JOURS 33 à 35
Les aubergistes se sont enfin décidés à conspirer contre les elfes. Mais à force de ménager la chèvre et le chou, ils doivent mener plusieurs complots à la fois, qui s’entremêlent avec les manigances de certains de leurs alliés.
Le complot de Sigmund I - un nouvel espoir
L'enfaytement de Carmichaël a libéré une place au Conseil des Huit. Des élections sont organisées pour désigner le nouveau représentant du quartier du port. Le vote aura lieu dans quatre jours. Pour l'instant, les candidats se font rares. Sigmund, rendu mégalomane par la lecture des notes de Carmichaël, est tenté... Mais il n'a aucune attache avec ledit quartier. Le hobbit parle de son projet à son associée, l'incontournable Gretella.
La guilmestre ne cache pas sa joie. Elle trouve l'idée de Sigmund excellente. Voilà un quartmestre qui ne s’opposera pas à la confrérie des marchands ! Attendrie, elle se laisse aller à caresser les cheveux du hobbit.
Tu es riche, mon chou ? Je connais un tripot, une minuscule gargote près des quais, qui servait un mauvais tord-boyau aux marins. La Cambuse Immobile, drôle de nom, pas vrai ? Le boui-boui est à vendre. Une histoire de fantôme. Je ne sais pas ce qui a fait le plus peur à la clientèle, le spectre qui hantait les lieux ou les arindëals qui l'ont exorcisé. Mais tu n'as pas peur des morts-vivants et des elfes, toi ! Bref, tu l'achètes, je m'arrange pour qu'on antidate l'acte de vente, et te voilà éligible. Dans la foulée, on enregistre ta candidature. Pour le reste... Le peuple apprécie tes bières et ton passé de résistant. Les elfes ta coopération et ta vigilance. Et moi-même ton ingéniosité et... ton ami serveur. Ha ha ha !
Aussitôt dit, aussitôt fait ! Voilà Sigmund candidat.
Le complot des T*rivel
De son côté, Tanorivel hésite. Tharivel, inquiet de ne pas avoir de réponse, insiste pour qu’il aille voir la reine de la Nariamórien. Les ossements du dragon peuvent sauver le peuple des elfes et, par ricochet, celui du Valseptente. Le demi-elfe soupire. L’amie de sa mère, sa marraine, Oriëne, l’a averti que Brenhaven serait condamnée si les plans d’Aínulaurië arrivaient à leur terme. Impitoyable, cette dernière a éliminé Oriëne et son escorte. Sans doute parce qu’elle défendait la cause de ces mortels dont sa meilleure amie, Serindewen, s’était entichée. La cause de Klaus et de Tanorivel. D’ailleurs, ses dernières paroles ont été pour lui : elle lui a demandé pardon et l’a prié d’alerter la reine des elfes.
Il y a bien deux factions parmi les elfes, dont l’une serait plus raisonnable que l’autre. Ou moins dénuée de scrupule. Il faut parvenir jusqu’à la reine des elfes, au cœur de la Nariamórien, loin, au nord… Pour la prévenir du meurtre d’Oriëne, de la trahison d’Aínulaurië, de l’existence d’une autre solution. Les aubergistes semblent prêts à échanger le dragon et son pouvoir contre la paix. Enfin, surtout Rikke et Rosa, dont la magie a une autre source. Mais la perspective de libérer Brenhaven sans
risquer leurs vies répandre le sang a séduit Sigmund et Morrigan. Tanorivel sait qu’il doit respecter les conseils de son oncle comme les dernières volontés d’Oriëne.
Seulement, les aubergistes ont tant à faire à Brenhaven ! Comment quitter la cité, en ce moment ? Et la laisser entre les mains d’Aínulaurië. Ou sous la menace des ifriers. Ou à la merci des innombrables malandrins que Sigmund a recrutés...
Tharivel sourit. Son neveu et ses amis n’ont pas besoin de quitter Brenhaven pour parcourir la Nariamórien. Ils peuvent parcourir la forêt en rêve. Cela prendra plusieurs nuits, mais il peut les guider… Les aubergistes auront ainsi toute la journée pour conspirer !
