[City of Mist // Solo] L'oiseau de mauvais augure
Publié : mer. déc. 16, 2020 11:46 pm
Trigger warning : attentat !
La ville dort. Oh, bien sûr, elle s’agite. Les néons de Downtown n’ont pas cessé d’éclairer le plafond de mon appartement, les noctambules de passer de bar en bar direction la Vieille Ville et les chauffards de faire crisser leurs pneus sur l’asphalte mouillée, mais toute cette activité se fait les yeux fermés. Ils ne savent pas ce que je sais. S’il le savait, ils n’en dormiraient plus. Moi, je suis éveillé. L’œil grand ouvert.
Avant, j’étais comme eux. Un dormeur. J’avais un job correct, journaliste d’investigation pour le City Herald chargé des affaires de mœurs. Je passais le plus clair de mon temps dans les palaces, le Raddison Blue, le Grand Royal, le Four Seasons, quand ce n’était pas à l’hôtel de ville. Les starlettes défoncées, les hommes d’affaires en combinaison de latex, les politiciens pris dans la main dans le même sac que les types louches qu’ils s’égosillaient à dénoncer durant leur campagne : ce genre de trucs. Et puis il y a eu l’attentat de la Saint-Valentin.
J’enquêtais sur un certain Edmond Malkuth, dont vous avez certainement entendu parler. En bien, j’imagine : c’est un fameux philanthrope. Ce type a monté plus de fondations qu’il me reste de dents et je n’ai rien d’un grand bagarreur. Mais j’avais détecté un truc pas net. Des liens ténus avec les syndicats du crime, une société off-shore, vous voyez le genre. Je flairais quelque chose, peut-être pas le scoop du siècle, mais au moins des doutes suffisants pour éclairer d’une nouvelle lumière cette personnalité bien connue. J’avais lancé quelques informateurs sur cette piste et l’un d’entre eux m’a rappelé pour me dire qu’il avait déposé pour moi un paquet dans notre consigne habituelle de Harper’s, le grand bazar de Downtown. Je pouvais y aller moi-même mais l’enquête avançait bien, j’étais pris par le travail, alors j’ai inventé une excuse bidon et j’ai demandé à ma femme, Syg, d’y passer à ma place avec Kassandra de retour de l’école.
La bombe a explosé alors qu’elles étaient toutes les deux dans le magasin. Leurs corps n’ont jamais été formellement identifiés, tout comme celui de dizaines d’autres victimes, dont mon informateur. Mais leurs vies ont été prises, ça j’en suis sûr. Et la mienne a basculé.
J’avais besoin de savoir, de savoir exactement ce qu’il s’était passé. Qui avait fait le coup ? Qui l’avait commandité ? Alors j’ai enquêté, une enquête méticuleuse, précise, circonstanciée. La version officielle était pleine de trous, je sentais bien qu’il y avait autre chose. Alors j’ai creusé, j’ai creusé, j’ai creusé. Ce que j’ai découvert dépasse l’entendement. Il a d’ailleurs rapidement dépassé celui de mon rédacteur en chef, qui m’a signifié qu’il vaudrait mieux que je prenne quelques semaines, quelques mois, pour « me reconstruire », quand je lui ai présenté l’article que je préparais sur l’attentat. J’y détaillais les résultats de mon enquête, ma conclusion formelle : cette bombe ne peut pas avoir été posée là par un syndicaliste radical comme mon propre journal a pu l’écrire. Hugo Riviera est innocent. Le véritable coupable court toujours et une grande partie des preuves qui l’inculperaient ont été effacées.
Par qui ? Par quoi ? Comment ? Aucune de ces questions ne peut trouver de réponse sans poser l’hypothèse d’une machination en haut lieu, un complot politique au plus haut niveau. Voilà ce que mon enquête révélait, et voilà pourquoi le City Herald m’a dégagé. Sa rédaction contient-elle des membres de la conspiration, ou l’hypothèse était-elle trop lourde pour être seulement envisagée ? Je l’ignore. J’ignore encore beaucoup. Mais mon ignorance n’est rien à côté de celle des dormeurs, des citoyens bienheureux de cette ville qui ne veulent pas voir la vérité.
