Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

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haplo
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par haplo »

Une chaîne YouTube du pôle judiciaire de la gendarmerie nationale, avec des explications de leurs méthodes d'enquête, d'analyse, et quelques reportages sur des résolutions de crimes, pour ceux qui aiment le réalisme https://youtube.com/channel/UCw8WjSeQmBGF4mqSpjlPwrw
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Mickey-bis
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par Mickey-bis »

scorpinou a écrit : lun. avr. 12, 2021 8:28 am
KamiSeiTo a écrit : dim. avr. 11, 2021 1:10 pm Perso je ne participe pas mais lis avec plaisir et attention. n_n
Et ça me paraît tout à fait avoir sa place ici, et je vois très bien comment l'utiliser en jeu pour rendre mes mafia plus réaliste et surprendre mes joueurs.

Tout pareil (merci, j'allais dire la même chose  :charmeur )

Continuez (y compris Joker :yes: )
Tout pareil aussi 
(et p'tit coucou privé à @JoKeR  :bierre: )
 
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JoKeR
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par JoKeR »

Mes modestes créations : des 7hex "à la Islayre d'Arghol" :

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Dinho
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par Dinho »

Un grand WOW et un plus grand MERCI pour vos réponses ! Je me permet d'y répondre malgré le retard. Je me permet également de joindre mes excuses si ma passion pour la recherche historique à trop pollué le but initial de cette section, comme mon précédent post avec le lien vers le photographe et les portraits romancés des Kim père et fils, j'ai essayé le plus possible de proposer des pistes directement exploitables pour vos JDR mais pour ne pas les noyer dans mes recherches et mes considérations, je les ai placées en début de ce post et mis le reste en spoiler.

Concernant les portraits de Kim Jwa-jin et son fils Kim Du-han :
JoKeR a écrit : ven. avr. 09, 2021 12:36 am Bon clairement faut pas se fier à ce genre de récits hagiographiques. Pourtant entre les lignes je reconnais un schéma classique de criminels qui médiatise leur lutte contre l'occupant / le tyran / ... pour se faire une légitimité malgré leurs activités
Non clairement pas ^^ D'ailleurs, Rustic Period, le drama qui met en scène sa vie, est un cas d'école en matière d'exagération... et une bonne source d'inspiration pour un Feng Shui à la sauce bulgogi/noir ? Mmh... c'est peut-être plus du tout du Feng Shui...
On parle d'un drama, donc d'un objet avec une trouzaine d'intrigues, de personnages, de retournements de situation, avec en plus des scènes où Kim Du-han défonce une vingtaine de Yakuzas habillés comme des Ronins à mains nues. C'est un buffet à volonté et y en a pour tous les goûts. Autant ceux qui veulent de l'intrigue que ceux qui veulent de l'action pure. Je pense qu'il est possible de le trouver sous-titré sur internet, mais probablement qu'en anglais.

Pour en revenir à la pègre parisienne :

Je vais donc commencer directement par une source d'inspiration pour un JdR se passant dans les milieux de la Pègre parisienne à la Belle-Epoque (au hasard, les As du Crime ou Paname Bicérin de Café Noir ;)) : la chaîne youtube d'un certain Stryge a, entre plusieurs feuilletons audios originaux, fait une série de petites vidéos, principalement sur le thème de la prostitution parisienne (ainsi que sur le Titanic mais bon, vous ferez le tri).
Mon tri à moi ^^ :
En termes d'ambiance je vous recommande celle sur les bals-musettes. Qui vous fourniront également un bon début d'action pour vos PJs qui n'en demandent pas tant : "La Marmite"
Une technique de dépouillage en vogue dans les bals-musettes de la belle époque, consiste pour un proxénète d'envoyer l'une de ses "gagneuse" séduire une cible et l'attirer le plus possible à l'écart. Puis, le proxénète entre en scène et joue les mari jaloux souhaitant infliger une bonne correction au malheureux, le plus loin possible, bien sûr, de la cipal (policiers municipaux payés par les tenanciers d'établissement pour assurer un semblant d'ordre à l'intérieur et aux alentours). Tout le but de l'opération est d'exfiltrer une victime, potentiellement avinée du bal pour la dépouiller tranquillement ensuite.