Le complot du jour
Les aubergistes ne sont pas certains que leur future audience onirique avec la reine de la forêt porte ses fruits. Le plan paraît un peu… chimérique ! Il leur faut au moins assurer leurs arrières. Et puis, même si leur plan fonctionne, il faudra bien que quelqu’un prenne la relève des elfes, pour que Brenhaven ne tombe pas dans l’anarchie ou soit envahie par les ifriers. Sigmund insiste : la fin de la
Pax Elfica pourrait être désastreuse pour
ses affaires la cité.
En fait, la fine fleur de l’Auberge de l’Épée n’a plus le choix. Elle doit s’assurer du soutien de la population. Notamment Sigmund, qui espère se faire élire quartmestre. Pour cela, les aubergistes doivent prendre le contrôle d’une faction. Voire de plusieurs.
Leurs relations avec les collaborateurs sont fructueuses, cependant ceux-ci n’auront plus aucun pouvoir une fois les elfes partis. Les ifriers se sont révélés infréquentables, même Morrigan en convient, ils sont surtout dirigés par de dangereux druides noirs. Sigmund contrôle déjà la pègre, seulement contre les ifriers, ses
rats ne pourront pas faire grand-chose. Rosa peut libérer les statues vivantes, néanmoins, à l’exception de Berangaria, elles ne seront pas très utiles en cas de siège.
Reste la vieille garde et les réfugiés. Maintenant qu’ils se sont débarrassés de Carmichaël et de Canaan, les aubergistes ont les mains libres. Il ne leur reste plus qu'à les sortir de leurs poches !
En compulsant les notes de Carmichaël, Sigmund a découvert que le
léviathan sadique patron de l'Auberge du Pont comptait s'appuyer sur la vieille garde pour libérer Brenhaven puis en prendre le contrôle. Telgar, ce nain enfayté par les elfes suite à la dénonciation de Rikke, était chargé d'infiltrer la faction. Une nouvelle fois, Sigmund compte récupérer le plan à son profit - après tout, n'est-il lui-même un membre de la vieille garde ? Il fait donc le tour de ses amis vétérans, pour découvrir un peu déconfit que ceux-ci se méfient désormais de l'Auberge de l’Épée, ce repaire notoire de collaborateurs et de balances. Il parvient néanmoins à les convaincre de se réunir le lendemain en fin d'après-midi chez Ambrosia, aux Bains.
Oui, oui, j'apporterai un tonneau de ma meilleure bière.
De leur côté, Tanorivel et Rikke vont pérenniser leur soupe populaire et rallier petit à petit les réfugiés. Morrigan et Rosa s'occupent des affaires courantes.
La première nuit du complot
Tharivel explique aux aubergistes comment parcourir la Nariamórien en songe. Il faut respirer le parfum d’une fleur féérique avant de s’endormir. Puis s’abandonner à un rêve très convaincant de la Nariamórien, laisser son esprit s’enfoncer dans la forêt… Selon la couleur de la fleur qu’il a humée, le voyageur se retrouvera plus ou moins ou moins profondément dans la Nariamórien.
L’oncle de Tanorivel détaille les sept paliers séparant Brenhaven du palais de Maenerin, la reine des elfes : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet. Sentir une fleur rouge ramène à Brenhaven. Les fleurs orange sont… un sujet tabou. Les fleurs jaunes à indigo mènent au cœur de la forêt, de plus en plus près de la capitale. Les fleurs violettes, variantes féériques des primevères, campanules, iris, conduisent directement jusqu’à la capitale des elfes.
Seule les arindeäls connaissent les rituels permettant de conserver le pouvoir des fleurs féériques, une fois coupées et séchées. En tant que capitaine, Tharivel ne dispose que de fleurs rouges et orange. Mais Oriëne a donné à son filleul une bonne quantité de pétales jaunes séchées. Ils auront donc quatre paliers à franchir : vert, bleu, indigo et violet. Toutefois, pour un mortel, traverser plus d’un palier par nuit est dangereux. Son esprit pourrait se perdre et ne jamais retrouver son corps. Leur voyage durera donc au moins quatre nuits.
