Non, ça a été agréable. Crevant, mais agréable. J’ai fait plein de rencontres super et discuté avec des gens que je n’oublierai jamais (dont des superstars du JdR). Et surtout j’ai fait trois belles parties. Enfin, deux surtout, et une qui m’a laissé un goût un peu amer.
Je commence par celle-ci.
Bataille pour Montormel - issue du recueil "Aventures" pour "Coeurs Vaillants".
Samedi 20 heures 30, quatre inconnus se pointent à ma table de Coeurs Vaillants. Je capte rapidement que deux d’entre eux vont poser problème.
Le premier est un type très sûr de lui, très à l’aise, je le sens survolté. Le type qui vient à table pour se défouler. Pas bon.
L’autre est sur la défensive, il ne se sent pas à la hauteur de ses autres copains et ça se voit.
Pourtant j’essaie de mettre tout le monde à l’aise mais rien n’y fait. Le survolté commence par nommer son personnage - un mage elfe - « Atabith Touch ». vous avez bien lu. Je lui fais comprendre gentiment que je désapprouve, voire que je trouve ça incorrect tant vis à vis de moi que de la table, mais il considère ça comme « rigolo ». Bon…
Le joueur sur la défensive se détend un peu. Mais l’ambiance est un peu particulière.
L’aventure que je fais jouer (Bataille pour Montormel) est un peu délicate. Missionnés par les autorités pour récupérer un fugitif les Pjs le poursuivent jusqu’à sa ville natale mais il s’avère que cette dernière subit le siège d’une armée gnolle. Un scénario épique, tendu mais assez poétique et plein d’humanité si les Pjs s’en donnent la peine. Devinez quoi ? Le survolté va orienter le scénario vers un cynisme assez dégueulasse, ou en tout cas empêcher les autres joueurs d’aller dans une direction plus humaine. Je parviens toutefois à poser une ambiance tendue et qui permette aux Pjs de faire vraiment la différence. Il s’arrange pour se barricader dans une tour avec le fugitif et attend que ça passe. Au passage, privée de son défenseur principal la cité est condamnée… Les autres le suivent plus par dépit que par envie. L’un d’entre eux notamment a envie d’héroïsme, mais ne prendra pas le dessus. Les autres sont des suiveurs, ils prennent quelques initiatives mais ne remettront jamais en cause les plans de survolté. Le final reste intéressant, je les ferre sur le toit de la tour et je leur fais affronter des démons invoqués par les gnolls tandis que ces derniers ont fini par grimper et envahissent les lieux.
Mais le bilan est terni par le comportement outrancier, cynique et je m’en foutiste de « survolté ». Pas la pire partie de ma vie mais assurément décevante. Et malaisante. Pas une catastrophe mais elle s’est avérée plus décevante que je ne l’imaginais, or je suis déçu parce que j’aime beaucoup cette aventure.
Au final l’expérience reste positive, je crois que j’ai appris quelque chose et que malgré tout certains joueurs ont passé un bon moment, c’est un peu moins mon cas.
Mes deux « succès » :
Premières Armes, un scénario dans le contexte de Valombre / Les Royaumes de l’Orée. Scénario et moteur de résolution (Coureurs d'Orages) de monsieur Islayre d'Argolh.
Pour celle-là j’ai commis une erreur de débutant : j’ai voulu étoffé le scénario de peur que tout se passe trop vite et de frustrer les joueurs. Dans une configuration ordinaire ça n’aurait pas posé problème mais dans la mesure où la séance ne pouvait durer plus de trois heures (création des persos et explication du background et du système de résolution compris) c’était beaucoup, beaucoup trop juste.
J’ai donc ajouté deux choses : un gang venu de la capitale aux ordres des Valandray (des nobles aussi mauvais qu’intrigants) pour augmenter le niveau de violence en ville et discréditer tant Magnar que ses hommes ET des cultistes
Ça faisait évidemment trop. Du coup nous nous sommes arrêtés après que les Pjs aient affronté les chiens sauvages venus dévorer les hommes de Fort Phalène (Cf. le scénario initial).
Pour autant ce fut une bonne séance. Je crois avoir bien posé l’ambiance low fantasy et GoTesque et surtout les joueurs ont été bons. Ils ont créés des Pjs intéressants et avec un vraie dynamique de groupe de l’humour, de l’entraide et une volonté de se fondre dans le background. A noter que la visite de la ville leur a bien plu. J’ai utilisé la page 8 de De Urbius Graphidibus de John Grümph comme plan de la cité. Ce plan en plus d’être graphiquement très satisfaisant m’a permis de placer plusieurs quartiers très typés, quatre ponts, une cathédrale, un bastion et un château, tout ce dont j’avais besoin.
Je leur ai fait rencontrer plusieurs personnages mémorables dont Magnar, Tête de Brique et Robert Blacksmith
Troisième partie et pas la moins intéressante :
La Promesse. Issue du recueil "Aventures" pour "Coeurs Vaillants".
Toujours une aventure de Coeurs Vaillants mais cette fois avec deux joueurs seulement. Une grande débutante et un ami qui n’avait plus joué depuis bien 20 ans.
Après que nous ayons reçu la visite aussi rapide qu’impromptue d’Anne Vétillard nous voilà lancés. J’explique la créa de perso et le système et hop. D’une facilité et d’une aisance rare. Mes deux amis sont réceptifs quoiqu’un peu timides mais je les sens contents de leur perso et ma prestation en Jehan Petitbuis / Darnazax a l’air de les amuser. Je campe une sort de nerd aussi volubile que malicieux et légèrement asocial. Ils acceptent son marché et nous voilà partis pour entrer dans le temple de la déesse de la nuit, ils ont bien failli y passer deux fois mais les XP et les Points d’Aventure leur ont sauvé la mise. J’ai dû un tout petit peu amoindrir la force de frappe de l’adversité mais rien de honteux.
J’ai le sentiment que mes deux joueurs se sont bien amusés et, ce qui n’est pas pour me déplaire, nous sommes allés jusqu’au bout de l’aventure.
Bilan excellent pour ce coup-ci.
Conclusion : j’étais rouillé et j’ai fait des erreurs de débutant que je ne répéterai pas, espérons-le. Quoi qu’il en soit, j’ai gagné des XP de MJ, et ça ce n’est jamais négligeable. Surtout je prends conscience de deux choses : j’aime incarner des PNJs typés et improviser ne me gêne pas, voire me grise. Voilà longtemps que mon exaltation n’avait pas été plus puissante que ma peur. C’est une drogue dur ce truc !