Le complot est vaste, bien plus vaste que je ne l’imaginais il y a quelques jours encore, et les efforts produits pour le dissimuler ne laissent planer aucun doute quant à son étendue. Toute la ville est sous contrôle d’une dangereuse cabale, prête à tuer pour ses intérêts. Et je vais le prouver à la face du monde. Je vais les dévoiler. Tous, un à un. Voilà ma mission. Tout le monde saura la vérité. Tout le monde saura qui a tué ma femme et ma fille. Les dormeurs vont se réveiller. Je vais les réveiller.
[Amos Avishaï est depuis l’accident habité par le mythos d’un prophète, l’auteur du Livre d’Amos, troisième des « petits prophètes » du Tanakh qui prêchait la vertu et annonçait le jugement. Un type méconnu, peu écouté, sévère et pieux.
Il a deux thèmes pour ce mythos et deux thèmes pour son logos de journaliste d’investigation au chômage traumatisé par la perte de sa famille. Les voici :
Divination : Prophète de mauvais augure. Clés : A. Troisième œil, C. Secrets honteux, I. La vérité blesse. Mystère : « La vérité est-elle si précieuse ? » Faiblesse : A. Seul contre tous.
Expression : Ange du châtiment. Clés : A. Porte-malheur, C. Inéluctable, E. Punir le vice. Mystère : « Cette ville peut-elle vraiment être sauvée ? » Faiblesse : C. Frappe sans distinction.
Événement déclencheur : Frappé par la terreur. Clés : A. Haine du mensonge, G. Terrorisme appliqué, H. Enquêteur prudent (Clé "passe-partout"). Identité : « Plus jamais ça ». Faiblesse : A. Syndrome du survivant.
Mission : Complotiste. Clés : A. Un réseau d’informateurs, B. Effacer ses traces, D. La Cabale des Dix. Identité : « Tout le monde saura ». Faiblesse : A. Paranoïa.]
C'est parti pour une nouvelle expérience solo, dont ne je sais pas du tout où elle nous mènera ! Amos est-il en plein délire paranoïaque, ou au contraire le seul éveillé d'une ville endormie ?
***
La ville dort. Oh, bien sûr, elle s’agite. Les néons de Downtown n’ont pas cessé d’éclairer le plafond de mon appartement, les noctambules de passer de bar en bar direction la Vieille Ville et les chauffards de faire crisser leurs pneus sur l’asphalte mouillée, mais toute cette activité se fait les yeux fermés. Ils ne savent pas ce que je sais. S’il le savait, ils n’en dormiraient plus. Moi, je suis éveillé. L’œil grand ouvert.
Avant, j’étais comme eux. Un dormeur. J’avais un job correct, journaliste d’investigation pour le City Herald chargé des affaires de mœurs. Je passais le plus clair de mon temps dans les palaces, le Raddison Blue, le Grand Royal, le Four Seasons, quand ce n’était pas à l’hôtel de ville. Les starlettes défoncées, les hommes d’affaires en combinaison de latex, les politiciens pris dans la main dans le même sac que les types louches qu’ils s’égosillaient à dénoncer durant leur campagne : ce genre de trucs. Et puis il y a eu l’attentat de la Saint-Valentin.
J’enquêtais sur un certain Edmond Malkuth, dont vous avez certainement entendu parler. En bien, j’imagine : c’est un fameux philanthrope. Ce type a monté plus de fondations qu’il me reste de dents et je n’ai rien d’un grand bagarreur. Mais j’avais détecté un truc pas net. Des liens ténus avec les syndicats du crime, une société off-shore, vous voyez le genre. Je flairais quelque chose, peut-être pas le scoop du siècle, mais au moins des doutes suffisants pour éclairer d’une nouvelle lumière cette personnalité bien connue. J’avais lancé quelques informateurs sur cette piste et l’un d’entre eux m’a rappelé pour me dire qu’il avait déposé pour moi un paquet dans notre consigne habituelle de Harper’s, le grand bazar de Downtown. Je pouvais y aller moi-même mais l’enquête avançait bien, j’étais pris par le travail, alors j’ai inventé une excuse bidon et j’ai demandé à ma femme, Syg, d’y passer à ma place avec Kassandra de retour de l’école.
