[touches PAUSE]
[grésillements]
[succion d'un goulot]
[déglutition]
[déglutition]
[déglutition]
Il me fallait au moins ça.
Allez, factuel mec !
L’escalier. Putain d'escalier.
L’interrupteur ne marche pas bien sûr.
C’est Chapman qui tient la torche de fortune.
Arocho est juste devant elle, son M16 pointe l’obscurité vacillante.
[raclement de gorge]
Les premières marches. Pas de soucis.
Plus bas, on fredonne une comptine.
Putain, je le croyais pas mais quelqu’un vit encore dans ce trou.
Arocho accélère. L’escalier se coude.
[souffle]
Comment dire ?
Ce que j'ai vu, c'est pas humain, non !
[raclement de gorge]
[succion d'un goulot]
[déglutition]
[déglutition]
L’horreur se dévoile.
On est dans une cave. Là, au milieu, une femme est allongée, le ventre sur un matelas dégueu, ligotée comme un saucisson à celui-ci.
Pire, elle est entièrement nue. Ses poignées et ses chevilles sont solidement attachés ensemble par une autre corde.
Le tout forme un affreux triangle.
Ses chairs sont scarifiées, boulottées même par endroit. Le sang suinte.
Putain, la femme s’est carrément pissée et chiée dessus.
Ca pue. C’est infect..
Je gerbe pas... je sais pas comment.
C’est irréel cette barbarie !
Putain, rien que d’y repenser...
Fuck ! C'est pas mon job, ça !
[succion d'un goulot]
[déglutition]
[déglutition]
[déglutition]
Merde, vide !
[choc feutré sur une moquette]
Ok factuel. Reste concentré Grant.
C'est le jeu de ces enregistrements.
Mais putain rien que d'y penser encore, ça me débecte...
[souffle]
Ok, Go !
Une écuelle emplie d’une bouillie infâme est juste placée sous son visage.
Je ne le vois pas plus car la torturée tourne le dos à l'escalier emprunté. Son matelas pointe droit vers le fond de la cave.
Et là, ben une nouvelle blague, là, une sorte gros rocher luminescent se dresse droit. Une verge minérale en érection.
Tout autour, comme décorum, les murs recouverts de chaux dégoulinnent de graffitis incompréhensibles.
Mais c’est quoi ce délire ?
Puis la comptine cesse brusquement. La femme ne tient plus son cou en extension et son visage se noie dans la bouillie.
Chapman se penche et tire ses chevaux en arrière.
Pas de réaction. Elle prend son pouls. Plat.
Pas de doute, la morte était la mère de famille sur les photos vues dans la chambre parentale.
Dont acte !
[déglutition sèche]
Je le crois pas. Entre temps, la geek est attirée par la pierre comme une mouche à merde.
Faut dire que juste devant des restes humains s'y amonscèlent. Horreur !
Là je craque. Faut qu’on se casse de là et la zinzin de l'octet, elle, elle visite.
Je la saisis par l'épaule et la tire fissa en arrière. Pour une fois elle discute pas.
On s’arrache tous vers l’extérieur de la baraque.
OK. Je sais pas combien de temps on a stagné danns cette putain de maison hantée mais la nuit est presque là maintenant.
Super, pour compléter le tableau une brume nappe les lieux.
Merde, j’ai jamais connu plus lugubre.
Et c'est là qu’on l’a vu dans son uniforme.
Le Députy est bêtement assis au volant de notre 4x4.
Il est défiguré, indentifiable. Les yeux sont crevés.
Il est placé dans une position improbable. Ses bras et ses jambes ne sont pas où ils devraient être.
Putain je deviens dingue !
[pas sur une moquette]
[ouverture porte frigo]
[bruit de verre]
[fermeture porte frigo]
[bouteille décapsulée]
[pas sur une moquette]
Le con, j'ai pas mis pause.
Bon .
Quand tu crois que c'est fini, ça repart de plus belle.
En fait je suis dans une putain de montagne russe !
J'aime pas les manèges.
[succion d'un goulot]
[déglutition]
Pas le temps de s'apesentir sur le flic.
Des pleurs. Ils proviennent de derrière la batisse.
Clairement ceux d’un enfant. Arocho fonce. On suit.
On contourne la maison de l’horreur.
On aurait du le faire en premier, je le savais !
Je me souviens leur avoir dit en plus en arrivant.
Deux voitures stagnent là. Clair, celles du flic et du vieux qu’on piste depuis hier.
Pas le temps de s’attarder, on voit la silhouette de Josh, le fils cadet de la famille.