La première nuitée, les aubergistes doivent atteindre le palier vert. Ils suivent les instructions de Tharivel. Une fois bien au chaud dans leurs lits, ils ne tardent pas à rejoindre la Nariamórien. Leurs corps oniriques ont la même apparence que leurs corps physiques. Ils semblent tout à fait matériels et peuvent interagir avec leur environnement et tous ceux qui sont présents, dans le rêve comme la réalité. Rikke constate à nouveau à quel point ses amis sont d'indécrottable citadins. Elle prend la direction des opérations.
Tharivel met les aubergistes en garde. En théorie, s’il est mortellement blessé en songe, un rêveur se réveille brusquement, sans autres séquelles que celles laissées par une nuit blanche. Toutefois, s’il veut s’enfoncer plus profondément dans la forêt, il ne doit pas seulement inspirer la flagrance d’une fleur de la bonne couleur… Sinon, son prochain rêve le ramènera à son point de départ. Pour poursuivre son périple là où il s’était arrêté, le rêveur, ou plutôt son moi onirique, doit manger la nourriture de la forêt - gibiers, fruits, baies, champignons, racines, etc. - ou boire l’eau de ses rivières. L’inconvénient, c’est que son corps ne fera plus la différence entre le rêve et la réalité. Le voyageur se réveillera donc avec les blessures subies en rêve… Ou ne se réveillera jamais, s’il est tué dans la forêt.
Les
pétochards aubergistes comprennent qu’ils ne risquent pas grand-chose la première nuit, s’ils attendent la fin de l’étape pour se sustenter. Ils mettent cependant un peu de temps à trouver une fleur verte, celle-ci se confondant avec les herbes et les feuilles, mais Rikke finit par dénicher un hellébore de la bonne couleur.
Ils respirent son parfum et se retrouvent au palier suivant, un goût de sève dans la bouche. Il est bientôt l'heure de se lever !
Le complot des jumeaux
Gondrace et Médéric, les deux véritables
barons des rats, doivent jongler entre plusieurs allégeances.
Godefroi, le prévôt, avait déjà découvert leur secret : les jumeaux abusaient de leur ressemblance pour se faire passer pour une seule et même personne et ainsi échapper à la justice. Pendant que l’un commettait un forfait, l’autre lui forgeait un alibi. Pour éviter la potence, les deux frères avaient accepté de jouer les informateurs pour le prévôt.
Depuis la capture de Gondrace par ces fichus aubergistes, les voilà aussi obligés de servir d’hommes de main à un certain hobbit brasseur-alchimiste-cambrioleur ! Un individu riche et sournois - d'indéniables qualités, certes. Ses tendances sociopathes commençaient cependant à causer quelques soucis aux deux scélérats.
Et Godefroi s’impatiente. Obsédé par les arindeäls, il avait chargé les deux frères de voler les recherches que Tobias, l’apothicaire, avait menées pour elles. Après leur échec, il menace de les faire exécuter s’ils ne lui apprennent rien de neuf. Mais comment enquêter; avec ce hobbit sur le dos ? Depuis que Sigmund avait engagé Turdan, se débarrasser de lui était devenu un tantinet suicidaire. À moins que… Ces aubergistes fréquentaient beaucoup d’elfes hauts placés : le capitaine du guet, l’émissaire de la reine. Ils furetaient un peu partout. Ils semblaient en savoir beaucoup… Ou avoir des choses à cacher, en tout cas. Les jumeaux décident donc de précipiter la rencontre entre le prévôt et le
parrain brasseur-alchimiste-cambrioleur. Dans le meilleur des cas, ces deux-là s’entretueraient. Dans le pire, ils se mettraient d’accord sur qui devait leur donner des ordres, ce qui leur simplifierait l’existence !
Gondrace dit à Sigmund que Godefroi souhaite lui parler des elfes - et peut-être lui rappeler pour qui travaillent les
rats. Il lui donne rendez-vous à l'Auberge de l’Épée.