A l'inverse, en cas de sincère bagarre pour des question d'alcool d'honneur, la tradition (pour les messieurs, les dames se battent aussi beaucoup mais pour elles tous les coups sont permis) veut que l'on s'affronte comme des cerfs en rut par coups de boule interposés jusqu'à ce que l'un (ou les deux) ne se relève pas. Je trouve que c'est une alternative populaire (et moins létale pour vos PJs/PNJs) au duel classique de la bourgeoisie.

Et pour des quiproquos originaux, celle sur les "Boutiques à surprise" (dont on devinera la teneur).
Les problèmes posés par le crime en général dans le JdR sont particulièrement criants pour ce qui est de la prostitution. Je ne veux surtout pas entamer ici un débat, mais les "boutiques à surprise", à savoir des façades pour une activité de prostitution en binôme avec celle de la boutique classique, permettent d'envisager des personnages pour qui se prostituer est un choix pouvant (parfois) ne pas être que dicté par la misère. Ce qui permet d'alléger l'aspect sordide de la chose pour vos PNJs ou PJs.

Je mets la suite du post en spoiler car je vais surtout répondre à JoKer et Olivier.Legrand pour leurs précieuses recherches :)
Spoiler:
JoKeR a écrit : ven. avr. 09, 2021 12:36 am D'autre part il me semble  que les réseaux de contrebande ont accompagné la formation de l'empire colonial français avec un niveau de corruption des administrations coloniales assez fou.

Mais la fin du 2nd Empire et le début de la 3ème republique c'est globalement le même moment donc en terme de période c'est quoi tes dates ?
C'est vrai que je n'ai pas suffisamment précisé la période qui m'intéresse. Je souhaite jouer un scénario que se passerait pendant le siège, puis la Commune de Paris, soit de fin 1870 à début 1871. Ce scénario mets les personnages en contact avec les milieux criminels. Or, j'ai du mal à trouver des informations sur l'état de la pègre à l'époque. Je ne pense pas que la pègre aie joué un rôle particulier pendant la Commune (n'en déplaise à l'historiographie anti-communarde ^^) en raison du caractère bref de l'évènement. En revanche, dans le contexte du siège, celle-ci à forcément été affectée. Mais si je peux déduire les impacts d'un siège sur des milieux criminels (notamment en terme de marché noir), j'aurais voulu en savoir un peu plus sur ce dernier.

J'ai suffisamment de sources et d'inspirations concernant la Belle-Epoque, soit des années 1880s au début de la première guerre. La traite des blanches, les Apaches, tout ça s'inscrit dans ce contexte. Mais 1870 marque une transition plus ou moins brutale entre le 2nd Empire, le vieux Paris et la IIIème République, la Belle-époque et la Paris Haussmanien. Il me manque donc, pour rendre compte de cette transition, de sources sur la pègre parisienne AVANT la belle époque. D'où le fait que j'axe mes recherches sur le 2nd Empire, particulièrement sa fin.
Olivier.Legrand a écrit : ven. avr. 09, 2021 5:02 pm Concernant la pègre parisienne de la fin du 19ème et du début du 20ème, c'est un sujet que je connais assez bien et pour lequel j'ai récemment effectué des recherches plus approfondies pour mon jdra "Les As du Crime" et notamment son supplément "Le Manuel du Parfait Voyou" (tout cela disponible sur La Cour d'Oberon, gratuitement :
http://couroberon.com/site2/les-as-du-crime/)

Niveau références, je vous recommande les divers ouvrages de l'historien Dominique Kalifa (disparu tout récemment, hélas)...
Alors d'abord, un grand merci pour ton message qui s'est avéré passionnant. Pour ce qui est de tes points 1, 2, 3 et 4, qui concernent les années 20 et leurs prémices à la Belle-époque, j'aimerais dire que je suis désolé de ne pas avoir précisé d'avantage la période qui m'intéressait mais en fait j'ai appris tellement de choses que, comme dirait une certaine môme, "Je ne regrette rien" ^^

Merci surtout pour ton lien vers ton supplément, je regrette vraiment d'être passé à côté lors de mes recherches, entre les générateurs de noms de bande, la carte des coins chauds de la capitale et surtout la liste des "situations typiques" qui sont autant de points de départ pour de mini-scenars annexes (ou pas), j'ai vraiment de quoi faire (je risque du coup d'aller voir ce que proposent les autres guides ^^

