Page 17 sur 28
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : jeu. nov. 28, 2024 3:39 pm
par rogre
Silenttimo a écrit : ↑jeu. nov. 28, 2024 3:23 pm
rogre a écrit : ↑jeu. nov. 28, 2024 1:27 pm
Allez, j'y reviens.
Le Monde a donc fait les portraits un peu détaillés des « 51 violeurs de Mazan ».
Avant de tenter une synthèse des profils, voyons le cumul en dispersion (le boulot a été fait par des gens qui ont rendu compte du procès). On constate qu’il faut avoir au moins 5 des traits ci-dessous pour potentiellement "en avoir été" : certains traits sont moins négatifs que d'autres, et bien sur ils sont distribuées un peu différemment, mais sur le nombre on peut aligner tout cela. Donc au moins 5 traits de ci-dessous, par accusé.
Il manque une "échelle" de gradation, et il pourrait y avoir 4-5 "familles" d'antécédents, parce que certains sont tout de même sacrément rédhibitoires, et certains d'une grande banalité et courants voire extrêmement courants.
A titre d'exemples, entre 6 (burn-out), 16 (étranger / DOM), 18 (famille nombreuse) d'un côté, et 50 (viol de mineure) 51 (violé par le père), 32 (pédopornographie) ou niveau problèmes mentaux le 43 (schizo) de l'autre côté, il y a tout de même un monde et plusieurs océans qui les séparent !
C'est vrai, il y a des dégrés, mais je me suis contenter de recopier une liste qui énumérait les traits saillants des petits portraits du "Monde". Ce qui est certain, c'est aussi que ces traits sont distribués différemment en nombre. Par exemple, je vois que le trait le plus représenté est "Divorcé" 18/51, tandis que "Cannabis" est à 12/51, "Violé dans l'enfance" à 9/51, "Cocaïne " à 2/51, et "Burn-out" à 1/51.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : jeu. nov. 28, 2024 4:03 pm
par Cryoban
On pourrait sans doute dressez la même liste pour le profil des gardiens de camps de concentrations pendant la seconde guerre mondiale...et si on accepte la théorie de Annah Arendt, il faut juste en conclure qu'il n'y a pas de profils types pour ce genre de criminel. Le Mal est un élément du quotidien.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : jeu. nov. 28, 2024 6:16 pm
par Dr Hiatus
rogre a écrit : ↑jeu. nov. 28, 2024 3:39 pm
Silenttimo a écrit : ↑jeu. nov. 28, 2024 3:23 pm
rogre a écrit : ↑jeu. nov. 28, 2024 1:27 pm
Allez, j'y reviens.
Le Monde a donc fait les portraits un peu détaillés des « 51 violeurs de Mazan ».
Avant de tenter une synthèse des profils, voyons le cumul en dispersion (le boulot a été fait par des gens qui ont rendu compte du procès). On constate qu’il faut avoir au moins 5 des traits ci-dessous pour potentiellement "en avoir été" : certains traits sont moins négatifs que d'autres, et bien sur ils sont distribuées un peu différemment, mais sur le nombre on peut aligner tout cela. Donc au moins 5 traits de ci-dessous, par accusé.
Il manque une "échelle" de gradation, et il pourrait y avoir 4-5 "familles" d'antécédents, parce que certains sont tout de même sacrément rédhibitoires, et certains d'une grande banalité et courants voire extrêmement courants.
A titre d'exemples, entre 6 (burn-out), 16 (étranger / DOM), 18 (famille nombreuse) d'un côté, et 50 (viol de mineure) 51 (violé par le père), 32 (pédopornographie) ou niveau problèmes mentaux le 43 (schizo) de l'autre côté, il y a tout de même un monde et plusieurs océans qui les séparent !
C'est vrai, il y a des dégrés, mais je me suis contenter de recopier une liste qui énumérait les traits saillants des petits portraits du "Monde". Ce qui est certain, c'est aussi que ces traits sont distribués différemment en nombre. Par exemple, je vois que le trait le plus représenté est "Divorcé" 18/51, tandis que "Cannabis" est à 12/51, "Violé dans l'enfance" à 9/51, "Cocaïne " à 2/51, et "Burn-out" à 1/51.
J'ai bien l'idée d'un trait qui fait 51/51, mais... nuffsaid.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : jeu. nov. 28, 2024 6:46 pm
par rogre
Ah, je vois avoir oublié de recopier deux traits de plus: Alcoolisme 11/51 et Légion étrangère 1/51. Tableau à au moins 56 entrées, donc.
Noter aussi le trait Emprise 18/51: c'est pour ceux des accusés qui disent être "tombés sous l'emprise" de Pélicot.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 1:19 pm
par rogre
Alors, sur France Culture à l'instant, une journée "viols de Mazan", pour ceux que ça intéresse.