Médéric informe Godefroi que Sigmund veut lui parler des elfes - et sans lui doute annoncer qui est le nouveau maître des
rats. Il lui donne rendez-vous à l'Auberge de l’Épée.
Le complot du prévôt
Sigmund, escorté par Morrigan et Turdan, rencontre donc Godefroi, secondé par un magicien : Mattheus Maggiere. La discussion s'engage. Bien sûr, chacun attend que l'autre révèle ce qu'il sait. Les premiers échanges, laborieux, laissent présager un dialogue de sourds. La situation va-t-elle dégénérer ? Gondrace et Médéric l'espèrent - à leurs yeux, les aubergistes passent pour des brutes sanguinaires ! Mais leur point de vue reste très subjectif... Sigmund et Morrigan se comportent plutôt comme des
petites frappes opportunistes diplomates prudents. Ils comprennent vite que Godefroi peut leur être utile. En confirmant les craintes du prévôt, ils le font parler...
Godefroi, ancien lieutenant du guet, a été promu prévôt en récompense de son indéfectible loyauté à Tancrède, l'actuel margrave. Il n'apprécie pas forcément les elfes, qui usurpent l'autorité du légitime seigneur de Brenhaven - même si ce dernier, bien sûr, profite largement de leur présence, comme les autres collaborateurs.
Mais les ordres sont les ordres !
Le prévôt a longtemps exécuté les basses besognes que les elfes jugeaient indignes d'eux, sans se poser de question. Jusqu'à il y a quelques mois. Il pense avoir été témoin d’une scène impliquant les arindëals, qu’il n’aurait pas dû voir. Elles lui ont confisqué presque tous ses souvenirs de l’événement. Depuis, le prévôt brûle de savoir ce que les elfes cachent... Il est obsédé par le seul mot qui a échappé à son amnésie : que sont les maudrials ? Son ami, Mattheus Maggiere, un illusionniste formé à la capitale, l'aide à retrouver la mémoire. Il a étudié les enchantements des elfes, qui enchâssent les souvenirs arrachés dans des baies dorées.
Morrigan et Sigmund apprennent à Godefroi ce que sont les maudrials. Ils expliquent que les elfes sont prêts à ravager Brenhaven pour faire pousser un de ces fichus arbres magiques. Une alliance paraît opportune.
Un complot est en cours, vous en êtes ? Le prévôt est prêt à participer - et même à leur laisser le contrôle des
rats. Mais à plusieurs conditions. Ils doivent en retour aider Mattheus à restaurer sa mémoire. Et surtout, surtout, ils doivent garantir que Tancrède ne sera pas inquiété après le départ des elfes et restera margrave.
Sigmund fait la grimace. Il a rendez-vous avec la vieille garde, juste après. Il va falloir leur faire passer la pilule ! Pour l'assistance magique, il dépêche Mazélie, leur charmante amie mage. Rosa a déjà du mal à restaurer les esprits de ses sœurs de pierre, alors ceux des humains...
Le complot de Sigmund II - la vieille garde contre-attaque
Les aubergistes se rendent aux Bains en fin d'après-midi. La tenancière de l'établissement, Ambrosia, avait une dette envers eux depuis le démantèlement d'un certain trafic de fleurs féériques - qui aurait pu la faire enfayter, vu les méthodes du prévôt. Elle a accepté d'organiser la réunion de la vieille garde, cette bande hétéroclite de résistants qui a lutté en vain contre le Nécromant. Fondée par les anciens gardes du palais, des soldats d'élite, vite rejoints par d'audacieux citoyens - dont Ambrosia et Sigmund - le groupe comptait à son apogée plus d'une centaine de membres. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'une quarantaine de survivants, en plus ou moins bon état. Ceux-ci se méfient de plus en plus de Tanorivel et de Rikke, et regardent même Sigmund d'un drôle d'œil, du moins quand ils ont le gosier sec. Leurs liens avec les elfes et les collaborateurs ne sont plus un mystère pour personne.
