[7e Mer] l'Hérésie jaraguane

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Mickey-bis
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Mickey-bis »

Casino Royal
 
Alors que nos héros tentent toujours de s’organiser sans se concerter, ils parviennent à demander à Anastagia de prévenir Fulata qu’une entrée est possible par le soupirail de la cave.
 
Kofi et Alceste se chargent d’effectuer l’échange de rançon. Au 2ème étage, un homme au masque de serpent attend patiemment à une table de jeu. Un des hommes d’Allswell tire 3 chaises, pour que puisse s’installer les 2 compères et le capitaine Wynona.
 
Allswell: « Capitaine, tout va bien ? »
Wynona : « Au maximum que la situation le permet. »
Allswell: « Y aurait-il des moins-values à faire valoir ? »
Wynona : « Ils ont été aussi suffisamment courtois. »
Allswell : « Bien, je pars donc du principe que le petit désaccord est maintenant derrière nous. »
Kofi : « Nous sommes des Bébel ! »
Allswell : « Je le sais, néanmoins, vos activités nuisent grandement au développement de la Jaragua. »
Kofi : « Votre humanisme vous perdra, grand argentier ! »
Allswell ne parvient pas à s’empêcher de vérifier que la lettre de la marquise est toujours cachée dans sa manche, et la repousse un peu plus loin.
Allswell : « Il existe encore des domaines où les cloportes volent leur place ! »
Kofi : « Oui, la mer par exemple ! »
Allswell : « Parfaitement ! Et comme vous pouvez le constater, il serait grand temps de la prendre. »
Kofi : « Le coassement des grenouilles n’empêche pas l’éléphant de boire ! »
 
L’échange se fit, non sans une certaine tension dans l’atmosphère.
Almenara, surveillant la scène de loin, se tient prête à ouvrir la porte dérobée pour évacuer ses compagnons du salon de jeu. Alors qu’Alceste et Kofi s’éloignent, elle surprend Wynona et Allswell échanger quelques mots, puis faire un signe de main à des sous-fifres, qui se lèvent et se mettent en filature du marron et du montaginois. Kofi, sans se douter de ce qu’il se trame, apporte sa lettre de gage pour l’échanger contre de la monnaie sonnante et trébuchante.
 
Angélique : « Madame fortune vous a souri aujourd’hui ! »
Kofi : « Certes, mais il aura fallu la supporter plusieurs mois. »
 
Le capitaine de la Cola récupère alors une petite caisse bleue, contenant la somme requise pour la rançon. À ce moment-là, Oki en profite pour bousculer Allswell – qui joue au petit panier – afin de lui subtiliser la lettre de la marquise. Almenara parvient à saisir le regard de Kofi et Alceste, et les prévient qu’ils sont suivis.
 
Alceste se retourne alors, et d’une voix forte hèle le représentant de la Compagnie : « Monsieur Allswell, lorsque la chance est absente et la défaite amère, il est de coutume de faire profil bas ! Veuillez-donc rappeler vos gorilles, et accepter la perte de votre mise ! »
Alors qu’un croupier commence à lui faire la morale, Allswell, penaud, rétorque : « Ce casino est de plus en plus mal fréquenté ! »
Dans le salon, quelques vieilles rombières piaillent sur le manque de courtoisie du capitaine défait, et Wynona, affichant un sourire de dépit, laisse glisser entre ses lèvres : « Je te l’avais dit qu’ils étaient lourds ! ».
 
Une histoire de statut
Oki et Kofi profitent de la situation pour rejoindre Almenara, et passer par la porte dérobée. Tous 3 descendent jusqu’au rez-de-chaussée, et récupèrent leurs armes dans les caisses des musiciens.

Almenara décide du temps qu’il lui reste pour retourner tenter de comprendre ce que trame Boticaro. La comtesse, se trouvant aux côtés de l’escroc l’alchimiste, souhaite qu’il explique la formule qu’il appliquera pour fondre la statue. Fort en baratin, il se lance dans une fumeuse et complexe explication, sur fond d’histoire d’inquisition et de fuite en chaloupe avalée par une baleine. Il est alors interpellé par la castillane.
 
Almenara : « Mais quel génie ! Parmi toutes les formules imaginables, comment avez-vous trouvé la bonne ? »
Boticaro : « Mais voyons ma chère, des décennies de travail ! »
Almera : « Mais quels ouvrages avez-vous consulté pour en arriver là ? »
Boticaro : « Voyons madame … Pas besoin de bibliothèque quand on a la tête bien faite ! Même vous pourriez arriver à le faire ! »
Almenara : « Et où avez-vous étudié pour atteindre l’excellence dont vous faîtes preuve ? »
Boticaro : « En Castille ma chère ! Mais à cause de cette Inquisition de malheur, j’ai dû fuir. Fort heureusement, j’ai pu emporter moult secrets alchimiques. Et je suis transcendé de joie d’avoir vu ces ignares être défaits par l’empire montaginois ! »
Almenara : « Que d’aventures et d’histoires extraordinaires ! Maître Zaccharias n’a pas eu cette chance… »
 
À l’énonciation du nom du grand alchimiste, Enrico Bellard se montre très perturbé. Cependant, sa gêne n’a pas échappé à la comtesse. Tous deux parviennent à échanger quelques mots en chuchotant.
La comtesse : « Y a-t-il un problème cher Boticaro ? »
Boticaro : « Non comtesse, mais celle-là a compris mon imposture. »
 
Les mains de l’escroc tremblant légèrement, Almenara se permet d’en rajouter.
 
Almenara d’un air taquin : « Faites bien attention aux proportions dans vos mélanges ! Et de ne pas vous en verser sur les doigts, certaines réactions pourraient vous blesser ! »
Boticaro particulièrement irrité : « Puisque mademoiselle est défiante, et si Madame la comtesse le veut bien, que quelqu’un nous apporte une partie de la recette pour une démonstration ! »
 
Un signe de main de la comtesse, et voilà qu’une petite caisse bleue contenant une trentaine de pièces arrive prestement.
 
Bellard s’adressant à Almenara : « Je vais vous demander de bien suivre mes instructions ! »
Almenara : « Je suis toujours prête à apprendre ! »
Bellard : « Très bien ! Je vais donc pouvoir vous mettre du plomb dans la tête ! »
 
Le boticario guide alors à la castillane. Les invités peuvent entendre « Mettez un peu de ci ! », « Faites donc cela. », et suivent avec intérêt – mais sans bien saisir toutes les étapes – le processus alchimique. Almenara exécute religieusement les ordres de Bellard, mais, lors de l’ajout des pièces, elle se rend compte qu’elles sont toutes fausses. L’alchimiste de pacotille parvient effectivement à effectuer une fonte à froid, mais sur des pièces en toc ! Au lieu de l’or promis, c’est celui des fous qui est utilisé : de la pyrite !
Une fois la démonstration finie, le public dupé est estomaqué de la « prouesse », et Almenara est raccompagnée par 3 gardes.
 
Pendant qu’Almenara tentait de démasquer l’imposture de Bellard, Kofi et Oki eux tentent d’ouvrir une brèche pour faire passer l’équipage de la Cola et de Fulata – et trouver le moyen de faire sortir le trésor ; Alceste se pris la tête avec Patrice, son compagnon de la Main, pour tenter de le convaincre de s’occuper de la cassette – qui s’avérait être une bombe.

Si près du trésor
Éloignons-nous de ces apprentis terroristes, pour retourner à la cave.
 
Kofi et Oki, face à la fourmilière formée par l’effervescence des employés, avancent avec difficulté. Ils parviennent à dénicher des uniformes dans un vestiaire, ce qui sera plus facile pour se fondre dans la masse.
En arrivant devant la porte de la chambre forte, non loin de la cave, l’activité est assez intense. 6-8 employés s’activent à en sortir des coffres verts (paraissant peser leur pesant de cacahuètes), sous la surveillance d’une marron, la comptable Jacqueline, et de plusieurs agents de sécurité. En dressant l’oreille, ils arrivent à entendre la marron commander « Cela, n’y touchez pas ! », « Laissez ça ici ! Prenez cela ! » ou encore « N’oubliez pas ceux-ci ! ». Ils attendent donc que le groupe d’employés et d’agents de la sécurité s’éloignent.
 
En remontant, les transporteurs de coffres passent juste devant Almenara, entourée de 3 gorilles. Elle profite de ce moment pour réaliser une pirouette-croche-patte à l’un des porteurs, coller un sacré coup de coude à l’un de ses bourreaux, avant de s’enfuir, laissant ses matons pantois. Naviguant, zigzagant, slalomant dans la foule, la castillane parvient à rejoindre la sortie du casino, poursuivie par ses geôliers.
Profitant de la situation chaotique, Patrice – le contact fou d’Alceste – se glisse dans un chariot de service et fend la foule ! Sur le trajet jusqu’à la statue, il glisse la clé dans la serrure de la cassette, enclenchant ainsi le mécanisme de la bombe, puis jette la bombe dans le moule de la statue. Alceste, hébété par l’absurdité de la scène, ne saisit pas encore tout ce qu’il s’est passé.
Néanmoins, il saisit l’occasion qui ne se représentera surement pas, pour approcher encore le Vicomte, en s’annonçant comme étant le gouverneur de Viquemar. Le Vicomte est l’incarnation même du néant, une coquille vide, un benêt … Le convaincre de s’enfuir sur la Cola n’est pas des plus compliqué, de même que lui proposer d’échanger les vêtements pour qu’il puisse s’extirper facilement du casino.
 
Loin de ces remous et mouvements de foules, Kofi et Oki contemplent la porte du coffre-fort être refermée et verrouillée juste devant leur nez … Il va falloir agir vite et discrètement. Oki s’enfonce dans le mur au passage du convoi, Jacqueline passe proche de lui. L’occasion est saisie, le geste rapide et sûr, la clé subtilisée, ouf. En face, Kofi ressort du garde-manger, un jambon à la main. Massue de circonstance, solide de consistance, l’arme improvisée dans ses mains avisées lui permet d’un coup sec d’assommer les 2 gardes restants. Il se précipite ensuite vers la porte qui donne dans l’arrière-cour du casino. Quelle ne fût par sa surprise d’y découvrir une calèche affrétée aux couleurs de l’établissement, le cochet prêt à partir, et au loin, des chiens de garde, devant un portail fermé.

Tomber les masques
Dans le hall, où pénètre Alceste déguisé en Vicomte, le chaos continue de régner. Almenara court, poursuivie par une chenille de 3 gardes, un chariot sans serveur slalome entre les convives paniqués, et soudain, au milieu de ce capharnaüm, des convives jettent leur vêtements et masques en l’air !
 
Une femme, qui portait jusqu’alors le masque de loup, pointe alors un pistolet en l’air :
« Comtesse de mes fesses ! Ou devrais-je dire … Nickie la pirate ? Je te rappelle que tu nous dois tout l’or que tu nous as dérobé ! Ne te donne pas de peine … On va se servir directement dans la statue espèce de morue ! »
La pirate tire dans le tas – 2 invités tombent sous les balles – dégaine son sabre, et continue :
« Tu ne me prends pas au sérieux Nickie ?  Dis donc à tes hommes de ramasser tout ça, et rends ce trésor à la République ! »
La comtesse reste invisible …
La pirate enchaîne : « Nickie, montre-toi ! Plus tu te caches, plus tu auras de sang sur toi ! »
La comtesse, discrètement, s’était glissée derrière Alceste et, l’empoignant, un couteau sous la gorge, rétorque : « Arrêtez donc, ou je tue l’envoyé de l’empereur ! Entre l’empire de Montaigne et la CCA, c’est une guerre qui vous dépassera, et dont vous ne voulez pas ! »
 
Dans la tête d’Almenara les informations cogitent, le chaos se remet en ordre, ça y est, tout devient plus limpide. La comtesse était au courant de l’intervention des pirates. Tout le tapage autour de la prouesse de fondre l’or à froid en présence d’un envoyé de l’empereur n’a été fait que dans le but de les attirer. L’objectif ? Se faire dérober la statue en vulgaire pyrite, pour ensuite se mettre en faillite, fuir avec le véritable trésor, et vivre pénard, à l’abris des radars.
La castillane se place alors derrière la comtesse, et lui glisse : « Relâche-le, ou tout le monde sera au courant de votre plan machiavélique ! »
La comtesse : « Mais faîtes donc ma chère … Que pensez-vous que les pirates feront de vous ? »
La pirate, répondant à la menace de la comtesse : « La Fraternité de la côte n’a que faire des empereurs de pacotille ! » et tire sur le faux Vicomte.
 
Alceste, menacé, se tortille comme un ver pour s’extraire de l’emprise de la comtesse. Une fois libre, il se précipite sur le chariot de Patrice, lance son masque et son chapeau en l’air, et, courant à travers la salle en conduisant son acolyte de la main, en profite pour crier : « Votre égo stupide fait rire les frères d’Uppman ! Le Vicomte n’est déjà plus ici, et votre simulacre de cours est pitoyable ! Vive la liberté ! »
 
Traversant le hall vidé de ses convives effrayés, Alceste entre avec fracas dans les cuisines du casino, Almenara dans ses pas. Le personnel ébahi prend peur, Patrice continue de s’accrocher tant bien que mal.
C’est alors qu’une détonation se fait entendre. La statue vole en éclat, réduisant le moule en shrapnels mortels. Des bouts de métal volent dans tous les sens, déchirant les tapisseries, faisant voler en éclat les lustres. Fort heureusement, le hall quasi vidé, aucune victime collatérale ne fût à déplorée.
Almenara aperçoit du coin de l’œil un bout de bois – appartenant surement au coffre – propulsé par l’explosion, se planter à côté d’elle. Une goutte y est gravée, le symbole des Rilasciare.

Charcuterie vodacceRemontons quelques temps en arrière, et retrouvons Oki et Kofi.
 
La sortie sur l’arrière-cours n’apporte que déception. Les chiens aperçoivent l’homme au jambon, et se ruent sur lui, le mordant avec hargne et détermination. Oki pare une partie des coups, et, dans une sinistre dance macabre, parvint à les éliminer un par un. Il s’approche alors doucement du cochet, qui au son des chiens appelle doucement : « Comtesse ? Comtesse … C’est bien vous ? »
Le Kurak, dans l’ombre dissimulé, lui met le couteau sous la gorge : « Si tu bouges, tu es mort ! »
Le cochet s’immobilise sans broncher.
Débarrassé des chiens, Kofi s’apprête à s’approcher de la calèche, lorsqu’il est interpellé : « Ne va pas plus loin, chien de la Cola ! »
Il se retourne, c’est le capitaine Buffa !
« On a des comptes à rendre mon coco ! Mes hommes ont pour ordre de couler ton rafiot si je ne reviens pas ! On n’esquive pas une dette d’honneur vis-à-vis d’un Vodacce ! »
Buffa se lance sur Kofi, des coups sont échangés. Kofi tailladé, le vodacce lui dit : « Ça c’est pour ma sœur ! Et quand ça sera pour moi, je viserai le cœur ! »
Buffa se déchaine sur Kofi, et assène coup sur coup.
Une fulgurance du capitaine marron lui permet d’esquiver un coup, en envoyant le jambon sur son adversaire. Aussitôt, il dégaine son sabre, taillade à son tour, et dans une prestance que tout le monde lui connait, récupère le cuissot tout en rétorquant : « La langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche ! »
Les échanges de coups continuent, Kofi reprenant peu à peu l’avantage sur son adversaire.
 
De son côté, Oki se rend compte des lourdes caisses présentent dans la calèche. Laissant cela pour plus tard, il se précipite vers le portail pour ouvrir aux 2 équipages pirates, celui de la Cola et de Fulata.
Il se retourne alors pour guider les pirates vers la calèche et le trésor à emporter, et voit depuis les cuisines débouler Alceste, toujours trimballant Patrice sur le chariot, Almenara, et une horde de soldat dans leur pas !
Nos différents compères le comprennent vite, il est grand temps de prendre la fuite !
 
Dans une ultime passe, Kofi tente de raisonner Buffa : « Tu creuses ton propre malheur Buffa ! Tu ne pourras pas dire que je n’ai pas voulu t’aider ! »
 
Les 2 équipages, suivi de nos 4 héros et de Patrice, prennent la fuite, emportant avec eux les trésors du casino. 2 équipages ne sont pas de trop pour charger rapidement les 2 bateaux. Un partage équitable est réalisé rapidement sur les quais, avant que Fulata et Kofi ne se séparent, pour limiter les poursuites en mer.

A l'aube... de nouveaux problèmes
Une fois éloignés de la côté, Kofi, Oki, Almenara et Alceste font le point. De fantastiques richesses ont rempli les cales (4 pour la rançon, et 20 dans les coffres du casino) !
Au-delà du succès du rapt, de sombres informations tombent …
La lettre de la marquise, adressée à Allswell, affiche de sombres présages. Une guerre se prépare. Dans le courrier, toutes les preuves pour incriminer le gouverneur de Vicquemare, la CCA n’aura plus d’autre choix que de l’exécuter. Jarod se doit d’éliminer le frère d’Alceste, mais au péril de déclencher un conflit avec l’empire de Montaigne. Le doute s’immisce dans l’esprit d’Alceste. Bien que rejeté par sa famille, et détestant l’empire, peut-il laisser son frère mourir aussi froidement ?
Mais déjà, une autre ombre menace …
Parmi les garnisons montaginoise présentent sur l’île, nos héros ont pu avoir connaissance de la présence des Gardes Éclairs. Ces mousquetaires d’élites ne se déplace que sous autorisation exceptionnelle et express de l’empereur …
Ma collec' JdR

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Baaldum Dhum
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Baaldum Dhum »

Bravo !! Du panache !!! La suite!!!
Heuuu....
S'il vous plaît Messire ?
😁
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Mickey-bis
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Mickey-bis »

L’ouragan de la révolte
(final de la saison 1)
Acte 1 : Des nuits agitées
Oyez, oyez, braves gens ! Pour ce scénario, nous accueillons chaleureusement un nouveau joueur, incarnant l’un des matelots de l’équipage de Kofi :
 
Ulrich Fantomas… pardon Von Tomas ( !) est un pirate taciturne et bagarreur dont la barbe poivre et sel trahit un certain âge. Ses habits noirs et sa propension à raconter admirablement les histoires les plus macabres lui ont valu le sobriquet de Ulrich Von Trauma, bien que ses collègues se gardent bien de lui dire en face. En effet, sa forte carrure et son air patibulaire impressionnent, et il ne viendrait à l’idée d’aucune personne saine d’esprit de lui chercher querelle. Auparavant vitalen bruder (pirate robin des bois), il a vu perdu tous les membres de sa famille dans d’affreuses souffrances au cours de la guerre de 30 ans, il a fui son pays et atterri à bord de la Cola sous les ordres de Kofi.
  Les dernières aventures de nos héros ne leur laissent que peu de répit, en journée jusqu’aux heures les plus sombres de la nuit où chacun est en proie à des cauchemars mêlant violence et danger. Simple résultat de leur stress ou prémonition ? C’est avec beaucoup d’appréhension et de fatigue que le groupe arrive finalement à leur port d’attache.

 Kofi, fort occupé par le partage du butin avec son équipage et celui de Fulata, finit par trouver une présence réconfortante dans les bras de la capitaine alliée.

 Mue par son éternelle et avide soif de connaissances, Almenara décide de se pencher sur le mystère que représente la conque. Ce n’est qu’au prix de nombreuses heures d’errance qu’elle assiste le soir venu à la réactivation de l’objet par le biais de chants inconnus. De lignes d’écriture apparaissent, brillant dans la nuit, et la Castillane s’empresse fébrilement de décrypter un maximum d’informations. Malheureusement, les voix finissent rapidement par changer de registre, entrainant la désactivation de la conque. Fébrile, la Castillane part à la recherche des individus à l’origine des chants, mais elle percute dans sa précipitation un jeune éphèbe. Ne parvenant pas à se dépêtrer de l’importun, elle décide de tenter de lui soutirer des informations par un jeu de séduction qui ne se finira qu’au petit matin avec un succès mitigé : avant de partir, le jeune inconnu (surnommé Tangata) dévoile être investi d’une mission sacrée et traque le Longray Sang et les oqtals.