La bombe a explosé alors qu’elles étaient toutes les deux dans le magasin. Leurs corps n’ont jamais été formellement identifiés, tout comme celui de dizaines d’autres victimes, dont mon informateur. Mais leurs vies ont été prises, ça j’en suis sûr. Et la mienne a basculé.
J’avais besoin de savoir, de savoir exactement ce qu’il s’était passé. Qui avait fait le coup ? Qui l’avait commandité ? Alors j’ai enquêté, une enquête méticuleuse, précise, circonstanciée. La version officielle était pleine de trous, je sentais bien qu’il y avait autre chose. Alors j’ai creusé, j’ai creusé, j’ai creusé. Ce que j’ai découvert dépasse l’entendement. Il a d’ailleurs rapidement dépassé celui de mon rédacteur en chef, qui m’a signifié qu’il vaudrait mieux que je prenne quelques semaines, quelques mois, pour « me reconstruire », quand je lui ai présenté l’article que je préparais sur l’attentat. J’y détaillais les résultats de mon enquête, ma conclusion formelle : cette bombe ne peut pas avoir été posée là par un syndicaliste radical comme mon propre journal a pu l’écrire. Hugo Riviera est innocent. Le véritable coupable court toujours et une grande partie des preuves qui l’inculperaient ont été effacées.
Par qui ? Par quoi ? Comment ? Aucune de ces questions ne peut trouver de réponse sans poser l’hypothèse d’une machination en haut lieu, un complot politique au plus haut niveau. Voilà ce que mon enquête révélait, et voilà pourquoi le City Herald m’a dégagé. Sa rédaction contient-elle des membres de la conspiration, ou l’hypothèse était-elle trop lourde pour être seulement envisagée ? Je l’ignore. J’ignore encore beaucoup. Mais mon ignorance n’est rien à côté de celle des dormeurs, des citoyens bienheureux de cette ville qui ne veulent pas voir la vérité.
Le complot est vaste, bien plus vaste que je ne l’imaginais il y a quelques jours encore, et les efforts produits pour le dissimuler ne laissent planer aucun doute quant à son étendue. Toute la ville est sous contrôle d’une dangereuse cabale, prête à tuer pour ses intérêts. Et je vais le prouver à la face du monde. Je vais les dévoiler. Tous, un à un. Voilà ma mission. Tout le monde saura la vérité. Tout le monde saura qui a tué ma femme et ma fille. Les dormeurs vont se réveiller. Je vais les réveiller.
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[Amos Avishaï est depuis l’accident habité par le mythos d’un prophète, l’auteur du Livre d’Amos, troisième des « petits prophètes » du Tanakh qui prêchait la vertu et annonçait le jugement. Un type méconnu, peu écouté, sévère et pieux.
Il a deux thèmes pour ce mythos et deux thèmes pour son logos de journaliste d’investigation au chômage traumatisé par la perte de sa famille. Les voici :
Divination : Prophète de mauvais augure. Clés : A. Troisième œil, C. Secrets honteux, I. La vérité blesse. Mystère : « La vérité est-elle si précieuse ? » Faiblesse : A. Seul contre tous.
Expression : Ange du châtiment. Clés : A. Porte-malheur, C. Inéluctable, E. Punir le vice. Mystère : « Cette ville peut-elle vraiment être sauvée ? » Faiblesse : C. Frappe sans distinction.
Événement déclencheur : Frappé par la terreur. Clés : A. Haine du mensonge, G. Terrorisme appliqué, H. Enquêteur prudent (Clé "passe-partout"). Identité : « Plus jamais ça ». Faiblesse : A. Syndrome du survivant.
Mission : Complotiste. Clés : A. Un réseau d’informateurs, B. Effacer ses traces, D. La Cabale des Dix. Identité : « Tout le monde saura ». Faiblesse : A. Paranoïa.]
C'est parti pour une nouvelle expérience solo, dont ne je sais pas du tout où elle nous mènera ! Amos est-il en plein délire paranoïaque, ou au contraire le seul éveillé d'une ville endormie ?