Concernant Dominique Kalifa, je me suis justement procuré son "Atlas du Crime à Paris : Du Moyen-Âge à nos jours" que je n'ai eu le temps que de feuilleter pour l'instant mais qui s'avère contenir bien plus d'infos sur ma période que ce que je pensais, si ça vous intéresse, je pourrais donc revenir vers vous, quittes à ce que ce soit en MP ;)

Pour ce qui est de ton point n°5
Olivier.Legrand a écrit : ven. avr. 09, 2021 5:02 pm 5) Et puisque nous parlons d'imaginaire... Remontons un peu au 19ème siècle. Depuis les fameuses Mémoires de Vidocq (pas forcément très fiables mais là n'est pas la question...), l'imagination du public français (et plus encore parisien) s'est enflammé pour le monde caché du crime, de la pègre, ce que les Anglais nomment déjà "l'underworld". Balzac et Hugo contribuent à cet engouement : Balzac avec son Vautrin (inspiré de Vidocq mais pas que...), Hugo avec sa fascination pour l'argot et aussi "Les Misérables" (qui contient plusieurs chapitres sur l'argot mais aussi sur la pègre parisienne). Je pourrais aussi citer Eugène Sue, Paul Féval et bien d'autres mais je préfère m'attarder sur Balzac et Hugo qui, à eux seuls, fournissent matière à réflexion :

- Chez Balzac (et chez d'autres), on rencontre les concepts de "basse pègre" et de "haute pègre" - une distinction que l'on trouve également dans les rapports de police de l'époque et qui constitue donc l'ossature de la perception du monde criminel par la police, le grand public etc. La basse pègre est d'abord lié aux fameuses "classes dangereuses"; elle regroupe les voleurs, les détrousseurs, les malfrats, les proxénètes (même si, à l'époque, le proxénétisme n'est pas encore un délit stricto sensu), bref, toute la "faune" des "quartiers" - celle qui parle argot, qui traine la nuit dans les lieux mal famés etc. La "haute pègre", en revanche, est plus difficile à cerner, selon les auteurs, les ouvrages ou les sources qui utilisent ce terme. Tantôt, elle semble désigner les criminels "de la haute" - les escrocs chics mais aussi des voleurs ou des assassins issus de la bonne société, pour lesquels la "misère" ne peut servir d'alibi ou d'excuse (je ne fais que suivre ici les raisonnements de l'époque)... tantôt, elle désigne clairement une espèce d'aristocratie du crime, de "classe dirigeante" au sein du monde criminel, dont la "basse pègre" reconnaitrait plus ou moins l'autorité... Cette "haute pègre" se distingue aussi par ses relations politiques et l'impunité qu'elle en retire souvent. Ces concepts ne se rencontrant pas uniquement dans les romans-feuilletons mais bien dans les rapports de police et autres sources similaires, il semble très invraisemblable qu'ils relèvent d'un simple fantasme. Cette haute-pègre, si vague à cerner, a laissé beaucoup moins de traces dans la presse et la mémoire collective... et reste auréolée de mystère. Pour mémoire, le très populaire roman-feuilleton "Les Habits Noirs" de Paul Féval (années 1860-1870) met en scène une société criminelle secrète, jouissant d'une influence et d'une impunité totale, agissant partout (y compris à Paris) et explicitement (et nommément) associée à la Camorra. Imagination, bien sûr, mais celle-ci ne sort pas non plus de nulle part - et là encore, la difficulté de faire la part du réel et du romanesque laisse une bonne marge de manoeuvre pour les MJ intéressés par ces questions.