Pour l'instant, hélas, je n'entends, de la part d'intellectuelles que j'aime bien (Hélène Frappat…), que des stupidités.
Par exemple, ces dames (pas d'hommes parmi elles ! bizarre…) "s'étonnent" du fait que les "comptines pour enfants" soient pour la plupart pornographiques, et invitent à l'agression envers les femmes. Indépendamment du fait qu'elles enfoncent une porte ouverte, pas une au micro pour rappeler que ces "comptines pour enfants" n'ont jamais été "pour enfants"! Ce sont des chants militaires de régiments ("Jeanneton prend sa faucille", "Il court il court le furet" (contrepêterie évidente pourtant!), "Mon ami Pierrot", etc…), donc c'est pas pour les gamins! "Culture du viol", oui, mais chez les soudards! So what?
Quant aux mythes rapportés où Zeus "viole" (sic), pas une pour demander à quel point il serait même logiquement possible que "Zeus" soit repoussé… Remplacer "Zeus" par "Dieu", on saisit mieux le caractère vain de l'ignorance de sa nature divine.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 1:27 pm
par rogre
Et, comme l'émission continue, une critique de la "cadavérisation" des femmes par les hommes, sans demander le point de vue d'au moins un homme… C'est vraiment bizarre.
(Vague prise en compte de la "reproduction", mais pas explicitée)
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 2:40 pm
par Macbesse
rogre a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 1:27 pm
Et, comme l'émission continue, une critique de la "cadavérisation" des femmes par les hommes, sans demander le point de vue d'au moins un homme… C'est vraiment bizarre.
D'un autre côté, en général, tu as tout un panel exclusivement masculin sur des questions qui touchent de près au corps des femmes.
Pour ce qui est des comptines, fais une recherche internet sur la manière dont elles sont diffusées, tu les trouveras dans les collections YT pour enfants (pas "Jeanneton prend sa faucille", mais "Au clair de la lune" et "Il court il court le furet", ou "Nous n'irons plus au bois" ou "Savez vous planter des choux", oui, bien sûr). Cela étant dit, et c'est là que les analyses en études culturelles doivent être extrêmement précautionneuses et être attentives à la réception ainsi qu'au sens actuel et non à l'origine, leur sous-entendus sexuels se sont généralement perdus, faute de compréhension possible par leurs récepteurs principaux actuels, voire par leurs parents qui les chantonnent sans penser à mal, comme leurs parents avant eux. Qui sait encore que les lauriers coupés dont la chanson déplore la disparition servaient à dissimuler les amours de la Cour de Versailles ?
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 2:45 pm
par Islayre d'Argolh
rogre a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 1:27 pm
Et, comme l'émission continue, une critique de la "cadavérisation" des femmes par les hommes, sans demander le point de vue d'au moins un homme… C'est vraiment bizarre.
Non c'est une des bases de la logique intersectionnelle : seuls les concernés peuvent traiter "objectivement" d'un sujet donné.
C'est pour ça que dans la pop culture Marvel, par exemple, les films mettant en scène une héroïne sont écrits et réalisés par des femmes, même chose pour les racisés, les LGBT+, etc.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 2:47 pm
par Macbesse
Islayre d'Argolh a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 2:45 pm
Non c'est une des bases de la logique intersectionnelle : seuls les concernés peuvent traiter "objectivement" d'un sujet donné.
La logique intersectionnelle consiste à articuler plusieurs rapports de domination / discriminations. Je ne vois pas vraiment le lien.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 2:59 pm
par Islayre d'Argolh
Macbesse a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 2:47 pm
La logique intersectionnelle consiste à articuler plusieurs rapports de domination / discriminations. Je ne vois pas vraiment le lien.
my bad, je n'ai pas été assez précis parce que je pensais être implicitement compréhensible. Il fallait lire "un des arguments de base de la gauche intersectionnelle".
Et pour le coup, c'est parfaitement dans le thème : c'est le fameux "qui parle ?" qui pars du principe que tu n'es pas entièrement légitime a traiter le sujet d'un rapport de domination/discrimination si tu n'en es pas toi même l'objet.
On voit des ramifications de cette logique sur les sujets des
sensibility readers et autres questions sur l'appropriation culturelle.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 3:15 pm
par Macbesse
Islayre d'Argolh a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 2:59 pm
Macbesse a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 2:47 pm
La logique intersectionnelle consiste à articuler plusieurs rapports de domination / discriminations. Je ne vois pas vraiment le lien.
my bad, je n'ai pas été assez précis parce que je pensais être implicitement compréhensible. Il fallait lire "un des arguments de base de la gauche intersectionnelle".