En contemplant ces éclopés et ces
ivrognes bons clients s'installer la salle réservée au sauna, Sigmund se demande pourquoi Carmichaël comptait s'appuyer sur eux. Il relit les notes de
l'immonde crapule l'ancien patron de l'Auberge du Pont. Contrairement aux autres citoyens de Brenhaven, la vieille garde a l'expérience du combat, mais aussi de la clandestinité, des embuscades et des opérations de sabotage. De plus, ils sont bien équipés - leurs armes n'ont pas été confisquées par les elfes - et disposent de nombreux refuges et cachettes en ville : maisons, entrepôts, boutiques, etc. Les notes de Carmichaël évoquent directement certains membres de la vieille garde. Gerhard, le tailleur, a perdu l'usage de ses jambes mais fournit des déguisements à ses camarades voire même des uniformes du guet. Herman, l'un des anciens gardes, travaille comme vigile à la capitainerie, un poste stratégique d'autant qu'il peut endormir ses collègues avec son sorcelet. Sigmund, le brasseur, a quelques connaissances en alchimie et peut fabriquer des fumigènes, dommage qu'il travaille pour Klaus et doive périr.
Hein ? Le hobbit relit le dernier paragraphe en étouffant un juron.
Bref, les estropiés de la vieille garde, considérés par beaucoup comme des perdants, seraient de précieux atouts en d'insurrection. Néanmoins, ils sont trop peu nombreux pour inquiéter l'armée elfe, d'où l'embauche par Carmichaël de nombreux mercenaires. Qui ont été massacrés après la dénonciation de Rikke, tant pis ! Quoiqu'il en soit, Sigmund veut s'assurer du soutien de ses anciens camarades.
Trois sujets sont à l'ordre du jour. Comment chasser l'occupant ? Qui dirigera les opérations ? Que faire une fois les elfes boutés hors du Valseptente ? Sigmund apporte une réponse aux deux premières questions.
L'occupant va partir de lui-même, ou presque. Si, si, un complot est en cours, ne vous inquiétez pas, il y a plusieurs factions chez les elfes, l'une d'elle nous soutient. Pourquoi ? Heu... Je ne peux pas encore le dire pour le moment, mais vous ne le saurez jamais, vous allez me lyncher si je vous dis qu'on va donner la source de notre magie aux elfes le saurez au moment opportun. Ne vous inquiétez pas, c'est nous qui prenons tous les risques. Laissez-nous faire ! Pourquoi croyez-vous que nous frayons avec les elfes et les collaborateurs ? C'est pour mieux les trahir ! Ayez confiance...
L'assemblée hésite. Mais la perspective de voir leur ennemi affaibli par quelque fourberie n'est pas pour lui déplaire. Et puis, la bière de Sigmund rend tout de même son histoire plus crédible. Une majorité accepte de donner du temps aux aubergistes pour que leur fameux complot aille à son terme.
Reste la troisième question ! Et quand il suggère de maintenir Tancrède en place, Sigmund se rend vite compte qu'il n'a pas apporté assez de bière. Conspirer avec des elfes, à la rigueur. S'acoquiner avec les collaborateurs ? Ou même, seulement, leur pardonner ?
Pas question ! Ce traître de Tancrède et sa famille doivent être punis ! Ils méritent la potence, qu'ils soient déjà bien contents si on se contente de les exiler ! Le roi n'a qu'à désigner un autre margrave !
Les aubergistes proposent alors... de renoncer à la révolution et de s'emparer légalement du pouvoir. Après tout, le margrave ne dispose que d'un poste permanent au Conseil des Huit et d'une voix prépondérante, pour résoudre les égalités lors des votes. Il suffit de le mettre en minorité et de donner plus de pouvoir au conseil. Deux quartmestres sont déjà acquis à la cause de la vieille garde : Ambrosia et Klaus. Morrigan se charge de convaincre Owen, le forgeron, son mentor. Ce guildmestre, qui représente une coalition d'artisans, s'efforce de rester neutre mais a voté à quelques reprises pour les propositions d'Ambrosia. De son côté, Tanorivel affirme qu'il peut influencer les votes de Gretella, qui dirige la confrérie des marchands. Plusieurs commentaires grivois fusent, mais Ambrosia y met vite le holà. Il faut cependant s'assurer d'une cinquième voix au Conseil. Pas de problème, c'est prévu, tout est sous contrôle : Sigmund va se faire élire quartmestre du Pont. Il demande le soutien de la vieille garde.
