-vous perdu la tête ? Pourquoi moi ? Pourquoi mon fils ?
La panique fait trembler ma voix, et je ne sais plus très bien où je suis, ce que je fais. Le rictus cruel qui déforme les traits de Volken ne lui ressemble tellement pas…
– Allez, ma Lady, l’heure tourne !
Un seul coup d’œil à Jeor me montre qu’il est au plus mal, qu’il n’y a effectivement pas de temps à perdre, mais je ne peux me résoudre à engager le combat. Mon épée n’a pas quitté son fourreau. Les questions tourbillonnent sous mon crâne. Est-ce la folie qui guide ainsi ce comportement insensé ? Je ne décèle pourtant aucune lueur de démence dans les yeux de Volken, juste une résolution sans faille, terrible. Un sortilège, alors ? Les pouvoirs de la Braavienne sont sans pareil, terrifiants, c’est ce qu’il ne cesse justement de me répéter depuis son retour…
Je reste là, les bras ballants, incapable de murmurer autre chose que :
– Pourquoi ?
– Mais parce que vous n’êtes qu’une faible femme, et qu’il est temps de le prouver ! De montrer au monde que, même pour sauver votre fils, vous serez incapable de me vaincre.
Mon sang ne fait qu’un tour. Un dernier regard à Jeor, et mon épée est dans mes mains. Je m’approche lentement de Volken, qui multiplie encore les railleries, mais ne semble pas vouloir porter le premier coup. J’hésite encore un instant, mais la menace qui pèse sur mon fils finit par me décider. Je ne souhaite pas blesser mon adversaire, seulement récupérer l’antidote. Alors, un mouvement souple, et ma lame s’abat sur son poignet. Sa lance lui saute aussitôt des mains, et je la récupère au vol. Je la rejette aussitôt derrière moi, là où il ne pourra pas la récupérer.
Mais je le vois lorgner une épée posée contre un mur non loin. Non ! Il est hors de question qu’il l’atteigne ! Je manœuvre habilement pour m’interposer, et lui porte un nouveau coup, à la poitrine, cette fois. Je l’ai voulu léger, inoffensif, mais ma lame ne rencontre aucune résistance : il ne porte ni plastron de cuir, ni cotte de mailles… Quelle est cette folie ?
Nous sommes là, tous les deux. Lui, désarmé, acculé par mon épée. Moi, incapable de porter le coup fatal qui sauvera Jeor. Je ne peux croire que l’amitié, l’amour, qu’il m’a un jour porté ait disparu à jamais. Alors, j’abats ma dernière carte :
– Cela ne vous suffit pas d’avoir laissé mourir ma sœur ? Vous voulez également m’enlever mon fils, me tuer, moi… et votre enfant par la même occasion ?
L’incompréhension se peint sur son visage… Chacun son tour ! Mais il se reprend aussitôt :
– Quoi, mon fils ? Ferrego n’est pas là, et il n’a rien à voir dans cette histoire !
– Ce n’est pas de lui que je parle…
Je baisse les yeux, de façon suffisamment éloquente. L’incompréhension laisse place à la stupeur, et Volken tombe à genoux, le souffle court.
– Mon enfant, vous êtes sûre ?
– Eh bien… Même si le doute subsiste, mon cœur me dit que c’est le vôtre.
Il a l’air plus sonné encore que je ne pouvais l’espérer. Aussitôt, je m’élance pour aller lui arracher l’antidote. Mais il n’y rien sous sa chemise. Rien qu’un pauvre morceau de parchemin. Pas de fiole. Pas de remède.
Horrifiée, je fixe Volken dans une supplication muette. Il me saisit alors le poignet et me murmure d’une voix tremblante :
– Il n’y a pas d’antidote, car il n’y a pas de poison… Jamais je n’aurais pu faire cela à votre fils.
L’horreur se mue en un soulagement indicible. Mêlé cependant d’affreux doutes.
– Mais… mais alors, à quoi rime cette mise en scène ?
– Je voulais vous pousser à bout, vous obliger à m’affronter… et à me tuer. Une vie pour une vie : la mienne contre celle de votre sœur, que je n’ai pas réussi à sauver.
Alors, enfin, il se lance dans le récit que j’attends depuis trois jours. Sa voix est mal assurée, les larmes et le poids d’émotions trop intenses menacent de le submerger à chaque instant, et il ne me regarde toujours pas, tandis qu’il me relate tout : son arrivée aux Jumeaux, la présence d’Illirya, son confinement forcé, les Noces pourpres, son acharnement contre le Jeune Loup, la mort de ma sœur, ses tentatives pour la sauver envers et contre tout, son désespoir de ne pas y être parvenu… Il ne m’épargne aucun détail, ce dont je lui suis gré.
– Voilà, conclut-il, je suis désormais à votre merci. J’ai échoué. Vous aviez raison depuis le départ : j’ai préféré la mort à la vie, préféré une vengeance morbide à votre sœur, alors que je vous avais promis… Je sais que vous ne pourrez jamais me pardonner, et moi-même je ne pourrai supporter de vivre une minute de plus dans cette honte qui m’accable. Mourir de votre main est le seul sort qui me semble encore envisageable.
