Rapport de mission : Opération Tarte Tatin
Après convocation officielle au centre de tri de Créteil, je rencontre ceux qui deviendront mes collègues pour les quelques mois à venir.
Le groupe semble a priori plutôt hétéroclite :
- Sarah Faüstick (Actae, Grade 0) : gamine de 12 ans au service de Furfur.
- Oussama Ben Zerian (Zack, Grade 0) : être étrange et intimidant, au service de Ouikka. Il semble plutôt efficace dans son domaine...
- Karl Malinovski (Bemalech, Grade 0) : démon de Bélial, semble plutôt discipliné et à l'écoute du groupe.
- Thomas Mutton (Weisritter, Grade 0) : démon au service d'Asmodée, il reste une énigme pour le groupe et semble plutôt indépendant (ou individualiste, selon le point de vue), même au sein des missions.
- Martin Landon (Tylendel, Grade 1) : moi-même, chef de mission, au service de Valefor, prince des voleurs.
M. Fabien nous parle alors de M. Hakim lzmet, démon au service de Morax : c'est un écrivain plutôt controversé qui vient de sortir son deuxième ouvrage, « Chaude Lapine », aux éditions du Fruit Défendu. M. Fabien nous apprend qu'une plainte contre Hakim a été déposé par trois associations : Famille de France, la SPA et Chrétien Média, pour incitation à la zoophilie et atteinte aux bonnes moeurs (non mais j'vous jure...). M. Fabien nous apprend alors que les autorités mènent cette affaire dans la plus grande discrétion (procès en huis clos) afin de ne pas attirer l'attention et que notre mission sera donc de créer le buzz autour de cet ouvrage afin de lui faire une publicité d'envergure. M. Fabien nous signale de plus que ce serait une bonne chose de gagner le procès, qui se tiendra trois jours plus tard, et nous congédie aimablement.
L'opération « Tarte Tatin » est alors lancée ! Forts de ces renseignements, le groupe fraichement créé se réunit afin de décider des grands axes qui vont orienter notre action, à savoir :
- Créer très rapidement le buzz autour de « Chaude Lapine » : il faut que tous les médias en parlent d'ici trois jours, il nous faudra donc frapper fort et discrètement.
- Décrédibiliser les associations qui seront au procès contre Hakim : si l'accusation n'est pas crédible, alors le procès est gagné.
Ayant clairement défini les axes vers lesquels vont se porter nos efforts, nous décidons tout d'abord de prendre contact avec Hakim lzmet afin de lui parler de nos plans. Il nous donne alors rendez-vous à « La boule » (sorte de club à l'ambiance étrange) où nous l'y retrouvons donc. Hakim nous précise alors, d'entrée et de façon très désagréable, que nous lui cassons clairement les pieds et qu'il n'a aucunement l'intention de travailler de concert avec nous. Je remarque alors que Hakim, dans cet état d'esprit, serait plus un inconvénient qu'un avantage là où nous devons frapper vite et fort avec la plus grande subtilité possible et décide donc de l'exclure de nos actions pour promouvoir son livre et lui faire gagner son procès : en effet, nous n'avons que trois jours pour faire le buzz avant le procès et si quelqu'un, d'ici-là, fait le lien entre nos actions et Hakim, cela signifierai la perte inéluctable du procès. Je décide donc stratégiquement de l'exclure de nos plans et de limiter nos contacts avec lui au strict minimum afin de lui offrir la plus grande discrétion possible pour son procès et lui permettre d'être absolument sincère en déclarant qu'il n'est au courant de rien si quelqu'un l'interroge sur nos actions menant à la médiatisation à son ouvrage : Hakim au courant de rien, on ne pourra ainsi pas lui reprocher d'essayer de plomber son procès. Faisant alors preuve de la plus grande diplomatie, je lui demande tout de même avant de le quitter de nous signer un formulaire de demande pour lever le huis clos du procès, ce qu'il fait car cela ne lui prend que quelques secondes de son temps (nous avons bien senti qu'il ne fallait pas lui en demander plus...). La demande pour lever le huis clos signée, nous la faisons parvenir sur le champ à son avocat qui nous assure que cela sera fait.