- Chez Hugo, dans "Les Misérables", on trouve la fameuse bande "Patron-Minette", un quatuor d'affreux qui sont censés régner en maîtres sur la pègre parisienne - ils forment, dixit l'auteur, "l'entreprise générale des guet-apens" sur Paris et ses environs. Ce sont eux qui tentent de faire la peau à Valjean, avec la complicité de Thénardier, dans le passage resté célèbre où Valjean se brûle lui-même un poignet au fer rouge pour montrer à quel point il est coriace et faire reculer les malfaisants... Les membres de ce quatuor sont des personnages fascinants (comme par exemple le jeune dandy Montparnasse, inspiré du fameux Lacenaire... ou l'inconnaissable Claquesous, dont on apprendra finalement qu'il était peut-être un policier infiltré ou, à tout le moins, un agent provocateur stipendié... le politique n'est jamais très loin du policier, à l'époque) MAIS le rôle que leur donne Hugo montre aussi les limites de sa connaissance du monde de la pègre - et il était sans doute un des auteurs les mieux informés à ce sujet... Je m'explique. D'un côté, cette bande et l'espèce de réseau qui l'entoure suggèrent clairement l'existence non pas d'un "crime organisé" comme on l'entend aujourd'hui mais bien d'une forme de société criminelle, de "monde de l'ombre", d'underworld - Hugo parle à ce sujet du "troisième dessous" de la société... mais de l'autre côté, Hugo semble incapable d'aller trop loin dans l'évocation des réelles activités de ces truands : ils détroussent des gens, rançonnent des captifs, cambriolent des maisons... bref, ils incarnent des peurs de bourgeois et de propriétaires (et je ne dis pas que ces activités ne sont pas graves mais simplement qu'elles constituent vraisemblablement la partie émergée d'un iceberg) mais à aucun moment Hugo ne tombe dans le "vrai" sous-monde hyper-sordide que nous connaissons grâce aux rapports de police et autres sources similaires de l'époque. Ainsi, même si le proxénétisme n'est pas intrinsèquement illégal à l'époque des "Misérables", il constitue déjà une des "vertèbres" économiques de son fameux "troisième dessous"... et Hugo n'en parle jamais. De prostitution, oui, beaucoup (notamment à travers la déchéance du personnage de Fantine) mais de proxénétisme jamais. Fantine est une prostituée sans mac. Elle ne semble pas non plus fréquenter d'autres gagneuses. Les Thénardier sont de véritables ordures... mais pas avec leurs enfants. Certes, ils ont appris à Eponine et à Azelma à voler, à mentir, à les seconder... mais ils ne les ont JAMAIS mis sur le trottoir, sans doute parce que Victor Hugo était incapable d'imaginer qu'un parent puisse prostituer ses propres enfants. Or, la réalité de l'époque est tout autre : à Paris, à Londres etc., au 19ème, les enfants prostitués abondent et leurs proxénètes sont très souvent leurs propres parents... Un "vrai" Thénardier n'aurait pas manqué de "rentabiliser" de la sorte Eponine ou Azelma (ou même Gavroche - là encore, les sources policières sont sans appel) - mais ça, Hugo était manifestement incapable de l'admettre ou de l'imaginer - oui, même lui, l'adversaire farouche du travail des enfants et le "connaisseur" de la misère urbaine...

La distinction de Balzac entre basse-pègre et haute-pègre est très intéressante. En termes de JdR on pourrait presque y voir une progression de carrière comme d'ailleurs la seconde édition de Warhammer semble faire écho avec les carrières criminelles avancées du Bandit de Grand Chemin, du Baron du Crime et du Monte-en-l'air. On retrouve un peu cette idée de criminel professionnel, voir même "d'artiste" du crime.

Quand à la vision de Hugo, que j'ai pas mal sollicitée pour mon scénar, elle est aussi très enrichissante (et je te remercie pour en avoir extrait autant d'informations !!). Il semble de plus en plus que la prostitution soit la colonne vertébrale de la pègre parisienne. Même les si désorganisés Apaches sont contraint d'adopter des formes d'organisation (territoires, budget) pour gérer cette activité.
A cette prostitution je pense que j'irais chercher du côté de la contrebande (et de ses liens avec les colonies comme le suggérait JoKer) voir si il y a là un second domaine qui pourrait caractériser la pègre de l'époque.

Mais on parle là d'activités criminelles qui forcent une certaine organisation, quels que soient les acteurs qui y touchent. Je veux dire qu'il faudra garder à l'esprit que ce n'est pas parce qu'une bande pratique une activité criminelle devant être organisée qu'elle-même a pour vocation d'être une bande organisée (contrairement à ce que semble être la pègre Corse des années 20).