Celle-ci renâcle. Le margrave s'en sortirait quand même trop bien. Mais comme Sigmund promet d'offrir un banquet pour fêter sa victoire aux élections, les vétérans se laissent fléchir.
La deuxième nuit du complot
Pendant la nuit, les aubergistes poursuivent leur périple dans la forêt onirique. D'une prudence confinant à la paranoïa, ils progressent lentement. Le sol se met soudain à trembler : leur route croise celle d'un arch-sylvanien, un arbre vivant d'une centaine de mètres de haut ! Ils s'éparpillent sous les feuillages, pour éviter de se faire écraser, puis mettent un certain temps à se retrouver. Plus de peur que de mal, somme toute !
Rikke n'a qu'à se baisser pour trouver de petites cloches bleues : des campanules. Les comploteurs passent donc un nouveau palier. Ils peuvent se réveiller et retourner à leurs intrigues !
Le complot des majordomes
Pendant que Sigmund mène campagne et que Morrigan tente de concilier les collaborateurs et la vieille garde, les autres aubergistes s'attirent les bonnes grâces des réfugiés. Canaan a laissé un vide, qu'il faut combler ! La soupe populaire de Rikke et Tanorivel leur a déjà assuré une certaine popularité dans le camp. Ils doivent maintenant trouver des relais parmi les réfugiés.
Rikke implique son amie, Brunehilde, qui travaille depuis plusieurs semaines aux cuisines de l'Auberge de l’Épée. Tanorivel retourne voir Lothaire, le complice de la Flèche. L'ancien majordome est à la tête d'un cercle de volontaires, qui aident le héros masqué comme ils le peuvent, notamment en cachant des enfants prodiges. Le demi-elfe demande au norlandais de mettre son réseau à sa disposition : il faut préparer les réfugiés, si un conflit venait à éclater par exemple. Ou si des bienfaiteurs obtenait des elfes une escorte, pour aider les réfugiés qui le souhaitent à retourner en Norlande... Lothaire ne se contente pas d'accepter avec enthousiasme : il fait une étonnante proposition à Tanorivel. La Flèche commence à se faire vieux. Il cherche non pas un acolyte - si Tanorivel pouvait dire à Sigmund d'arrêter de le harceler, ce serait parfait - mais... un successeur !
Lothaire sait que les aubergistes ont sauvé des enfants prodiges et fait fuir Canaan. Il a bien observé Tanorivel, il pourrait être un remplaçant idéal. Le demi-elfe acquiesce. Et se met à réfléchir. Il rassemble toutes les informations que les aubergistes ont pu réunir sur la Flèche. Un humain, qui utilise le collier de glamour de Tharivel pour se faire passer pour un elfe. D'âge mûr, selon les explications de Lothaire. Un idéaliste, mais suffisamment retors pour tromper son monde. L'allié d'un ancien majordome, Lothaire. Qui pourrait faire partie des clients de l'Auberge de l’Épée, ce qui expliquerait une certaine tache de sang, trouvée après que la Flèche ait été blessée.
Bon sang, mais c'est bien sûr ! C'est toujours le majordome qui a fait le coup ! Anthelme, le majordome de la famille Orville ! Tout concorde ! Mais... Tanorivel avait déjà fouillé sa chambre. Aurait-il raté
son test de perception un indice ? Il veut en avoir le cœur net. Il retourne à l'auberge. Le serviteur est là, veillant sur un baron un peu plus sobre qu'à l'ordinaire - sa petite sœur lui rend visite.