 Au même moment, sur le navire, Kofi marmonne, comme pour lui-même, « C’est celui qui a du lait qui fait la crème ». Nous laisserons le loisir aux lecteurs d’interpréter cette phrase comme bon leur semble, et en déclinons toute responsabilité…

 La veille, sur le navire, Alceste est dans l’embarras : il doit en effet jouer constamment de diplomatie auprès du vicomte, imbus de lui-même et insupportable au possible, et Hector Vaquero, vantard anarchiste clamant haut et fort qu’il a rasé l’île de la Sylviette. Craignant particulièrement que le vicomte ne quitte le navire à l’aide de ses pouvoirs de Porté pour parler en leur défaveur auprès de l’empereur, Alceste demande de l’aide à Oki et Von Trauma pour l’emmener voir la situation dans le Sud afin de regagner ses faveurs. Ce plan ne fut au premier abord pas des plus réussis, car le vicomte, de par son attitude hautaine et pour le moins dédaigneuse, provoque rapidement une émeute sur place. Heureusement, Von Trauma et Oki parviennent à calmer les foules chacun à leur façon (intimidation pour l’un, subtilisation d’armes pour l’autre), tandis qu’Alceste argumente auprès du vicomte. La scène tourne à leur avantage car ce dernier finit par reconnaitre la nécessité d’engager des actions dans la région et accepte d’intercéder en leur faveur auprès de son cousin l’empereur.
 Une fois réuni sur le navire, Oki et Alceste, de prime abord fiers de leur réussite, sont quelque peu amers quand ils apprennent que pendant qu’ils s’échinaient à éviter une émeute et des déboires politiques, leurs autres compagnons ont profité de leur absence pour passer du bon temps.

 Almenara leur fait vite oublier leur déconvenue en leur partageant les inscriptions de la conque qu’elle a réussi à étudier.
 « Nos créations ont réussi à maitriser nos Soleils Noirs pour se détruire mutuellement, et nos alter-primates ne nous apporteront plus assez de dévotion pour survivre ici. Vos noms de martyr : Matushka et Tchernobog, seront révérés par tous ceux que l’on emporte avec nous. Notre voyage est probablement sans retour – et votre aide, surement un sacrifice définitif.
Katoylla »

 Von Trauma reconnait rapidement les deux noms cités comme, pour Tchernobog, une divinité crainte par le peuple ussuran, et pour Matushka, ou grand-mère Hiver, dure mais vénérée.

 Le vicomte choisit ce moment pour prendre congé, et s’entaille profondément le bras pour faire apparaitre un portail de sang qu’il traverse non sans une hésitation perceptible et un teint pâle qui ne peut être seulement dû à sa perte de sang. Absorbés par le spectacle, le groupe ne remarque pas les murmures apeurés et l’appréhension de l’équipage devant cette magie inconnue et sanguine. Heureusement, Ulrich veille au grain, et il pousse habilement Alceste à expliquer son fonctionnement pour rassurer ses collègues : l’utilisateur ne peut se téléporter que si le lieu d’accueil est marqué de son sang ; mais le plus important, insiste Alceste, est qu’il est très compliqué et coûteux d’envoyer quelqu’un d’autre à travers un portail, en termes d’énergie dépensée, mais aussi car la « traversée » est une épreuve à part entière. Rassurés par ses paroles, quelques membres de l’équipage attrapent néanmoins brosses et serpillières et récurrent le navire pour éliminer toute trace fraiche de sang.

 Oki et la castillane décident tous deux de repartir en ville à la recherche de ses compatriotes pour l’un, et des marins à l’origine des chants ayant activés la conque pour l’autre, mais sans succès. Kofi, de son côté, rejoint l’amirale afin de lui faire part de leurs récentes découvertes. Sur place, il tombe sur une jeune femme Rahuri, qu’il reconnait immédiatement comme étant Taiyewo, meneuse de la rébellion aux côtés de son frère jumeau ! Elle est accompagnée d’un vieillard, mawon également, aux yeux laiteux. Son long bâton gravé confirme à noter capitaine qu’il s’agit du nganga Chekani, celui qui régule les plantations et y contrôle l’absence d’esclaves.
 Sans préambule, Taiyewo tonne : « J’ai été témoin des présages de Marrau, il est temps de libérer la Jaragua ! ». Son charisme est tel qu’elle semble occuper toute la pièce, imposant le respect à tous ceux présents. Elle profite du silence qui leur exposer son plan : Après avoir recueilli un maximum de soutiens auprès des autres équipages au port, il faudra partir pour Port Ozama et capturer Le Bon Petit Nange, esprit de la Marianne. La 2ème étape consiste à le ramener auprès de Chekani afin que celui-ci puisse procéder à un enchantement pour libérer la Jaragua. Kofi, ayant déjà prouvé sa valeur à de nombreuses reprises, est choisi unanimement pour mener le projet à bien. Pour mettre toutes les chances de leur côté, une chasse aux monstres des mers est organisée le soir même afin de s’attirer les bonnes grâces des Lwas.
 « Et ainsi, plus jamais nos enfants ne connaitront le fouet ! » Clame Taiyewo, clôturant la réunion.

 Quelque peu décontenancé par la tournure que prennent les évènements, Kofi part chercher conseil auprès de Mama Niama. Celle-ci accepte de l’aider, et le replonge dans un cauchemar récurrent auquel il fait face. Au prix d’une migraine et d’un repas peu enviable, Kofi comprend que les Lwas lui envoyaient un message : une lutte terrible contre les hommes blancs est proche, de laquelle dépendra l’avenir de la Marianne, et donc de la Jaragua. Sur le chemin du retour au port, Kofi est tellement perdu dans ses pensées qu’il ne remarque qu’au dernier moment une grande cage suspendue dans laquelle se trouve leur vieil ennemi le prêtre Geoffroy. Le corps criblé de coups, les gardes leur apprennent qu’il a été surpris en train d’écrire une missive demandant des renforts à la CCA. Avant de détourner le regard, Kofi relève le menton et lâche, plein de mépris : « Bouche de miel, cœur de fiel ».

 Arrivé à la Cola, une réunion de crise s’impose, durant laquelle le capitaine expose les faits à ses compagnons d’arme. Grâce à l’expérience acquise après leurs nombreuses mésaventures, après un rapide conciliabule, les tâches sont efficacement réparties et chacun part de son côté accomplir sa mission.

 Commençant à connaître le port sur le bout des ongles, Oki utilise les différentes relations qu’il s’est forgé pour acquérir une carte de port Ozama, au prix d’une âpre négociation.

 Almenara parvient de son côté à obtenir l’aide de la Ligue de Vendel, qui y voit une opportunité d’affaiblir son plus grand concurrent : la CCA.

 Ulrich, grand habitué des tavernes, emploie sa prestance à bonne escient et recrute deux escouades entières, le tout sans attirer l’attention. De plus, il apprend au fil des discussions que l’un des membres de la Fraternité de la Côte, Delvin « l’Armoire », a été capturé et serait détenu précisément à Port Ozama. S’ils en ont l’occasion, profiter de leur escapade pour le libérer serait, d’une une action fort charitable, et de deux, une action fort intéressée/intéressante (politiquement et socialement).

 Alceste pour sa part retourne à son établissement préféré, le Grand Caïman, et parlemente longuement avec le capitaine Blood qui, malgré quelques réticences, finit par accepter de prendre part à l’expédition, principalement pour mettre des bâtons dans les rouages un peu trop bien huilés de la CCA.

 Fidèle au rendez-vous, Kofi rejoint Casiguaya et ils partent ensemble prendre part au rituel divin. Une flotte entière de catamarans s’élance sur les mers, au rythme de tambours et chants sacrés. C’est avec une grande bravoure que Kofi mène la chasse et rencontrent les ancêtres, réussissant ainsi juste avant l’aube à demander au dieu serpent Apocoatl de veiller sur ses camarades et lui-même. Son esprit étant de nouveau embrumé (la religion a souvent cet effet semble-t-il), il ne parvient pas à savoir si la voix qu’il entend résonner au petit matin est le fruit de son imagination ou une phrase prononcée par une personne proche de lui. Les mots restent cependant gravés dans sa mémoire : « Dans les moments désespérés, l’Atabéenne veille toujours sur ses enfants. »

Acte 2 : Devoir ou convictions ? Leur cœur balance…
Grâce à leurs efforts réunis, 4 bateaux pirates ont pu être apprêtés : la Cola de Marrau bien entendu, mais aussi les bateaux des capitaines Fulata et Blood, ainsi qu’un bateau de la Ligue. Chekani le vénérable vieillard, embarque à bord de la Cola, amenant avec lui les préparatifs nécessaires à l’enchantement, dont le Canari, sorte de calebasse envoutée pour pouvoir accueillir et contenir le Bon Petit Nange. Des recherches menées en parallèle de leurs actions précédentes leur ont permis de trouver l’endroit probable où serait caché l’être mystique : il s’agirait de l’unique vestige du bateau nommé Le Scintillant qui aurait 20 ans auparavant capturé et sacrifié le premier enfant Rahuri. Cette « relique » est connue pour être détenue par l’un des habitants nobles du port Ozama, qui a choisi de l’arborer fièrement à l’entrée de sa demeure.

 Une fois tout le monde prêt, le départ est lancé, et la traversée jusqu’à Port Ozama se révèle relativement paisible, comme pour souligner le calme avant la tempête. Nos compagnons en profitent pour finaliser leur plan d’action, convenant après de (très) longues discussions que séparer une fois de plus le groupe leur permettrait d’agir plus rapidement et efficacement. Les navires arrivent donc à tour de rôle dans le port, grande lagune dominée au niveau du grau par un Fort imposant aux flancs bordés de canons.

 Deux groupes sont discrètement déposés à terre à quelques encablures du port : Alceste descend en premier, accompagné de ses deux enthousiastes compagnons de la main Hector et Patrice. Son objectif est de retrouver Lady Blue, un de ses anciens contacts, afin de semer la zizanie dans le port et ainsi faciliter la tâche de ses camarades. Puis viennent Oki, Almenara et une escouade de quelques hommes qui, Canari en main, s’élancent à la recherche de la relique du Scintillant. Une fois ses « colis » livrés, Kofi part ensuite s’amarrer au port, afin de rester à proximité pour pouvoir récupérer le Bon Petit Nange dès qu’il aura été capturé. Les autres navires, en retrait, arrivent au compte-goutte et se positionnent doucement mais surement à des positions stratégiques. Malgré leur crainte, leur présence n’est pour le moment pas remarquée, ce que confirme Ulrich en interceptant un message du bateau de garde, destiné à la capitainerie. Seule la météo semble jouer contre eux, le temps se gâtant à vue d’œil, ajoutant à la nervosité des équipages.

 Côté terre, non seulement tous trouvent rapidement leur objectif, mais l’enquête d’Oki et d’Almenara auprès des citadins leur apprend plusieurs nouvelles fort intéressantes : d’une part, un individu faisant très fortement penser à Frère Andonius aurait acheté récemment un entrepôt des bas quartiers et travaillerait sur un mystérieux projet « X07 » ; d’autre part, une troupe Kuraq aurait été vue, provenant de la jungle et chargée d’un très lourd fardeau. Quelques piécettes habilement monnayées délient les langues, et certains affirment avoir entraperçu une statue qu’Oki reconnait comme étant celle de son Dieu. Ayant un penchant monomane sur le sujet et un sens des priorités fort différent de celui de son compagnon Kuraq, Almenara trouve rapidement une excuse pour s’esquiver et partir seule à la recherche de l’atelier alchimique. Oki, mécontent de la tournure des évènements, décide de s’occuper seul de la récupération du Bon Petit Nange, passant sa colère sur les réserves de poudre de la ville au passage, en les noyant d’eau.

 Lady Blue accepte d’aider Alceste à fomenter sa révolution en l’aidant à localiser le gouverneur de la Marianne, confiné dans un prestigieux manoir servant de siège la CCA sous bonne garde de sa « sauvageonne ». Elle l’informe également que son frère est enfermé dans le fort en ce moment même avec un certain Delvin. Tiraillé entre son frère et sa mission, le Montaginois décide de faire confiance à ses amis et de lancer une révolte à l’assaut du Manoir avec la capture du maître des lieux. Trop heureuse de lui laisser faire le sale travail, Lady Blue lui accorde une escouade de 10 hommes avant de s’éclipser rapidement et de quitter temporairement la ville. Alceste, remonté à bloc par ses révélations, se lance avec ses nouveaux alliés à l’assaut des rues et des tavernes pour soulever les foules et les mener vers le siège de la CCA, happant de nouveaux participants au passage et maintenant voire accentuant leur excitation. Le temps, comme répondant à leur hargne et leur détermination, continue à se dégrader, transformant de simples rafales de vent en tempête de pluie.

 Rappelée au bon sens par les éclats de voix et la présence de son médaillon, Almenara renonce à entrer seule dans l’entrepôt et part à l’assaut de l’arsenal, où l’attendent les hommes qui les accompagnaient. L’affaire est rondement menée puisque, usant d’un stratagème de diversion, Almenara et ses sbires parviennent à pénétrer dans le bâtiment et à mettre (littéralement) le feu aux poudres, privant la ville de son arsenal tout en libérant les quelques hères qui y étaient retenus prisonniers.

 Oki, arrivé à destination, trouve la fameuse planche du Scintillant solidement incrustée au-dessus du portail de la grande demeure. Malgré le vent qui le déséquilibre et la pluie qui le fait glisser plus d’une fois, le Kuraq déterminé parvient à se hisser à hauteur et récupère de la sciure en la grattant avec son fidèle couteau, scellant ainsi le Bon Petit Nange dans la calebasse. Sa concentration est telle qu’il ne remarque qu’après quelques minutes à travers la fenêtre du salon la jeune esclave, subissant le fouet de la part du maitre de maison. Totalement désemparé, il est tiraillé entre sa mission et sa volonté de lui venir en aide. Son hésitation donne le temps au noble de remarquer sa présence et d’attraper un mousquet, rouge de colère devant cette intrusion dans son domaine. L’âme déchirée, Oki choisit de ne pas risquer son précieux chargement et se laisse glisser à terre avant de filer dans les rues vers le port, poursuivi par les coups de feu aveuglés par la tempête. Sa préoccupation le précipite au-devant de deux soldats, et pris au dépourvu, il repart en courant de plus belle. Cette attitude des plus suspectes, additionnée aux tintements des cloches qui retentissent dans toute la ville face à l’émeute naissante suffisent à interpeller les soldats qui se lancent dans une course-poursuite à travers la ville, lui sommant de s’arrêter.

 Toute la baie entre en état d’alerte, et le Fort commence à orienter ses canons vers différents navires, cherchant ceux à l’origine du grabuge. Prudents, trois des navires alliés se collent à la côte pour rester hors de portée, tandis que le navire de Blood se dirige négligemment vers le giroflier en surveillance. Ulrich, habitué des batailles, étudie rapidement la situation. Après avoir observé attentivement la topographie de la baie, il file proposer à son capitaine son plan d’attaque : attaquer le fort depuis l’extérieur de la baie, à l’aide de tirs en cloche de l’autre côté des terres. Cette nouvelle stratégie audacieuse pourrait être terriblement efficace en plus d’être totalement inattendu, mais Kofi craint de perdre trop de temps et de munitions avant de réussir un tir. De plus, la tempête continue à rugir, empirant de minute en minute et rendant toute manœuvre nautique extrêmement difficile. Ayant malgré tout foi en son matelot, Kofi envoie un message par code de lanterne au capitaine Blood, déjà en route, pour qu’il applique cette tactique. Le trajet de celui-ci ne passant pas inaperçu, notre capitaine marron décide de profiter de cette diversion pour tenter le tout pour le tout et se rapprocher du Fort pour viser l’une des 5 murailles leur faisant face, afin de créer un angle mort. Blood comprend le message, tire une bordée de boulets sur le giroflier au passage, lui infligeant de lourds dégâts et se hâte hors de la baie. Le Fort a le temps de tirer une salve, mais Kofi était à l’affut, et il s’engage dans un drift digne des meilleurs Fast & Glorious, esquivant les boulets à la dernière seconde. La manœuvre est ponctuée d’un grand fracas, causé par l’effondrement de la muraille Nord dans les eaux agitées de la mer. Criant de joie face à ce premier succès, les équipages des différents navires reprennent courage et redoublent de vigueur dans leur assaut.

 A terre, alors que Oki multipliait les manœuvres d’évitement pour semer ses poursuivants de plus en plus nombreux, le vacarme de l’attaque les interrompt dans leur course. Le Kuraq ne laisse pas passer cette occasion et les sème suffisamment longtemps pour rejoindre les pontons. Il voit avec soulagement qu’une chaloupe alliée est restée en retrait, et avec terreur que la météo rendra son retour au navire des plus ardus. N’ayant pas d’autres choix, il confie la calebasse aux marins courageux, et repart. Le petit bateau risquant d’attirer l’attention (on a rarement vu une chaloupe partir à la pêche en pleine tempête, mais avec en plus un état d’alerte déclaré, les PNJ… pardon la garde n’est pas niaise à ce point…), Oki file au-devant de quelques gardes pour les attirer vers les terres, et éviter qu’ils ne tirent sur l’embarcation.

Acte 3 : Contre vents et dénaturés
Au pied de la côte menant au manoir de la CCA, la foule grondante hurle à grands cris « Pas content ! Pas content ! » en rencontrant son premier obstacle, un petit régiment de gardes. La lutte est sanglante, et Alceste, dans sa volonté de rester au premier rang, essuie même un tir au flanc, mais c’est sans compter sur la détermination du Montaginois qui gère ses troupes d’une main de maitre ; la rapidité de l’assaut doublée du charisme de notre héros permet à la foule de sortir victorieuse et de poursuivre leur avancée avant que les renforts n’arrivent.

 De l’autre côté de la ville, Oki, Almenara et la petite troupe d’hommes qui les accompagne se rejoignent devant l’entrepôt de Frère Andonius, bien décidés à profiter de la confusion pour lui mettre des bâtons dans les roues. Alors qu’Oki et l’escouade préparent des pièges à l’extérieur, Almenara choisit de jouer l’appât et pénètre dans le bâtiment. Plongée dans l’obscurité en grande partie due au manque de fenêtres et aux nuages noirs amoncelés dans le ciel, l’alchimiste trouve une bougie et explore peu à peu les environs à priori vides. A proximité d’une grande structure cachée sous un large tissu, elle fait une première découverte inespérée : une sorte de bible, lourdement annotée par Andonius, présentant toutes sortes de créatures plus monstrueuses les unes que les autres. Absorbée dans la contemplation d’une sorte de mille-pattes difforme, Almenara sursaute en sentant un courant d’air sur sa nuque. Se retournant vivement, elle lève lentement les yeux vers le plafond, où une forme semble grouiller, avant de choir lourdement devant elle : le fameux mille-pattes se redresse devant elle, et la domine largement du haut de ses 3 torses (oui, oui, 3) et 2 têtes. Dans un réflexe acquis lors de ses derniers combats, Almenara plonge la main dans sa poche et lance sa poudre soporifique, ne réussissant qu’à atteindre que l’une des 2 têtes qui s’endort aussitôt. Avec un cri de rage, la créature réplique en l’envoyant voler vers un mur, lui infligeant de lourdes blessures. Oki, entendant les cris de douleur de sa comparse, se prépare à intervenir quand il distingue du coin de l’œil des ombres mouvantes sur les toits. Il n’a pas le temps de réagir que l’une d’elle tombe sur l’un des membres de l’escouade, le tailladant de ses griffes. Ni une, ni deux, Oki bande son arc et décoche à la vitesse de l’éclair deux flèches qui atteignent sans peine leur cible. Le puma s’effondre, raide mort, un collier d’osselets à son cou cliquetant à sa chute. Pris de convulsions, le félin se transforme en un Kuraq au visage peint, à la grande stupéfaction d’Oki.

 Almenara réussit à se redresser et, profitant de l’angle mort de la créature, se rend d’une glissade sous la structure bâchée, qui se révèle être un exocet, un étrange navire ovale. Autant pour se protéger que pour faire… râler Andonius, la jeune femme grimpe à l’intérieur, et tombe sur son laboratoire, empli de livres et d’alambiques. Monomaniaque au point d’oublier le monstre qui lui court après, elle feuillète fébrilement les ouvrages, avide de savoir, et y découvre entre autres une thèse traitant de monstres issus de la 7ème Mer. De fortes secousses ébranlent sa cachette, alors que le monstre s’attaque à la coque.

