Spoiler:
Le Vaste-hier et l’Antre-traîneur
Bill (la Brute) est un enfant laissé à lui-même et débrouillard, pas scolaire pour un sou ; aujourd’hui il a décidé d’emmener Tony (une Fouine) et Sarah (une Bizarre), ses deux jeunes voisins, pêcher aux abords de la ville au lieu d’aller à l’école. En guise de coin de pêche, c’est un immonde cloaque où il les emmène, un canal où flottent les boîtes de conserve et les poches en plastoc ; mais Bill n’en a cure, il fait celui qui s’y connaît et plonge déjà son hameçon dans l’eau, pendant que Tony et Sarah jouent avec les détritus. Mais alors que la journée s’annonçait ensoleillée, la surface de l’eau commence à se rider sous une soudaine averse ; les 3 enfants abandonnent leurs cannes et avisent pas loin les vestiaires du stade de foot municipal, ils courent s’y mettre à l’abri. Bill est confiant, il y est parfois allé pour fumer des cigarettes et jouer avec les copains. La porte n’est pas verrouillée et les 3 gamins se glissent à l’intérieur alors que l’averse s’intensifie, se transformant en véritable déluge ; après le couloir, ils entrent dans le vestiaire à proprement parler et s’assoient pour parler. Dans la pièce à côté où sont les douches, des gouttes tombent et font ploc-ploc, de plus en plus fort, jusqu’à ce que ce soient des trombes d’eau qui s’abattent sur le carrelage, faisant un bruit d’enfer...
Bill dit aux deux petits de rester là pendant que lui va voir les dégâts, derrière la porte les douches collectives sont dans la pénombre, son regard perplexe se pose sur un tag qui n’était pas là avant : « Vive le roi Arthur et la reine Jennifer ! », puis il comprend d’où vient le bruit, dans un coin de la pièce le plafond a crevé sous le poids de la pluie, un torrent se déverse par terre et forme déjà une grande flaque brunâtre, de laquelle Bill voit sortir une main, un bras, puis la tête chauve d’un vioque, le regard vitreux, et enfin le reste d’un corps maigre habillé d’un maillot d’arbitre, un sifflet en pendentif. L’Antre-traîneur finit de s’extirper complètement de l’eau, ses fringues lui collant à la peau, et il fixe Bill d’un regard torve, avant de lui sourire en montrant des dents longues et acérées. Bill est sous le choc, il fait demi-tour, ferme la porte et se retourne vers Tony et Sarah qui voient bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas... Il tente de se/les rassurer en se calant contre la porte, mais l’Antre-traîneur pousse la porte et Bill, qui se ressaisit enfin et utilise « dans le doute ça casse » pour refermer violemment la porte sur le nez de la Sirène en criant aux mioches de fuir ! Tony et Sarah prennent leur jambe à leur cou, mais dans la panique tournent à gauche au lieu d’aller vers la porte d’entrée, le couloir tourne et donne sur une porte de sortie d’urgence, sur laquelle a été dessinée la tête de l’Antre-traîneur, ils s’inquiètent de ce qu’ils pourraient trouver derrière et choisissent de se cacher dans un placard mural où sont stockés un seau et un balai-serpillière.
Bill s’enfuit à son tour et réussit à échapper aux mains griffues de l’Antre-traîneur, mais quand il sort à l’air libre, il s’aperçoit avec horreur que les deux petits ne sont pas dehors, ils ont dû rester à l’intérieur ! Il prend son courage à deux mains et entrouvre la porte d’entrée : rien dans le couloir et aucun bruit n’en sort ; il chuchote le nom de Tony et Sarah mais il n’obtient aucune réponse autre qu’un silence lourd et le bruit de l’eau qui tombe tout autour. L’Antre-traîneur ne l’a pas suivi, et se trouve toujours à l’intérieur, mais il ne peut abandonner les gamins, c’est lui le plus grand ! Il en est responsable ! Alors il se glisse sans un bruit à l’intérieur du bâtiment, le cœur battant. Passant devant le vestiaire, il n’y voit personne, il continue alors le long du couloir, une autre porte ouverte laisse voir les toilettes, défoncés, ce qui n’était pas le cas lors de sa dernière visite se dit Bill. Il continue, tourne à gauche et voit lui aussi la sortie de secours et ses dessins, mais là aussi le plafond s’est effondré et l’eau s’infiltre méchamment à l’intérieur.