Tout sourire, Tanorivel s'approche d'Anthelme et... reste fidèle au
modus operandi des aubergistes : la ruse et la manipulation ! Il lui demande son aide : Rikke et Brunehilde ont besoin que quelqu'un leur apporte des provisions, pour la soupe populaire donnée aux réfugiés. Et un renfort, pour faire le service, ne serait pas de trop. Malheureusement, il a un empêchement : Anthelme peut-il s'en charger à la place ? Le bougre accepte. Pendant qu'il est loin, Tanorivel fouille de nouveau sa chambre. Il explore le moindre recoin. Ne trouvant rien à hauteur d'homme, il monte sur une chaise et tâte les murs. Le demi-elfe finit par sentir du tissu sous ses doigts, là où il devrait y avoir de la pierre. Une cape elfique ! Il découvre une cache contenant des armes, des bottes, un collier, un foulard : l'attirail de la Flèche !
Extatique, Tanorivel attend le retour d'Anthelme pour le confronter. Le majordome ne nie pas. Il est la Flèche. Ou plutôt, il l'était : n'a-t-il pas trouvé un successeur ? Le demi-elfe ne tarde pas à annoncer la nouvelle à ses amis, en commençant par sa belle-mère.
La première chose que fait la nouvelle Flèche, pour essayer sa cape et ses bottes elfiques, est de voler une certaine perle géante. Il ne faut rater aucune occasion de se débarrasser
d'une quête secondaire d'une relique nécromantique.
Le complot de Sigmund III - le retour du margrave
Sigmund s'occupe de son élection. Le hobbit ne se fait pas de soucis. Selon les plans de
l'ogre fétide Carmichaël, se faire élire demande seulement de l'or et il n'en manque pas. Le brasseur mène donc une campagne rapide. Il commence par organiser un banquet gratuit à l'Auberge des Trois Dames. Il paye généreusement Gretella - autant rester dans ses bonnes grâces, l'aide de la cupide collaboratrice s'est révélée maintes fois utile. Le hobbit achète littéralement les voix des habitants du quartier, faisant preuve d’une émouvante prodigalité.
Sa candidature provoque toutefois quelques remous. Tancrède II, l'actuel margrave, veut le rencontrer. Il s'est renseigné auprès des autres collaborateurs. Les retours sont plutôt positifs, mais assez contradictoires. La guidmestre des marchands, Gretella, l'a présenté comme un alchimiste aussi génial qu'adorable, qui plutôt que le plomb sait changer les breuvages en or. Selon le dernier rapport de Godefroi, cette petite crapule vicieuse a fourni de précieux renseignements sur les manigances des elfes, confirmant les soupçons du prévôt. Les arindeäls veulent faire pousser de nouveaux arbres, pour faire de Brenhaven une annexe de leur forêt féérique... Qui n'aurait plus besoin d'un margrave humain !
Bref, Tancrède veut se faire sa propre idée et surtout découvrir si les elfes trament réellement quelque chose. Sigmund et Morrigan vont lui faire la même proposition qu'au prévôt : rejoindre le complot !
La discussion révèle que le margrave est un égoïste sans trop de scrupules, mais plutôt ouvert et tolérant. Un interlocuteur prévisible, voire même fréquentable, selon les critères des deux compères. Tancrède paraît rassuré quand Sigmund évoque une rencontre avec la reine des elfes. Si ces derniers pouvaient quitter la ville d'eux-mêmes, il n'aurait plus à supporter les divagations d'Alasaril. Aux yeux de Morrigan, le margrave paraît toutefois un peu trop sûr de sa position. Le maréchal-ferrant souligne le danger représenté par les ifriers. Tancrède paraît dépassé par la situation. Il demande à Godefroi ce qu'il se passerait si les ifriers attaquaient la ville après le départ des elfes. La réponse du prévôt ne se fait pas attendre.
Nous mourrions. Tous. Si les elfes désenfaytent les hommes du guet avant leur départ, Godefroi ne sait pas combien lui obéiront, mais dans le meilleur des cas... Les soldats ne seraient pas assez nombreux pour repousser les ifriers. Et si les elfes ne les désenfaytent pas, il n'y aurait plus personne pour défendre la ville, faute d'elfe pour les commander. Désemparé, Tancrède se tourne vers Sigmund et Morrigan, s'excusant presque.