 Oki, toujours aux prises avec 3 autres « pumas », aperçoit une nouvelle forme s’éloigner de toit en toit. L’escouade tente le tout pour le tout pour la capturer, mais sans succès, et la voix du Longray Sang retentit avant de disparaître : « Je les laisse à vos bons soins ma chère, je m’en vais comme prévu régler d’autres affaires. »

De retour au siège de la CCA, de nouvelles escarmouches éclatent ça et là entre les gardes et les révolutionnaires, réduisant peu à peu leur nombre des deux côtés. Toutefois, Alceste parvient à les maitriser, les empêchant d’en profiter pour tuer et de piller et les mènent aux confins du manoir, où il tombe sur un livre de comptes intrigant : une somme rondelette aurait été versée à Mme Laslow pour un contrat de mise à disposition de compétences exploratrices pour Frère Andonius. De plus, le gouverneur paie également Elizbiéta pour son travail pour l’alchimiste, mais également pour l’espionner discrètement. Alors que l’aile gauche brûle sous leurs assauts, la foule intercepte une calèche sur le point de quitter la ville, et au terme d’un ultime combat, Alceste capture le gouverneur de la Marianne, Jarod. Son cri de victoire s’élève en même temps qu’un coup de tonnerre qui illumine les flots, où un frêle esquif fait de son mieux pour rejoindre la Cola de Marrau, malgré des vagues de plus de 2 mètres qui menacent de l’engloutir à tout instant.

 Le navire de Blood, ayant opéré un demi-tour de peur de rater toute l’action, se place aux côtés de celui de Fulata pour lancer une nouvelle bordée de boulets contre le fort, quand Blood vire brusquement de bord et tire sur le navire de Kofi :
 « Je ne mourrai pas pour vos folies ! Et je rajouterai la Cola à ma collection ! » hurle-t-il à l’intention de Kofi, tandis qu’à bord, ses marins hissent un drapeau taché de noir, indiquant au Fort sa position d’allié corsaire. Bien lui en prit, car les canons ne tirent plus des boulets ordinaires, mais chauffés au rouge, visant à mettre le feu aux bateaux. Les deux tirs prennent Kofi et son équipage en tenaille, et des morceaux de pont volent en éclats alors que des cris de douleur émergent parmi l’équipage et qu’un début d’incendie est lancé. Kofi, lui-même blessé par des shrapnels, organise pourtant héroïquement son équipage : présent sur tous les fronts, il gère d’une main de maître l’extinction des flammes et les premiers soins aux blessés, tout en réorientant son navire de manière à se rapprocher de la chaloupe en galère (pun intended). Ulrich s’occupe de gérer l’équipe de canonniers qui commencent à prendre peur. Grâce à ses encouragements et quelques phrases d’intimidations bien placées, il remet ses troupes en ordres et une nouvelle vague de tirs finit de faire chuter la 2ème muraille du fort. Au milieu de toute cette agitation et de la pluie battante, Chekani, malgré son vieil âge, fulmine en repositionnant pour la énième fois ses préparatifs, déversant des cendres sacrées sur le pont et peignant le mat de motifs connus de lui seul. Fulata profite de l’occasion pour partir à l’abordage, envoyant la majeure partie de ses hommes nettoyer les parties effondrées avant de se lancer à l’assaut des sections encore intactes. Occupé à transporter un ultime blessé à la cale, Kofi lève les yeux au ciel et se remémore soudain son voyage avec les ancêtres ; levant un bras au ciel, il les implore de lui venir en aide comme promis.
 
Malgré la capture du représentant de la Compagnie, Alceste n’est pas au bout de ses peines, car celui-ci, en plus d’être la mauvaise foi et la méchanceté incarnées, est également fin stratège. Leur discussion, destiné à obtenir des informations, se transforme rapidement en combat de rhétorique pour reprendre le contrôle des citadins, détournant les faits et abusant de la crédulité de la foule. La patience et les talents d’orateur du Montaginois sont mis à rude épreuve, et il ne voit pas l’homme dans son dos qui surgit pour lui planter un couteau entre les cotes. Hector se jette sur l’attaquant et s’apprête à le passer au fil de sa lame mais Alceste intervient, exigeant qu’il soit porté devant la justice plutôt qu’à un lynchage en règle. Cette décision, prise malgré ses graves blessures, additionné au fait qu’il ait tout fait pour retenir la foule de dégénérer en anarchie sanglante, finissent de convaincre ses suivants de ne pas écouter le gouverneur et de lui rester fidèle. Son échec devenu évident, Jarod finit par accorder à contre-cœur une lettre d’amnistie aux prisonniers. Alors que le calme commence à se réinstaller, un homme sanguinolent, luttant pour ne pas sombrer dans le coma, est porté jusqu’à Alceste. Il s’agit de l’un des membres de l’escouade d’Oki et d’Almenara, parti à l’arrivée des pumas pour aller chercher du renfort.

 En parlant de sanguinolence, Almenara est toujours coincée dans le vaisseau. Le monstre monstrueux, dans sa recherche de proie, s’attaque aux parois et endommage le navire peu à peu, sans parvenir à y pénétrer. Peu d’options s’offrant à elle, Almenara commence à fouiller le bateau pour panser ses blessures. Outre l’absence très curieuse de mat et un manuel très instructif sur des créatures paranormales (dont un certain centipède), elle remarque au centre un emplacement qui semble pouvoir accueillir un objet ressemblant fortement à leur Conque.

 A l’extérieur, le combat est rude, et l’escorte d’Oki fond à vue d’œil face à la menace des jaguars, qu’ils finissent toutefois par vaincre. Loin de se reposer sur ses lauriers, Oki se tapit dans l’ombre et arme de nouveau son arc, les sens aux aguets. La dernière réplique du Longray Sang ne lui a pas échappé, et il attend Elizbiéta de pied ferme. Elle surgit bientôt mais, sans lui laisser le temps de réagir, entrant sans hésitation dans l’entrepôt. Dépité, il s’apprête à la suivre quand des pas boitillants retentissent dans une rue opposée : Alceste, inquiet pour ses amis, a abandonné sa révolution et arrive aussi vite qu’il le peut pour leur venir en aide. Ensemble, ils franchissent le seuil du bâtiment, et distinguent immédiatement des mouvements vifs dans l’obscurité à différents endroits. L’œil affuté d’Oki reconnait leur ennemie, et il se précipite sur elle. Il n’est pourtant pas assez rapide pour l’empêcher de boire le contenu d’une de ses fameuses fioles. Elle se recroqueville de douleur alors que deux immenses ailes lui poussent dans le dos. Sachant tirer profit de la situation de faiblesse tel tout bon chasseur qui se respecte, Oki saute sur son dos et tente de la ralentir dans son envol. Alceste fait tout son possible pour les rejoindre, mais leur vol incohérent (avec autant de murs sur leur trajectoire que d’espace libre) et ses blessures rendent l’opération pour le moins complexe. Entendant les nouveaux cris et coups, Almenara décide enfin de sortir de sa cachette et ajuste ses fidèles lunettes de vision nocturne. Bien qu’elle assiste incrédule au curieux ballet d’Oki et Elizbiéta, son attention se porte rapidement sur le centipède juché au plafond, regardant avidement sa nouvelle proie boitiller de-ci de-là. Attrapant l’opportunité tant attendue, Almenara se remémore les connaissances nouvellement acquises sur la créature et ajuste son mousquet pour viser la partie la plus vulnérable, son ventre mou et ses défenses. La bête meure dans un gargouillis épouvantable, perdant son accroche au plafond et chutant aux pieds d’Alceste.
 
Elizbiéta, quant à elle, pousse un cri de rage à la perte de sa chère création, et parvient à sortir du bâtiment pour rejoindre le toit, son passager clandestin toujours perché sur son dos. Cette fois-ci, Alceste parvient à anticiper son mouvement et à la suivre de près. Un air fanatique sur le visage, la mercenaire crie à Oki :
 -          Très bien, nous allons voir qui est le plus fou des deux ! Risquer ma vie à chaque mission est une évidence pour moi, qu’en est-il pour toi ?
 Et elle s’élance en courant vers le bout de la bâtisse. Devinant aisément ses intentions suicidaires, Oki sort sa dague et lui poignarde les ailes, mais c’est sans compter la folie et la volonté de la guerrière qui ralentit à peine et s’approche inexorablement du rebord. Alceste utilise ses dernières forces pour courir après eux, et tend la main pour attraper son compagnon. Ce geste, ainsi que les réflexes de survie difficilement acquis par le Kuraq, ont raison de sa fierté et sa volonté de vaincre. Il lâche prise à contre-cœur, juste avant qu’Elizbiéta ne saute dans le vide, et celle-ci s’envole sur une trajectoire peu rectiligne vers les montagnes, son ricanement retentissant dans la ville jusque dans la baie, où les dangers sont toujours plus nombreux.
 
Alors que Kofi et les autres capitaines luttent courageusement, ignorant la fatigue et la peur, une armée de scélérats surgit des eaux et part à l’assaut de l’équipage du capitaine Fulata, toujours aux prises avec les occupants du Fort. Tout à coup, au milieu des vents et vagues violentes, un appendice écailleux s’élève au-dessus des eaux, et s’abat sur la caravelle surveillant la baie, figeant de stupeur les quelques témoins de cet évènement.

En à peine quelques secondes, ce qui se révèle être une tortue géante franchit les quelques encablures qui la séparent du navire de Blood et l’attaque sans pitié. Subissant de lourds dégâts, celui-ci décide de battre en retraite et s’enfuie à tire de voile.
 -          « Je suivrai le fumet fétide de ta trahison, Blood, et je te retrouverai ! » La voix puissante de Kofi le suit malgré la tempête, sa promesse résonnant par-delà les flots.
 
La chaloupe parvient enfin et par miracle à rejoindre la Cola de Marrau, et la calebasse contenant le Bon Petit Nange est hissée à bord. Le nganga Chekani l’attrape fébrilement et verse délicatement la sciure sur le mélange de poudre et de rhum déjà prêt. Un rituel complexe se déroule alors au rythme des tambours et des coups de canon, éclairé par intermittence par la foudre. Malgré les conditions exécrables, et la bataille en cours, Chekani arrive au terme de l’incantation. Pour clore les promesses faites aux dieux et achever l’opération, il saisit un couteau à sa ceinture et, sans une hésitation, se tranche la gorge d’un mouvement net. Ulrich dirige d’une main de maitre son équipe de canonniers, et les murailles du fort tombent les unes après les autres sous ses assauts combinés à ceux de la tortue géante. La situation tourne enfin en leur faveur, et un petit voilier a tôt fait d’être dépêché et de naviguer vers la Cola pour y débarquer le commandant Cornelius, muni d’une lettre de reddition du fort ainsi que de la promesse de libérer les prisonniers.
 
La liesse éclate parmi les pirates lorsque retentit un cessez-le-feu général, sous les rayons dorés du soleil qui percent enfin les nuages, la tempête s’étant brusquement calmée. Oki, Alceste et Almenara, de retour de l’entrepôt, constatent la situation avec joie et soulagement. Les effusions sont telles que personne ne remarque l’ombre furtive qui atterrit sur le mat de la Cola et se glisse dans la cale. C’est Ulrich, habitué à être toujours en alerte, qui la perçoit alors qu’elle ressort. Il reconnait le Longray Sang facilement, grâce aux histoires racontées à l’équipage, et n’a que le temps de voir la fameuse Conque dans sa main avant qu’il ne disparaisse par les cieux vers le port, ne laissant derrière lui qu’un ricanement sournois. Ulrich remarque au même moment que les flots sont un peu trop calmes, et s’aperçoit que la tortue géante a également disparu, plongeant certainement vers d’autres abîmes inaccessibles à l’homme.
 
Les prisonniers sont effectivement libérés, et Alceste voit avec soulagement son frère, sain et sauf. Fidèles à leur éducation, c’est sans grande émotion apparente qu’ils se retrouvent. Avec son tact coutumier et au cours de ses remerciements déclarés avec fort peu d’emphase, de Viquemare glisse :
 -          « Vu la situation aujourd’hui, Port Ozama a besoin d’un gouverneur riche et compétent. J’ai pour ma part déjà honoré ce premier qualificatif, laisse-moi t’apporter la preuve du 2ème. Nous n’avons beau ne pas avoir les mêmes ascendants paternels, nous nous ressemblons tout de même sur certains traits. Vous ne le regretterez pas », finit-il, en le regardant droit dans les yeux.
 
Alceste est tellement abasourdi que, lorsqu’un navire sans mat passe au-dessus de leur tête, sillonnant les cieux loin de la ville, il ne réagit pas plus qu’avec un simple haussement d’épaules, l’air blasé. Tentant de voir le verre qu’on lui tend à moitié plein plutôt que fissuré et remplit d’un liquide douteux, il se convainc que tout n’est pas si noir car la CCA a été chassée du Nord de l’île avec succès.
 
Le capitaine Kofi, dans sa grande bonté d’âme, s’occupe avec le reste de son équipage de porter secours aux esclaves présents dans la ville ainsi qu’aux autres prisonniers. Parmi eux, un homme de forte carrure mais relativement amoché lui est présenté : le capitaine Delvin « l’Armoire ».
 
Il faudra quelques temps à Port Ozama pour se remettre de cette bataille : le Fort étant tombé, la ville n’a plus de défense. Les habitants considèrent toutefois que c’est un juste prix à payer pour la libération tant espérée de la Marianne.
 
Fin de la saison 1
Ma collec' JdR

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Mickey-bis
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Mickey-bis »

La Couronne d’Aubépine
  
 «Femmes à la mer!»
           Voici déjà 3 longues semaines que La Cola a pris la mer à la poursuite de l’Exocet. L’état d’Oki, très fatigué, assaillit de cauchemars chaque nuit depuis la capture de son Dieu, contraste avec la météo si calme depuis plusieurs jours maintenant. Pas de vent, La Cola fait pratiquement du sur-place et le stock de nourriture et d’eau commence à s’amenuiser. L’équipage s’ennuit, Kofi cache son inquiétude.

          En un instant, un vent fort et régulier se lève et le cri d’Almenara envahit le pont: «Femmes à la mer! Femmes à la mer!»

  Une brume épaisse semble se lever au loin, Almenara ajuste sa longue-vue et y aperçoit deux navires. L’un petit, arborant pavillon Castillan, l’autre beaucoup plus gros et certainement armé, semblant couvert de ronces et d’algues scintillantes, a une allure presque fantomatique dans la brume. Il se rapproche du petit et à l’air de se superposer à lui.

           Tandis qu’Alceste et Oki s’apprêtent à repêcher les naufragées, Kofi constate qu’elles sont vraiment nombreuses et qu’elles nagent parmi les débris d’un navire. Une chose étrange se produit alors: des membres d’équipage de la Cola se jettent à l’eau sans même chercher à s’attacher en criant qu’ils doivent sauver ces pauvres femmes. La folie s’empare rapidement de tout le navire, chacun subissant de violentes pulsions destructrices. Alceste entend des explosions qui n’existent pas. Kofi fonce vers le Galion pour l’éperonner ne voyant pas les récifs acérés.

          Nos héros commencent à comprendre: parmi les femmes à la mer, nombreuses sont des Sirènes.

          L’une d’elles parvient à faire tomber Oki à l’eau. Il voit la Cola s’éloigner et va devoir se battre contre elles dans leur élément naturel. Pendant ce temps Kofi, Alceste et Alménara parviennent à contrôler leurs pulsions, mais l’équipage n’a pas leur force d’âme et s’en prend à eux. Nos héros doivent les maintenir à distance tout en repêchant les hommes tombés à la mer, en naviguant entre les récif ou en surveillant le galion recouvert d’aubépine... Alménara entends un cri porté par le vent: «Que le diable te brise les os Aldana»

  Au bout d’un certain temp les sirènes sont vaincues et la météo se calme aussi soudainement qu’elle s’était déchaînée.

          Oki et la plupart des membres d’équipage sont repêchés, ainsi que quelques autres rescapés du petit navire: le Cuervo. Kofi envoi La Cola à sa poursuite. Le petit deux-mâts semble paniquer et tente de fuir mais La Cola De Marrau est bien plus rapide.
 
Le Cuervo
           L’équipage du Cuervo est effrayé mais le fait que certains de leurs membres aient été sauvés par La Cola les détend quelques peu. Le fait que cette bande de pirates ne les pille pas les soulage. Mais c’est surtout le fait qu’ils ne soient pas face à une bande de fantômes assoiffés de sang qui les rassure vraiment car eux aussi ont eu la même hallucination que nos amis, prenant La Cola pour un galion castillan aux formes évanescentes et couvert de végétation scintillante.
          Pour les remercier de les avoir sauver de ce péril, les contrebandiers du Cuervo invitent Kofi et ses compagnons à venir se reposer la nuit sur leur petite île. C’est un petit bout de caillou couvert d’une végétation luxuriante qui cache dans une petite crique une charmante plage de sable fin. Les contrebandiers y ont agencé quelques restes de navires et quelques tentes pouvant leur servir d’abris et de cachette.
          Kofi négocie la vente de cargaison d’agrumes à bon prix et après une petite collation faite de fruits frais et de quelques morceaux de viande séchée, quelques verres de rhum ont délié les langues. Les contrebandiers ont bien aperçu quelques jours auparavant une sorte de baleine volante. Ils l’ont vue passer le détroit de Kat’Chay puis se diriger vers le Sud, sans doute pour éviter le golfe d’Ayotochin. Le capitaine est presque certain que l’étrange embarcation devait se rendre à la cité Tzak k’an de Baak Ah’yiin. Littéralement «crocodile-os».
           Ce sera donc la prochaine étape de La Cola De Marrau!
  
 Le comptoir, le port et la cité...
           A l’approche de la cité tzak k’anienne, la mer est remarquablement calme mais deux frégates de la C.C.A. empêchent tout entrée dans Baak Ah’yiin. Ou plutôt toute sortie!

 Un drakkar vesten tente d’ailleurs de forcer le passage. N’ayant que peu de sympathie pour la compagnie, nos compagnons décident d’aider la petite embarcation à passer le barrage maritime. La Cola, renommée l’Arquebuse est désormais commandée par l’affable, le magnifique, l’incompétent Vicomte Alceste De Belle-île en Bois-de-Colline (ou quelque chose d’approchant)... L’Arquebuse cherchant à se dégager pour laisser travailler les frégates vient se coller à elles, les empêchant de faire feu sur le drakkar.

          Le subterfuge est efficace. Le drakkar parvient à s’enfuir mais l’Arquebuse a subi quelques dégâts dans l’opération. Une partie de la mitraille destinée au frêle esquif lui a quelque peu déchiqueté la coque. Malgré cela, l’Arquebuse est invité à mouiller au port mais attention il y a une quarantaine! Une sorte de peste Monseigneur!
         
Pendant qu’Almenara s’occupe des blessés et que Kofi supervise les réparations, Alceste et Oki mettent pied à terre. Ils apprennent que la cité de Baak Ah’yiin est dirigée par le roi Al Paj’Payal Cahi Batz. Le port franc, lui, est dirigé par l'Ambassadeur castillan Javier-Alejandro de Ruiz de Aldana. Tandis que la Compagnie est sous la direction de Maeve Cullen. Et il semble que tout ce petit monde s’entende plutôt bien tant que certains sujet ne sont pas abordés, tels que qui commande vraiment!
         
Par contre les habitants semblent vraiment tendus. La peste est bien là et depuis environ 3 semaines. Et la quarantaine a été instauré depuis 3 jours seulement, sur ordre du roi et de sa médecin royale. Les commerces continuent de tourner mais chacun reste à bonne distance de son prochain. Près de La Cola, un petit catamaran Rahuri est d’ailleurs couvert de cadavres en décomposition. L’œil affûté d’Oki y repère une forme petite mais furtive qui se déplace dessus. Il faudra aller voir ça de plus près.
         