Dans le silence qui s’éternise, il sort le parchemin de sa chemise et reprend :
– Tuez-moi, je vous en supplie, c’est ce qui pourra m’arriver de mieux. N’ayez pas peur, car j’ai écrit ici que ce duel était ma volonté et que vous n’êtes coupable en rien. Ce parchemin, mon testament, vous disculpera.
Je reste interdite, silencieuse, immobile. Se rend-il seulement compte de ce qu’il me demande ? Comment pourrais-je un jour porter la main sur lui ? Peut-être m’en voudra-t-il de la décision que je vais prendre, car elle l’obligera à vivre à jamais dans cette honte qui l’étouffe depuis son retour des Jumeaux. Peut-être préfère-t-il effectivement la mort ? Mais je ne puis m’y résoudre.
Le fracas de mon épée qui tombe au sol retentit dans le silence pesant.
– Vous êtes pardonné, Volken. Comment avez-vous pu oser croire que je préférerais vous voir mourir que de vous accorder mon absolution ? Si ce que vous me dites est vrai, vous n’avez pas trahi votre promesse. Vous avez fait tout ce qui était en votre pouvoir pour la sauver, et, pour cela, je vous suis reconnaissante.
Un nouveau silence.
– Mais plus jamais… Vous m’entendez ? Plus jamais, vous ne me referez vivre une scène pareille ! Avez-vous idée de la façon dont vous venez de maltraiter mes émotions ? Et que ce soit bien clair : j’ai besoin de vous à mes côtés. Nous avons tous besoin de vous. Notre famille, Edrick, moi, vos enfants… Illirya. Vous devez être là pour nous tous.
Volken ne semble pas en revenir d’être toujours en vie. Dans quel état de désespoir devait-il bien être pour en arriver à une telle folie ? Le laissant reprendre ses esprits, je vais délivrer Jeor et lui ôter le cataplasme grossier qui avait été appliqué sur son visage pour faire croire à son empoisonnement. Mon tout petit est complètement groggy, et je prie avec ferveur pour qu’aucun souvenir de cette abominable scène ne lui revienne. J’ai encore peine à croire que Volken ait osé en arriver à de telles extrémités avec un enfant, avec mon enfant, pour les bienfaits de son expiation !
L’empoisonneur est, quant à lui, resté silencieux pendant tout cet échange, et ses yeux emplis de terreur me laissent à penser qu’il n’est pour rien dans cela, qu’on lui a forcé la main sous je ne sais quel prétexte. Volken, enfin, semble sortir de sa torpeur, et propose de me faire raccompagner au château sous bonne garde, mais j’insiste pour qu’il se charge lui-même de la tâche : il me doit bien cela. Avant de me quitter, il souhaite toutefois me remettre son testament, en « souvenir de cette soirée », mais je refuse fermement. De toutes les nuits passées avec lui, c’est bien la dernière dont je veuille me rappeler !
Après un repos peuplé de cauchemars, je suis enfin prête à prendre la mer pour rejoindre l’île aux Ours. M’éloigner de Deathwatch, et de Volken, pour quelques jours ne pourra me faire que du bien. Alysane a déjà quitté le port à bord de son navire. Jeor et moi n’attendons plus qu’Edrick pour lever l’ancre. Il paraît enfin sur le pont de L’Immortel, le pas léger et la mine réjouie. Le voir sourire pour la première fois depuis la mort d’Astréïa me met du baume au cœur. Et j’ai comme l’impression que la jeune Selene Florent, avec qui on l’a vu souvent se promener alentour, n’y est pas pour rien.
Nous faisons une courte escale à Blazetower pour proposer à Andre Ryswell de se joindre à nous, nos familles étant malgré tout très liées, et le nouveau seigneur des lieux nous accorde volontiers cette grâce. Malgré le deuil qui marque mon retour dans ma patrie, rien ne peut m’ôter la joie que j’ai à revoir ces paysages et ces visages familiers qui ont peuplé mon enfance, près de trois ans après que je les ai quittés. Les funérailles sont sobres, à l’image de notre famille, mais pas moins émouvantes.
Mes peines sont encore adoucies, le lendemain, par le retour de ma mère sur l’île, Maege Mormont, digne héritière des ours, au caractère aussi trempé que l’acier de son armure. Les bras et les conseils maternels achèvent de me remettre sur pied, et je lui promets d’être forte, de veiller sur mes enfants, comme elle-même a veillé sur nous.
De son côté, elle ne tarde pas à annoncer à ses bannerets et à ses gens que les Mormont n’ont désormais plus de roi, qu’ils décideront seuls de leur avenir, et qu’elle a en conséquence choisi d’abandonner cette guerre futile qui ne mène qu’à davantage de malheurs. Que les soldats retournent à leurs tâches et à leurs familles, ils vivront à présent loin de ces tourments, bien à l’abri sur notre île.