Le gamin est en lisière des bois. Il crie en boucle :
Pas le méchant monsieur !
Pas le méchant monsieur !
Pas le méchant monsieur !
On court vers lui. Merde, il nous fuit.
On le rattrape. Horreur c’est qu’un cadavre. Un putain de zombi.
Le petit est décalqué, carrément scalpé.
Parvenus à 2m de lui, il s’effondre comme une merde, sans plus bouger
Pas le temps de se pencher dessus. Tout se précipite.
Un gars nous charge depuis les bois. Dans ses mains, une énorme hache de bucheron.
Putain, le mec il rit. Il rit de démence.
Il nous charge comme un damné. Il court super vite ce con
Anormalement vite, ouai.
Quelque chose cloche.
Putain tout cloche depuis qu'on est ici.
20 m.
Encore 20 m est le déglingo est sur nous.
Arocho décharge la sauce.
Le taré est criblé de bastos.
Putain, même pas ça le freine.
10 m
Arocho recharge et tire. Le gars en prend plein la gueule.
Même pas mal, rien à foutre du M16.
Il rit et court toujours ce con.
5 m
Arocho recule d’un pas.
Chapman tire à la tête. Loupé !
Le mec fuse comme un avion.
1 m
Merde ça pue. Je passe devant Arocho.
Clair, inutile de tirer.
Je tiens mon fusil à pompe comme une batte.
Je vais lui déglinguer la tête à cette enflure !
Cet enculé esquive.
Impossible !
0 m
La hache taille en deux le kevlar d’Arocho.
Son sternum est atomisé, ses côtes craquent atrocement.
Putain, ce sang. Ca gicle partout.
Arocho tombe au sol. Il convulse.
Sam hurle.
J’entends tirer Alison Chapman !
Sa balle arrache une oreille au monstre.
Il s’en branle complet, il relève sa hache.
Putain Chapman recule !
Je réfléchis pas.
Je suis sur ma base.
Je vois la balle.
Je vais pas la louper.
Je serre ma batte.
C’est le coup de ma vie.
Celui dont j'ai toujours rêvé à l'université.
Le cou se déchire, la tête vole.
Home-run.
[succion d'un goulot]
[déglutition]
[déglutition]
[déglutition]
[déglutition]
Après, tout va très vite.
Sam file récupérer la trousse premier secours dans la voiture du Deputy.
Alison compresse sommairement la plaie de son collègue en attendant.
Son pouls pulse encore mais il a perdu connaissance.
Je cherche la tête du taré. Elle a roulé plus loin dans les hautes herbes.
Je suis con, je sais pas pourquoi je fais ça. C’est dégueu !
Sam est là avec la trousse. Merde c’est critique. Alison et Sam s’affairent.
Putain, elles ont un sacré cran ces deux nanas !
[succion d'un goulot]
[déglutition]
[déglutition]
Elles me donnent un go. On tire alors Arocho comme on peut jusqu'à la maison.
Faut tout faire pour se casser. Y a peut-être une chance infime de le sauver.
[succion d'un goulot]
[déglutition]
[déglutition]
[déglutition]
[nouveau choc feutré sur une moquette]
Devant le porche, plein de 4 roues. Bagnoles noires.
Sous le porche, plein de mecs et de nanas. Tous bien habillés. Ils s’affairent.
FBI ? Je comprends rien.
Ils nous voient.
Les flinguent sortent. Nous aussi.
Mexican standoff !
C’est carrément lunaire !
Chapman s'identifie comme une des leurs avec un blessé.
Un sourrire arque le visage de l'un d'eux qui sort du groupe.
Il se dit aussi un agent de l’état. Un signe. Les armes se baissent. Les notres aussi.
Il fait un nouveau signe. Trois des siens se précipitent et prennent en charge Arocho. Lui, reste avec nous.
Il dit se nommer Clint. Le gars est aussi zen qu’un bonze.
Derrière lui, Arocho disparaît dans une bagnole qui demarre et s'arrache toute berzingue.
Plus bizarre, on voit une cage qui est extirpée de la maison. Elle contient le monolith bizarre de la cave, ce qui suscite nos interrogations.
Le Clint se démonte pas, la placidité incarnée ce mec.
Ce genre d’affaires, c’est son job, son quotidien.
Sam exige de voir son badge. Clint lui présente le porte-carte pendu à son cou.
Dessus ? Son identité et un téléphone, le tout tient dans un bête
triangle vert.
[baillement]
Finito.
[touche STOP]