Sinon la ville est décorée de divers avis de recherches mentionnant des voleurs locaux, des pirates dont nos compagnons, une certaine Azeneth Medellin (avec un fort prix, à remettre directement à l'agent Cullen). Une affiche porte le nom du capitaine Buffa. Mais elle doit être ancienne car son navire est le seul du port à être entravé. Alceste se renseigne auprès du peuple des tavernes. Buffa a bien été capturé, il est accusé d’avoir coulé le San Pancha. L’issu de son procès ne fait aucun doute il sera pendu ou exécuté comme tous les accusés bien qu’il ait un excellent avocat: Maître Ripley Wexam.
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

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Arrivée en terrain cornu
Acte 2 : Nos héros, ces bourrins : évasion, rébellion, bis repetitas
Après de longues discussions, notre groupe de héros décide de se séparer (encore une fois).
Oki décide d’aller à la rencontre de l’équipage de Buffa, afin d’en apprendre plus sur son arrestation. Il emporte un tonnelet de rhum, afin de faciliter la parole des matelots.
Sur le chemin du navire mis aux fers, Oki entend une patrouille au loin. Il semblerait que les soldats soient excédés par l’intensification des contrôles, qui tendent la situation entre marins et autorités locales. Arrivé près de la Lucia, il grimpe le long de la coque, et essaye d’attirer l’attention de l’équipage.
“Psst ! Psst ! J’ai du rhum de la part de Casy Guaya !”
Manquant de tomber, il est rattrapé in-extremis par un mousse.
Une petite troupe se forme discrètement sur le pont, l’alcool délie les langues.
Oki : “Le Capitaine Buffa n’est pas à bord ?
Le mousse : “Non non … Il a été emmené vla’ plusieurs jours ! Aussitôt arrivé, aussitôt arrêté … Il paraît que nous avons été envoyés par le diable … Un sacré navire d’ailleurs !
Oki : “Un navire fantôme ?
Le mousse : “Mais oui ! Comment le savez-vous ?
Un membre d’équipage : “Mais tait-toi gamin !
Oki : “Parce que nous aussi nous avons été pourchassés par ce navire ! Mais pourquoi vous-ont ils arrêté dans ce cas ?
Équipage : “Pour piraterie …
Oki : “Ah … Ça va être dur à défendre comme cas.
Équipage : “Mais nous n’avons rien fait ! On a croisé une chaloupe castillane … Nous avons voulu leur porter assistance, quand un énorme navire est apparu dans le brouillard ! Des marins étranges étaient à bord, avec des têtes de mollusques et des cheveux de feu ! On a fui, mais sitôt sorti du brouillard, sitôt accusé de tous les maux et mis aux fers. Nous allons tous finir pendu … Et le Capitaine dès demain !

Une nouvelle patrouille approche du navire, et en surprenant les discussions : “Regroupements interdits ! Retournez dans la soute !”.
L’équipage de la Lucia s’exécute aussitôt, pour ne pas finir en prison. Oki est alors contraint de retourner sur la Kola par les eaux saumâtres du port.

De son côté, Almenara décide de se rendre sur le bateau Rahuri, garé à côté de la Cola. Depuis le pont de l’embarcation, elle aperçoit d’étranges silhouettes dans l’eau. Les ombres vont et viennent, dans un étrange balai silencieux. Sur le pont ? 3 corps inanimés, mais rien d’autre. Elle décide alors de descendre dans la cale. Des tonnelets d'huile de baleine gisent dans l’obscurité, un seul semble ne pas avoir tourné.
Derrière elle, sur la coque intérieur, d’étranges peintures rupestres forment une frise. Malgré le manque de familiarité avec la langue Rahuri, Almenara comprend que ces signes parlent d’une chasse à la grande baleine, et que les esprits des ancêtres des marins ont été appelés pour prêter main forte.

Elle se retourne, et voit alors une silhouette immobile. Un Rahuri à l’air livide se tient devant elle.
Almenara : “Bonjour ? … Bonjour !
Aucune réponse. Une lueur verdâtre commence à émettre en halo autour de l’inconnu.
Almenara : “Bonjour, vous allez bien ? Avez-vous besoin d’aide ?
D’un coup, la gueule de la créature s’ouvre, laissant apparaître des dents acérées ! L’entité s’envole, et traverse la castillane, puis la coque du navire. Sa respiration se coupe aussitôt, un froid mordant la parcourant. Elle comprend alors qu’il faut fuir. Rapidement. Empoignant le tonneau d'huile de baleine, elle se jette dans l’escalier, remontant de la cale vers le pont. Un des cadavres du pont se redresse, et s'apprête à se jeter sur Almenara.

Oki, de retour sur la Kola, aperçoit la scène, et voit les formes s’agiter d’autant plus dans l’eau autour du bateau. L’une d’elle saute hors de l’eau. Le kuraq décoche une flèche, qui fend l’eau et disparaît dans la vase du port. La créature est traversée, mais ne semble pas avoir été touchée d’une quelconque façon. Au contraire, celle-ci se jette sur le pont, est dès son arrivée, se transforme en humain aux pieds inversés.
Il lance alors une corde à Almenara, afin de l’aider à s’enfuir au plus vite. La castillane court sur le pont du navire, saute, et parvient à attraper la corde de justesse. Une des ombres saute alors, tentant d’attraper notre héroïne au vol.
Saine et sauve, Almenara reprend son souffle. Une énorme contusion apparaît à l’endroit où la créature l’a traversé.

De leur côté, Kofi et Alceste se mettent en quête d’informations à la taverne du coin. Dans la salle, les courageux ayant bravé les risques de maladie se comptent sur les doigts des mains.
Les discussions tournent autour de la longueur de la quarantaine, l’ennui commençant à gagner le port.
Marin 1 : “Ah ! Avec l’arrivée de ce navire Vodacci, enfin un peu d’animation ! Ils ont enfin arrêté ce vaisseau sorcier qui sévissait dans les eaux du coin. Il parait que c’est le San Pancha qui a été attaqué cette fois !
Marin 2 : “Ça me fait penser à cette histoire que me racontait mon père !
Alceste : “Bien le bonsoir chère ami ! Nous avons fraîchement débarqué avec mes camarades, laissez-moi vous payer une tournée pour lutter contre cet air morose !
Les choppes de bières arrivent, Alceste se tourne vers le marin, en l’incitant à continuer son histoire.
Marin 2 : “Oh ! Ce n’était rien de spécial, juste une histoire que mon père me racontait quand il rentrait au port. Il était sur un bâteau castillan, dirigé par un représentant de l’Église des toges Rouges. Ils se sont fait attaquer par un énorme galion ! On le disait fantomatique et recouvert d’épines !
Alceste : “C’est fascinant !
Marin 2 : “Après, ce n’est qu’une légende … Vous savez, mon père était plus alcoolique qu’un buveur d’eau.

Nos 2 compères n’apprirent rien de plus, et décidèrent de se rendre à la maison de l’avocate en charge de la défense du capitaine Buffa. Après avoir frappé plusieurs fois et attendu de longue minute, ils doivent se rendre à l’évidence : l’avocate est aux abonnées absente.
Une porte de service finit par s’ouvrir, une domestique confirme à Alceste et Kofi que l’avocate n’est pas ici. Jouant de ses charmes, Alceste parvient à séduire la domestique, qui les laisse entrer, et regarder les bureaux. Tout est recouvert par une fine couche de poussière, indiquant que l’absence remonte à plusieurs jours. Parmi tous les carnets, ils finissent par tomber sur une lettre non signée, cryptique. Elle donne rendez-vous aux représentants du barreau, à la tombée de la nuit, dans une ruelle du port franc. Le rendez-vous a été fixé il y a déjà 36h.

Les 2 compères décident de se rendre au lieu cité. Sur place, des traces de sang, qui les mènent jusqu’à ce qui semblait être une barrique, tout du moins, c’est la forme qu’a laissé l’objet sur le sol. Il ne leur faut pas longtemps pour imaginer le pire : l’avocate semble avoir été assassinée, et son corps mis dans une barrique, roulée jusqu’à l’eau, et disparaître dans les eaux du port.

Décision est prise de retourner sur la Cola, retrouver Oki et Almenara, et se presser d'échafauder un plan pour extirper Buffa des geôles de la ville.

Sur la Cola, Kofi se lance dans la préparation d’une cérémonie pour en appeler aux pouvoirs des Lwas. Dans la cale, une ambiance quasi mystique s’installe, entre la musique rythmique et la fumée dégagée par les herbes brûlées.
Kofi : “Macdonado !
Une présence défensive se fait sentir.
Kofi : “Macdonando ! Je suis là pour t’aider !
Buffa : “Mais quelle est cette sorcellerie ?
Kofi : “Comment vas-tu ? Tu as subi une injustice Macdonado …
Buffa : “Ma vie n’est qu’une injustice … Mais je me vengerai !
Kofi : “De qui veux-tu te venger ?
Buffa : “De ce maudit gouverneur !
Kofi : “Qu’a-t-il fait ?
Buffa : “Il m’a condamné pour sorcellerie sans même monter sur le bâteau ! Mais jamais nous n’avons attaqué qui que ce soit en arrivant ici !
Kofi : “Et qu’as tu vu en mer ?
Buffa décrit alors à Kofi cette même histoire que celle compté par le marin, et celle qu’ils ont vécu aussi dans la tempête.
Kofi : “Connaissais-tu le gouverneur ?
Buffa : “Non ! Nous n’avons fait que suivre cette baleine volante …
Kofi : “Pourquoi ?
Buffa : “Après la bataille sur l’île de la Marianne, on a entendu ces rumeurs qu’un étrange navire volant en forme de baleine avait levé l’ancre juste avant la guerre !
Kofi : “Il est possible de t’aider Buffa, pourrais-tu me décrire la prison ?
Buffa : “Ce sont des geôles sombres et très sécurisées. Il n’y a aucune ouverture dans ma cellule si ce n’est une trappe pour passer de la nourriture. Dernièrement, une autochtone qui parle notre langue a été enfermée.
Kofi : “Connais-tu son nom ?
Buffa : “Nullement … X quelque chose … Et il y a 5 officiers dans une autre cellule. Je ne pourrais rien te dire de plus malheureusement.
Kofi : “Merci pour ces quelques indications. Soit prêt Buffa, nous arrivons.

La libération de Buffa se prépare, chacun décidant d’une posture à adopter. Oki se met en tête de se faire arrêter pour être envoyé dans les geôles. Aleste se prend d’envie de faire monter la colère des marins pour occuper la milice locale. Almenara et Kofi se chargeront quant à eux de se frayer un chemin à travers les gardiens de la prison.

Mais revenons à Oki.
Le Kuraq déambule dans le port jusqu’à croiser des manteaux rouges.
Oki : “Cassez-vous ! On veut pas de vos dieux ! On a déjà les nôtres !
Les gardes de l’inquisition sortent les bâtons et commencent à frapper Oki.
Oki : “Et en plus, c’est de vot’ faute si j’ai attrapé la peste !
Cette affirmation provoque un mouvement de recul des gardes.
Oki : “Tout ça parce que vous n’avez pas vu le Dieu Serpent !

Cette ultime provocation en invoquant Katoylla provoque un dernier coup de bâton, suivie d’une perte de conscience … Aller en prison semble finalement quelque chose de très simple sur le port.

Kofi et Almenara assistèrent à la scène de loin, circonspects par la douloureuse méthode, qui à priori, porte quand même ses fruits. Ils suivent alors les gardes et Oki inconscient, jusqu’à un grand bâtiment d’architecture castillane. Ce grand bâtiment central est à la fois l’église, l’université, la prison, et le domaine du gouverneur Ruis.

Almenara et Kofi passent d’abord par l’université, afin de vérifier si des ouvrages de la bibliothèque mentionnent la construction de la ville.
La bibliothécaire les accueille : “Bonjour Madame !
Almenara : “Bonjour ! Je suis la titulaire de Antibelos de Seraphine, je souhaite accéder à la bibliothèque.
Bibliothécaire : “C’est avec plaisir que nous accueillons les membres de l’Odyssé !
Almenara : “Puis-je y accéder avec mon garde du corps ?
Bibliothécaire : “Si ! Et si vous avez besoin d’aide dans vos recherches, je peux vous appeler un étudiant.
Almenara : “Non merci ! Néanmoins, l’architecture du bâtiment m’intéresse au plus au point. Auriez-vous des informations ? Un plan ? Des rapports sur le travail des architectes ?
Bibliothécaire : “Je vous remercie de cet enthousiasme, mais cela ne doit pas beaucoup changer de ce que vous connaissez déjà en Castille ! Peut être en un peu moins grandiose qu’à l’accoutumée.

Almenara comprend qu’elle n’obtiendra pas plus d’informations. Ils sont alors menés jusqu’à la bibliothèque, où nos 2 compères commencent leurs recherches. Au milieu des livres et parchemins, Almenara aperçoit des éléments indiquant la présence du Collège Invisible. Leurs fouilles commencent à donner des résultats ! Ils tombent sur plusieurs sources, et commencent à comprendre l’organisation des geôles. Si le bâtiment semble classique en apparence, il s’avère que les fondations recèlent des secrets.

Kofi remarque alors une silhouette ayant l’air de les surveiller à travers les rayonnages. Il en fait part à Almenara, et sortent ensemble de l’université. Les doutes de Kofi se confirment. La personne continue de les suivre. Il s’agit d’une silhouette féminine, portant un long manteau, assez simple, et un pantalon de lin, très simple lui aussi.
Nos 2 héros s’engouffrent dans une ruelle. Dès que la femme leur emboite le pas, Kofi se glisse derrière elle et l’arrête. La jeune femme a des traits métis, Théan et Aztlan.
? : “Je ne voudrais pas qu’il y ait de problèmes (et en parlant fort), mais je ne veux pas de vos produits !
Almenara : “M’enfin donc ! Reprenez-vous ! Vous sembliez vouloir me parler ?
? : “Non non … Je vous assure ! Je n’étais venu là que pour reposer un ouvrage !
Almenara : “Allez, suivez-nous, et discutons calmement. Votre nom ?
? : “Ah ? Euh … Maria. Votre arrivée a attiré l’attention du Roi Cahi Batz, seigneur de Crocodile-Os ! Il m’a demandé de vous surveiller.

“Maria” leur raconte succinctement l’histoire du port franc. Il a été fondé il y a une trentaine d'années par les Théans, et ces derniers n’ont pas le droit d’y rassembler une armée. L’arrivée des Théan ne s’est pas faite sans heurts, au dire de Maria, “Ils se croyaient civilisés, mais il suffit de se tourner pour tomber sur des ivrognes”. La sécurité est assurée par les manteau rouges de l’inquisition.
? : “Je pense qu’il serait mieux pour nous trois que la découverte de ma couverture ne sorte pas de ce coin de rue.”
La métisse s’évapore alors dans la foule.

Oki se réveille enfin, un goût de sang dans la bouche. Parmi ses codétenus, l’un tousse, l’autre dort dans son vomi. Il leur demande rapidement s’ils sont de la Lucia, mais ni l’un ni l’autre ne comprennent. Oki retourne la cellule, et finit par trouver de quoi ouvrir la porte.

Il se tourne alors vers ses codétenus : “Ah ! À priori c’est ouvert … Ne dîtes rien ! On va pouvoir s’enfuir !
Le Kuraq parvient à couvrir les bruits de la porte, et s’engouffre dans les couloirs de la prison. Il parvient à trouver l’accès vers les sous-sols. Une forte odeur d’humidité et de moisi remonte des escaliers. À ce même moment, Kofi entre dans les cuisines de la prison, Almenara faisant le guet à l’extérieur. Kofi contacte Buffa grâce aux pouvoirs des Lwas, et lui intime de faire du bruit. Cela permet à Oki de pouvoir s’orienter vers la bonne cellule. Il toque pour prévenir Buffa, et finit par ouvrir la porte.

Un voix féminine se fait entendre dans les autres cellules.
Oki : “Mais qui êtes vous ?
? : “Ix Paj
Oki ouvre la cellule, et tombe sur une femme Tzak Kan.
Ix Paj: “Vous avez des armes ?
Oki : “Non, désolé. Je passe devant, suivez-moi !

Kofi entend des bruits de combat depuis la cuisine. Il décide alors de contacter Buffa pour savoir s’il entend aussi les bruits, s’il en est à l’origine, réponse négative. Kofi s’engouffre dans le couloir, qui mène vers les geôles, et d’où proviennent les bruits. Il tombe alors sur un civil, 2 épées dans les mains, moulinant les airs en direction de gardiens.
De l’autre côté du couloir, Oki, Buffa et les autres prisonniers arrivent enfin !

Buffa, apercevant Kofi : “C’était donc toi dans ma tête ?
Kofi : “Oui !
Buffa : “C’est dangereux ce que tu fais … Mais merci.

Kofi dégage le passage, en éliminant 4 gardes qui s’en prennent au bretteur fou. Il parvient à calmer l’homme, ce qui permet au groupe de pouvoir poursuivre leur évasion. Sur le chemin de la sortie, le groupe passe devant les quartiers du gouverneur Ruiz. L’envie de fouiller la pièce l’emporte sur la raison.

Ils trouvent alors un document prouvant l’implication du seigneur Ruiz dans un complot avec le Roi Cahi Batz il y a 20 ans. Il aurait trahi les siens en livrant le capitaine Alguacil.
Ils trouvent aussi un objet d’art Kuraq. Il s’agit d’un genre d'objets offert aux dignitaires en cadeau. Une note indique “Pacte de non agression entre elle et l’inquisition dans la sphère d’influence”, signé par l’émissaire Llancay (à qui Oki avait volé le Qipu).

Le temps leur faisant défaut, ils sortent de la prison et se retrouvent dans la cour en même temps que de nouveaux gardes, alertés par les bruits de combats. C’est à ce moment-là qu'un gardien est propulsé à travers une fenêtre. Le vesten, codétenu avec Oki, traverse la fenêtre à la suite du gardien, une lance plantée dans le torse, en fauchant quiconque s’interpose avec lui.

Au même moment, des tirs de mousquets se font entendre en direction du port, provoquant un important mouvement de foule ! Il semblerait qu’Alceste soit parvenu à motiver quelques marins à exprimer leur mécontentement.

Le groupe de fuyards en profite pour se fondre dans la foule et se mettre à l’abri. Kofi propose à tous de se monter sur la Cola, l’endroit le plus sûr selon lui. En arrivant près du port, le renforcement des patrouilles fait changer le plan des libérateurs. Plutôt que la Cola, Buffa et ses hommes seront mis à l’abri dans la maison de son avocate.

Une fois au calme, Ix Paj, très mal en point et terrifiée à l’idée de rester ici leur raconte :
Je suis une archéologue de la ville de Crocodile-Os. Jusqu’à peu bien vue de mes semblables, le roi Cahi Batz en personne m’a confié la direction d’une expédition pour trouver des informations sur la tombe du Dieu-Roi Jaguar Na k'an. Nous avions fini par découvrir la localisation de la tombe dans de vieux codex. Mais une fois de retour, le Roi a finalement décidé de mandater la CCA pour mener les recherches finales. Même si j’ai refusé de leur fournir l’aide qu’ils attendaient, pour ne pas finir entièrement dépossédé de ma découverte, j’ai fini par y être contrainte. Pendant cette période, le roi n’a fait que se vanter que la re-découverte de l’emplacement de la tombe du Dieu-Roi Jaguar n’était dû qu’à ses talents, évinçant tout notre travail fourni. Lorsque nous sommes rentrés avec les preuves nécessaires, le Roi m’a fait emprisonner, et à demandé mon exécution. Il semblerait que j’ai été secrètement échangée, et c’est comme cela que je me suis retrouvée dans les geôles du port franc. Le Seigneur Ruiz et ses hommes m’ont fait subir d'atroces sévices pour que je leur révèle l’emplacement de la sépulture, et de son contenu. Ruiz prend très au sérieux la légende des 3 seaux. C’est très dangereux … Des maladies présentes aujourd’hui dans le port pourraient provenir de la tombe … C’est la malédiction du dieu-Roi Jaguar ! Durant l’expédition, nous avons subi le vol d’une sphère, dérobée par Azeneth Médéline, la responsable de l’expédition de la CCA. La tombe se trouve en territoire contesté, elle est donc aujourd’hui très difficile d’accès. Mais je pourrais vous aider si vous parvenez à me sortir d’ici. J’ai des amis dans la cité et au port franc !
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Mickey-bis »

Entre deux aventures, quoi de mieux qu’un peu de tourisme ?
Sur le pont d’un navire, éclairé par la seule lueur de la pleine lune, la silhouette d’un homme se dessine. Le silence du port endormi est à peine troublé par ses murmures et le frottement de ses mains sur des osselets. Au même moment, dans un petit appartement, le capitaine Madonaldo Buffa se tourne et se retourne dans son sommeil, l’air anxieux. Dans ses rêves, une voix retentit, souligné d’échos d’outre-tombe : « Ils t’ont sauvé. Ne l’oublie jamais. Ils t’ont sauvé, tu leur es redevable. Ils t’ont sauvé. ». En nage, Buffa se relève brusquement, mais les lambeaux de son rêve se perdent rapidement, et bientôt, il ne se souvient plus que d’une chose : il a dorénavant une dette envers l’équipage de la Cola.
Sur le pont de son navire, Kofi révèle ses dents blanches dans un sourire satisfait, et, épuisé par son rituel, part se coucher.