 
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Qui Revient de Loin
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par Qui Revient de Loin »

C’est encore plus de l'histoire de la criminalité que du JDR, mais ça peut servir d'inspi (PNJ, ambiance, scénette): vous pouvez trouver des lettres (sorte de rapports d'enquête) de la police royale du XVIIIe siècle : Paris sous Louis XV : rapports des inspecteurs de police au rois (1757-1777) https://archive.org/details/parissouslouisxv05pito/

On y trouve notamment l'une de mes aïeules/grand-tantes, "chanteuse d'opéra" (voir ci-dessous) qui a su se faire "greluchonnée" par un petit noble et l'épouser ^^

Et sur les "chanteuses d'opéra" de l'époque...
Danseuses de l’Opéra au XIXème siècle : l’envers du décor (Plume d’histoire, 2015)
https://plume-dhistoire.fr/danseuses-de-lopera-au-xixeme-siecle-lenvers-du-decor/ https://histoire-image.org/fr/etudes/traite-planches-prostitution-spectacle 
Portraits de quelques danseuses et chanteuses du XVIIIe siècle: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b64060861/f24.item.zoom
 
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Le blog de mes voyages imaginaires: http://qui.revient.de.loin.blog.free.fr/
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par Cédric Ferrand »

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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par JoKeR »

Je reposte ici un article d'historien posté par @Snorri dans la discussion sur le port d'arme :
 
Prostitution et ruffianage dans les villes de Castille à la fin du Moyen Age
https://halshs.archives-ouvertes.fr/fil ... fiange.pdf
pour remplacer votre guilde de voleurs, et pour en savoir plus sur le port d'arme par les voyous.
Tout est intéressant à mon sens mais ça reste un article universitaire. Donc tout plein d'infos et de détails. Pour celleux qui veulent aller directement à l'aspect crime organisé ça commence vraiment page 10, partie 3 "le monde de la prostitution".

Je relève plusieurs info intéressantes à mon sens, surtout pour sortir des clichés et des simplifications :

- à cette époque et dans cette région la prostitution est règlementée, fiscalisée et regroupée dans des endroits à l'écart du centre des communes, avec les ghetto juif, les tanneries, les léproseries, les quartiers maures, etc.Ca va parfois jusqu'à murer les-dits quartiers, officiellement pour les protéger des exactions ou pour protéger la ville de leur mauvaise influence. Ces quartiers peuvent aussi être soumis à une interdiction du port d'arme.
- les prostituées ne sont pas une seule catégorie ou un seul statut (comme de nos jours cela dit). De multiples raisons peuvent les emmener à faire ce choix, la plupart contraints. Certaines le sont exclusivement et déclarées, d'autres clandestines, d'autres occasionnelles. Malgré la diversité des conditions aucune ne semble "réussir" ce qui indique une grande précarité. Elles sont mises au ban de la sociétés et ne disposent d'aucunes protection significative.
- officiellement elles sont sensées avoir un code vestimentaire restreint et affiché pour qu'on ne les confonde pas avec les "honnêtes femmes" mais le nombre de réactivation ou durcissement de ces règlementations indique que ce n'était que partiellement respecté.
- Les lupanars étaient souvent confiés en monopole à un particulier mais souvent fortement taxé. Au point de devenir la plus grosse rentrée d'argent de certains municipalités ou un enjeu de lutte entre municipalité et seigneurie.
- le proxénétisme était interdit et sévèrement puni (100 coups de fouet, bannissement, amputation du pied, jusqu'à la pendaison en cas de multi récidivisme). La répression s'abattait aussi sur les prostituées. Le nombre de plaintes récurrentes et les durcissements réguliers indiquent une fois de plus que le tout répressif ne suffit pas.
- En effet les rufiants ont des soutiens haut placés (aguazile c'est à dire milice, nobles, officiers, ...) ou même fermiers des taxes sur la prostitution (le fermage consiste pour l'autorité publique à privatiser la perception d'impôts, en gros).
- Ces ruffiants sont nombreux, armés et posent de nombreux problèmes de sécurité sans que les autorités parviennent à empêcher leur présence et leurs activités criminelles de manière significatives.