Edrick profite des jours qu’il nous reste pour aller entreprendre quelques marchands et faire je ne sais trop quoi d’autre en ville. Pour ma part, j’essaie surtout de nouer des liens avec Andre, gardant toujours en tête qu’il est, à mes yeux du moins, toujours suspect. Je m’enquiers de ses volontés pour la politique de son domaine : ne songe-t-il pas à se marier pour affermir sa position ? Ne faudrait-il d’ailleurs pas que ce mariage se fasse avec un de ses voisins, surtout maintenant qu’Edrick ne lui est plus « officiellement » lié ?
Mais, tout ce que j’en obtiens, c’est un éclat de rire. L’Aigle me fait très vite comprendre qu’il n’a que faire de la politique, qu’il n’envisage absolument pas de se marier pour l’instant, que nous autres, Blacksword, serons à jamais sa seconde famille, et qu’il considère Edrick comme son frère. Que ce soit vrai ou qu’il cherche seulement à me rassurer, voilà la grande inconnue dans ce discours !
L’heure arrive bientôt où il nous faut repartir, et je quitte à grand peine mon île. À notre arrivée à Deathwatch, nous constatons que les Florent et Estermont ont bien tenu leur parole d’attendre le retour d’Edrick avant de repartir. J’ai même l’impression qu’ils comptent bien rester encore un bout de temps.
Les choses ont repris leur cours, c’est la sempiternelle séance de doléances qui me rassure sur ce point. En effet, notre cher vieux Kevan vient une nouvelle fois nous faire part des interrogations des paysans : la rumeur de la mort de Robb Stark a enfin atteint nos lointaines contrées, et notre bon peuple se demande donc de quel suzerain nous sommes désormais les vassaux.
Nous répliquons fermement que, de toute façon, depuis la mort de Jorren et le retour d’Edrick Sr, nous n’avions plus de maître et étions libres de nos choix. Mais cela ne semble pas tellement plaire à Andrew Estermont, qui en profite pour nous rappeler que nous devrions placer notre confiance en Stannis Baratheon. « Après tout, n’est-il pas le roi des Sept Couronnes et l’élu de R'hllor ? » Encore ce dieu fumeux venu de l’étranger et qu’adore Illirya ! Décidément, cela devient une manie ! Il mentionne encore un nom étrange, aux consonances exotiques… Quelque chose comme « Azoraï » ? C’est ce que je crois comprendre, en tout cas.
Aussitôt, Kevan est sur le qui-vive. Il demande des explications sur tous ces mots bizarres (explications que je serais aussi grandement reconnaissante d’obtenir !), mais Edrick met un terme à la séance, en congédiant le fermier et en expliquant à Estermont qu’il n’aura pas ce genre de discussion en présence de son peuple. Qu’il est d’ailleurs hors de question que nous fassions allégeance à Stannis par les temps qui courent, que nous avons d’abord besoin de temps pour nous remettre des malheurs qui ont frappé notre famille… Bref, qu’il lui faudra attendre encore un peu avant d’obtenir une réponse de sa part.
Estermont assure toutefois Edrick qu’il n’est pas venu ici poser un ultimatum, qu’il nous laisse, bien sûr, tout le temps dont nous avons besoin pour prendre une décision, etc. Mmmmm… Moi, je sens bien que la petite délégation de Stannis ne quittera pas les lieux avant d’avoir gagné à leur cause une nouveau banneret.
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- pelon
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
la scène entre volken et lyanna devait être intense
- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
je confirme...
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)
- lolthefol
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
Mince je suis entrain de réaliser que ça va devenir compliquer de suivre votre CR, si vous continuez à avancer dans l'histoire. 

- le Zakhan Noir
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Re: [CR] [Trône de fer - Chroniques de Barrowlands]
ah oui, on va pas tarder à dépasser la série TV là
Si tu n'as pas lu les bouquins, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
La mauvaise, c'est que tu ne pourras plus suivre les CV sans subir d'abominables spoilers.
La bonne, c'est que tu peux ... lire les bouquins et te délecter! Parce que si tu aimes nos CR qui sont un peu l'imitation made in Taiwan du beaujolais, tu vas forcément adorer le grand crû bourguignon du père G.R.R Martin!
Si tu n'as pas lu les bouquins, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle.
La mauvaise, c'est que tu ne pourras plus suivre les CV sans subir d'abominables spoilers.
La bonne, c'est que tu peux ... lire les bouquins et te délecter! Parce que si tu aimes nos CR qui sont un peu l'imitation made in Taiwan du beaujolais, tu vas forcément adorer le grand crû bourguignon du père G.R.R Martin!
Dernière modification par le Zakhan Noir le lun. avr. 07, 2014 7:52 pm, modifié 1 fois.
Expliquer une blague, c'est comme disséquer une grenouille. On comprend le mécanisme, mais elle n'y survit pas (Mark Twain, un peu modifié)