Dans le placard, Sarah tient sa tête dans ses mains, apeurée, les paroles de son frère n’arrivent pas à la rassurer ; elle sent les oreilles de chat de son serre-tête remuer, elles semblent avoir fusionné avec sa tête et lui offrent une deuxième paire d’oreilles, son ouïe en est décuplée et elle entend des petits pas s’approcher dans le couloir, elle récupère le balai-serpillière pour s’en faire une arme pendant que Tony se risque à jeter un œil par la fente de la porte. Ouf c’est Bill ! Les deux petiots sortent du placard à balai. C’est le moment que choisit l’Antre-traîneur pour surgir au coin du couloir, souriant de toutes ses dents. Bill se place entre le monstre et les enfants, qui poussent la porte de secours en essayant d’échapper aux petites mains qui surgissent de la flaque d’eau. Tony et Sarah sortent puis Bill, qui s’échappe de justesse, alors que l’Antre-traîneur siffle dans son sifflet un sifflement strident, blessant ses oreilles. Dehors, il avise des casiers métalliques et en pousse un contre la porte ; celle-ci tremble sous le choc de l’Antre-traîneur qui s’est jeté dessus, mais tient bon. Bill se permet même un geste de provocation en criant sur la Sirène furieuse à travers la porte barricadée. Mais pas rassurés quand même, le trio s’élance en direction de la ville et de leur maison, où ils espèrent déjà se blottir dans les bras de leur parents, avoir un peu de réconfort et aussi quelques réponses rassurantes sur les péripéties qu’ils viennent de vivre !
La pansion Corbin
Mais l’état du quartier les laisse interdits, les maisons semblent abandonnées, les voitures stationnent n’importent comment dans la rue, les déchets jonchent les trottoirs. Ils appellent mais aucun adulte ne leur répond. La physionomie même de la ville a changé, ils reconnaissent certaines maisons mais ne trouvent pas les leurs. Ce serait bien, se disent-ils, d’aller au centre commercial, il y a toujours du monde là-bas ! La portière d’une voiture est ouverte, alors Bill a l’idée de fouiller l’habitacle pendant que Tony et Sarah soulèvent le coffre, mais ils n’y trouvent rien d’autre qu’une boite de pointes et une carte de la ville. Bill rejoint les deux autres à l’arrière du véhicule lorsqu’ils entendent du grabuge de l’autre côté de la rue, une motte de hyenchs pourris fait les poubelles, ils ont pas l’air commodes alors les gamins jettent un caillou au loin pour attirer les cabots pendant qu’ils sortent de leur cachette pour aller dans la maison à côté. Les deux vieux qui vivent ici, les Corbins, se vantent d’aider les enfants du Tiers-Monde mais n’ont pas bonne réputation, pourtant les enfants n’ont pas vraiment le choix, il faut bien essayer d’appeler du secours. Mais leurs maigres espoirs sont vite douchés, la maison semble aussi abandonnée que le reste du quartier. Ils poussent la porte d’entrée et pénètrent à l’intérieur de la demeure. Dehors, ils entendent les aboiements sinistres des hyenchs qui se rapprochent de nouveau.