Comme le dit Snorri il ne faut pas voir dans ces bandes armées et violentes une organisation criminelle aboutie comme une guilde ou une mafia. Il y a soutient de gens haut placés qui ont des intéressements ou emploient ce genre d'individus comme gros bras mais leurs relations sont complètement assymétriques. Le protecteur est le patron et il peut se débarasser d'eux (individuellement, pas l'ensemble du phénomène) quand il l'entend, quand ça l'arrange ou quand ils posent trop de problèmes. Vu qu'il les connait il lui est facile de les accuser et alors même s'il y a procès les jeux sont faits. Lui est un homme honorable, pas eux. Circulez il n'y a rien à voir.
 
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par JoKeR »

J'ai posté un article sur l'affaire du Dr Galati plus haut mais je ne l’avais lu qu'en diagonale, honte à moi. Les informations sont correctes mais l'histoire est tronquée, il manque la fin et des détails de l'affaire. Et comme j'envisage de m'en servir comme base pour un scénar, autant partager cette trame ici.

Contexte :

- 1872, la Sicile et surtout la région de Palerme (La conca de oro : la conque d'or) est un des principaux lieux de productions d'agrumes. La Navy achète des citrons à la tonne pour lutter contre le scorbut, Earl Grey tourne à l'huile de Bergamote et New York alimente l'Amérique du Nord. Bref les affaires prospèrent et un jardin d'agrume c'est un peu un champs de pétrole : ça rapporte 60 fois plus à l'hectar, en moyenne, que les autres productions agricoles de l'île.

- Par contre ça nécessite de complexe et couteux équipement d'irrigation. Donc c'est très vulnérable au sabotage et les propriétaires vivent rarement sur place : il y a beaucoup d'intendant et de gardiens. La mafia, qui s'appelle à priori à cette époque l'Honorable Société et se cache derrière des fraternités religieuses, est née dans ces agrumeraies, avec une importance centrale de ces gardiens et gabelotti (les intendants.

- Tant d'argent ça ne fait pas qu'attiser les convoitise, ça créé tout un eco-système de courtiers, de transporteurs et autres intermédiaires. Au final les fruits sont le plus souvent vendu sur pied, c'est-à-dire avant la récolte. Spéculation, tout ça. Du coup la réputation d'un jardin à honorer ses engagements est primordiales pour le faire fructifier (haha).

- Antonino Giamona est un propriétaire terrien connu est respecté, d'origine modeste. Il est célèbre pour sa participation au soulèvement de Palerme contre les Bourbons et avec Garibaldi au moment de l'unification du pays. Un vrai notable bien en vu, qui a réunis autour de lui des paysans, des chasseurs et des gardiens au sein de la fraternité religieuse des Tertiaires de Saint François d'Assise dont il est le président.
Il a des amis politiques puissants mais il est aussi soupçonné d'avoir ordonné l'assassinat de criminels qu'il avait d'abord accueillit sur son territoire. Et d'avoir participé à des tractations secrète avec un criminel ayant émigré aux Etats-Unis pour échapper à la justice.

- La fraternité a été créée par le Frère Rosario, prêtre, ancien moine capucin et ancien informateur de la police politique des Bourbons. Il est aussi chapelain de la prison locale et sert de messagers entre les prisonniers et le reste de l'organisation (voir du village).

- La Fraternité n'est vraisemblablement que la face publique de la cosca de l'Uditore, la principale bourgade de cette banlieue palermitaine. Ah ! l'Uditore ! Ses vergers, son église, son soleil... Ses 34 assassinats (y compris femmes et enfants) pour874 habitant et pour  la seule année de 1874 !
Et c'est Giamona le boss.

Les faits :

- Le Gardien du Fondo RIella, Benedetto Carollo, est un mafieux de la cosca (pas sûr que la faction mafieuse élémentaire s'appelait déjà une cosca à l'époque) de 'lUditore. Le Fondo Riella est une très belle propriété disposant de quatre hectares de citronniers et autres agrumes, bien irrigué grâce à une pompe motorisée moderne. Le tout à seulement 15 minutes du centre de Palerme. Sa modernisation et une bonne gestion en avait fait une exploitation florissante. Et puis tout à commencé à se dégrader sans explication apparente.