Au petit matin, nos protagonistes se réveillent difficilement, encore fourbus de leurs actions récentes. Alménara, forte de ses connaissances en médecine, fait le tour du groupe pour évaluer les dégâts, et constate rapidement que mis à part une toux générale, aucun de ses compagnons d’armes n’est blessé gravement. Etant plus mal en point que les autres, elle demande à Kofi une part du butin pour trouver les ingrédients nécessaires à la guérison de ses plaies les plus graves.
Au cours d’un conciliabule, il est décidé de partir visiter la cité Tzak k’an dans l’après-midi, pour laisser le temps à tout le monde de vaquer à ses occupations.

En remontant les rues pour aboutir à leur destination, les protagonistes remarquent que la fumée jaunâtre serpentant au sol en fines volutes qu’ils avaient remarqué dans le port Franc provient de la cité Tzak k’an. Celle-ci a été bâtie sur une zone déboisée, et surélevée par des amas de terre qui ont dû représenter des travaux colossaux. Elle est composée de 5 zones distinctes : une place centrale et 4 quartiers situés aux points cardinaux, possédant chacun un bâtiment bien spécifique. Après s’être renseigné rapidement, ils parviennent à établir un plan général de la ville, et Oki, de culture Aztlane, explique à ses compagnons ses déductions sur les infrastructures et leur utilité :
Au centre se dresse une pyramide au sommet étroit, sous la surveillance attentive des gardes de la ville. Il s’agit de l’observatoire royal, permettant de consulter les étoiles et de converser avec les Dieux.
A l’Est, en bord de falaises et surplombant le port Franc, se tient le Temple des Grands Vents, qui d’après les conversations alentours aurait une fonction religieuse importante au sein de la cité. C’est d’ailleurs à cet endroit que se trouve Chak Balam, la Grande Prêtresse de la cité, principale figure religieuse après le roi, lui-même étant l’incarnation même du Dieu Crocodile-Os. Le bâtiment est fortement décoré avec des fresques murales, et une imposante lanterne théane en son sommet sert de phare pour guider les navires dans le port. Une petite hutte, comme écrasée par l’imposant temple, se tient à côté, et se dénote par la longue file de personnes attendant d’y entrer. D’après leur état, il y a fort à parier qu’il s’agisste du cabinet d’un des médecins de la ville.
Le quartier de Ceiba, au Nord, est possède lui aussi par un vaste temple abritant l’arbre reliant les mondes. Les allers-retours fréquents d’un Tzak k’an en particulier retiennent leur attention, mais nos héros décident de poursuivre leur visite avant d’aborder qui que ce soit, afin d’avoir une meilleure perception de la ville et de son fonctionnement : leurs aventures les menant rarement vers des opportunités faciles et sans embuches (par malchance ou choix douteux, selon les narrateurs), connaitre le terrain sur lequel ils évoluent semble relativement pertinent.
La zone ouest est occupée principalement par une large estrade « décorée » d’une multitude de cranes, qu’Oki identifie rapidement comme une plateforme funéraire. Le tzompantli, comme le nomment les habitants, fourmille tristement d’une activité incessante et macabre. Un hospice est aménagé à proximité, mêlant aussi bien Tzak k’aniens que Théans qui semblent étonnamment collaborerés pour limiter la souffrance de leurs compatriotes. La population assemblée en ces lieux essentiels de vie reflète les fortes inégalités sociales de la cité.
Leurs pas les amènent finalement au Sud de la ville, ancienne zone de divertissement en particulier avec un terrain de jeu de balle typiquement Tzak k’anAztlan. Le terrain est aujourd’hui utilisé pour stocker les innombrables corps boursouflés des victimes de la peste. Dans l’un des coins encore libres du terrain, se tient un attroupement (très) majoritairement féminin au centre du terrain autour de celui qui semble être le joueur fétiche de la cité. Le contraste entre ces deux scènes ne manque pas de surprendre les visiteurs.

Au cours de leurs déambulations à travers les quartiers de la ville, nos protagonistes tombent sur un grand marché, où s’échangent objets et pierres précieuses entre les deux peuples. Alors qu’ils le traversent, Oki remarque qu’Almenara a subitement disparu. Inquiets, ils partent à sa recherche, et finissent par la trouver près d’étals à l’écart, absorbée dans une discussion animée avec l’un des vendeurs de ce qui ressemble fortement à de la contrebande. La transaction en cours se termine à leur approche, et ils voient, effarés, Almenara sortir discrètement de sa besace la tête bien conservée de l’Oqtal, et l’échanger contre une statuette couteuse. Sous leurs regards fortement désapprobateurs, elle s’éloigne rapidement de l’étal et dit innocemment, en haussant légèrement les épaules :
- Vous vous plaigniez que cette tête ne nous apportait que des ennuis. Aujourd’hui, elle nous apporte des richesses, et vous n’aurez plus à vous en inquiéter, tout est bien qui finit bien non ? Conclut-elle avec un petit sourire espiègle et satisfait, les entrainant à sa suite pour quitter l’endroit.

Au cours de leur visite, le groupe ne manque pas de relever plusieurs points surprenants : étonnés de ne pas voir de rivières ou de puits, ils apprennent rapidement que l’eau potable est gérée par des prêtres des 4 zones, qui s’occupent de la distribution aux habitants. De plus, bien que peu familiers des environs, ils notent tout de même que l’activité dans la cité est faible, avec peu de gens dans les rues et les commerces. Enfin, ce qui les marque le plus est l’augmentation du nombre de malades atteints de la peste par rapport à la ville Théane. Des braseros dans lesquels sont régulièrement jetés des mélanges d’herbe sont répartis à travers la ville, dégageant la fumée jaunâtre qu’ils avaient déjà repérés auparavant, bien que bien plus dense et importante et odorante. A leur grande surprise, les habitants ont des réactions bien différentes vis-à-vis de ce phénomène : alors que certains la recherchent pour la respirer à plein poumons, d’autres à l’inverse préfèrent s’en éloigner, marmonnant leur contrariété en se couvrant le visage.

Comme pour souligner la fin de leurs pérégrinations, Oki et Alceste se retournent vers le groupe. Les autres avaient remarqué leurs messes basses échangées tout au long du trajet, sans en comprendre les teneurs : il s’avère qu’Alceste avait décidé de profiter de la visite pour sonder la population en ayant Oki lui traduisant des bribes de conversation entendues de-ci de-là (oui, c’est plus facile de capter des conversations avec quelqu’un qui parle la langue…). Celles-ci, à teneur essentiellement politiques, permettent à notre ami Montaginois de mieux mesurer l’impact des derniers évènements sur l’humeur locale. L’un des principaux sujets se révèle être est le mécontentement du peuple envers le roi Cahi Batz qui, en négligeant ses devoirs envers les Dieux, aurait provoquéer peu à peu leur ire, origine de plusieurs phénomènes néfastes dans la cité. En conséquence, son autorité est de plus en plus critiquée, voire reniée, en particulier par la Grande Prêtresse, principale source de ce mouvement. Toutefois, cette colère est atténuée par la recherche et la découverte du temple du dieu-roi jaguar : bien que ce soit les Théans qui finirent par le retrouver, la population y voit un regain d’attention envers les Dieux, ce qui devrait les apaiser.

Une cité divisée : enquête exclusive en quête de spiritualité
Intrigués par cette dissension dans l’autorité de la cité, les quatre compagnons décident de retourner vers Ceiba, afin de parler à la Grande Prêtresse et de mieux appréhender la situation. Bien entendu, même si celle-ci est à l’écoute de son peuple et accorde des audiences sur demande, il n’est pas simple de rencontrer une personne si influente, et l’attente est longue. Malgré tout, nos héros prennent leur mal en patience et profitent de la situation pour trouver des témoins du passage de l’exocet. Malgré le point de vue remarquable possible depuis le haut du bâtiment, ils font chou blanc, personne n’ayant assisté à un tel phénomène. Toutefois, la description de Frère Andonius, donnée à tout hasard, est plus profitable, et ils apprennent qu’il a bel et bien été vu dans la cité en compagnie de deux jeunes femmes, l’une métis et l’autre Hexe, du pays d’Eisen, avec un bandeau sur l’œil (Elizbiéta !). A force d’investigations, ils finissent par savoir que Frère Andonius a résidé quelques temps chez un homme nommé le Père Emile, un curé de l’église du port franc. Revigorés par cette découverte, ils en oublient presque la raison de leur venue, quand on vient finalement les chercher pour les mener devant la prêtresse.

Ils la reconnaissent facilement car, outre ses atours confirmant ses attributions, la forme de son crâne, artificiellement allongée durant l’enfance, la distingue des autres comme faisant partie de la classe noble. Sa maitrise approximative de la langue castillane facilite grandement la discussion. Fort de son talent oratoire et soucieux de ne pas mettre directement ses pieds propres dans le plat d’instabilité politique, Alceste attaque la discussion par un autre biais en abordant le sujet des esprits malfaisants auxquels ils ont été confrontés dans le port, les Rahuris étant de très anciens descendants Aztlans. Toutefois, ses espoirs de compassion sont vains :
- Le Port Franc ne nous concerne pas, réplique froidement la Grande Prêtresse. Les Rahuris ont brisé le grand tabou il y a bien des années. Si la paix des morts a été dérangée, ce sont à leurs prêtres de s’en charger, nous ne nous mêlerons pas de leurs affaires, comme ils ne se mêlent pas des nôtres.
- Grande Prêtresse, ne craignez-vous pas que les esprits finissent par parvenir jusqu’à votre cité, et à tourmenter les habitants Tzak k’ans ? Demande innocemment Almenara.
Leur interlocutrice prend le temps de la réflexion en les observant soigneusement, avant de répondre :
- J’en ferai part au seigneur Ruiz, je le verrai ce soir lors des festivités.
Profitant de son attitude attentive, ou tout du moins non hostile à leur égard, Oki se lance :
- Qu’en est-il du temple du Dieu-Jaguar ? Nous avons été surpris que le peuple ne soit pas plus irrité à ce sujet, êtes-vous sûrs que les Théans à l’origine de sa découverte ne sont pas de pilleurs de tombes ?
- Ce sujet est bien complexe, soupire la Grande Prêtresse. Je pense que le roi Cahi Batz a instigué cette recherche pour contrer les reproches que les Dieux lui font à travers moi. La situation était pire au début de son règne, mais après le grand incendie du Port Franc brûlé il y a vingt ans de cela, le commandant Ruiz avait rappelé ses gens. Néanmoins, depuis que ce que vous appelez la CCA a débarqué quelques saisons auparavant, notre roi a recommencé à s’intéresser bien trop aux Théans, au détriment de nos propres Dieux, dont il est pourtant le porte-parole.
Le claquement de langue désapprobateur pour souligner ses derniers propos en disent long sur son avis sur le sujet.
- S’il respectait nos Dieux et notre peuple comme il se doit, voilà longtemps que nous aurions fait plier ces étrangers, poursuit-elle en grondant.
Kofi s’apprête à intervenir pour apaiser l’atmosphère, mais son Dieu l’habite toujours, et alors qu’un mauvais pressentiment lui traverse le corps par un frisson, il décide de se taire pour ne pas se faire remarquer plus que de raison. A l’exact opposé, Alceste ene peut s’empêcher d’ajouter de l’huile sur le feu :
- Vous devriez prendre garde, nous savons de source sure que la CCA tisse une alliance avec les Kuraqs. Or, je sais que votre peuple ne suit pas unanimement les idées de votre impératrice.
Ces mots alertent la Grande Prêtresse, qui se redresse et le scrute en plissant légèrement les yeux, incertaine de ses intentions. Un intérêt nouveau semble toutefois naître à la suite de leur discussion, et Kofi choisit finalement de renchérir, y voyant une opportunité de gagner sa confiance :
- La menace Kuraq est bel et bien réelle. Ils montent en ce moment même une armée, ce qui ne laisse rien présager de bon quant à leurs intentions.
- Nous sommes coutumiers du danger, notamment venant du Nord et du Sud de notre belle cité, mais nous n’avons rien à craindre car les Dieux nous protègent, dit-elle d’une voix fervente. Toutefois, je vous entends, et il est curieux que les Kuraqs s’intéressent à Senior Ruiz. Si le sujet vous tient à cœur, vous pourriez peut-être en apprendre plus en prenant vous-même part à la cérémonie de ce soir. Je vous ferai parvenir des invitations, finit-elle, clôturant la discussion.
- Nous vous remercions infiniment pour votre temps précieux, s’empresse d’intervenir Almenara. J’aurais une dernière demande à émettre avant notre départ : avez-vous eu vent de l’arrivée de cet homme ? Demande-elle, en décrivant Frère Andonius.
- Ce nom ni cette description ne me disent rien. Donnez vos noms à mon serviteur ici présent pour qu’il vous fasse parvenir vos entrées.
Ne leur laissant pas la possibilité d’ajouter quoi que ce soit, elle les congédie fermement. Ils se présentent sous leur identité de l’Arquebuse auprès du serviteur en question, et quittent le temple.

Bien décidés à mettre à profit le temps restant avant la soirée pour retrouver la piste de leur ennemi juré, les quatre compères retournent au Port Franc pour aller voir Père Emile. De nombreux tas de sables et de sciures jonchent les rues de la ville théane, certains encore rougis par le sang versé lors des émeutes, rappelant sinistrement à nos amis la tension toujours présente en raison de la situation de quarantaine. Des affiches de recherche volètent dans les artères presque désertes, dont celles du capitaine Bufa, du capitaine Kofi et de son équipage, ainsi que d’une jeune métisse brune. L’affiche de cette dernière diffère des autres car elle indique que la fugitive doit impérativement être amenée, morte ou vive, auprès d’une dénommée Maeve Cullen. Laissant derrière eux ce paysage lugubre, le groupe pénètre rapidement dans l’église qui leur a été préalablement indiquée.

Père Emile est un Montaginois d’un âge vénérable et d’apparence inoffensive, qui est ravi de recevoir un peu de visite et de pouvoir parler de son pays natal.
- Vous savez, radote-il fièrement, j’ai connu la Montaigne avant l’excommunication générale !
Parvenant enfin à en plac… à interrompre l’homme saint, nos héros l’informent qu’ils sont à la recherche de Frère Andonius, qui leur aurait donné rendez-vous dans cette église sous couvert de lui apporter du matériel pour ses recherches.
- Ouiii, Frère Andonius, un homme fort aimable et intéressant. Je n’étais pas au courant qu’il vous attendait, malheureusement, il n’est plus ici. Il a séjourné chez nous quelques jours tout au plus, puis est reparti, mais il ne m’a pas partagé sa prochaine destination. Il était d’ailleurs parti en fort bonne compagnie, ajoute-il avec un clin d’œil : une valeureuse guerrière Théane (la pauvre a perdu un œil au cours de ses batailles passées), une jeune femme métisse très charmante ainsi qu’un homme, croissantéein je dirais... J’ai cru comprendre qu’ils recrutaient des hommes, mais je ne sais dans quel but.

L’humeur est mitigée alors qu’ils rejoignent le navire : bien qu’ils aient eu confirmation d’être sur la bonne piste pour rattraper le gredin, celle-ci se refroidit à grande vitesse, et poursuivre leur chasse va se révéler ardu. Absorbés dans leur réflexion quant à la marche à suivre, ils ne voient qu’au dernier moment un Tzak k’an attendre à proximité de la Cola. Lorsque celui-ci les repère, il se dirige sans hésitation vers eux et, dans un castillan rudimentaire, leur remet un sceau royal en les informant que le roi Cahi Batz les invite au bal se déroulant à l’observatoire le soir même. Malgré leur prudence et leur camouflage en équipage de l’Arquebuse, le messager emploie leurs noms réels, sous-entendant à dessein l’omniscience de son souverain. Troublés, la troupe prend l’objet et monte à bord pour se préparer.
Almenara en profite pour cacher soigneusement son nouveau butin, sous les yeux consternés des trois autres. La contrebande est en effet une amélioration par rapport à une tête de monstre, mais reste un objet dangereux à transporter avec soi. Leurs préparatifs sont rapidement interrompus par un nouveau messager Tzak k’an, qui les invite à son tour à la même soirée, mais au nom cette fois de la Grande Prêtresse.
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Mickey-bis »

Le récit de la fête est la moitié de la fête.
L’utilisation privilégiée de l’une ou l’autre des invitations pouvant montrer une préférence pour l’un des partis et, de fait, engendrer un incident diplomatique, le groupe se divise pour pouvoir honorer même partiellement les deux convocations. Kofi et Alceste arrivent donc en premier sur les lieux des festivités, munis du sceau royal. Toute volonté d’une arrivée discrète est immédiatement balayée par le portier, qui les annonce d’une voix tonitruante, surpassant toutes les conversations de la pièce. Le silence suivant l’annonce de leurs noms n’est brisé que par une quinte de toux prononcée, émanant d’une Théane s’étant étouffée dans sa boisson. Les deux hommes, penauds, s’éloignent hâtivement de l’entrée dans l’espoir de se fondre dans la foule. Oki et Almenara arrivent peu après, accompagnés de l’émissaire de la Grande Prêtresse, et sont à leur grand soulagement introduit sans fioritures ni annonce parmi les invités.
La dissension entendue dans la cité plus tôt est encore plus flagrante ici, car deux grands groupes se distinguent dans la pièce, représentant sans trop d’ambiguïtés les intérêts du roi et de la Grande Prêtresse. Maeve Cullen, dirigeant le commerce pour le compte de la CCA, est aussi présente, à l’écart, en pleine discussion avec d’autres personnalités. Un autre groupe relativement remarquable est formé autour d’un homme aux muscles saillants, qu’ils reconnaissent comme étant le joueur du terrain de balles. Curieux, Oki demande à d’autres convives plus d’informations sur ce dernier et apprend qu’il s’agit de la star de l’Aztlan, Jasaw. En entendant son nom, celui-ci se retourne négligemment, et ses yeux s’ouvrent de stupeur. Ecartant sans ménagement sa cour, il rejoint à grand pas Oki et Almenara et, le regard fixé sur cette dernière, balbutie dans sa langue natale :
- C’est vous… Oui, c’est bien vous j’en suis sûr ! Je vous ai vu dans ma vision ! Vous allez me mener en enfer !
Méfiante devant ses accusations, Almenara fait mine de ne pas comprendre et se réfugie derrière Oki en déclarant sèchement en castillan :
- Je ne vous ai jamais rencontré, Monsieur, et je vous prierai donc de cesser de m’importuner, ou il vous en coutera.
- Non, non, vous ne comprenez pas, répond-il dans la même langue. Vous allez m’aider en étant mon guide pour l’enfer Xibalba. Je dois à tout prix m’y rendre et y disputer une partie pour gagner la possibilité de retrouver mon frère. Je sais que vous y êtes déjà allé, vous devriez donc pouvoir m’y emmener !

Devant l’attroupement et le gain d’attention que leur échange provoque, Almenara choisit de couper court à la discussion en poursuivant sur le même ton cassant. Cela fait l’effet d’une douche froide au Tzak k’an qui, vexé, grommelle quelques mots dans sa langue de façon hautaine et se retire sans plus de cérémonies. Bien décidée à comprendre ce qu’il s’est passé, la castillane rattrape quelques unes des nombreuses groupies du sportif et use de tous ses talents de persuasion pour les retenir et en apprendre plus à son sujet.
- Vous avez osé le repousser, alors que Jasaw vous a demandé son aide !
- Malheureusement, pour autant que je le sache, cet homme s’est trompé. Il est vrai que j’ai peut-être réagi un peu sèchement, mais son charisme et sa prestance m’ont fait perdre mes moyens… plaide Almenara, l’air faussement gênée
- Hmmm… il est vrai que personne ne reste insensible à son charme, même si cela peut se présenter de la plus surprenante des manières.
- Pensez-vous qu’il en sera impacté ? Je m’en voudrais s’il devait garder un mauvais souvenir de ces festivités par ma faute.
- Jasaw est un joueur professionnel ! Ce sport est toute sa vie, en plus de son dévouement à sa famille. Il ne se souvient probablement déjà plus de vous. Lance l’une des fans d’un ton dédaigneux.
- Vous m’en voyez soulagée. Cette histoire avec son frère avait en effet l’air terrible, même si je ne suis pas sure d’en avoir saisi tous les aboutissants. Enfin, je ne voulais simplement pas ajouter à son fardeau.
- Eh bien, son frère a été emporté à Xibalba, vous vous rendez compte ? Tout le monde ne parle que de cela, et il n’a de cesse de le retrouver !
- Mais il a mentionné qu’il voulait « jouer » là-bas ? N’est-ce pas étrange ?
- Oh mais pas du tout ! Il existe un mythe très ancien chez notre peuple, racontant que, fut un temps, deux frères jumeaux jouaient si bien que les Dieux reconnurent leur talent. Ils les ont alors fait jouer à travers le monde, et même par-delà, à Xibalba. Jasaw croit beaucoup en cette histoire, et est persuadé qu’il est destiné à rejoindre son frère pour disputer le match de leur vie, devant les Dieux ! Oh mon Dieu, je l’ai perdu de vue, où est-il passé ?
Les jeunes fans se précipitent à sa suite avant de le perdre totalement.