Hakim étant toujours à La Boule avec ses amis à s'amuser et faire la fête, nous décidons (Sarah, Oussama, Karl et moi-même, Thomas nous ayant quitté sans nous préciser ce qu'il allait faire) de nous rendre chez lui afin de voir ce qui peut y être exploitable. Hakim n'étant pas au courant, je fabrique une clef de son immeuble et de son appartement afin d'y pénétrer en toute discrétion. Une fois sur place, nous subtilisons une quarantaine d'exemplaires de « Chaude Lapine » qui nous servirons par la suite. Nous mettons alors sur pieds nos plans pour le lendemain et nous quittons pour la nuit.
Le lendemain Sarah, escortée d'Oussama, s'est infiltrée dans dix collèges parisiens afin de placer des exemplaires de « Chaude Lapine » dans les CDI. Quelques événements significatifs ont eu lieu dans ces collèges suite à cette opération : dans l'un des collèges, un adolescent s'est suicidé dans les toilettes alors qu'un exemplaire de « Chaude Lapine » a été retrouvé à côté du corps [évoqué dans tel média] et dans un autre collège, un élève s'est enfilé dans l'anus, dans la cours à l'heure de la récrée, un pigeon vivant [évoqué dans tel média].
Parallèlement à cela, Karl et moi-même nous sommes rendu au siège de « Famille de France » en repérage : j'y ai dérobé un extrait de l'écriture de l'homme à l'accueil. Le soir même, Karl et moi-même avons saccagé l'appartement de Hakim en inscrivant sur un mur : « Arrête tes conneries, sale arabe, sinon tu le regretteras ! » avec l'écriture de l'homme de l'accueil (grâce à mes talents de faussaire) et signé du symbole de « Famille de France ». Nous nous sommes débarrassés du marqueur dans une poubelle publique devant le siège de « Famille de France » en cas d'enquête policière (procédé un peu grossier qui ne tiendrait pas une enquête sérieuse, mais qu'importe, nous avons besoin d'un buzz rapide et efficace avant le l'appartement saccagé, je me suis servi de l'un de mes alias pour appeler la police et signaler un individu « louche » sortant en courant de l'immeuble, en leur donnant bien entendu la description de notre cher pigeon (celui de l'accueil de « Famille de France », pas celui dans l'anus du collégien, qui, m'a foi, ne doit pas être aujourd'hui en très grande forme). Parallèlement à cela j'ai joint un de mes contacts journaliste afin de lui signaler l'activité policière au domicile de l'écrivain controversé pour intéressé les médias à notre affaire.
Le lendemain, nous décidons de protéger discrètement Hakim jusqu'au procès, mais ce dernier ne répondant pas sur ses portables, ne nous rappelant pas en retour et ne rentrant pas chez lui, nous n'avons pas pu attribuer Karl à sa protection comme nous désirions le faire. De ce fait, nous décidons alors de surveiller l'appartement d'Hakim plutôt que ce dernier introuvable et avons découvert qu'un corbeau au comportement atypique surveillait aussi l'appartement : Hakim était donc déjà surveillé et, par conséquent, notre action peut-être compromise. Par qui ? Un corbeau et la forme animale évoquant plutôt notre service que les emplumés d'en face, nous fumes troublés : étant donné que nous étions officiellement les seuls de notre côté sur l'affaire, nous décidons d'être dorénavant très vigilant afin de mettre la main sur les personnes surveillant l'appartement.
L'après-midi, j'ai pris l'apparence du greffier en charge du procès de Hakim et ai contacté des journalistes de TF1 et France Télévision afin de leur accorder une interview-confession palpitante : je leur ai dit que le Juge chargé du procès avait l'intention de condamner Hakim et de justifier son verdict par l'atteinte aux bonnes moeurs catholiques. Leur curiosité enfin piqué au vif, ils se sont dès lors penché sur le procès et nous étions assurés de leur attention.