Les aubergistes le rassurent : ils n'ont pas plus envie que lui
d'essayer les règles des batailles, pages 372 à 377 de faire la guerre. Ils s'occupent de tout ! Le margrave n'a qu'à tenir sa langue et les laisser faire.
La troisième nuit du complot
Les aubergistes regagnent leurs lits avec un peu d'appréhension. S'ils s'épanouissent dans les manigances diurnes et urbaines, se déplacer en songe dans une Nariamórien de plus en plus étrange ne leur plaît guère. D'autant qu'ils ont atteint le cœur de la forêt, Endawenù comme l'appelle Tharivel. Sous la canopée, dans la pénombre, la réalité vacille, la nature devient fantasque, le rêve peut vite tourner au cauchemar. Leur guide elfe leur répète : « Suivez les pistes argentées ou vous mourrez ». Sigmund ne cache pas son angoisse, même Rikke n'en mène pas large - une forêt n'est pas censée ressembler à ça.
Il faut atteindre le palier indigo, cette fois-ci. Le petit groupe suit un sentier sinueux, qui s'enfonce entre des arbres gigantesques couverts de mousse. Leurs branches obliques s'agitent lentement, sans qu'il y ait un souffle de vent. Une brume épaisse et scintillante stagne à leur pieds, étouffant le bruit de leurs pas. C'est avec un certain soulagement que les aubergistes atteignent une clairière.
Une statue de trois mètres se dresse en son centre. Une reine elfe brandissant une épée, les traits sereins, au sein d'un écrin de verdure, comme si les arbustes l’accueillaient dans leurs bras. Tharivel accorde une petite pause à ses compagnons de route. Lorsque le groupe repart, le voyage devient difficile. Le chemin argenté disparaît presque sous des buissons de ronces, la futaie se fait plus dense, les arbres se rapprochent comme s'ils allaient écraser les voyageurs, les hurlements des loups résonnent près d'eux, les sources se dérobent quand ils essayent de remplir leurs gourdes... Et soudain, ils se retrouvent dans la même clairière.
Rikke interroge Tharivel, qui secoue la tête. Il parcourt la Nariamórien depuis longtemps, il ne lui est jamais rien arrivé de tel. Nerveux, la gorge sèche, les aubergistes repartent. Les troncs noueux ne leur laissent plus qu'un étroit passage, la piste commence à monter, la pente devient raide, la mousse poisseuse qui recouvre les arbres rend tout appui hasardeux. Bien sûr, ils n'aperçoivent aucune fleur de la couleur appropriée. En fait, aucune fleur ne semble pousser ici. Ils retrouvent un terrain plat. La même clairière, encore.
Paniqués, ils accélèrent le pas. La forêt se montre de plus en plus hostile. Rikke doit même utiliser sa magie pour apaiser les animaux sauvages. Un ours énorme s'écarte en grognant, révélant... une clairière, où se dresse toujours la même statue.
Sigmund tombe sur le sol, se recroqueville et commence à pleurer. Tanorivel et Morrigan essayent de lui remonter le moral. Rosa examine la statue, mais celle-ci n'est pas vivante, comme elle. Rikke a soudain une illumination. L'esprit de la reine semble vouloir les retenir. La druidesse organise une cérémonie en bonne et due forme, pour rendre hommage à celle qui est honorée ici. Elle oblige les autres membres du groupe à participer. Rikke promet à la reine que leurs intentions sont pures. Elle est la gardienne du Drac, elle l'a vaincu, pour aider le peuple de la reine elle va leur offrir les ossements de la bête et... La druidesse sent confusément qu'un argument a porté, sans trop savoir pourquoi : leur victoire contre le fantôme du Drac.
Menés par la druidesse, les
boulets aubergistes quittent une nouvelle fois la clairière, sans jamais avoir regardé la base de la statue - sous les arbustes, la reine piétine un dragon, qui lui mord la cheville. Le chemin s'élargit, des fleurs de toutes les couleurs bordent la voie argentée... Parmi elles, Rikke déniche vite des lupins indigo.