C'est le problème de l'implicite ; cela dépend beaucoup du destinataire. Quand on me parle d'intersectionnalité, je pense aux études sur, par exemple, l'expérience spécifique des femmes noires du racisme et du sexisme. On part du constat qu'elles vivent le sexisme d'une autre manière que les femmes blanches, et le racisme d'une autre manière que les hommes noirs, et l'on essaye de comprendre comment les deux problèmes s'articulent.
L'expression a hélas acquis une valeur de repoussoir, à la fois à cause de médias conservateurs dont les journalistes n'ont pas beaucoup consulté d'études intersectionnelles et de militants un peu trop enthousiastes, mais Kimberly Crenshaw, à qui l'on doit le concept, est revenue plusieurs fois à la charge pour préciser qu'il ne devait en aucun cas servir à établir une "idéologie identitaire sous stéroïdes", mais bien à penser la multiplicité des facteurs qui affectent les expériences individuelles (classe / âge / assignation à la race / genre / orientation sexuelle / santé...).
Dans le domaine des SHS, les études en intersectionnalité ne font certes pas consensus. Il y a des questions de terminologie (comme il y a des usages militants, on préfère trouver autre chose), et la question de la hiérarchisation des facteurs, qui est le lieu de tous les clivages.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 3:23 pm
par Islayre d'Argolh
Macbesse a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 3:15 pm
C'est le problème de l'implicite ; cela dépend beaucoup du destinataire.
Tout a fait et c'était une erreur de ma part.
Macbesse a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 3:15 pmKimberly Crenshaw, à qui l'on doit le concept, est revenue plusieurs fois à la charge pour préciser qu'il ne devait en aucun cas servir à établir une "idéologie identitaire sous stéroïdes"
Vu l'ambiance actuelle, elle doit être consternée...
Ne jamais sous-estimer la capacité de la caricature (d'un message/concept) a rapidement prendre la place du message/concept d'origine.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 3:41 pm
par Macbesse
Islayre d'Argolh a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 3:23 pm
Macbesse a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 3:15 pmKimberly Crenshaw, à qui l'on doit le concept, est revenue plusieurs fois à la charge pour préciser qu'il ne devait en aucun cas servir à établir une "idéologie identitaire sous stéroïdes"
Vu l'ambiance actuelle, elle doit être consternée...
Ne jamais sous-estimer la capacité de la caricature (d'un message/concept) a rapidement prendre la place du message/concept d'origine.
Si elle a éprouvé le besoin d'y revenir plusieurs fois pour dire qu'on avait dénaturé le concept, c'est certain. Autant elle est inaudible chez la frange conservatrice qui se sert de l'intersectionnalité comme d'un épouvantail, autant elle est respectée du côté des militants pour avoir donné une légitimité scientifique au black feminism. Les usages sont d'ailleurs plus variés du côté des militants - certains versent dans la caricature du concept mais d'autres groupes et individualités sont d'équerre.
Du côté des usages savants du terme, ça reste assez proche de ce qu'elle avait conçu.
Sur la question de la parole des concernées, on a quand-même quelques sociologues de sexe masculin très écoutés, y compris dans le monde militant, et des ouvrages plus anciens très lus (
La domination masculine de Bourdieu, plus récemment Eric Fassin). Je serais donc moins catégorique que toi sur la question, en tout cas quand on arrive dans le domaine de l'analyse. Ce qui a été posé de façon absolue et généralisée, c'est que le fait que les concernés sont les mieux placés pour parler de ce qu'ils ressentent (et ce n'est pas un mal), et que l'on considère qu'ils sont potentiellement des sujets et pas seulement des objets de recherche. Cela ne signifie pas forcément que l'on considère qu'ils sont les mieux placés pour collecter et analyser des données.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 3:58 pm
par Islayre d'Argolh
Macbesse a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 3:41 pmJe serais donc moins catégorique que toi sur la question, en tout cas quand on arrive dans le domaine de l'analyse.
Mon ton était probablement plus catégorique que je ne le suis moi même en réalité (c'est le problème de la prise de parole sur la tribune internet).
Mais il est vrai que mon ressenti (qui vaut ce qu'il vaut) est que les conservateurs/réactionnaires et les "progressistes" sont devenus petit à petit les deux faces d'une même médaille, celle d'une pensée identitaire/racialiste et agonistique.
Ce qui me navre et m'enrage.
Re: Metootwo : une certaine idée de l'autre.
Publié : ven. nov. 29, 2024 4:08 pm
par Cryoban
Macbesse a écrit : ↑ven. nov. 29, 2024 3:15 pm
préciser qu'il ne devait en aucun cas servir à établir une "idéologie identitaire sous stéroïdes"
Je crains que ca soit pourtant la seule définition qui soit resté dans l'esprit de la masse profane...et donc dans celui des électeurs et électrices par exemple.