- En fait Carollo détourne 25 à 30 % du prix de vente des récoltes en volant ou en organisant le vol des fruits sur pied. Sans en faire beaucoup de mystères à priori. Du coup le FOndo a mauvaise réputation auprès des courtiers et c'est un cercle vicieux. La propriété perd de sa valeur, l'objectif du mafieux étant sans doute de l'acheter lui-même à vil prix.
Il vole même le charbon de la pompe à moteur. No shame, le mec.

- Le beau frère du Dr Galati, propriétaire du Fondo Riella, reçoit des lettres de menaces qui lui causent de vives angoisses. Quand il apprend qu'elles viennent de Carollo, le gardien et que celui-ci parle ouvertement de son ressentiment envers son employeur et de son intention de s'en prendre à lui, le beau frère fait une crise cardiaque.

- Le Dr Galati est un médecin chirurgien bien en vue de la société palermitaine. Il a une belle clientèle et une bonne réputation. Il hérite en 1872 du Fondo Riella au nom de ses filles et de leur tante, sa belle sœur (on va pas laisser des femmes gérer un truc qui rapporte de l'argent ou hériter en leur nom quand même...).
Galati s'aperçoit que l'affaire est menacée. Son enquête lui révèle peu à peu le jeu trouble du gardien.

- En 1874 Galati décide d'arrêter de se compliquer la vie et cherche à louer l'exploitation comme ça se fait. Carollo n'apprécie pas l'initiative et quand il fait faire le tour du propriétaire il déprécie l'affaire et même jure que ça ne sera jamais ni loué ni vendu. Galati en a marre et le vire et embauche un nouveau gardien.

- Chose étrange plusieurs connaissances de Galati qui n'ont rien à voir avec l'histoire viennent spontanément lui donner leur avis non sollicité et lui conseille de reprendre Carollo. Celui-ci dit à qui veut l'entendre tout le mal qu'il pense du docteur qui lui a retiré le pain de la bouche.

- 2 juillet 1874 : le nouveau gardien est abattu depuis une plate-forme construite derrière le mur d'une propriété voisine (un procédé classique de la mafia à cette époque). Galati envoie son fils faire une déposition au commissariat pour dire ses soupçons vis à vis de Carolo. Le commissaire écoute et fait arrêter deux personnes sans lien avec l'affaire. Et du coup il les relâche bien vite.

- Galati ne se dégonfle pas et embauche un autre gardien. A partir de là il reçoit des lettres de menaces qui l'accusent d'être un "infâme", un "traître", qui a viré un "homme d'honneur" pour le remplacer par un "vil espion". Il s'apercevra bien plus tard qu'il a, à son insu, embauché un membre d'une cosca rivale.

- Galati prend les sept lettres et va voir la police pour accuser Carolo. On lui promet d'agir, on confie l'affaire au même inspecteur qui met deux semaines à convoquer l'ancien gardien et le relâche au bout de deux heures : il ne sait pas écrire et n'a donc pas pu écrire ses lettres. Bien sûr on ne se demande pas s'il a pu demander à quelqu'un de le faire...

- Le docteur décide d'aller voir la justice et de transmettre ses preuve à un magistrat instructeur. La police ne lui rend que 6 lettres, la plus explicite ayant été égarée. C'est ballot.

- Il reçoit des lettres posant un ultimatum : virer le gardien actuel et reprendre Carollo sous une semaine. Il tient bon.

- Une semaine plus tard, janvier 1875, son nouveau gardien est abattu de la même manière. Mais il survit et, transporté à l'hopital, accuse formellement Carollo (pas tout de suite, seulement quand il se croit sur le point de mourir. C'est ce qu'il prétend en tout cas).

- On arrête Carollo ! Galati reçoit des menaces contre lui et sa famille, indiquant comment on le tuera et où : prêt du théâtre. En effet il a un abonnement au théâtre et donc on le surveille. Et on donne des détails de sa déposition, donc il y a un informateur dans l'entourage du magistrat instructeur.
Il tient bon. Il y voit de la panique donc un avantage à lui. Et il se pense protégé par son statut. Néanmoisn il s'arme, se barriquade dans la maison et n'en sort qu'avec deux employés armés.

- Le gardien blessé reçoit la visite d'envoyés de Giamona, le boss de Carollo. Il se retracte, le gardien est relaché faute de preuve, fin de l'affaire.