Les discussions suivantes se déroulent plus sereinement, permettant à nos héros d’en apprendre plus sur le contexte de ces festivités :
Nombre de trésors ont été trouvés lors de la découverte du temple du dieu-roi jaguar. Pour prouver leur reconnaissance pour améliorer l’entente entre leurs deux peuples, les Théans sont tenus d’offrir le bien le plus précieux obtenu lors des fouilles, à savoir ici une somptueuse tête de jaguar tout en pierres précieuses. Cet échange entre l’officier de la CCA Cullen et le roi Cahi Batz sera d’ailleurs le clou de la soirée. Toutefois, l’ambiance est loin d’être totalement sereine, car l’organisatrice des recherches, nommée Azeneth, a disparu lors du trajet du retour. Cullen, folle de rage, cherche à la retrouver par tous les moyens, car elle aurait subtilisé une partie de leurs trouvailles, dont une stèle Tzak k’an de grande valeur. Dès qu’elle entend cela, Almenara fait le rapprochement avec une stèle similaire trouvée dans l’exocet d’Andonius. Malgré les attaques du centipède monstrueux, elle avait eu le temps de l’observer de plus près, et est certaine qu’il s’agit du même objet. Ce sentiment est renforcé par une lettre trouvée à proximité, attestant d’une correspondance entre Frère Andonius et une certaine Azeneth. Ne tenant pas en place, elle s’empresse d’en informer discrètement ses collègues, dont Kofi qui était en chemin pour parler au roi.

Notre valeureux capitaine l’écoute tout en poursuivant son chemin vers le souverain. Ils l’atteignent rapidement, et constate qu’à l’instar de la Grande Prêtresse, malgré son statut quasi divin, Cahi Batz reste une personne accessible et disposé à discuter avec ses sujets. Comme pour prouver cette impression, en les voyant, il lève un verre aux douces senteurs de chocolat chaud épicé dans leur direction, pour les inviter à le rejoindre :
- Je suis toujours ravi d’avoir des invités qui suscitent autant d’intérêt auprès de leurs semblables. Dit-il, l’air curieux.
- Votre majesté, nous vous savons gré de nous avoir invités, d’autant plus puisque vous connaissez notre triste réputation, non méritée bien entendu, au Port Franc. Répond Kofi en s’inclinant. Votre indulgence à votre égard devrait à coup sûr en faire réfléchir plus d’un avant que l’on ne nous importune. Enchaine-t-il en le regardant droit dans les yeux, une note d’espoir dans la voix.
- Malheureusement, cher capitaine, je crains que mon influence ne vous protège que dans l’enceinte de notre belle cité. Vous me semblez fourbus, goûtez donc à ce breuvage, il vous requinquera à coup sûr.
En disant ces mots, le roi les entraine à sa suite vers une partie de la salle plus privée. Une fois suffisamment éloigné de potentielles oreilles indiscrètes, il chuchote :
- Comme vous l’avez si justement souligné, je vous ai apporté mon aide. Il ne semble que juste d’attendre un retour de votre part : mon petit doigt me dit que le nom d’Azeneth ne vous est pas totalement inconnu. Vous ne sauriez pas par hasard où se cacherait-elle ?
Kofi hésite quelques instants, consultant Almenara du regard, et décide de jouer franc-jeu :
- Mlle de Hontivieros de Serafin ici présente a en effet déjà eu vent de ce nom, sans pour autant que nous l’ayons rencontré ou ayons échangé avec elle. Il se trouve qu’elle échange des correspondances avec un homme très dangereux que nous recherchons activement, Frère Andonius. Lorsque nous l’avons croisé pour la dernière fois, à Port Ozama il était en possession d’une stèle qui pourrait correspondre à celle que recherche Mme Cullen. Nous étions à sa poursuite, mais plusieurs évènements nous ont ralenti, dit Kofi, d’un air entendu.
- Je vois… je vais aller de ce pas discuter avec notre amie Maeve, afin qu’elle ne soit pas un frein dans votre quête de cet homme ET de la stèle. Il serait regrettable que celle-ci ne retrouve pas le chemin de la cité d’ici peu, certains pourraient y voire un manque de motivation de votre part, et je ne pourrai vous accorder ma protection bien longtemps.

Sur ces paroles, le roi leur tourne le dos et s’éloigne négligemment, suivi par plusieurs personnes attendant visiblement une audience. A peine s’est-il éloigné que les commérages reprennent bon train à son sujet. Grâce à leur force de persuasion et à quelques piécettes bien distribués, nos compères apprennent que Cahi Batz rassemble une armée pour pouvoir réagir à tout conflit si la maladie se déclare dans d’autres villes. Afin d’assurer ses arrières, il prévoit également d’accuser un médecin tzak k’anien prénommé Tukun d’être l’origine de cette peste catastrophique. Suivant ces dires et craignant l’œuvre d’un nouvel ennemi malfaisant, ils creusent un peu plus sur ce sujet, et apprennent que celui-ci s’est en fait attiré l’ire du roi en demandant de l’aide aux cités alentours pour endiguer la maladie sans attendre l’autorisation de son souverain. Contrairement à ce que l’on pourrait croire devant la réaction du roi, les différents invités présents s’accordent à dire qu’il s’agit d’un médecin émérite ayant étudié autant que possible la maladie afin de trouver un remède. Une rumeur court même sur sa découverte des effets bénéfiques d’une certaine plante très rare et difficile à trouver, la Gloire du matin. Kofi et Almenara échangent un regard entendu et partent à la recherche d’autres informations.

Un œil averti et attentif pourrait constater que le groupe autour de la Grande Prêtresse semble plus garni qu’en début de soirée, avec une proportion grandissante de Théans à l’écoute de ses discours. Non loin de là, Oki a repéré son émissaire Kuraq préférée au niveau du buffet, et s’est empressé de se fondre dans la foule pour l’éviter. C’est sans compter sur notre téméraire Montaginois qui, assistant à la scène, se dirige vers elle sous le regard décontenancé de son ami. Evitant de justesse de piétiner 2 rats s’échappant de sous la table, il lui tend la main en tenant un trait d’humour :
- Belle soirée, n’est-ce pas ? Il semblerait que le buffet soit au goût de tout le monde.
- Et à qui ai-je l’honneur ? s’enquit-elle, plissant les yeux de méfiance.
- Jean-Ernestin de Belle-Île, de notre belle Montaigne, pour vous servir ma dame, répond-t-il en s’inclinant.
- Votre empereur est le bienvenu pour ouvrir les discussions avec l’impératrice, sa patience a déjà été plus que généreuse.
- Selon mes sources, un premier échange a déjà eu lieu, au casino de l’île de la Sylviette si mes souvenirs sont exacts. Y a-t-il eu un problème ?
- Votre agent, le vicomte de la Colline sur Mer, est parti précipitamment et de manière prématurée de la soirée, nous n’avons pas eu l’occasion de nous entretenir, je le crains. Et que faites-vous donc parmi nous, M. de Belle-Île ?
- Je viens en reconnaissance pour mon souverain, chuchote-t-il. Malheureusement, je me dois de rester discret, la Castille et la Montaigne ne sont pas en très bons termes, en ce moment.
- En effet. J’ai entendu que vous étiez arrivé par invitation du roi. S’il vous prête une oreille attentive, n’hésitez pas à lui parler des manigances de la Reine Serpent. Je suis venue pour lui prodiguer des conseils, car il se trouve sur un terrain épineux : si la Reine Serpent apprend que le temple jaguar a été pillé, cela pourrait engendrer des conflits sanglants.

D’autres convives s’étant approchés pour se restaurer, l’émissaire coupe court à la conversation et s’éloigne. Se remémorant des informations que lui avaient transmises Oki et en repensant aux derniers propos de son interlocutrice, Alceste s’aperçoit que le temple Jaguar doit être en plein milieu de territoire serpent, dans une zone fortement contestée par leurs voisins. Tout à sa réflexion, il s’apprête à porter à sa bouche l’un des succulents en-cas du buffet, quand une forte tape sur sa main envoie la gourmandise choir au sol. Indigné, le Montaginois se tourne pour remettre l’importun à sa place, et retrouve immédiatement le sourire en tombant sur Kofi et Almenara, qui pointe la table avec un regard de dégoût. Surpris, Alceste suit son doigt du regard et découvre, horrifié, des pointes de moisissures blanches et bleues sur les différents mets. Oki en profite pour les rejoindre et leur apprend que les invités commencent à se plaindre de la nourriture un peu partout dans la salle. Le teint rougissant de colère, bien décidé à se faire entendre par les manants ayant tenté de l’empoisonner, le noble part à la recherche des cuisines en tempêtant, et manque de gober une mouche au passage. En bon diplomate et craignant un scandale imminent, Oki le rattrape et l’enjoint à être le porte-parole du groupe auprès de la Grande Prêtresse, pendant qu’Almenara se chargera de découvrir la source de cette « ignominie ». Sous la pression de ses compagnons, Alceste rajuste son vêtement, inspire un grand coup et, sa composition toute retrouvée, fait demi-tour pour la rejoindre.

- Madame ? Au nom de mes compagnons, je tiens à vous remercier pour votre invitation.
- Tout le plaisir est pour moi, M. de Belle-Ile. Il m’a été rapporté toutefois que vous n’avez pas tous choisi d’en bénéficier ?
- N’y voyez aucun affront, je vous en prie. Nous avons choisi d’user de diplomatie lorsque nous avons reçu une invitation officielle du roi, nous ne pouvions nous permettre de refuser totalement son offre.
- En effet, j’ai été surprise d’entendre cela. Néanmoins, cela montre bien que Cahi Batz craint son peuple, et qu’il cherche à sauver les apparences. En participant indirectement à la découverte du temple du dieu jaguar, il est remonté dans l’opinion publique. Je suis persuadée qu’un changement radical, voire royal, ne pourrait qu’améliorer la situation en calmant la colère des dieux.
- Tiens donc, et vous seriez prête à vous sacrifier pour votre peuple ?
- Pas au sens où vous l’entendez. Le pouvoir ne m’intéresse pas, seule les Dieux et la pérennité de la cité doivent prévaloir.

Un peu plus loin, Oki a rejoint de manière totalement désinvolte des invités Tzak k’ans pour écouter leur discussion sur leurs voisins Théans.
- Vous savez, ils ne sont pas si mauvais. Le roi a d’ailleurs consulté l’un de leurs médecins pour trouver un remède à la maladie, et nous a fourni un remède avec la fumée de braseros de la ville.
- Tsss, cette fumée ne guérit rien, réplique un autre, elle ne fait que polluer notre belle cité avec cette odeur nauséabonde. Les Théans ne se préoccupent que de leur propre bien, c’est pour cela que l’un de leur dirigeant, le commandant Ruiz, s’est rapproché du roi. J’ai entendu dire que, s’il n’était pas intéressé par la conquête d’autres cités dans les terres, comme d’autres de sa nation, c’était parce que sa curiosité est plutôt tournée vers la tombe du roi Jaguar et ses secrets !
- C’est un homme qui a l’air plein de rancunes en effet, mais vous ne pensez pas qu’elle est plutôt orientée vers son propre peuple ? Il ne serait pas des plus appréciés en Castille. Il a obtenu son poste actuel après les évènements tragiques d’il y a 20 ans si je ne m’abuse, durant lesquels il a d’ailleurs perdu sa compagne.
- Il est dangereux, vous dis-je, son intérêt pour la stèle est bien personnel, et je ne serai pas étonné qu’il veuille doubler notre bon souverain.
- Pardonnez mon intrusion, mais que s’est-il passé il y a 20 ans ? Les interrompt Oki, totalement absorbé par la conversation. J’ai entendu parler d’un incendie, mais je n’en sais pas beaucoup plus.
Ravis de trouver une oreille attentive, ses interlocuteurs se penchent vers lui avec des airs de conspirateurs :
- Une sombre histoire, les Théans en ont beaucoup soufferts !
- Ils l’ont bien cherché, ces scélérats ! Crache l’un d’eux
- Il y a vingt ans, reprend le 1er sans en tenir compte, un homme nommé le capitaine Gorka Alguacil y Barbero de Torres est arrivé au Port Franc (Ces castillans, toujours à se faire remarquer avec leur nom à rallonge !). C’était un homme d’importance, il faisait partie d’une des 5 familles royales de Castille si mes souvenirs sont exacts. A l’époque, la ville était encore divisée, et le capitaine a voulu mener une insurrection contre Baak Ah Yin ! L’officier Ruiz, déjà présent dans la ville, en a entendu parler et l’a stoppé en coulant son navire. L’incendie dont vous parliez un peu plus tôt a eu lieu cette même nuit.
- La mort de sa femme également ! Et c’est grâce à notre roi que le complot a été déjoué, ce qui montre bien sa puissance et l’affection que lui porte les Dieux !

Une théorie se formant dans son esprit, Oki demande :
- Qu’en est-il des vaisseaux fantômes ? Depuis quand terrorisent-ils la population ?
- Je n’en ai jamais entendu parler, les affaires des Théans les concernent !
- Ça me dit quelque chose, des marins qui viennent faire du commerce ici parlent d’esprits malfaisants qui hantent les mers. Cela fait longtemps que l’on en entend parler, je dirai… une quinzaine… non une vingtaine d’années ?
- Je vois… et comment se nommait le navire de feu le capitaine Torres ?
- Un nom typiquement castillan, mais ça remonte à si loin… Quelque chose avec des épines…
- Il n’y avait pas une histoire de couronne ?
- Si, si, c’est cela ! La couronne avec des épines, ou quelque chose s’en approchant.

Oki réfléchit un instant, et dans une épiphanie soudaine, murmure : « La Corona de Espino ! »
- Oui, c’est exactement cela ! Mais comment l’avez-vous deviné, vous connaissiez déjà cette histoire ? L’interroge l’un des participants, quelque peu vexé d’avoir manqué son effet.

N’y prêtant guère attention, les rouages tournent dans l’esprit du chasseur : la Corona de Espino, soit la Couronne d’Aubépine en Castillan, est le nom de la couronne du 1er prophète. Il a une portée religieuse très marqué, ce qui colle avec l’arrivée de l’inquisition par le biais de Torres.

Ses réflexions sont interrompues par des chuchotements qui s’élèvent un peu partout dans la salle. Levant les yeux, il voit Maeve Cullen se diriger avec dignité (et un rien d’agacement) vers le roi, dans une posture toute protocolaire : le clou de la soirée est arrivé. Un lourd coffre est amené avec elle, caché sous un drap blanc. Alors que la foule commence à s’organiser pour former une haie d’honneur à son intention, et juste avant que cela soit trop visible, Kofi l’intercepte en lui barrant le passage. Une tasse de chocolat pimenté fumante à la main, il la toise dédaigneusement :
- Bien le bonjour, ma dame. J’ai entendu dire que vous nous cherchiez, mais vos troupes ne doivent pas être très alertes car elles ne sont pas parvenues à nous retrouver. Je viens donc vous épargner cet effort. La nargue-t-il.
Les mâchoires crispées et les muscles tendus, Cullen lui lance un regard noir et lui répond, sa politesse toute formelle démentie par un ton à peine menaçant :
- Vous voilà donc, capitaine Kofi. Vous êtes enfin sorti du trou à rat dans lequel vous vous terriez, comme c’est aimable de votre part. En même temps, si je m’en fie à ce que l’on m’a rapporté, l’épave qui vous sert de navire doit être bien détérioré par les nombreuses lieues que vous avez parcourues, fuyant comme un lapin apeuré. Restez bien là où vous êtes, dès que ces futilités sont terminées, je viendrai m’occuper de vous et de votre équipage.
- Quelle idée saugrenue j’aurais de vouloir quitter cette charmante citée. Les habitants sont tellement accueillants, ici, surtout l’autorité suprême… que vous ne voudriez pas froisser, si j’en crois ce que vous vous apprêtez à lui donner, à l’insu de votre plein gré, dirait-on ? Comme le disent les sages de mon pays, quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper. Réplique-t-il, un sourire narquois lui étirant lentement les lèvres.
- Vous ne perdez rien pour attendre. Fulmine-t-elle, les poings serrés à s’en faire blanchir les phalanges. Je vous traquerais sans relâche, Kofi. Et si ce n’est vous, ce sont vos descendants que nous capturerons, et leurs descendants après eux. Tous sauront quelle bêtise vous avez eu de nous défier, et tous vous maudirons, soyez-en certain.

Elle contourne vivement l’intrépide capitaine, et se dirige vers un notable Théan non loin de là. Celui-ci soulève le drap pour en vérifier le contenu, et fait un hochement de tête en direction du roi.
- Ces pierres datent d’avant la Chute, déclare pompeusement Cullen, avec une certaine fierté dans la voix. Montracher en ramènera de plus extraordinaires encore.

Ce nom ne leur est pas inconnu, mais le montaginois Montracher est surtout connu pour ses théories, disons controversées. Selon lui, et en se basant sur les mythes ancestraux des arbres mondes aztlans et vestens, les théans seraient issus d’une migration antiques des Aztlans vers le continent. Aux dernières nouvelles, il travaillerait dans le grand temple Ceiba, ici même, à Baak Ah Yin.

Une fois le colis vérifié, Cullen arrive devant le roi et commence cérémonieusement à dévoiler la tête du Dieu jaguar, quand une nuée d’insectes inonde la salle, semant la panique.
Reprenant la vieille habitude de Kofi, bien qu’avec beaucoup moins de classe, Alceste, comme désabusé face à une nouvelle crise, porte son verre à ses lèvres en murmurant : « Horizon pas net, reste à la buvette ». La panique commence à envahir la salle, masquant la ruée de plusieurs personnes habillées à la mode Tzak kanienne vers le trésor.
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Mickey-bis »

Théâtre et confusion!
Au milieu des nuées d’insectes volant une trentaine de Tzak’kan envahissent la salle de réception. Almenara remarque qu’i sportent tous un collier de jade représentant un serpent et devine facilement leur intention de voler la tête du Dieu-roi Jaguar. Elle tente immédiatement de s’interposer mais les voleurs parviennent à s’en emparer. Alceste et Kofi retournent des tables pour ralentir l’assaut des Tzak’kan tandis qu’Oki en désarmant l’un des assaillants évite à Chaak Balam de recevoir un très mauvais coup, un échange de regards lui assure la marque d’une certaine reconnaissance.

«L’échec n’est qu’une opportunité de recommencer ce que l’on vient de faire plus intelligemment» s’exclame Kofi en allumant une natte tressée dans un brasero. Il la fait tournoyer autour de lui à grands gestes mettant à terre de nombreux Tzak’kan et se débarrassant de beaucoup d’insectes par la même occasion.

Trouvant certainement que l’attention n’est pas assez portée sur lui, Alceste fait son numéro, se rappelant une pièce de théâtre, il adapte une scène à la situation:
Il grimpe sur une table et trouvant qu’il ne domine pas encore assez l’assemblée y ajoute un tabouret!
Une inspiration, un saut de chat et un malandrin y perd son gourdin.
Un œil arrogant, un pas de côté, le suivant a le nez cassé.
Fort irrité, un malotru lui lance sa massue,
L’élégant épicurien se penche vers un verre de vin,
Un autre vilain le reçoit par dessus!
«Ah, mais il reste encore de ces satanées mouches!
Pardon, voulant les chasser je vous ai mis un coup de louche.»