Le hall d’entrée est poussiéreux, Sarah découvre dans un placard entrouvert un vieux sachet de gâteaux « Granulo » écrasés ainsi qu’une vielle veste miteuse. Tony jette un œil à droite, et entre dans une salle de jeu, des cubes en bois sont éparpillés par terre, ainsi qu’une boîte à formes, mais ce qui l’intéresse ce sont deux plaies-mobiles d’un drôle de genre, noircis, mais qu’il glisse dans sa poche. Les enfants n’y trouvent rien d’autre, mais ils entr’apercoivent dehors la silhouette d’un hyench à travers les vitres sales de la fenêtre, ils s’éclipsent donc et passent dans le salon, Bill se dirige immédiatement vers la cheminée pour y prendre le tisonnier, la salle à manger à côté ne les intéresse pas, ils décident d’aller à l’étage.
Ils montent l’escalier et entrent directement dans la chambre du couple Corbin, y fouillent la penderie, Dan trouve à côté du lit un sachet avec à l’intérieur des bonbons en forme de smiley. Bill qui se dandine explique alors qu’il doit aller pisser, il a vu les toilettes à côté et s’y rend tout seul. Il fouille quand même l’armoire à pharmacie et y trouve une boîte de pansements. Puis s’approche de la cuvette pour se soulager... mais il entend alors une petite voix sortir du fond du chiotte, ce qui lui coupe immédiatement toute envie. Il se refroque rapidement et penche la tête au dessus du trou, où il aperçoit une petite main en sortir un peu, la voix d’un petit garçon lui explique qu’il est coincé là depuis qu’il s’est réfugié dans la maison, il était poursuivi par des hyenchs, et voudrait qu’on l’aide à sortir. Bill n’est pas fou, il se méfie et tend son tisonnier plutôt que sa main, et quand celle-ci cherche à l’entraîner dans le wc, il pousse à fond et lui fait lâcher prise, la voix qui s’échappe alors du toilette, maintenant plus vindicative que plaintive, ne le rassure pas. Les murs de l’étage commencent à suinter un liquide visqueux et transparent, et les volets se mettent à claquer à un rythme régulier. Bill retourne voir Tony et Sarah, qui fouillent le bureau où ils trouvent des photos des vieux Corbins pendant leurs « vacances » en Afrique et en Asie, entourés de petits enfants, ainsi que des lettres faisant références à des « petites fêtes » et à de mystérieux « petits invités ». Bill préfère cacher aux petits ce qu’il a vu dans les toilettes, et décide lui aussi de se joindre à la fouille, malgré l’aspect de plus en plus étrange de la maison. Il se penche sous le lit et y voit dessous un cadeau, il tend le bras pour l’attraper mais il est trop loin, il faudrait qu’il rampe sous le lit, mais il n’en a pas trop envie après ce qu’il vient de vivre, il décide alors de pousser le lit, mais le cadeau reste au même niveau sous le lit, Bill utilise alors « dans le doute ça casse » pour soulever carrément le lit, le cadeau est relié au matelas par un filament, et quand il essaie de l’attraper le matelas se referme sur lui, Tony et Sarah frappent le matelas et réussissent à libérer Bill, et redoublent de coup contre le matelas qui s’effondre, mais se soulève et s’abaisse comme au rythme d’une respiration. Le claquement des volets est maintenant frénétique, le liquide inonde maintenant les murs et commence à couler au sol, de plus un bruit sourd des murs et du sous-sol tout en bas...