- Galati fait ses cliques et ses claques dans le plus grand secret et se barre sur le continent avec femmes et enfants sans même prévenir sa clientèle.
Mes modestes créations : des 7hex "à la Islayre d'Arghol" :

Les Derniers jours de la Hague Blanche, du med fan frisqué
De sel et de Sang (WIP), de l'aventure avec du crime organisé "réaliste"
A bord du Transhimeyen, aventure ferroviaire dans le Vastemonde
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rogre
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par rogre »

Cet article, sur les sorciers et autres désenvouteurs, m'a bien fait rire: ce passage est quand même inquiétant; à plus d'un titre je dirais:

"Confronté depuis près de 50 ans aux récits incongrus de «mages» et autres occultistes, l'auteur d'Enquête sur les sorciers et jeteurs de sorts en France aujourd'hui (éds Bussière, 2018) estimait, il y a encore quelques années, à cinq le nombre de sorciers par canton, rien qu'en Bretagne. «Le chiffre d'affaires des magnétiseurs était supérieur à celui des médecins généralistes », avance-t-il. Mais avec la démocratisation des réseaux sociaux, «la parole d'un prix Nobel vaut désormais autant que celle d'un fou. Il était déjà difficile de trouver un réel sorcier, alors maintenant...»
Un «réel» sorcier ? Pour le sociologue, la magie est une réalité. Il cite le cas des Hennec, une famille d'agriculteurs «envoûtée» . «Leurs bestiaux mourraient, subissaient les affres de maladies inexpliquées...» Un beau jour, ils retrouvent chez eux des poupées percées d'épingles. Ils soupçonnent alors le voisin, et recourent à un désenvoûteur. «Un solide gaillard», confie Dominique Camus, à ses côtés durant ses travaux, lors desquels «il enclouait des cœurs d'animaux». Les malheurs n'ont cessé que deux ans de rituels plus tard, «avec la mort du voisin par crise cardiaque»."

https://www.lefigaro.fr/actualite-franc ... e-20210420
La bêtise de surface est plus superficielle que la bêtise des profondeurs. Mais en même temps, elle est moins profonde. C'est le fameux "en même temps". (Goossens)
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JoKeR
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par JoKeR »

Relevé par un ami bien informé sur la cybercriminalité :

Yakusa. Corée du Nord. Hacker. Braquage d'ATM. Plus CyberPun ça devient difficile

 
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haplo
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par haplo »

Sur la cyberciminalité et le fonctionnement des "mafias" de cette discipline, ces diapositives copiées salement sur le concept de "malware as a service" pour vos conspirations, mais avec plein d'exemples de techniques d'exploitation à la fin pour vous la jouer à cyberpunk, de scams pour vos stratégies de hacker, et d'exemples de l'adaptabilité de ces business à la réaction des forces de l'ordre très désorganisées jusqu'à il y a peu sur le sujet :

https://www.cs.auckland.ac.nz/~pgut001/ ... re_biz.pdf

C'est pas tout récent mais il y a des trucs à prendre (et des trucs encore tout à fait actuels dans le procédé).
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Taranto
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par Taranto »

Ce serait typiquement une trame de scénario pour INS si ce n'était pas tragiquement vrai : une loge franc-maçonne, un planton de la DGSE qui se rêve en James Bond, des entrepreneurs véreux, des politiciens magouillards et des gros bras qui croient (?) agir pour l'intérêt supérieur de la nation...

Des contrats criminels déguisés en affaires d'état (lien France Inter)

8| 8| 8|
La nation est une société unie par des illusions sur ses ancêtres et par la haine de ses voisins.
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Inigin
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par Inigin »

terrible, hop escarcelle Kolat pour L5A :yes:
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scorpinou
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par scorpinou »

scenario clé en main... malheureusement réel !
complétement fou
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Altay
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Re: Inspi Magouilles, crime et pas botanique...

Message par Altay »

Si ce genre de fait divers vous plaît, vous devriez trouver votre bonheur dans la moins rocambolesque mais tout aussi ridicule* affaire des paillotes (et l'épisode d'Affaires Sensibles sur France Inter à ce sujet).

* enfin, au moins il n'y a pas eu de mort dans celle-ci.
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