Un autre de nos héros attire l’attention mais il réussit le tour de force de le faire par son absence! C’est Oki! La dernière fois qu’on l’a aperçu, il glissait un objet imposant dans une couverture avant de disparaître dans la cohue. Tout le monde se demande si en vérité ce ne serait pas lui qui aurait la statue, même les voleurs Tzak’kaniens qui l’ont entre leurs mains doutent et s’échinent à chercher partout le chasseur kuraq plutôt qu’à s’enfuir. Bien caché derrière un rideau, ce dernier ne peut s’empêcher de tressauter d’un petit rire narquois en les entendant faire.

Kofi en profite pour barrer la route aux derniers voleurs, blessant plusieurs d’entre eux de sa natte enflammée au passage. Il est rejoint par Almenara qui met la main sur la statue tant convoitée et la cache dans une marmite sous les yeux effarés de son camarade et ami maw’on. En croisant leur regard, et commençant à bien connaître leur alchimiste castillane préférée, Alceste et Oki comprennent vite la situation. Nos 4 aventuriers ne sont pas tous d’accord avec ce geste, d’autant que désormais tout le monde cherche cette tête du Dieu-Roi Jaguar: le roi, Cuellen et même Ruiz, qui ne devrait pas en avoir grand chose à faire - suspect de sa part se dit Almenara. Bref nos héros doivent trouver le juste équilibre entre couvrir la castillane et l’aider à conserver la statue cachée. Heureusement qu’ils ont à la fois le sens de la discrétion et celui de la diversion.

Fantômes et potence!
Sur le chemin du retour, la discussion est animée entre nos pirates. L’initiative d’Almenara a généré des tensions car si nos héros s’entendent sur le fait qu’avoir cette statue en leur possession leur permettra de faire le bien au final, c’était extrêmement risqué de la voler!

Ils s’interrompent devant une certaine agitation sur le Port-Franc. Elle semble venir du quartier où habite Ripley Wexam. A leur grand désarroi, nos héros découvrent que Buffa et ses hommes se sont fait arrêtés, Ruiz et ses gardes s’apprêtant à les pendre au lever du soleil. Le temps presse!

L’échafaud est prêt sur le port. C’est sous les huées de la foule que Buffa et ses pirates y sont menés les uns après les autres. Ils commencent à chanter en Castillan, que peu d’entre eux parlent pourtant. Le brouillard dense qui se lève ajoute encore à l’étrangeté de l’ambiance. Almenara parvient à approcher l’ambassadeur Ruiz et l’interpelle:
« Gouverneur ! Vous étiez intéressé par la statue n’est-ce pas? Nous pourrions la retrouver et vous la ramener en échange de la vie de ces hommes...
- Ces hommes, comme vous dites, sont condamnés à mort et ils vont mourir! Mais je suis prêt à vous l’acheter. Ainsi, je serai bien vu du roi.»
Il croit que son or peut tout acheter et en plus il ment se dit la castillane.
« Très bien Gouverneur , mais que penserai-t-il s’il découvrait votre rôle dans la Corona De Espino?», ajoute-t-elle
Ruiz jette un regard plein de crainte et de colère à Almenara.
« Dites adieu à vos amis!»

Kofi est inquiet. Des cris lui parviennent depuis la Cola. Il se tourne et voit le navire fantôme La Corona De Espino s’y superposer. L’équipage, possédé, pointe les canons du bateau vers la ville tandis que des spectres s’échappent du navire et se ruent sur les quais!

Tout s’accélère! Plus de négociations possible! Il faut désormais agir.

Pendant qu’Alceste harangue la foule, Kofi traverse les rangs des inquisiteurs en faisant tournoyer son sabre au-dessus de lui. Ruiz apeuré, commande à ses soldats d’embrocher la foule qui devient hostile. Cela lui vaut de recevoir un coup bas d’Almenara.

«Il n y a que les coupables qui s’en prennent à des citoyens désarmés!» lance Alceste, motivant la foule à se défendre face aux gardes. Oki, de son côté, se faufile entre les gens pour se rapprocher de l’échafaud tandis que les possédés avancent. Une salve de canon rajoute à la panique. Les mouvements de foules deviennent très dangereux, il faut éviter d’être piétiné et il y a beaucoup de malades. Le chasseur parvient jusqu’à Buffa qu’il libère.

Un ponton de lianes apparaît sur la Cola. Un spectre s’avance dessus, pistolet dans une main, sabre dans l’autre, il porte un grand chapeau et un long manteau, de nombreux bijoux et autant de cicatrices. Il paraît parfois fantomatique, parfois couvert d’algues. Il avance en psalmodiant. C’est le fantôme du capitaine Alguacil. Il fixe son ennemi près de la potence: Ruiz et se dirige vers lui.

« Ta trahison est ton déshonneur. Tu m’as condamné à une errance éternelle, je vais enfin me venger!
- Tu as assassiné ma femme, lui répond Ruiz.
- Non!!! crie Al Guacil, Ce n’était pas moi. Elle n’était qu’une victime collatérale. Et toi tu ne mérites pas de vivre.»
Le capitaine fantôme se tourne alors vers la foule et lui lance
« Aucun de vous ne mérite de vivre. Soyez tous maudits!»
Il abaisse son sabre et une salve de canon s’abat sur la foule.

Almenara se rappelant de son instruction universitaire attrape Kofi par le bras et l’emmène vers la Cola. Ils doivent trouver le point d’ancrage de La Corona De Espino et l’arracher. De son côté Oki glisse sa dague sous la gorge de Ruiz et crie à Alguacil «Arrête! Ou je te prive de ta vengeance.» Mais le castillan du chasseur est trop mauvais et le fantôme ne comprend pas ce qu’il veut et s’il retient ses coups, il continue de commander des salves de canons. Heureusement Alceste est plus polyglotte et lui propose de lui laisser Ruiz si il laisse tous les autres en paix. L’hésitation d’Alguacil face à cette proposition sauve beaucoup de monde.

Malgré les attaques de l’équipage possédé sur elle, Almenara repère enfin le point d’ancrage: c’est une couronne d’aubépine accrochée à la barre du navire. Elle le crie à son ami qui saisit un cordage pour passer par-dessus l’équipage d’un bond. Kofi tire sur la couronne de toutes ses forces, supportant les coups de son équipage. Il lui faudra l’aide d’Almenara pour qu’enfin ils l’arrachent. Alors en un instant, l’équipage s’écroule sur le sol, puis la brume et les algues se retirent tandis que le capitaine Alguacil disparaît dans un cri de rage qui semble s’éloigner à l’horizon...
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Mickey-bis
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Re: [7e Mer] l'Hérésie jaraguane

Message par Mickey-bis »

La tombe du jaguar sans tête

Une discussion qui ressemble fort à un résumé des épisodes précédents
Entre les guerres froides politiques, les monstres ou technologies d’autre monde et les élans imprévisibles de certains membres du groupe, les cerveaux sont en ébullition et les pensées de chacun dispersées. Nos protagonistes décident donc de profiter d’une accalmie dans leur vie décidemment mouvementée pour faire le point sur leurs dernières découvertes, afin d’être sûrs de prendre des décisions avisées. La discussion étant assez chaotique, les propos n’ont pas pu être rattachés à leurs auteurs respectifs.

- Ix Paj est une archéologue mandatée par le roi Cahi Batz pour trouver le temple du Dieu Jaguar, commente l’un
- Oui, mais attention, elle nous a bien dit que sa proposition n’a pas été acceptée dès le début ! Il est de notoriété publique que Cahi Batz n’est pas spécialement à la recherche de la faveur des Dieux, dirons-nous. Lorsqu’Ix Paj lui a montré ses plans, il n’était pas disposé à y donner suite. C’est parce que sa grande rivale, la Grande Prêtresse Chak Balam elle-même, a déclaré plus ou moins ouvertement qu’il délaissait les Dieux qu’il y a vu une opportunité de la contrer et de démentir ses propos !
- C’est vrai, et Ix Paj n’a probablement pas aperçue les implications politiques de son expédition.
- Elle était surtout dépitée que la gérance de l’expédition soit confiée à des membres de la CCA.
- Encore une question politique, bien évidemment. Rappelez-vous, le temple est situé sur un territoire contesté entre plusieurs tribus Tzak Kan. Le roi a été malin sur ce point, il a laissé la CCA diriger cette campagne pour éviter une guerre ouverte avec le peuple d’à côté.
- Elle ne pouvait surtout pas se douter que le roi aurait entendu parler des sceaux, ni qu’Azeneth Medellin, la responsable de l’expédition, pillerait leur découverte avant de rejoindre Andonius.
- Les seaux ? Je suis perdu(e), il est en manque de récipient ?
- Mais non nigaud(e) ! Les 3 sceaux qui, une fois rassemblés, donnerait un pouvoir immense à leur détenteur ! C’est pour ça que Ruiz et le roi était si énervés. La stèle qu’a volé Azeneth est l’un des trois sceaux en question. Quand Ix Paj est revenue, non seulement elle avait « perdue » l’objet, mais elle a dû être contrainte de partager ses connaissances sur le sujet. C’est pour ça que le roi l’a torturée, afin de lui extorquer ces informations ! Il a ensuite faite assassiner en secret car c’était une figure publique trop populaire pour se risquer à se mettre la population à dos avec une exécution publique.
- Tu veux dire il a « voulu » la faire assassiner. C’était sans compter ce filou de Ruiz qui, Dieu merci, en en entendant parler, a réussi à organiser sa recapture et l’échangeant avec quelqu’un d’autre juste avant la sentence.
- Tu parles de cette histoire de fût dans le port ? Tout cela me donne soif…
- C’est cela même. Elle avait été cachée dans un tonneau lesté qui allait être jeté dans l’eau du port pour la tuer par noyade. Quelle mort affreuse tout de même.
- Le sort de cette pauvre femme non plus ! Après avoir réchappé de justesse à son premier ravisseur, voilà Ix Taj aux mains d’un 2ème, qui s’empresse de reprendre les séances de torture pour les mêmes raisons ; c’est pour cela que nous l’avons trouvé dans les geôles du Port Franc lorsque nous avons libéré Buffa et ses hommes.
- N’a-t-elle pas dit que c’était le pillage du temple qui avait entrainé la malédiction ?
- Exactement, c’est pour ça qu’il nous faut cette tête de jaguar !

Tous les regards se tournent vers la petite voix qui vient de s’élever, espérant passer inaperçue. Loin de se démonter sous les regards dubitatifs, voire passablement irrités de ses camarades, Almenara renchérit :

- Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, nous sommes tous plus ou moins atteints par cette mystérieuse maladie, il serait donc avisé de s’en préoccuper rapidement plutôt d’attendre que l’histoire se règle d’elle-même. Le nombre de morts augmentent tous les jours. Non seulement le temple a été pillé, mais en plus ses trésors ont été rudoyés.
(mais si, regardez la base du cou ! Même des néophytes tels que vous peuvent constater que la base n’est pas lisse ; elle a donc été arrachée de force de son support d’origine)
Nous avons tout à gagner à ramener cet inestimable trésor : nous pouvons d’une part lever cette malédiction, si elle existe vraiment, et nous faire bien voir du peuple serpent, ou araignée… bref le peuple avec qui le roi conteste le territoire sur lequel se trouvait le temple !
- Il me semble que le roi a sous-entendu que cette maladie serait plutôt l’œuvre de ce médecin, Tukun je crois ? réplique Alceste
- Balivernes ! C’est un médecin, il n’irait pas jusqu’à rendre une cité malade !

Kofi se tourne vers Almenara, l’air mécontent :
- Inutile d’essayer de nous convaincre Almenara, assène-t-il d’un ton autoritaire. Nous savons tous que tes actions précipitées et irréfléchies n’ont été dictées que par ton penchant douteux et malsain pour les têtes et non dans un quelconque acte d’altruisme.

Alors que les deux autres hochent vivement la tête, montrant leur assentiment devant cette accusation, Almenara s’offusque :
- Vous ne racontez tous que des sottises ! Je n’ai aucun penchant douteux, comme vous le dites, il s’agissait d’une découverte archéologique d’une extrême importance. Le roi n’en n’aurait rien fait, et n’avait aucun droit de l’avoir en sa possession !
L’air fort peu convaincu, Oki hausse les épaules :
- Bref, passons, ce qui est fait est fait, et nous ne pouvons de toute façon pas le défaire. Vu où nous en sommes, nous sommes tous d’accord ? Notre prochaine destination est le temple jaguar ? *Acquiescement général* Bien, la traversée ne s’annonce pas de tout repos, nous avons plusieurs points que nous devons éclaircir : Qui part avec nous, et comment sortir de la cité ? Je vous rappelle que nous sommes toujours en quarantaine, il ne sera pas si facile de s’échapper.
- Je suis certain que le capitaine Buffa ne serait pas contre régler sa dette d’honneur, et ses talents de bretteur pourraient nous être fort utile. Intervient Kofi. De plus, sa fierté (entre autres, souffle-t-il d’un air malicieux) l’empêchera de nous porter préjudice comme dévoiler nos plans ou nous abandonner au milieu de l’expédition. D’autre part, je vais emmener quelqu’un des membres de l’équipage pour nous épauler. Les autres garderont le navire jusqu’à notre retour.
- Voilà une riche idée ! S’exclame Alceste. Il me semble également que nous ne connaissons pas la position précise du temple, et qu’il n’existe pas de cartes très précises des environs. Il pourrait être opportun de recruter un membre de l’expédition précédente pour nous servir de guide.

A ses mots, Oki se tourne vers Almenara, l’air interrogateur. Comprenant le sous-entendu, elle acquiesce :
- Dans ce cas, emmenons Madame Ix Paj avec nous. Son repos lui a été bénéfique, et elle avait l’air encline à nous porter assistance, je pense qu’elle pourra en effet se joindre à nous sans problème.
- Bien, il me semble que cela constitue un groupe suffisant. Tranche Alceste en claquant des mains. Avant de partir, je rendrai bien une visite à la monarchie locale. Il me semble qu’Almenara avait réussi à lui glisser quelques propos dans la soirée qui induisait qu’il pourrait nous faire sortir de la cité. Peut-être pourrons-nous en profiter pour qu’il… finance une partie des préparatifs ?
- Je préfèrerais ne pas me joindre à vous, j’ai d’autres affaires que j’aimerais régler avant notre départ. Des affaires totalement légales et non répréhensibles bien entendu ! S’empresse-t-elle d’ajouter devant le regard suspicieux qu’ils ne manquent pas de lui jeter.
- Je viens avec vous Alceste. Dit Kofi en s’avançant vers lui. Nous nous sommes présentés ensemble lors de la soirée, il n’est que logique que nous le soyons de nouveau aujourd’hui.
- Parfait, déclare Oki. Dans ce cas, je vais me rendre auprès de la Grande Prêtresse. Durant l’attaque d’hier, je lui ai sauvé la mise, peut-être qu’un rappel pourrait nous obtenir des faveurs intéressantes.

Et le groupe se sépare, chacun réfléchissant au meilleur moyen de remplir ses objectifs.

Les préparatifs (pour une fois…)
Alceste et Kofi se rendent donc visite au roi sans tarder. Leur enthousiasme est légèrement douché devant l’humeur noire du souverain, qui peste auprès de sa cour dans sa langue natale. Une fois introduits, Alceste se lance en s’inclinant avec moults courbettes :
- Excusez-nous de vous déranger à ce qui semble être un moment inopportun, votre Majesté.
- Je n’avoir que peu de temps, l’interrompt Cahi Batz brusquement.
Se tournant vers ses gardes, il les hèle sévèrement. Nos deux compères comprennent sans peine qu’il demande où en est la chasse au voleur de la tête de jaguar, et ils déglutissent chacun bruyamment.
- Je vais être le plus concis possible, seigneur. Enchaine néanmoins Alceste. Il me semble que nous ayons discuté de la quête qui nous investit et qui nous a amené jusqu’à vos terres. Voyez-vous, nous sommes à la poursuite de Frère Andonius, et sa piste se poursuit hors de la cité...
- Il s’agit d’un malandrin théan, poursuit Kofi gravement, qui ne laisse dans son sillage que mort, révoltes (coup d’œil en coin à Alceste, qui fait semblant de ne pas comprendre) et tempêtes. Nous pensons qu’il a nui à ses propres Dieux, et que les évènements qui l’entourent résulteraient d’une malédiction à son égard.
- En quoi cela me regarder ? Réplique vertement le roi.
- Et bien, lors de notre poursuite, notre archéologue a pénétré ses quartiers et y a trouvé une lettre d’une certaine Azeneth Medellin, ainsi qu’une grande stèle qui, j’ai ouï dire, ressemble en tous points à celle qu’aurait dérobé. Je ne pense pas me tromper en disant que vous seriez intéressé pour récupérer cet objet…
- Mmmhh… Cahi Batz croise les bras, en proie à une intense réflexion. Et vous savoir où il parti.
- Vers le Sud, bien que nous ne sach…
- Nous avons plusieurs témoins de confiance qui garantissent avoir retrouvé sa piste, le coupe Alceste, espérant ne pas montrer l’étendue de leur ignorance sur le sujet.
Néanmoins, le manque de précisions n’échappe pas au roi, qui se tourne vers ses conseillers pour discuter. Après quelques échanges, il hoche la tête et l’un d’eux sort précipitamment de la pièce. Il se retourne vers eux :
- Soit, vous pouvoir quitter cité accompagnés de Pak Kan, un… comment vous dire déjà… à oui ! un sergent Tzak k’an, et de ses hommes. Si vous lui obéir, piste vite retrouvée.
Kofi et Alceste pâlissent devant la déclaration. Cherchant à se sortir de ce pétrin, Alceste tente :
- Votre Majesté, ce serait un grand honneur, mais ne craigniez-vous pas que nous rencontrions le peuple voisin et qu’il s’offusque de la présence de vos hommes parmi nous, dans ce territoire, si je ne m’abuse, contesté ? Entre vous et moi, c’est assurément pour cette raison que la première expédition était dirigée par vos amis de la CCA. Ajoute-t-il en baissant le ton.
Soulagés, Kofi et Alceste le regardent se tourner de nouveau vers ses conseillers, incertain de la conduite à suivre. Cela ne dure pas cependant, car le roi se redresse et leur dit d’un ton sans appel :
- Vous pas habitués à jungle, et faire repérer nos troupes. Je décider que vous rester dans cité, et sergent et ses hommes aller seuls au temple. Vos informations précieuses, aider Pak Kan a retrouvé objet sacré.
Alceste s’apprête à argumenter, mais c’est au tour de Kofi de l’arrêter d’une main sur l’épaule.
- Très bien faisons comme cela, nous n’aurions surement fait que les retarder de toute façon. Nous allons nous retirer sur notre navire, dans le port Franc, dans l’attente de son retour. Avez-vous eu des nouvelles de Ruiz ? Il me semble qu’il est toujours vivant.
- Les problèmes Théans ne m’intéressent pas. Si Ruiz devoir rendre compte de ses actes, c’est bien qu’il l’a cherché. D’après mes sources, lui se terrer dans l’Eglise fortifiée de l’inquisition.
Alceste a juste le temps de soutirer la promesse que des denrées seront délivrées au navire tous les deux jours, avant que le roi ne les congédie sèchement, en ayant clairement fini avec eux.

En route pour obtenir audience auprès de la Grande Prêtresse, Oki remarque que de nouveaux braseros emplis de maïs et de coca ont été allumés. Les rumeurs ambiantes lui indiquent qu’il s’agit d’une tentative d’apaiser le Dieu Jaguar après les actions profanes du roi. Une file de personnes s’est formée devant le temple, dans l’attente d’une bénédiction, et l’arrivée du Kuraq dans la queue n’est d’ailleurs pas vue d’un très bon œil. Le chasseur subit plusieurs bousculades avant qu’on ne lui demande franchement de laisser sa place aux Tzak Kaniens qui la méritent plus que lui. Tirant parti de l’opportunité, Oki en profite pour s’informer subtilement sur la présence d’autres Kuraqs, cherchant si son ennemi juré, Chipunkilla, se trouve dans les parages. Manipulant ses interlocuteurs, il parvient à savoir qu’un groupe a été aperçu au Sud du continent, transportant une statue gigantesque, et semblait se diriger plein Ouest (pour rentrer chez eux, en conclut Oki).
Malheureusement, loin d’apaiser les tensions, son bavardage encourage l’un des Tzak K’an à devenir plus entreprenant, et à le rudoyer plus sévèrement, utilisant la nécessité de la bénédiction de son fils comme excuse pour son comportement. A bout de nerfs après leurs dernières péripéties et devant le parcours du combattant qui les attend, notre chasseur pourtant habituellement patient s’énerve et répond par un coup de boule qui pulvérise le nez de son adversaire. La foule devient hostile, tandis qu’Oki tente de recouvrer ses moyens malgré les gémissements du fils et les cris du père, quand 3 officiants s’avancent pour désamorcer la situation. Les injures fusent, et Oki crie au racisme, avant qu’une voix autoritaire ne s’élève par-dessus la cacophonie, ramenant le silence dans le temple : la Grande Prêtresse, dressée de toute sa hauteur sur une estrade, ordonne qu’Oki la rejoigne afin de lui faire passer un rite d’expiation.