Le procès, dorénavant public, allait pouvoir commencer sous les feux des médias [énumération des médias présents et ayant parlé du dossier]. La salle du tribunal déborde de monde, si bien que le lendemain le procès continuera dans une salle beaucoup plus grande. Afin de rester le plus discret possible pour que personne ne nous associe au procès, nous sommes resté en surveillance devant le tribunal pour éventuellement repérer celui ou ceux surveillant Hakim. Le premier jour du procès s'est plutôt très bien déroulé pour nous : l'avocat de Hakim s'est livré à une très brillante plaidoirie nous donnant quelques points d'avance. Après le procès et alors que j'allais prendre le métro pour rentrer chez moi, Karl (toujours en surveillance devant le tribunal) repéra des personnes me suivant : nous les avions donc enfin démasqués, une femme en scooter ainsi qu'une petite camionnette abritant une femme et quatre hommes. Karl m'appelant sur le portable pour me prévenir, nous décidons de leur tendre une embuscade : je les ai donc menés en bordure du bois de Boulogne à la nuit tombée, où nous attendait le reste de l'équipe, afin d'exterminer ce qui apparut comme une équipe d'emplumés. Effectivement, les deux femmes était des anges (dont une de Jordy, d'où le corbeau qui devait être sous son contrôle) et les hommes des soldats de l'Autre. Une fois l'équipe proprement massacrée, l'emplumée de Jordy réussi à invoquer son supérieur qui lui permis de s'enfuir à moitié morte.
L'autre côté surveillait donc Hakim : le coup que nous avons porté à l'équipe ralentissant sans doute beaucoup leurs plans, nous décidons de frapper un gros coup dès le lendemain pour gagner le procès et les prendre de cours. Le lendemain matin, au procès, les choses ont plutôt tourné à l'avantage de l'accusation. C'est à la pause du midi que Thomas se fait passer pour un journaliste à l'entrée de la salle pour lancer quelques paris stupides aux témoins de l'accusation, ce qui marcha au-delà de nos espérances et décrédibilisât complètement l'accusation et donnant un énorme avantage à la défense (notamment avec un éclat particulièrement remarqué de Brigitte Bardot qui nous fit un discours absurde et délicieusement hors-sujet).
Le soir même, Hakim nous contacte par téléphone (ah tiens, enfin 0 afin de nous inviter à prendre un verre pour nous remercier de notre redoutable efficacité. Le rendez-vous est pris devant chez lui, où nous l'attendons à l'heure convenue, mais Hakim ne vient pas. Nous décidons alors de nous rendre à son appartement, que nous avons trouvé vide mais bourré d'indice nous montrant une activité extrêmement récente (10 minutes avant max) : un bain moussant encore chaud, des draps gorgés de parfum de femme et encore chauds de ce que nous imaginons être des ébats passionnés ainsi que des préservatifs usagés. N'ayant vu personne sortir de l'immeuble quand nous attendions Hakim à l'heure du Rendez-vous, nous pensons que la femme a dû partir juste avant notre arrivée. Menant une enquête de voisinage et auprès des amis de Hakim, nous découvrons qu'il fréquentait une certaine Yolande depuis quelques temps. Après avoir donné sa description à notre contact, M. Fabien, celui-ci nous apprend grâce au réseau de Baalbérith qu'il pourrait s'agir d'une démon d'Andrealphus renégate qui a déjà quelques assassinats de démons à son actif. Nous pensons donc que Hakim a été tué par orgasme mortel et son absence le lendemain au procès nous conforte dans cette hypothèse.
Ne pouvant donc plus gagner le procès (qui était pourtant tellement bien parti pour qu'on le gagne...) et Hakim ayant disparu, notre mission prend fin.
Nous décidons alors d'enquêter sur cette Yolande afin de la retrouver en attendant notre prochaine affectation.
Vous trouverez en pièces jointes les coupures de journaux ayant évoqué notre affaire (notamment une très belle une du Monde).