Les enfants finissent par battre en retraite car ils s’aperçoivent que le liquide acide qui coule des murs grésille lorsqu’il touche leurs chaussures. Ils descendent au rez-de-chaussée mais la porte d’entrée reste fermée, ils se rendent dans le salon et sont attaqués par la fourrure d’ours qui sert de tapis, qu’ils défoncent, puis ils se réfugient dans la salle-à-manger et atteignent la cuisine, ils cherchent un couteau et aussi la sortie, mais ils entendent alors une casserole qui bout sur la gazinière, alors qu’elle n’était pas là auparavant... Une délicieuse odeur de chocolat en émane, qui attire immanquablement Sarah, elle prend la queue de la casserole et ne résiste pas au breuvage, elle avale une goulée qui lui brûle la gorge, mais ne peut s’empêcher de vouloir en reprendre. Heureusement Tony fait tomber la casserole et le chocolat se répand sur les carreaux. Dans la cuisine aussi les murs commencent à dégueuler du liquide visqueux entre les fentes de la tapisserie. Il faut quitter la pièce, et lorsqu’ils retournent dans le hall, le liquide coulent des marches à flots de plus en plus importants. Même si la porte qui semble mener au sous-sol leur fait peur, ainsi que le bruit assourdissant de tuyauterie malade qui s’en échappe, Tony, Sarah et Bill finissent par l’ouvrir à contrecœur, et descendre l’escalier vermoulu.
Après avoir allumé l’unique ampoule au milieu du plafond, les gaminots voient alors qu’une jeune fille est accrochée au mur par des filaments, à demi inconsciente. Ils s’en approchent, la réveillent, tout en se tenant prêts à la frapper au cas où, juste au cas où. Elle s'appelle Kenza (une Fouine), leur explique qu’elle a fui sa famille d’accueil, et s’était caché dans un local poubelle où elle s’est endormie, elle s'est réveillée ce matin en compagnie d’un garçon dans cette ville déserte, elle l’a laissé dans une maison à l’abri puis est allé cherché de l’aide mais elle a dû entrer dans cette maison en catastrophe après s’être fait courser par un hyench dégueu, elle a glissé dans l’escalier et s’est retrouvée dans la cave. Ils décident de l’aider, la libère et regardent la pièce dans laquelle ils se trouvent, mais déjà du liquide coulent sur les marches de l’escalier et commence à tomber au sol. Ils fuient par un tunnel tarabiscoté creusé dans la terre, qui débouche sur une pièce carrelée de blanc, au centre de laquelle se trouve une table d’examen, de laquelle tombe des sangles. Un immense tableau accroché sur la paroi de la pièce représente un enfant fou monté sur un cheval à bascule qui écrase une ville miniature. Le groupe avance encore dans un autre tunnel, plus long, où l’odeur devient vite insupportable, et qui se termine par un petit trou dans lequel les enfants un par un se glissent pour déboucher sur l’arrière de la maison, où ils glissent dans un tas de merde, ils empestent mais sont tous vivants ! Un jeune garçon les observe médusés.
Le pavillon « Au p’tit bonheur »
Ce garçon s’appelle Léo, il s’est abrité d’une averse soudaine en entrant dans un local poubelle, a entendu quelque chose bouger, c’était Kenza, ils sont sorti ensemble du local mais dehors, plus rien n’était pareil, le monde avait changé. Il s’était caché dans la maison en face, mais des hyenchs ont réussi à entrer après que la vitre ait été cassée par un caillou (celui lancé par Bill). Léo a entendu du bruit du côté de la pansion Corbin alors il a décidé d’aller voir quand les hyenchs se sont enfin éloignés. Les enfants discutent ainsi de manière animée quand un hyench apparaît au bout de la rue, puis se met à hurler, attirant d’autres hyenchs, puis lorsqu’ils sont assez nombreux se mettent à courir en direction du groupe. Réfugiés dans la maison en face, les enfants ont réussis à se barricader, puis à tuer un hyench et faire fuir les autres. Bien à l’abri, Léo a fini de fouiller la maison, trouvant notamment une fiole de mercurochrome dans la salle d’eau, Tony trouve une passoire dans la cuisine, qu’il a l’idée de se mettre sur la tête pour s’en faire un casque, et Sarah une robe de princesse dans la chambre d’enfant. Ils se mettent à poil et profitent de la pluie pour laver leurs vêtements. Ils décident tous de dormir ici après avoir pris un goûter, puis de partir le lendemain au centre commercial, afin d’y trouver de la nourriture, dont ils savent déjà qu’elle va vite manquer.