- Vous être décidemment doué pour vous mettre dans l’embarras. Lui dit-elle l’œil inquisiteur, tendant impérieusement la main vers l’un des lapins dans une cage proche.
- Malheureusement, c’est souvent ainsi lorsque l’on est un étranger, croyez-en mon expérience… Soupire-t-il, attrapant la pauvre bête.

D’un geste rendu expert par ses nombreuses répétitions, elle met fin à la vie du rongeur et entame l’incantation rituelle.
Entre deux psalmodies, elle chuchote discrètement :
- Je supposer que vous pas être ici par hasard… Je être redevable, que souhaiter vous ?
- Nous pensons avoir trouvé la source de la maladie qui frappe la cité, répond-il sur le même ton. Un théan que nous poursuivons est en possession de l’un des trésors du Jaguar.
- Les théans n’être décidemment que voleurs et sources de problèmes, crache-t-elle.
- Nous souhaitons retrouver sa piste pour tenter de mettre fin à la malédiction. Mais nous sommes aujourd’hui bloqués dans la cité à cause de la quarantaine.
Chak Balam poursuit le rituel pendant de longues secondes, en proie à une intense réflexion interne. Soupirant, elle finit par déclarer :
- Des rumeurs circuler sur existence d’un tunnel qui passer sous les remparts et finit dans jungle. Mais je n’avoir aucune certitude car l’entrée dans une zone aux mains de théans, de archéologue Montrachet précisément, et lui pas laisser tzak k’ans s’approcher de certaines zones de fouilles. Vous devoir vous débrouiller pour vérifier cette information. Mais il ne sera pas dit que Tzak K’an ingrat, je vous envoyer des provisions et affaires pour vous aider dans votre voyage, déclare-t-elle d’un air fier et hautain, mettant par la même fin au rituel et libérant Oki.

Pendant ce temps, Almenara s’est dirigée vers la petite cahute du médecin Tzak K’an de la cité, Tukun, prenant bien garde à mettre un tissu devant sa bouche et son nez afin de ne pas transmettre sa maladie, n’y d’aggraver son cas. Comme c’était déjà le cas auparavant, la file d’attente est longue, mais les compétences du guérisseur doivent être excellentes car les entrevues s’enchaînent diligemment. Quand vient son tour, elle pénètre dans la hutte et se retrouve face à un capharnaüm digne d’un médecin, avec des traités divers et variés sur l’anatomie humaine et la flore locale, écrits sur des parchemins de cactus. Au milieu de tout cela se tient un homme vouté et maigre, dont les cernes profondes soulignent la fatigue de journées interminables de travail. D’ailleurs, avant même de prendre la parole, il attrape comme par réflexe une petite poignée de feuilles et les mâchonne, sans même y faire attention, comme si le geste était (un peu trop ?) coutumier. L’odeur et la forme des feuilles indiquent à notre érudite qu’il s’agit de coca, plante locale aux nombreux usages comme par exemple, à l’instar du café dans le monde Théan, un stimulant efficace.

Toute à ses réflexions, elle a à peine le temps de se présenter que Tukun s’approche et l’ausculte avec la fermeté d’un homme pressé, bien que sans brusqueries. Il lui suffit de moins d’une minute pour lui déclarer sans hésitation :
- Vos symptômes sont les mêmes que la plupart de mes patients, vous avez attrapé la maladie. Mangez beaucoup de fruits pour vous revitaminer, prenez du repos et respirez bien les vapeurs et vous irez mieux.
- Excusez-moi, ma maitrise de la langue Tzak k’an laisse probablement à désirer, demande innocemment Almenara, mais vous avez dit que du repos suffirait à me guérir ? Permettez-moi, sans vouloir vous offenser bien sûr, d’émettre quelques doutes : au vu de la file d’attente constante devant votre hutte, et si j’en crois les rumeurs sur le nombre grandissant de rites funéraires pratiqués, je ne suis pas convaincue par votre prescription…

Le médecin se fige, et se tourne lentement vers Almenara en clignant plusieurs fois des yeux, comme pour sortir de ses pensées. Comprenant qu’il a affaire à une connaisseuse, s’excuse :
- Vous avez raison, cela permet à mes patients d’être rassurés, et l’espoir permet à certains d’aller mieux. Malheureusement, je n’ai aucun remède à vous prescrire. J’avais fait quelques tests pour trouver un remède, et j’ai même obtenu des résultats prometteurs avec une plante très rare, la Gloire du matin, mais faute de moyens et de temps, soupire-t-il en pointant la file d’attente au dehors, je n’ai pas pu poursuivre mes recherches.
- Cette plante, elle pousse dans la jungle n’est-ce pas ? Devant l’assentiment distrait du Tzak K’an, Almenara poursuit en balbutiant, incertaine de son idée : Il se trouve que je connais des personnes qui vont se rendre dans la jungle, si vous me donniez plus d’informations, je pourrais les leur transmettre afin qu’ils rapportent ces fleurs et que je puisse poursuivre vos recherches.
- Mais, mais ce serait formidable !! S’écrit le médecin. Enfin, la plante est très dure à trouver, alors il vous faudrait surement un cueilleur. Laissez-moi le rencontrer, ce sera plus simple si je lui explique directement. Je pourrais ensuite vous montrer ce que j’ai testé.

Almenara tente désespérément et fort maladroitement de lui arracher ses secrets, avant de pousser un gros soupir et d’abandonner son plan initial. Elle lui révèle alors qu’elle va elle-même faire partie de l’expédition, et que la recette même incomplète du remède lui permettrait de tester plusieurs antidotes sur place, ne ramenant ainsi que ce qui marche réellement. Tukun, abasourdi, finit par lui donner accès à ses travaux de recherche, dont la castillane reprend les informations les plus importantes dans son propre carnet. Sur le point de partir, elle parvient néanmoins à obtenir des remèdes pour ses compagnons avant le grand trajet vers l’inconnu.

Alors qu’elle repart les rejoindre, une main se pose brusquement sur son épaule. La castillane se tourne, et se retrouve face à Jasaw, le joueur de balle rencontré lors de la soirée précédente.
- J’ai eu une nouvelle vision, déclare-t-il d’un air mystérieux. Une vision de morts qui volent et qui veulent nous projeter dans le vide…

Devant son air grave, et ne sachant comment interpréter ses paroles, Almenara tente de se retirer poliment, mais Jasaw insiste, certain qu’elle doit le guider vers son destin. Fatiguée du poids des nombreux secrets qu’elle porte et à court d’idées pour s’en soustraire sans être entourée par la foule qui le suit, elle ne peut s’empêcher de lui proposer un rendez-vous le soir même, pour qu’il se joigne à leur expédition. Sans une once d’hésitation, le joueur se met à son service, avant de s’éloigner dignement, entouré de ses groupies.

A l’autre bout de la cité, vers le temple Ceiba, nos héros s’avancent vers la zone de fouille de Montrachet, où serait caché le fameux tunnel dont leur a parlé la Grande Prêtresse. Non seulement ils peinent à convaincre le garde de faction de les amener auprès du chef de chantier, mais celui-ci ne semble pas disposé à leur accorder du temps. Fort heureusement, il reconnait en Alceste un « confrère du cassoulet », et se lance dans une grande discussion avec lui. Après quelques palabres quelque peu hautaines sur des sujets essentiellement gastronomiques, Alceste prétend qu’ils sont en mission urgente pour l’Empereur, et qu’ils doivent impérativement sortir de la cité. D’un premier abord soupçonneux, l’archéologue finit par se laisser amadouer, leur révélant même quelques théories sur le lieu où ils se trouvent :
- Voyez-vous, plusieurs mythologies de par le monde parle d’un arbre-monde, immense et magique, Ceiba pour les Tzak K’an, mais aussi pour les Vestens, sous le nom d’Yggdrasil ! Aussi, je suis persuadé que cet arbre titanesque que voici est bien plus vieux que le peuple qui le vénère actuellement. Et s’il s’agissait d’un seul et même arbre ? chuchote-t-il, soudain très discrètement. Il pourrait dater de la civilisation précédente : les Aztlans. Venez donc voir ma dernière découverte.

Tout émoustillé, il les entraine dans les racines de l’arbre et leur montre un passage à moitié enfoui, le désignant comme un passage secret conçu en cas de siège pour permettre à la famille royale de s’échapper. Au grand désespoir de nos compagnons, il indique néanmoins qu’il va être fermé en raison des nombreuses inondations qui menacent le site.

A coup de promesses de richesses et de bon alcool, le groupe réussit à grande peine à le convaincre de le laisser ouvert jusqu’au lendemain.

Satisfaits de la tournure des évènements mais dorénavant pressés par le temps, nos amis se pressent pour gérer les derniers préparatifs, comme le recrutement d’Ix Paj, de Buffa et du joueur de balle, qui ne sont chacun pas trop difficiles à convaincre, mais également les rations et équipements pour le voyage. Heureusement pour eux, Kofi possède quelques richesses grâce entre autres aux échanges de marchandises et d’otage, ce qui permet de financer ce qu’ils n’ont pas pu obtenir auprès de leurs alliés.

Dans la jungle, terrible jungle…
La nuit venue, le groupe emprunte le tunnel aussi discrètement que possible, et se retrouvent dans la forêt à quelques dizaines de mètres des murs de la cité. La végétation est extrêmement dense, et les risques de se perdre quasiment inévitables. Oki et Almenara essaient tout de même de marquer leur position comme ils le peuvent, au cas où ils veuillent réemprunter le tunnel au retour. Puis, le groupe se distribue 3 longues cordes tenues par chacun pour réussir à se suivre plus facilement, et entame son long périple.

Au fur et à mesure de leur avancée, chacun parvient à établir son rôle : Oki, aux sens de chasseurs affutés, se place à l’avant en se dissimulant parmi les plantes pour prévenir de tout danger. Ix Paj, ayant participé à la précédente expédition, et Almenara, équipée de ses lunettes à vision nocturne, le suivent de près, servant de guides au reste du groupe. Kofi, habitué des grandes étendues avec peu de repères, vérifie régulièrement leur trajectoire en grimpant au sommet des arbres et en s’aidant du soleil et des étoiles pour maintenir leur cap. Alceste devient expert dans le maniement de la machette pour faciliter le passage au reste de l’équipe, qui se charge de porter le plus gros de l’équipement.

Leur organisation se révèle rapidement efficace et est récompensée lorsque, durant le 2e jour de marche, plusieurs d’entre eux détectent un mouvement au-dessus de la cime des arbres : un volatile immense (8 à 10 mètres d’envergure au bas mot), au corps musculeux et doté de 2 (ou quatre ?) pattes ornées de sabots, plane sans les apercevoir. Juste avant de disparaitre, il change de cap, révélant… un visage humanoïde ? Cette rencontre convainc l’équipe de rester à couvert des arbres autant que possible, et de privilégier leur sécurité plutôt qu’une avancée plus audacieuse. Néanmoins, leur progression, déjà difficile en raison de la densité de la jungle, en devient extrêmement fastidieuse et lente, affectant le moral de tous.

Quand nos protagonistes ré-interrogent Ix Paj sur la durée du trajet, celle-ci leur répond, compatissante envers leur fatigue :
- Le trajet aller nous avait pris plusieurs semaines, mais au retour, nous avions réussi à rentrer en tout juste 7 jours ! Ne vous découragez pas, la jungle est loin d’être encline à laisser circuler librement les Hommes, mais nous sommes sur la bonne route, j’en suis certaine. Il vous faut juste garder patience…
Leur périple se poursuit donc, dans la sueur et les moustiques. Des jours passent, sans que le paysage ne change, et l’air se charge de tension. Chaque prise de décision devient source de conflits, chaque coup de machette est suivi de jurons, mais le groupe avance, encore et toujours. Certains trouvent des moyens d’occuper le temps, comme Jasaw qui refuse de perdre Almenara de vue, de peur de perdre par la même occasion son destin si divin, ou Buffa, qui utilise chaque opportunité pour montrer sa supériorité à Kofi, dans un esprit de compétition tout ingénu, ce qui amuse plus que n’offense Kofi. Ce dernier, régulièrement en hauteur pour vérifier leur chemin, prend d’ailleurs l’initiative de dessiner une carte des environs, tâche qui se révèle plus que complexe. La nuit n’est pas de tout repos non plus car, outre la cacophonie des animaux et les tours de garde, elle leur réserve certaines surprises malvenues. C’est ainsi que l’équipe doit, à plusieurs reprises, changer le camp d’emplacement, notamment lorsqu’ils s’installent sur une fourmilière dont les occupantes se mettent à les mordre sans relâche, cherchant à se débarrasser des intrus.

Leur quotidien monotone est enfin perturbé quand les éclaireurs avisent plusieurs huttes installées dans une clairière.

Village et rencontres imprévues
Après s’être approché avec prudence, ils découvrent que les huttes aperçues de loin ne sont plus que des ruines encore fumantes. Des corps sans vie sont disséminés ça et là, entourés de nombreuses tâches sombres, trahissant la violence de l’attaque. Certains partent à la recherche de survivants, tandis que d’autres cherchent des indices sur ce qui a bien pu arriver aux malheureux. Malgré les dégâts occasionnés par les charognards de la jungle, ils parviennent à repérer des blessures typiquement humaines, avec plaies par balle et le corps de plusieurs femmes souillés de la barbarie des assaillants. La colère monte parmi le groupe, et tous demandent à Ix Paj et Jasaw de participer aux rites funéraires pour leur rendre un dernier hommage.

Almenara, partie explorer l’un des derniers bâtiments encore debout, trouve caché dans la réserve de grains deux enfants d’environ 2 et 6 ans, totalement terrorisés. A force de cajoleries et de réconfort, la fillette la plus âgée leur accorde sa confiance et leur raconte qu’il y a quelques jours de cela, des étrangers sont venus dans le village et ont exigé de prendre tous les vivres disponibles. Les habitants ont plutôt proposé de partager leurs maigres possessions, mais leur refus se solda par un carnage aussi bestial que rapide. Les deux enfants ne doivent leur vie sauve que grâce à l’un des hommes qui les a aidés à se cacher, en leur donnant une petite bourse dans l’espoir de leur donner une meilleure chance de survie. En examinant les pièces, plusieurs de nos protagonistes reconnaissent des pièces croissantines.
- Il y avait un croissantin qui suivait Andonius non ? Demanda l’un d’eux, entrainant l’assentiment des autres.

Refusant de les abandonner à leur sort, les enfants sont placés sous la protection du groupe, et Jasaw et Alceste rivalisent de contes pour les distraire de leur horrible passé. Une fois les hommages rendus aux corps, ils reprennent la route, le moral plus bas que jamais.

A quelques jours à peine du village, Kofi repère lors de ses échappées verticales un groupe relativement important d’individus armés, visiblement habitués à leur environnement et dans une posture d’attente. Comprenant vite qu’ils souhaitaient être vus, Kofi redescend et en avertit ses compagnons. A l’écoute de sa description, Ix Paj pâlit brutalement et chuchote d’une voix apeurée :
- Ce sont des Nahuacans !! Mais que font-ils si loin de leurs terres ? Ils résident bien au Nord d’ici pourtant, s’agirait-il d’une invasion ?
- Pourquoi tant d’inquiétudes ? Sont-ils habituellement belliqueux ? D’après Kofi, ils n’avaient pas l’air d’être dans une posture combattive…
- Les Nahuacans sont connus pour être des conquérants. Il a fallu du temps avant que les peuples de leurs quatre dieux majeurs ne finissent par s’allier pour qu’ils cessent de s’entretuer, mais ça n’a pas apaisé leur nature : aujourd’hui, ils sont en conquête permanente de nouveaux territoires, et s’en prennent à tous les autres peuples jusqu’à ce qu’ils les rejoignent… ou qu’ils trépassent. Répond-elle en s’agrippant les bras, comme pour se rassurer elle-même.
- Dans tous les cas, ils nous ont repérés. Autant aller à leur rencontre ! Ils risquent de nous attaquer par surprise si nous ne provoquons pas la rencontre…
- Non, c’est trop dangereux ! Il vaut mieux faire un grand détour pour essayer de les semer !

Les arguments s’enchaînent, alternant entre sécurité et rallongement du trajet, avant que la décision ne soit prise de poursuivre leur chemin dans leur direction d’origine, sans les éviter, mais sans aller à leur rencontre non plus. Tous ne sont pas enchantés par cette alternative, et ils avancent avec encore plus de prudence, les sens aux aguets. A leur grand soulagement, ils ne rencontrèrent personne même après de longues heures de marche, et c’est l’esprit plus tranquille qu’ils s’installent pour la nuit. Les jours s’écoulent lentement, continuant de ronger la patience et l’entrain des compagnons, sans que le temple ne soit en vue. Leurs rations s’amenuissent à vue d’œil, compte tenu de la durée de leur voyage, et ils ne doivent leur survie qu’à leur recherche constante de nourriture par la cueillette, et à la découverte de plantes contenant une sève sucrée et désaltérante.

Une nuit, semblable à bien d’autres nuits, c’est au tour d’Oki de monter la garde. Tiraillé par la faim, la soif et la fatigue, le valeureux chasseur met quelques secondes à comprendre que certains bruits semblent dénoter des sons nocturnes habituels. Tendant l’oreille, il distingue ce qui pourrait s’apparenter à des renâclements et des pas massifs se rapprochant du camp. Sans hésiter davantage, Oki sort son arme et cherche à se rapprocher discrètement de la créature, mais celle-ci l’a déjà repéré et lui fonce dessus, son corps musclé et écailleux atteignant les proportions d’une vache. Le Kuraq a tout juste le temps de lancer un cri de guerre pour avertir ses amis, avant d’être aux prises avec son assaillant. Alternant héroïquement entre un maintien au contact pour blesser la créature, et une mise à couvert lui évitant des dégâts mortels, il est rapidement rejoint par ses compagnons, dont Kofi qui se lance avec fracas dans la bataille, espérant distraire la bête et permettre à son compagnon blessé de reprendre son souffle. La bataille est rude, et le sang coule des deux côtés. Cependant, les attaques combinées de nos héros affaiblissent peu à peu leur adversaire ; l’espoir d’une victoire après tant d’efforts et de privations les rassénèrent au fur et à mesure du combat, et alors que l’issue semble enfin tourner en leur faveur, Alceste et Almenara se font charger par une deuxième bête, attirée par les appels de son congénère. L’esprit vif, le Montaginois ne perd pas de temps et maintient la créature à distance grâce à un tison enflammé, donnant l’opportunité à sa compagne de lui infliger une blessure conséquente à l’aide de son mousquet. Le combat se poursuit dans les hurlements et la douleur, quand les membres de l’équipage de la Cola parviennent finalement à porter un coup de grâce à leur adversaire. Profitant de l’élan donné par la chute de la bête, Kofi se projette sur la deuxième, lui arrachant un cri de souffrance. Cette dernière prend peur et s’enfuit à tir de patte, sous les hourras du groupe. Emporté par la liesse ambiante, Kofi lance même : « Et raconte ça à tes cousins ! », applaudit par ses camarades.

Une fois le calme revenu, les membres du groupe s’aperçoivent de l’aubaine que représente le cadavre de leur ennemi, et profite d’un festin de viande bien mérité. Le moral des troupes remonte, et c’est avec un entrain renouvelé malgré leurs blessures qu’ils repartent le lendemain matin, le reste de la viande utilisé comme nouvelles provisions.
Finalement, après avoir grimpé pour la énième fois dans les cimes, Kofi pousse un cri de joie en apercevant une imposante colline, à la silhouette peu naturelle. Il descend prestement pour annoncer la bonne nouvelle, mais son élan est coupé net quand il voit tous ses compagnons immobiles, les bras levés en l’air, mis en joue par de nombreux hommes armés jusqu’aux dents. Bien qu’usée et salit par le voyage, leur tunique blanche est ornée d’une croix rouge caractéristique, connue de tous : l’Inquisition.
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